mardi 29 octobre 2019

LE CONTE DU PRINCE DES FLEURS.


Il était une fois un Prince, un prince comme dans les contes, beau, élégant, délicat, richement vêtu — mais…
Souvent, il y a un « mais » dans les histoires — et heureusement, car s’il n’y avait pas de « mais » dans les histoires, il n’y aurait pas d’histoires du tout et la vie serait terne, pâle, ennuyeuse, — sans rires, sans joies, sans peines, sans couleurs…
Et justement, c’était ça le « mais » de l’histoire du Prince : les couleurs !
— « Écoutez… L’histoire vous dit tout : écoutez-la ! »
Ce prince vivait seul, tout seul, dans un château, bâti au milieu d’un immense domaine planté de forêts, de prairies, de clairières, de fleurs. Ce prince ; on l’appelait le Prince Tout Seul. Il vivait dans un pays désolé, sans habitants. Il habitait tout seul dans un château aux vitres opaques ; et au travers de ses vitres opaques, couleur crème de lait, il ne voyait rien du dehors.
Et comme il était seul, le Prince Tout Seul s’ennuyait, ce qui est logique finalement.
Et comme il était seul toute la journée, il s’ennuyait toute la journée…
De temps en temps, il sortait pourtant ; il allait par ses champs, ses forêts, ses étangs…
Au début, il s’était intéressé aux animaux : les écureuils, les carpes des étangs, les oiseaux, les campagnols…
Mais, au fil des saisons, il s’en était lassé — ou plutôt, il avait eu le sentiment que les animaux n’avaient pas besoin de lui. Les oiseaux s’élançaient si loin dans le ciel qu’au bout d’un moment il ne les voyait même plus. Au printemps, ils faisaient leurs nids, s’occupaient de leurs petits, les nourrissaient, les surveillaient…
Et lui ?
Les carpes allaient se réfugier au fond de l’étang pour manger et frayer.
Et lui ?
Le campagnol faisait ses provisions pour l’hiver.
Chacun avait sa vie, un but dans sa vie.
Et lui ?
Si les animaux n’avaient pas besoin de lui pour vivre alors ? — Alors, alors, alors…. ?
Évidemment, le Prince Tout Seul était très malheureux. Un jour, il était si triste qu’il s’est jeté à plat ventre dans l’herbe fleurie et a versé des flots de larmes d’argent — (hé le Prince Tout Seul était peut-être seul, mais il était très riche ; et comme il était très riche, ses larmes étaient en argent ! Normal, non ?)
Et les flots de larmes d’argent qu’il versait ont formé des ruisseaux d’argent qui se sont faufilés comme des milliers de serpents d’eau, dans l’herbe fleurie…
— Fleurie de fleurs sans couleurs.
Car les fleurs avaient perdu leurs couleurs. Elles les avaient perdues parce que — privées du monde, privées d’amour, privées d’attention — elles se sentaient inutiles. Personne ne venait les voir, les observer, les sentir. Personne ne venait respirer avