mercredi 31 juillet 2019

Le gentil créateur sur son petit nuage Par conte de création - apache


Au commencement, il n’y avait rien, pas de ciel, pas de soleil, pas de lune… partout rien que de l’obscurité…

Soudain de l’obscurité émergea un disque très plat, jaune d’un côté, blanc de l’autre. Il était comme suspendu dans l’air. Et sur le disque se tenait un petit homme barbu, le Créateur, celui qui vit là-haut. Comme s’il s’éveillait d’un long sommeil, il se frotta les yeux avec ses deux mains.
Le Créateur regarda vers le haut, puis vers le bas, et l’obscurité se déchira et la lumière apparut et ce fut en haut et en bas comme une mer de clarté qui se déploya de toute part. A l’est ils surgirent les rayons dorés de l’aurore et à l’ouest partout un rutilement de toutes les couleurs. Et il fabriqua aussi partout des nuages aux teintes indéfiniment subtiles.
Le Créateur essuya son visage couvert de sueur et frotta ses deux mains l’une contre l’autre. Puis il les étendit devant lui. Et voici qu’apparut alors un nuage particulièrement brillant sur lequel était assise une petite fille :
« Lève-toi et dis- moi où tu vas, dit le Créateur. »
Elle ne répondit pas. Le Créateur tendit la main à la petite fille, qui était, vous l’avez reconnue, la Petite-Fille-Sans-Père-Ni-Mère.
Elle lui demanda en saisissant sa main : « D’où venez-vous, vous ? »
- « Du côté de l’est, du côté où il vient de surgir toutes ces lumières merveilleuses, répondit le Créateur en s’avançant sur son nuage. »
- « Où est la terre demanda-t-elle ? »
- « Où est le ciel, demanda-t-il ? »
Et il se mit à chanter : « Je suis en train de réfléchir, de réfléchir, de réfléchir… ding, ding, à ce que je vais bien pouvoir créer maintenant. » Il chanta quatre fois le même refrain. Quatre, c’est le chiffre magique.
Le Créateur se frotta encore une fois les mains (ce qui était manifestement le geste de la création), puis il les étendit devant lui et les ouvrit largement vers le haut: et soudain, devant lui, monta dans le ciel le Dieu-Soleil.
 De nouveau il essuya son front couvert de sueur et il étendit cette fois ses mains vers le bas : il en tomba Petit-Garçon.
Tous les quatre, les quatre dieux, le Créateur, Petite-Fille-Sans-Père-ni-Mère, Dieu-Soleil, Petit-Garçon, s’assirent sur leur petit nuage et se mirent à penser.
« Et maintenant qu’allons-nous faire ? dit le Créateur. De toute façon ce nuage est beaucoup trop petit pour nous quatre. ».
Et ils créèrent la Tarentule, la Grande Ourse, le Vent, et le Faiseur d’Éclairs… et à l’est quelques nuages pour y loger le Grondeur de Tonnerre, auquel ils venaient juste de mettre la dernière main.
Le Créateur se mit à chanter : « Ding, ding, Je pense maintenant très sérieusement à faire la terre, la terre, la terre ; très sérieusement, ding, ding, je pense à faire la terre. » Il le chanta quatre fois, et les quatre dieux se serrèrent la main, ce qui eut pour conséquence de mêler leurs sueurs.
 Le Créateur frotta l’une contre l’autre les paumes de ses mains, d’où tomba une petite balle brune et ronde, pas plus grosse qu’un haricot.
Le Créateur shoota dans la balle et cela la fit grossir. Ainsi firent Petite-Fille-Sans-Père-ni-Mère, Dieu-Soleil et Petit-Garçon : ils shootèrent de plus en plus fort et chaque fois la balle grossissait. A la fin le Créateur dit au Vent de souffler dans la balle et de la gonfler à bloc.
Mais comme cela ne suffisait pas, la Tarentule cracha un fil noir, l’attacha à la balle et se déplaça à toute vitesse vers l’est, tirant sur le fil de toutes ses forces. Elle fit de même avec un fil bleu dans la direction du sud, avec un fil jaune vers l’ouest, un fil blanc vers le nord. Elle tira si fort sur tous ces fils que la petite balle brune devint réellement colossale et ce fut la terre.

Mais il n’y avait pas encore de collines, ni de montagnes, ni de rivières : seulement des plaines brunes et plates, sans même un arbre.
Le Créateur se gratta la tête, claqua des doigts… et soudain apparut l’oiseau-mouche.
« Vole vers l’est, le sud, l’ouest et le nord et dis-nous ce que tu vois, dit le Créateur. »
- « Tout va bien, dit l’oiseau-mouche à son retour, la terre est belle et il y a de l’eau à l’ouest. »
 Malheureusement la terre ne pouvait s’empêcher de rouler et de tanguer dans l’espace. Aussi le Créateur fit-il pour la maintenir quatre poteaux géants, un noir, un bleu, un jaune et un blanc. Le Vent les prit en charge, les emporta et les cala aux quatre points cardinaux : la terre était stabilisée.
 Le Créateur chanta : « Le monde est créé et, ce qui est encore mieux, il est tranquille, bien à sa place. » Il le chanta quatre fois.
Ensuite le Créateur chanta pour faire apparaître le ciel… Il n’y avait pas encore de ciel, mais le Créateur pensait que ce ne serait pas mal qu’il en eût un. Il chanta quatre fois et quand il eut fini de chanter, vingt-huit solides gaillards apparurent et donnèrent un coup de main pour monter la tente du ciel au -dessus de la terre. Et le Créateur chanta encore quatre fois pour désigner un chef pour la terre et un chef pour le ciel.
 Le Créateur envoya ensuite le Faiseur d’Éclairs pour faire le tour de la terre et le Faiseur d’Éclairs ramena trois bizarres créatures, deux filles et un garçon. Il les ramena dans une carapace de tortue. Ils n’avaient pas d’yeux, pas d’oreilles, pas de cheveux, pas de bouche, ni de nez, ni de dents. Ils avaient bien des bras et des jambes, mais pas de doigts, ni aux mains, ni aux pieds.
Le Créateur fit venir une mouche et lui fit bâtir un sauna qu’il couvrit avec quatre épais nuages. En face de la porte, il plaça un doux nuage rouge pour leur servir de couverture une fois qu’ils auraient bien transpiré.
On fit chauffer quatre pierres sur le feu et on y fit entrer les trois bizarres créatures. Et pendant qu’ils transpiraient tout le temps nécessaire, les autres, à l’extérieur, leur chantèrent des chants de bienvenue et de bonne santé. Et quand ils sortirent et se furent enveloppés dans leur douce couverture rouge, à tous les trois, le Créateur, étendant les mains, leur donna des doigts, des bouches, des yeux, des oreilles, des nez, des cheveux… tout ce qu’il leur fallait.

Le Créateur nomma le garçon « Garçon du Ciel » et il fut le chef des gens du ciel. Il appela une des filles « Fille de la Terre » : elle devait s’occuper de la terre et des moissons. La troisième fut appelée « la Fille au Pollen » et reçut pour mission de s’occuper de la santé de tous ceux qui vivent sur la terre.

Comme la terre était nue et stérile, le Créateur pensa que ce serait drôle de créer des animaux, des oiseaux, des arbres… et une colline. Puis il envoya le Pigeon regarder comment se portait la terre.
Quatre jours plus tard le pigeon revint : « Tout est très beau partout sur la terre. Mais dans quatre jours l’eau qui est de l’autre côté se soulèvera et provoquera une grave inondation. »
Le Créateur fit pousser un très grand pin. Ils en firent une sorte de bateau très grand, très étanche que Petite-Fille-Sans-Père-Ni-Mère couvrit de résine… Quatre jours plus tard, le déluge se produisit. Le Créateur, avec ses vingt-huit costauds se réfugia sur son nuage et Petite-Fille-Sans-Père-Ni-Mère enferma les autres dans le bateau, en prenant bien soin de boucher toutes les ouvertures…
Douze jours après, le déluge était terminé et le bateau se retrouva sur le sommet d’une montagne. Cependant l’eau, en se retirant, avait comme sculpté la terre et il y avait maintenant des plaines, des rivières, des collines, des vallées, des montagnes…
Petite-Fille-Sans-Père-Ni-Mère fit sortir les hommes du bateau et elle les emmena sur son petit nuage, toujours plus haut, toujours plus haut, jusqu’à ce qu’ils rencontrent le Créateur et ses acolytes sur leur nuage à eux. Ils avaient profité de ce qu’on ne pouvait plus rien faire sur terre pendant le déluge pour mettre la dernière main au ciel.
Puis les deux nuages descendirent ensemble jusqu’à atterrir dans une vallée où Petite-Fille-Sans-Père-Ni-Mère réunit tout le monde pour écouter ce qu’avait à dire le Créateur.
« Je vais vous laisser, dit-il. Je souhaite que chacun de vous travaille de son côté pour faire une terre parfaite et heureuse.
Toi, Grondeur de tonnerre, tu te chargeras des nuages et de l’eau.
Toi, Garçon du Ciel, tu te chargeras de tous ceux qui vivent dans le ciel.
Toi, Fille de la Terre, tu veilleras sur les récoltes et les moissons.
Toi, Fille au Pollen, tu garderas tout le monde en bonne santé.
Et toi, Petite-Fille-Sans-Père-Ni-Mère, tu jetteras un coup d’œil général sur tout ce qui se passe un peu partout. »
Le Créateur tendit ses mains devant lui. Et immédiatement surgit une grande pile de bois sur laquelle le Créateur fit un geste. Et soudain, du bois surgit un grand feu.
D’épais nuages noirs s’élevèrent aussitôt vers le ciel, dans lesquels le Créateur disparut. Les autres dieux le suivirent, chacun dans son petit nuage de fumée. Mais ils laissèrent sur terre les vingt-huit garçons costauds pour aider les hommes.


Sais-tu admirer, contempler la nature, s'émerveiller devant sa beauté, regarder avec bonheur une petite fleur pousser et s'épanouir... ? Voici un bonheur facile, qui peut se vivre au quotidien. 


lundi 29 juillet 2019

Contes et légendes de Madagascar : Dieu et le cœur noble


Pour aider un pays il faut le connaître.

Totosidy, le dernier né d’une famille de sept enfants, perdit sa mère en naissant. Il n’avait jamais vu son père, mort quatre mois avant qu’il fût mis au monde. Une sœur grincheuse, hautaine, avare, menteuse, sale, impitoyable, crapuleuse, peu éduquée, ignorante, jalouse, difforme de corps et laide de figure, cette sœur éleva Totosidy. A dix ans, l’enfant fut abandonné, et le partage de la succession ne lui attribua qu’un coq, deux poules et deux marmites en fonte. La gale aime les pauvres et Totosidy devint galeux ; la maladie et la misère aiment aller de pair, et Totosidy souffrit de rachitisme « ny manana tsy havan’ny ory » (Le riche ne peut pas être le parent d’un malheureux) et les frères ont éliminé Totosidy du foyer paternel …
Et voici le pauvre enfant, sans biens, sans fortunes, sans parents et sans amis, errant de case en case, chassé de partout et n’ayant autre espoir que dans le secours du Dieu clément.
On avait dit à Totosidy que ce Dieu existait quelque part et qu’il fallait le trouver pour avoir sa grâce. Il part donc à sa recherche… Il va, il va, il traverse des forêts, des vallées, des montagnes. Il fait nuit et le malheureux garçon est chez Totozamanidrao, chez cet ivrogne né, qui se piquait d’avoir bu en cinquante ans, trente mille calebasses de betsabetsa – record connu dans la région –. Au demeurant, c’était un homme au cœur noble et généreux. Le garçon était sage, l’ivrogne franc, tous deux pauvres et sincères. Quand l’ivrogne ne parlait pas d’alcool, quand l’enfant ne parlait pas de sobriété, quand la conversation se tournait vers Dieu et sa bonté, alors c’était une joie indescriptible, intarissable. Le matin, Toto demanda à son hôte où il allait ; l’enfant expliqua qu’il recherchait Dieu pour lui demander secours. – Ah ! dit l’ivrogne, si tu le rencontres quelque part, demande-lui où sera ma place après ma mort. – « Oui », dit l’enfant.
Et le garçon continua son chemin. Il devait traverser un étang peuplé de caïmans, il eut peur. Les caïmans lui dirent : « Passe, jeune homme, nous ne te ferons pas de mal ». Quand il fut sur l’autre rive, il expliqua qu’il allait chercher Dieu pour lui demander son secours. – Ah ! Lui dirent les sauriens, tu nous vois ici affamés, misérables. Nous attendons l’ordre de Dieu. Nous ne savons pas s’il nous est permis de manger des bœufs, des chiens, ou des hommes. Si tu le rencontres quelque part, demande-lui ce qu’il nous autorise à manger. – « Oui », dit l’enfant…
Et le garçon continua son chemin. La nuit, il se trouva chez un croyant. Ce croyant, c’était un homme qui priait matin et soir, qui ne parlait que de Dieu, d’âme, de paradis, de séjour céleste. Il recevait de Dieu sa ration quotidienne.

Totosidy fut donc son hôte. Vers huit heures du soir, Dieu envoya deux assiettes pleines de riz ; le croyant ne laissa sur la natte qu’une assiette, dont il fit encore disparaître la moitié. Totosidy mangea le peu qu’on lui cédait. Dieu envoya ensuite deux lits, mais le croyant laissa Totosidy dormir sur une natte. L’enfant dormit… Et pendant qu’il sommeillait, le croyant vint reprendre l’assiette pleine de riz qu’il avait cachée : il ne trouva que des serpents. Il alla ensuite chercher les deux lits de Dieu : il ne vit, à la place, qu’une natte sale… Sans se troubler, il se mit à genoux, leva les yeux au ciel, croisa ses mains sur sa poitrine et il se recommanda à Dieu, trouvant bon de jeûner cette nuit et de dormir sur une natte déchirée en signe de pauvreté.
Le matin, le garçon salua son hôte. Il lui dit qu’il allait chercher Dieu pour lui demander son secours. –  Si tu le rencontres quelque part demande-lui où sera ma place après ma mort, lui déclara le croyant. – « Oui », dit l’enfant…
Totosidy continua son chemin. Un jour, il rencontra un vieillard à la barbe longue qui lui demanda où il allait. Il lui répondit qu’il cherchait Dieu pour lui exposer ses misères. Dieu se dévoila, et le garçon lui raconta ses disgrâces. Il reçut un petit paquet qu’il devait enfouir au pied d’un tamarinier, à l’Est de son village natal. Avant de retourner, il posa toutes les questions dont on l’avait chargé en cours de route. Dieu lui déclara que le croyant serait jeté en enfer, car il avait le cœur méchant ; que les caïmans étaient autorisés à manger des bœufs, des chiens et non des hommes à moins que ces derniers ne les attaquent (A l’heure actuelle, les caïmans s’attaquent sans pitié aux hommes. Auparavant, ils ne mangeaient que des bœufs et des chiens. Mais les hommes se sont vengés en lançant des sagaies sur les caïmans. Alors l’interdiction fut levée.) ; que l’ivrogne aurait sa place réservée au ciel, car il avait le cœur généreux.
Sur le chemin du retour, Totosidy informa le croyant que sa place serait en enfer ; les caïmans, qu’ils pourraient manger des bœufs, des chiens, et sous certaines réserves, des hommes ; l’ivrogne qu’il serait l’élu du Ciel. Arrivé au village, il cacha le paquet sous la tamarinier.
Le lendemain, il fut tout surpris de trouver cent cruches pleines d’argent. Le voilà devenu riche, aimé de ses frères, adoré de sa sœur, chanté par les amis, débarrassé de la gale et guéri du rachitisme. On l’appela « Zoboke » (Grand frère.) il resta bon et charitable.


samedi 27 juillet 2019

L’Homme de la Lune. Légendes Quercynoises ,... Tante Basiline.


Oh, la belle vigne ! La belle vigne qu’avait le bon Dieu ! Rien que d’en avoir ouï parler à leurs anciens, nos grands-pères en avaient l’eau à la bouche, ou plutôt comme un goût de bon vin, et parfois aussi une larme de regret à l’œil.
Où était exactement cette vigne ? On n’en est pas bien sûr. Etait-elle à Cornac, à Chapou, ou bien à Cala- mane, ou encore à Puy-l’Evêque ? Personne ne le sait au juste. Ce qui est clair comme le jour, c’est qu’elle était quelque part en Quercy, sur une pente douce, tournée vers le soleil levant, mais pourtant bien exposée au Midi, avec une source dans le fond et de beaux osiers tout autour de la source. Sans osier, un vigneron serait fort en peine, et le bon Dieu le savait bien.
Rien ne manquait à cette vigne. Quels arbres il y avait, quels fruits ! Pêches, figues, abricots, prunes, cerises, d’autres encore, car il y avait de tout ! Mais le plus beau dans la vigne, c’étaient encore les ceps ; les ceps aussi vieux peut-être que le monde, hauts comme des chênes, larges comme des noyers, avec des grappes qui retombaient de partout, des grappes dont la vue seule réjouissait le cœur de Dieu et faisait l’allégresse des anges.
La vigne du Seigneur était seulement pour les bienheureux, mais elle n’en portait pas moins la paix et l’abondance dans tout le pays. Notre vieux Quercy en devînt semblable à la sienne puisqu’il ne pouvait pas faire la sienne plus belle que la vigne du Seigneur.
Le bon Dieu qui voit tous les coeurs essaya de le châtier pour le faire rentrer en lui-même, et le frappa naturellement dans ses treilles tant aimées. Un troupeau de chèvres brouta ses pampres et lui enleva, en quelques coups de dents, la moitié de sa récolte future.
Hélas, le pauvre pécheur ne s’amenda pas ; ce fut, au contraire, comme de l’huile sur le feu. Il roula dans son esprit les plus sombres rancîmes et les projets les plus hardis.
Personne, jusqu’à ce jour, n’avait songé à séparer son champ de celui du voisin. D’honnêtes bornes, grosses pierres fichées en terre, indiquaient à peu près les limites, et chacun s’en tenait content. Mais notre envieux se dit que si sa vigne avait été défendue par une haie, elle aurait été épargnée.
« Ah, disait-il en lui-même, notre excellent maître, le bon Dieu, a eu grand soin de protéger la sienne contre bêtes et gens ! Et l’on vient nous dire que faire comme lui serait méconnaître la loi naturelle ! Sommes-nous assez niais ! »
Chaque jour, en voyant ses treilles ravagées, il s’exaspérait davantage. D’autant que la vigne du Seigneur était maintenant en pleine fleur ; bien loin à la ronde, le vent portait de là un parfum céleste, et, qui sait ? peut-être aussi des semences de vie. Le malheureux éprouva comme une fièvre de colère. Il résolut de mettre la haie du Seigneur autour de sa vigne qui serait désormais garantie des chèvres, et les chèvres mangeraient la vigne du Seigneur !
Cette histoire est ancienne ; elle se renouvelle chaque jour dans bien des cœurs.
L’homme dont parle notre conte attendit le dimanche, un beau dimanche matin ou tout le monde était à la messe : le bon Dieu, les anges , les saints , et le peuple tout entier. Alors, lui, prit sa bêche , sa pioche, une corde, et comme un enragé il se mit à arracher la haie, la belle haie vive du Seigneur. Il allait, il allait. Il ne songea même pas à ôter son bonnet quand la cloche sonna l’élévation. Le bon Dieu, qui voit tout, en frémit. Maintenant l’homme ayant fait un gros fagot de buissons le mit sur son dos pour l’emporter à sa vigne. Il laissa, sans remords, la vigne du Seigneur ouverte à tout venant et partit vite. Il voyait déjà dans son esprit la haie qu’il allait planter à son coin de colline, et, derrière, ses propres souches reverdies, et aussi belles que celles du Seigneur.
Mais il allait depuis longtemps et ne retrouvait plus son chemin. Il ne l’a jamais retrouvé. Dieu ne pouvait pas laisser son crime impuni. Après avoir dépassé la terre, le malheureux est encore en route. Quand la nuit est claire, vous pouvez le voir dans la lune, son fagot de buissons sur le dos, qui cherche désespérément sa vigne. Et cela durera jusqu’au jugement dernier. Espérons qu’auparavant le pécheur se sera repenti, et que, dans sa miséricorde, Dieu lui aura pardonné.
Et nous aussi nous lui pardonnerons, à l’homme de la lune, mais il nous a fait bien du mal.
Car la brèche qu’il avait faite dans la haie du bon Dieu était restée ouverte. L’esprit malin riait tout seul en y pensant, et l’on devine aisément ce qui arriva.
Tant que les grappes furent vertes, nos bons vieux pères résistèrent à la tentation, le verjus ne leur disant rien qui vaille. Mais quand on fut en vendanges, et que, par cette malheureuse ouverture, ils virent les cuves remplies par les anges, pleines à déborder d’un beau moût rouge et dont l’odeur donnait soif, ils ne surent, ne purent plus y tenir. Ils entrèrent dans la vigne du Seigneur, ils goûtèrent à son vin !
Le bon Dieu se détourna d’eux, il les abandonna à l’ivresse, et désormais nos bons vins légers et parfumés du Quercy ôtèrent  la raison à tous ceux qui étaient entrés dans la vigne du seigneur. Hélas, les meilleurs mêmes y entraient, entraînés par le diable. La crainte et le respect s’en allaient petit à petit ; les antiques vertus simples et faciles furent ébranlées.Alors le bon Dieu abandonna son enclos, ses plants divins. Les ronces envahirent la haie, et bientôt la vigne tout entière, que les anges ne venaient plus visiter. Si bien qu’on n’en sait plus la place, et la tristesse se répandit sur tout le pays. Les hommes se laissant de plus en plus aller à l’ivresse, la vigne fut, pour leur châtiment, atteinte de mille maux. Oh ! les sombres jours ! Le Quercy sans ses vignes n’était plus le Quercy. Sa population antique allait le fuir.
Hélas, combien sont déjà partis !
Mais le bon Dieu se souvient de notre vieille terre, et de sa race honnête et joyeuse. Il bénit notre travail, et de nouveau, les pampres reverdissent au printemps et rougissent à l’automne. De nouveau, le parfum de la vigne flotte dans l’air comme au temps de nos aïeux. Puisse-t-il, comme à eux, nous donner la simplicité, le contentement, et la paix pour tous..., même pour l’homme de la lune.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 11,1-13.


Seigneur apprends-nous à prier

Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière.
Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda :
« Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. »
Il leur répondit : « Quand vous priez, dites :
“Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne.
Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous laisse pas entrer en tentation.” »
Jésus leur dit encore : « Imaginez que l’un de vous ait un ami et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander : “Mon ami, prête-moi trois pains, car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à lui offrir.” Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond : “Ne viens pas m’importuner ! La porte est déjà fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose.” Eh bien ! Je vous le dis : même s’il ne se lève pas pour donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu’il lui faut.

Moi, je vous dis : Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira.

Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu du poisson ? Ou lui donnera un scorpion quand il demande un œuf ? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »



Petit Commentaire

La prière est une communication avec Dieu. C'est un élément essentiel de la vie du chrétien. Un indicateur de la profondeur de la relation avec notre créateur.  L'importance de la prière dans la vie d'un chrétien ne saurait être assez soulignée. Lorsque nous parlons correctement avec Dieu, nos vies refléteront cette relation et seront vécues de manière à lui apporter la gloire et à nous apporter stabilité et paix. Les priorités de la vie tomberont à leur place afin que nous puissions accomplir, à la fois par l'action et par l'attitude, ce que Dieu désire pour nous plutôt que ce que le monde exige de nous. Nous pouvons être calmes et raisonnables dans toutes les circonstances de la vie, sachant que Dieu est toujours en contrôle, même lorsque la situation est chaotique. Notre confiance en lui continue et grandit pour que nous soyons en paix. Le désir des disciples d'approfondir leur relation avec Jésus était évident lorsqu'ils demandèrent à Jésus: «Apprends-nous à prier» (Luc 11: 1). Ils avaient vu tous les jours Jésus parler au Père. Ils aspiraient à développer avec le Créateur la même relation intime que Christ avait avec Dieu. Jésus leur a présenté un modèle que nous appelons «La prière du Seigneur»

La prière ne consiste pas principalement à obtenir des choses de Dieu, mais plutôt à entretenir la relation que nous entretenons avec lui. Ainsi, après une vie et un ministère de prière, Jésus prie même accroché à la croix. De même, nous sommes invités à faire connaître tous nos besoins, désirs, blessures, espoirs et désirs à Dieu. L'Esprit Saint, le Souffle saint, voilà ce que Dieu donne. Nous avons besoin d’un Souffle nouveau qui est de Dieu. Dieu répondra à notre prière pour ce qui est vital, pour ce qui nous est nécessaire dans notre route vers le ciel.

La prière n’est pas faite de mots en l’air : nous ne pouvons prier que si nous sommes pleinement responsables de ce que nous disons. Chaque fois que dans l'espérance, nous vivons au quotidien nos solidarités, nous donnons à notre monde un air de résurrection, et c’est chaque jour que cela doit se vivre. Dieu n’aime pas les bras qui restent croisés.
Dieu écoute nos prières certes, mais ne faisons pas de lui la «grande surface » de nos désirs personnels, mettons plutôt nos désirs, nos demandes, au rythme de son cœur à Lui ! Et surtout demandons la grâce de l’Esprit Saint qui saura nous enseigner ce qui compte le plus aux yeux de Dieu, ce que Dieu, dans son amour, espère vivre avec nous.

Avec l'aide du Saint-Esprit, se poser des questions sur soi en face de ces textes "Seigneur, apprends-nous à prier..."

 Mais est-ce que j'ai envie d'apprendre à prier ? Est-ce que je crois que je sais faire ? Ou est-ce que je n'éprouve pas le besoin de prier ? Est-ce que je n'ai pas besoin de demander ? Est-ce que je n'ose pas ? Quel est le Dieu que je prie ? Cela fait beaucoup de questions. Je m'arrête, je fais comme les disciples, je regarde : "Un jour, quelque part, Jésus était en prière..."; Et je laisse Dieu me donner l'Esprit qui me pousse à murmurer : "Seigneur, apprends-nous à prier... Notre Père..."

Pour notre méditation:

1. À quelles autres occasions Jésus a-t-il prié?
2. Quelles sont les différences et les ressemblances entre cette prière et celle  dans Matthieu 6?
3. Pourquoi devrions-nous enseigner nos enfants à prier le “Notre Père”?
4. Cette parabole encourage-t-elle la prière impertinente?
5. Les parents ont-ils toujours l’amour et la sagesse de donner ce qui est bon à  leurs enfants?
6. Que devrions-nous faire lorsque nous avons l’impression que Dieu nous  donne de mauvaises choses?
7. Pourquoi le Saint-Esprit peut-il être considéré comme le don par  excellence?

Notre Père quiz

Connais-tu bien le Notre Père? Paroisse Sainte Rose de Lima. Un exemple avec le petit jeu du Notre Père

1- Pourquoi dit-on que Dieu, Notre Père est aux cieux?
A) Parce que Dieu habite dans le ciel
B) Car Dieu est plus grand que Tout, au-dessus de Tout ce qui existe
C) Car ``Aux Cieux`` est l’ancien nom donné à la ville de Jérusalem dans la Bible

2- Dans la prière du Notre Père, à qui doit-on pardonner aussi?
A) À ceux qui nous ont offensés
B) À ceux qui nous ont donnés du pain
C) À ceux qui nous ont tentés

3- Dans la prière du Notre Père, que doit-on faire à ceux qui nous ont…
A) Les offensés à notre tour
B) Leur pardonner nous aussi
C) Les soumettre à la tentation

4- C’est quoi la tentation?
A) Une île au milieu du Pacifique
B) Un désir très fort pour quelque chose de défendu
C) Le nom d’un sacrement

5- Dans la prière du Notre Père, que demande-ton pour aujourd’hui?
A) Du pain
B) Du vin
C) Du fromage

6- Dans la prière du  Notre Père de quoi demande-t-on d’être délivré?
A) De la tentation
B) Du mal
C) Des offenses

7- Que demande-t-on quand on dit ‘’Que ton règne vienne``?
A) On demande que tous les hommes reconnaissent un jour Dieu comme Père
B) On demande que Dieu envoie ses armées
C) On demande à Dieu de nous aider à rêver d’un monde meilleur.

8- ``Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel`` veut dire :
A) Que nous soyons obéissants
B) Si nous sommes obéissants nous irons au ciel
C) Que nous vivrons ensemble comme des frères et en enfants de Dieu.

9- Que signifie l’expression ``Que ton nom soit sanctifié``?
A) On souhaite que Dieu soit reconnu comme Saint, comme le Tout autre
B) On demande que le nom de Dieu ne soit pas prononcé
C) On souhaite que Dieu nous protège et nous garde en bonne santé

10- C’est quoi le Notre Père?
A) Une prière pour tous les papas du monde
B) La grande prière des chrétiens, donnés par Jésus Christ
C) Un petit mot doux à dire à son papa

11- Donne-nous aujourd’hui notre Pain de ce jour, signifie :
A) Nous avons faim, donne-nous à manger du pain
B) Donne-nous le pain de Vie, corps du Christ et Parole de Dieu
C) Apprends-nous à manger juste ce qu’il faut chaque jour.


Solutions : 1- B) Car Dieu est plus grand que Tout, au-dessus de Tout ce qui existe
2- A) À ceux qui nous ont offensés  3- B) Leur pardonner nous aussi  4- B) Un désir très fort pour quelque chose de défendu  5- A) Du pain  6- B) Du mal  7- A) On demande que tous les hommes reconnaissent un jour Dieu comme Père  8- C) Que nous vivrons ensemble comme des frères et en enfants de Dieu.  9- A) On souhaite que Dieu soit reconnu comme Saint, comme le Tout autre  10- B) La grande prière des chrétiens, donnés par Jésus Christ  11- B) Donne-nous le pain de Vie, corps du Christ et Parole de Dieu


mardi 23 juillet 2019

L’œil de Dieu


-Hé, femme, tu ne comprends pas que je ne peux pas faire autrement !? Je ne peux pas vivre sans prendre quelque chose à l’un ou à l’autre.
Une fois, au mois de juillet, revenant des champs par la pleine lune et voyant les riches récoltes des autres, il pensa tout de suite: «Et si je prenais pour la maison un chariot plein de ce blé superbe»….
Et le voilà s’en aller vite préparer le chariot et les chevaux et, en pleine nuit, quand l’oiseau lui-même dort, comme disent les paysans, il partit à voler, prenant avec lui sa petite fillette de 4-5 ans, qui aimait bien accompagner son père en chariot.
Arrivés aux champs, la fillette resta dans le chariot, tandis que notre homme se faufila, regardant de tous les côtés (car on pouvait voir comme pendant le jour): tantôt à gauche, tantôt à droite, tantôt devant, tantôt derrière….Dans sa petite tête si pure, la fillette s’émerveillait sans comprendre pourquoi son père regardait de tous les côtés, mais d’un côté non…
L`homme, après s’être convaincu que personne ne le voyait, prit quelques mottes de blé et vint avec elles au chariot.
- Papa, vous avez oublié quelque chose!-dit la petite, lui faisant presque peur.
- Ma chère enfant, mais qu’est-ce que j`ai oublié ?
- Vous avez oublié quelque chose… Vous avez regardé de tous les côtés, mais vous avez oubliez de lever les yeux vers le ciel…
Elle n`a pas eu l`intention de réprimander son père, car elle ne comprenait pas très bien ce qu’il faisait, mais c’est comme ça qu’elle avait pensé avec sa petite tête, que, comme il avait regardé de tous côtés, il serait bon de regarder aussi en haut…
Et les mots de l`enfant innocent firent trembler l’homme, réveillant en lui la crainte de Dieu, et il se rendit remettre les gerbes à leur place, revenant à la maison repenti et plus embarrassé que jamais.
La femme, à le voir le chariot vide, avait crû qu’on l’a pris voler mais il lui a tout dit, que si d’abord il avait levé les yeux vers le ciel, il n’aurait même pas besoin de regarder des autres côtés, car à l’oeil de Dieu personne ne peut échapper!


samedi 20 juillet 2019

Contes et Légendes - L'étoile et le bouleau ( Légende finlandaise de Zacharias Topelius )


Je vais vous raconter l'histoire de deux enfants qui traversèrent la vie, en n'ayant qu'un seul but.
C'était il y a environ cent cinquante ans. Une grande famine sévissait en Finlande. La guerre faisait des ravages partout. Les villes étaient incendiées, les moissons détruites. Beaucoup de malheureux mouraient ou émigraient...
Les membres d'une même famille furent partout dispersés ; les uns furent emmenés prisonniers par l'ennemi tandis que  les autres se cachèrent dans les forêts ou gagnèrent la Suède. Souvent la femme ignorait le sort de son mari, le frère celui de sa sœur, le père celui de ses enfants. Aussi, la paix une fois conclue, lorsque chacun rejoignit son foyer, il était rare qu'on n'eût pas à pleurer l'absence ou la mort d'un des siens.
Parmi ceux qui avaient été emmenés dans un autre pays, se trouvaient deux jeunes enfants, un frère et une sœur. Ils furent recueillis par de braves gens qui prirent d'eux le plus grand soin.
Les années passèrent. Les enfants grandirent entourés d'affection. Mais, malgré leur vie heureuse, ils ne pouvaient oublier ni leurs parents, ni leur patrie.
Lorsque les enfants apprirent que la paix était rétablie en Finlande, et que ceux qui le désiraient pouvaient y rentrer, leur éloignement leur devint si insupportable, qu'ils demandèrent la permission de retourner chez eux.
Leurs parents adoptifs se mirent à rire en disant :
- Rentrer chez vous ! Enfants, vous n'y pensez pas ! Vous auriez plus de cent lieues à marcher !
- Cela ne fait rien ! répondirent les enfants, pourvu que nous arrivions à la maison.
- Mais n'avez-vous pas trouvé un bon foyer chez nous ? Vous avez tout en abondance, des fruits et du laitage exquis, une jolie demeure et des amis qui vous chérissent ! Que voulez-vous de plus ? dirent-ils attristés.
- C'est vrai, répondirent les enfants, mais nous voulons retourner chez nous.
- Dans votre patrie vous trouverez une grande misère ; les forêts de sapins seront votre abri, la mousse vous servira de lit ; le froid et la neige seront votre lot, un pain grossier sera votre nourriture. Depuis longtemps vos parents et vos amis sont morts, et quand vous les chercherez, vous ne trouverez que la trace des loups qui rôdent autour des ruines de vos chaumières.
- C'est sans doute vrai, mais nous voulons retourner chez nous.
- Mais il y a dix ans que vous êtes arrivés ici. Vous étiez tout petits ; vous n'aviez que quatre et cinq ans et vous ne pouviez- vous souvenir de grand'chose. Maintenant, vous avez quatorze et quinze ans, mais vous connaissez peu la vie : vous avez oublié la maison paternelle et le chemin qui y mène. Vous avez oublié vos parents et ils vous ont oubliés.
- Peut-être, mais nous voulons retourner chez nous.
Les enfants n'en démordaient pas.
- Qui vous indiquera le chemin ?
- Je me souviens qu'il y a devant notre maison un grand bouleau où les oiseaux chantent à l'aurore, répondit le jeune garçon.
- Et moi, dit la sœur, je me souviens que, le soir, une étoile luit à travers le feuillage du bouleau."
-Il suffit, dit le père adoptif, vous resterez ici !
On leur défendit de penser davantage à leur départ. Mais plus on le leur défendait, plus les enfants y pensaient.
Une nuit, le jeune garçon, qui ne pouvait fermer les yeux, dit à sa sœur :
- Dors-tu ?
- Non, répondit-elle, je ne puis dormir, car je pense à la maison.

- Moi aussi, dit son frère. Faisons un paquet de nos vêtements, et partons.
Et tous deux partirent sans bruit dans la nuit. La lune brillait sur les sentiers. La nuit était splendide. Quand ils eurent marché un moment, la jeune fille dit :
- Mon frère, j'ai peur que nous nous égarions !
Le jeune homme répondit :
-Allons toujours du côté de l'ouest, là où le soleil se couche tous les soirs pendant l'été. Notre pays est de ce côté. Quand nous verrons le bouleau devant la maison et l'étoile qui brille dans le feuillage, nous saurons que nous avons retrouvé notre foyer.
Le jeune garçon s'arma d'un solide bâton, pour le cas où ils seraient attaqués. Cependant il ne leur arriva aucun mal. Un jour, ils de trouvèrent à un carrefour et ne surent quelle route prendre.
Tout à coup, deux petits oiseaux se mirent à chanter sur la route de gauche.
- C'est par ici, dit le jeune garçon ; ce sont les oiseaux qui le disent.
Et ils poursuivirent leur route, guidés par les oiseaux qui voletaient devant eux de branche en branche. Ils se nourrissaient de baies sauvages, s'abreuvaient aux sources fraîches et reposaient la nuit sur un lit de mousse. Chose merveilleuse, ni les fruits, ni le refuge pour la nuit ne leur manquèrent jamais. A la fin, la sœur se sentit lasse et dit :
- Ne crois-tu pas que nous devrions nous mettre à la recherche du bouleau ?
- Non, dit le frère, pas avant d'entendre parler la langue que parlaient notre père et notre mère.
Un soir, après avoir marché sans interruption toute la journée, ils se sentirent très las. Au crépuscule, ils atteignirent une ferme isolée. Dans la cour, une petite fille était occupée à éplucher des navets.
- Voudrais-tu nous donner un de tes navets ? demandèrent les enfants.
- Bien volontiers, répondit la petite. Mais, entrez chez nous, maman y est, elle vous donnera à manger.
A ces mots, le jeune garçon battit des mains et se jeta au cou de la petite fille en l'embrassant et en pleurant de joie.

- Pourquoi es-tu si content ? lui demanda sa sœur.
- Comment ne le serais-je pas ? Cet enfant parle la même langue que parlaient nos parents : maintenant, nous pouvons nous mettre à la recherche du bouleau et de l'étoile.
Ils entrèrent dans la maison où ils furent bien reçus. On leur demanda d'où ils venaient. Le jeune garçon prit la parole.
- Nous venons de très loin, expliqua-t-il,  et nous voulons retrouver notre foyer. Mais nous ne savons qu'une chose, c'est que, devant notre maison, il y a un bouleau où les oiseaux chantent à l'aurore et où une étoile brille le soir, à travers le feuillage.
- Pauvres enfants ! fut la réponse de la mère. Il y a, hélas, sur la terre des centaines de bouleaux et au ciel des milliers d'étoiles ! Comment vous serait-il possible de ne pas vous tromper !
Les deux enfants répondirent en souriant :
- Dieu nous aidera !

Les enfants prirent congé de la charmante famille qui les avait reçus  et si généreusement nourris et reprirent leur chemin. Cependant, à partir de ce moment, ils n'eurent plus besoin de dormir dans les bois et purent demander l'hospitalité de maison en maison : quoique le pays fût dévasté et la misère générale, ils trouvèrent toujours du pain et un gîte, car chacun avait de la compassion  pour eux.
Mais l'étoile et le bouleau restaient introuvables. Il y avait bien des bouleaux et des étoiles devant les maisons, mais ce n'étaient jamais ceux qu'ils cherchaient.
- Ah ! soupirait la soeur, la Finlande est si grande et nous sommes si petits ! Jamais nous ne retrouverons la maison !
Il y avait deux ans qu'ils étaient en route. C'était le soir de la Pentecôte, à la fin mai, et les arbres commençaient à se couvrir de leur première verdure. En entrant dans la cour d'une ferme où ils espéraient se reposer, ils virent un grand bouleau orné de sa parure printanière, et à travers son feuillage d'un vert tendre, brillait dans la nuit naissante l'étoile du soir. Le crépuscule était si clair qu'on ne distinguait que cette seule étoile dans tout le firmament.
- Voilà notre bouleau ! s'écria le jeune garçon, sans hésiter.
- Voilà notre étoile ! s'écria sa sœur, en même temps.
Ils se jetèrent dans les bras l'un de l'autre en répandant des larmes de joie.
- Voici l'écurie où notre père mettait ses chevaux ! dit le frère.
- Voici le puits où notre mère venait abreuver le troupeau, dit la sœur.
- Il y a deux petites croix au pied du bouleau, dit le frère. Qu'est-ce que cela peut signifier ?
- J'ai peur d'entrer dans la maison, dit la sœur. S'ils ne nous reconnaissaient pas ! Entre le premier,  mon frère..
- Restons un moment derrière la porte ! dit le jeune garçon, dont le coeur battait à grands coups.
Un homme et une femme étaient assis dans la chaumière. Ils n'étaient très âgés ni l'un ni l'autre, mais les soucis et la misère avaient prématurément ridé leurs fronts.
- Pour nous, disait l'homme, il n'y a plus de consolation, nos quatre enfants sont partis, deux dorment sous le bouleau, deux ont été emmenés en pays ennemi. Ceux-ci ne reviendront sans doute jamais.
Ils parlaient encore, lorsque les enfants entrèrent. Ils dirent qu'ils venaient de loin et qu'ils avaient faim.
- Approchez-vous, dit le père ; vous passerez la nuit avec nous et vous aurez à manger. Si nos enfants avaient vécu, ils seraient aussi grands que vous.
- Quels gentils enfants ! dit la femme. Les nôtres seraient aussi gentils qu'eux, s'ils avaient vécu !"
Et le père et la mère se mirent à pleurer. Alors les enfants, n'y tenant plus, se jetèrent au cou de leurs parents.
Ne nous reconnaissez-vous pas ? s'écrièrent-ils ! Nous sommes vos enfants !"
Les parents, débordants de reconnaissance, pressèrent leurs enfants sur leur cœur. Ils se racontèrent tout ce qui leur était arrivé. Mais tout était oublié, la joie inondait leurs cœurs.
Le père se réjouissait de retrouver son fils grand et fort. La mère caressait les cheveux noirs de sa fille et couvrait de baisers ses joues fraîches.
- Je pensais bien, dit-elle, qu'il arriverait quelque chose d'heureux aujourd'hui. Deux oiseaux inconnus sont venus ce matin chanter de joyeuses chansons dans notre bouleau.
- Je les connais, dit la petite ; ce sont les deux oiseaux qui nous ont conduits jusqu'ici, et ils se réjouissent avec nous.
- Ma sœur, dit le jeune garçon, allons saluer encore  l'étoile et le bouleau. C'est là que reposent nos petits frères. Je le comprends maintenant. Ces oiseaux qui nous ont guidés dans notre voyage, les oiseaux qui ont chanté dans le bouleau, ce sont leurs petites âmes blanches. Ce sont eux qui nous ont répété :
Retournez à la maison, retournez à la maison, pour consoler notre père et notre mère. Ce sont eux qui, dans les plaines désertes, ont pris soin d'apaiser notre faim et nous ont protégés pendant  notre sommeil. Ils ont aplani toutes les difficultés devant nous, jusqu'à ce qu'ils nous aient dit :
- Voici votre bouleau et voici votre étoile.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 10, 38-42


Jésus rencontre Marthe et Marie

En ce temps-là, Jésus entra dans un village. Une femme nommée Marthe le reçut.

Elle avait une sœur appelée Marie qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.
Quant à Marthe, elle était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. »
Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses.
Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »

Commentaire

Marthe et Marie
Les deux sœurs représentent précisément deux grandes tendances. Premièrement, nous voyons Marie qui était assise aux pieds du Seigneur et qui écoutait sa Parole. Marie est cette personne qui cherche d’abord le royaume de Dieu et sa justice. Ensuite, il y a Marthe pour qui la priorité est de servir. Marthe n’est pas une mauvaise personne pour autant puisqu’elle prend honnêtement à cœur de servir et de rencontrer les obligations domestiques. Cependant, Marthe mesure mal l’envergure de ses priorités. Quand Jésus parle, ce n’est pas le temps de faire la «popote», même si le but est de préparer un repas pour Jésus. Nous le voyons bien, Jésus l’invite à cesser de s’agiter et de s’inquiéter pour le repas. Ce qui importe, c’est d’entendre la Parole de Dieu.

Sans blâmer Marthe, Jésus réagit à son obsessive, voire compulsive préoccupation de mener à bien la réception qu’elle lui offre. Marthe, la généreuse, se dépense totalement à la tâche, jusqu’à en oublier peut-être le plus important, qui est le fait que Jésus soit là, que l’occasion est unique, qu’il faudrait en profiter, non pas pour lui donner plein de choses, mais pour recevoir de lui les paroles divines, les paroles de vie, l’Évangile, la joie du Père, du Fils et de l’Esprit. Marie, l’amoureuse, a compris qu’elle avait tout à gagner à s’asseoir là auprès de Jésus et à goûter son discours, sa présence, un enseignement si précieux. Le souci de sa sœur Marthe et tout son labeur ne font pas le poids comparés à ce qu’elle pourrait être en mesure de goûter et de recevoir. Pauvre Marthe, elle risque de passer à côté de l’essentiel, si elle n’ouvre pas ses yeux et ses oreilles et son cœur pour contempler son hôte de passage.
Qu’en est-il de nous ? Savons-nous faire la part des choses ? Avons-nous à cœur de nous garder pour Dieu des espaces de temps et de lieu pour l’écouter, l’accueillir dans notre cœur, puiser à la source de sa parole, prendre part à sa table ? Sommes-nous disposés à profiter de la nourriture qu’il nous offre ? Savons-nous que, bien plus que de lui donner de nous-même, nous avons besoin de tout recevoir de lui ?
C’est ainsi qu’il nous faut vivre en équilibre le service du prochain et l’attention au Seigneur, l’amour de Dieu et l’amour des autres, le dévouement généreux pour le Christ dans ses pauvres et dans ceux et celles en qui nous pouvons le reconnaître, et la pleine disponibilité de cœur, d’âme et d’esprit pour le Christ en personne, dans ce qu’il veut nous dire et nous partager de lui : le plat essentiel de sa parole et la ressource indispensable de son pain de vie.
Pistes réflexions

Où voyez-vous Jésus opposer Marthe à Marie ou Marie à Marthe?
Marthe est-elle la seule à vivre cet état?
Penses-tu avoir des choses à apprendre de Marthe?
A qui choisis-tu de ressembler? Marthe, Marie, ou Marthe et Marie?
Pourquoi Marthe s’énerve-t-elle contre sa sœur ?
Que signifie la réponse de Jésus ? Qu’est- ce que c’est que cette `` bonne part `` ?
 Qu’est- ce que cela signifie dans nos vies ``choisir la bonne part `` ? Trouver des actualisations :

 Êtes-vous d’accord avec les affirmations suivantes ?

Si oui pourquoi ? Si non, que proposez-vous !

- Marthe est une hyper-active et Marie une rêveuse ?
- Marthe recherche la complexité et Marie la simplicité ?
- Marthe s’affaire à un service délicat et Marie écoute, sans se bouger ?
- Marthe est active et ne tient pas en place tandis que Marie est passive et contemplative ? - Marthe s’engage dans du matériel éphémère tandis que Marie s’engage dans le spirituel  - Marthe veut bien faire les choses alors que Marie veut bien écouter Jésus ?
-Êtes-vous plutôt Marthe que Marie ou vice versa, ou aucune des deux ?

mercredi 17 juillet 2019

Un conte à méditer : la petite fleur au bout du champ...| Barbara Hocquette


Il était une fois, dans une vallée où brillait le soleil à longueur de journée, un magnifique champ de fleurs.

Chacun venait s'y promener et y découvrir des fleurs de toutes les couleurs. Ce champ avait un pouvoir particulier car chaque fleur dégageait une odeur singulière qui ne laissait jamais personne indifférent.

Il y avait souvent des visiteurs qui venaient pour s'imprégner de ces parfums enivrants. Et quand ils s'approchaient d'une des fleurs, l'odeur était si forte que cela leur procurait beaucoup de bien-être intérieur.

Un jour, alors qu'une dame s'échappait un peu du groupe venu visiter ce champ, elle se dirigea, comme attirée, vers le bout d'une ligne continue. Et là parmi d'autres fleurs, elle découvrit une petite fleur aux pétales de mille couleurs.

"Oh" dit-elle surprise, "que fait cette fleur étrange au milieu des autres?" Et là, la fleur lui répondit "je ne suis pas différente des autres, Madame, je suis toutes les fleurs à la fois."

La dame étonnée, lui demanda si elle savait qu'elle n'était vraiment pas comme les autres, et qu'elle rayonnait différemment.
"Pourtant si", dit la fleur ravie qu'on lui accorde tant de valeurs : "quand je veux communiquer avec mes amies les fleurs jaunes, mes pétales jaunes se mettent à vibrer. Et quand je veux m'amuser avec mes amies les fleurs rouges, mes pétales rouges se mettent à frisonner, etc, etc... En fait je suis amie avec toutes les fleurs de ce champ." 

La dame sourit et comprit qu'il est vrai que c'est une chance pour elle de s'entendre avec toutes et un bonheur au quotidien d'être comprise et admise parmi toutes ces magnifiques fleurs de ce champ magique.

"Alors tu es heureuse, ici, parmi toutes tes amies fleurs?
Et toi aussi, dis donc tu dégages une odeur toute particulière que je n'ai sentie nulle part ailleurs. Sais-tu, petite fleur, que je pense que je suis venue ici jusqu'à toi parce que moi aussi, je sais que je ne suis pas vraiment comme les autres. Je suis née d'un père américain et d'une mère vietnamienne, je vis en France et je me suis marié avec un italien avec qui j'ai adopté trois enfants de nationalité différente. Alors vois-tu parfois on pourrait penser que je ne suis jamais à ma juste place dans ce monde multiracial et pourtant tout comme toi, je pense que moi aussi je vibre avec chaque personne avec qui je vis et avec celles que je rencontre sur mon chemin."

D'un coup, la dame entendit qu'on l'appelait au loin. Elle remercia la petite fleur de cette si belle leçon de vie et lui tendit sa joue pour recevoir en échange d'un baiser sur sa tige, une caresse de tous ses pétales multicolores car c'est ainsi qu'elle aussi se sent être : couleur arc en ciel. 

lundi 15 juillet 2019

Prière d’un pissenlit qui en dit long… vous le verrez peut-être autrement à partir de maintenant.


Bonjour Dieu! C'est moi le pissenlit. Je te remercie de m’avoir donné la vie. Tu as fait de moi, une petite étoile d’or dans les jardins de la terre. Mais, Seigneur, pourquoi les humains me détestent-ils quand j’émaille le gazon ? Je trouve ça joli, moi. Eux disent que je déguise leur parterre. Ils font tout pour se débarrasser de moi. Ce n’est pas toi qui as décidé ça, hein! C’est la mode des temps modernes. Au lieu de laisser la nature s’épanouir à son gré, on l’organise. Qu’on se débarrasse de moi, ça fait partie des normes de beauté. Ça me fait penser aux marginaux qu’on refoule trop souvent. Les clochards, les sans-logis, ça vous dépare une ville, ça. Les pauvres, les handicapés, nos loyers ne sont pas pour eux. Ah! Que je sympathise avec eux! Pourtant, on a le droit d’avoir notre place au soleil, eux et moi. Seigneur, tu me connais, c’est toi qui m’as créé têtu, tenace, décidé. Non, on ne me fera pas disparaître. On met des pavés, de l’asphalte pour avoir un beau stationnement pour y faire rouler les voitures dernier cri ? Je réussis à pousser dans la moindre petite fente. Coucou! C’est moi. Je m’identifie à ceux et celles qui tiennent bon, Malgré les coups durs que la vie leur rend. Personne ni rien ne peut nous empêcher, eux et moi, de chercher l’oxygène et la lumière dont nous avons besoin pour grandir et fleurir. Quelle douceur, cependant, quand un petit garçon ou une fillette viennent me cueillir pour m’offrir en bouquet à leur maman! Je t’assure que j’oublie tous mes problèmes alors. Si tu ne m’avais créé que pour ces instants, ma vie vaudrait la peine d’être vécue. Quelle reconnaissance quand les portes s’ouvrent pour recueillir ceux et celles que la société rejette! Quelle joie de se sentir de la ‘’gang’’, sans qu’on te demande une carte d’identité ou l’épaisseur de ton porte-monnaie! Merci mon créateur, pour le soleil qui pénètre mon petit cœur jaune, pour le vent qui me fait danser, pour le chant de l’abeille qui vient se gaver de mon pollen. Merci pour le papillon qui vient me caresser du bout de son aile. Merci beaucoup parce que tu m’aimes tel que je suis, moi le maudit pissenlit. Auteur inconnu

L’Amarrage Journal communautaire de Rivière-au-Tonnerre/Sheldrake Juin 2019

samedi 13 juillet 2019

Parabole pour notre temps, Le bon Samaritain (Luc 10, 25-37) revisité pour notre temps par Jean-Pierre


Un maître de la Loi se leva et dit à Jésus pour l’embarrasser : “Maître, que dois-je faire pour recevoir la vie éternelle ?”  Jésus lui dit : “Que dit l’Écriture, que vois-tu dans la Loi ?”
L’homme répondit : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même.”  Jésus lui dit : “Ta réponse est exacte. Fais cela et tu vivras.”
Mais lui voulut s’expliquer, il dit à Jésus : “Et qui est mon prochain ?”

Jésus alors se mit à raconter : “Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba au milieu de bandits qui lui enlevèrent jusqu’à ses vêtements. Ils s’enfuirent le laissant couvert de plaies et à demi mort.

Un prêtre par hasard descendait ce même chemin ; il vit l’homme et passa de l’autre côté, il nota sur son agenda : "Urgent : convoquer l'EAP (l'équipe d'animation pastorale) pour voir s'il est possible de faire quelque chose pour aider cet homme". Un paroissien venait par la même route ; arrivé à cet endroit, lui aussi vit l’homme ; il changea de côté et passa. Il nota sur son agenda : "Urgent : parler à mon curé, toute cette pauvreté, c'est honteux, peut-on prévoir une intention de prière pour la messe de dimanche prochain".

Mais voici qu’un Samaritain fait le même trajet, et quand il se trouve face au blessé, il a vraiment pitié de lui. Il s’approche et bande ses blessures en y mettant de l’huile et du vin. Puis il l’installe dans sa propre voiture et le conduit jusqu’à une auberge où il prend soin de lui.  Le lendemain il sort deux pièces d’argent et les donne à l’hôtelier en lui disant : Fais pour lui le nécessaire ; si tu dépenses davantage, je te le rembourserai au retour.”

Le Samaritain n'a pas les moyens de faire plus. Il alerte le voisinage pour avoir de l'aide. Les voisins se mobilisent, les secours arrivent, l'homme se retrouve soigné, habillé, nourrit et sauvé. Le Samaritain écrit pour dimanche prochain l'intention de prière "Nous te louons Seigneur, pour les aides reçus qui ont permis de sauver un pauvre homme. Nous te louons Seigneur pour tous ces hommes et ces femmes qui font leur part pour mettre l'humanité debout".

Le prêtre l'apprend, il écrit au samaritain, "de quoi te mêles-tu ? Tu déranges les gens dans leur quiétude. Tu aurais dû m'en parler avant, nous aurions fait une réunion pour voir s'il y avait quelque chose à faire !"
Le paroissien l'apprend aussi, il écrit à son tour au samaritain-diacre "que quoi te mêles-tu ? Il fallait nous laisser tranquille, la misère est immense, on n'y arrivera pas ! Ce que tu fais est inutile, crois-moi, j'en sais quelque chose !"

Jésus alors demanda : “À ton avis, lequel des trois s’est fait le prochain de l’homme qui a été victime des bandits ?”  L’autre répondit : “Celui qui a eu pitié de lui.”
Et Jésus lui dit : “Va, et fais pareil.”



Cette relecture est sans doute (mais c'est pas sûr) indépendante de tout fait réel. Si certains peuvent se reconnaître, c'est une malheureuse coïncidence involontaire. 


Moralité : Dans les situations d'urgence, quand tu aides quelqu'un, ne t'attends pas à ce qu'on te félicite, d'ailleurs ne le fait pas pour ça, mais pour la justice et la charité (autre nom de l'Amour), tu déranges trop les institutions et la quiétude des gens. 
Par contre, tu es en droit de recevoir des paroles d'encouragement pour tes engagements au service des autres et des plus pauvres, surtout des encouragements de la part de ceux qui sont en responsabilité... 

Peut-être que le Samaritain était prêtre ou diacre ou paroissien et qu'il n'a fait que ce en quoi il croit ou ce pour quoi il est envoyé par son évêque ?

Mais ce peut être aussi chacun d'entre nous, si nous le voulons bien. Le devoir de chacun c'est de faire son possible.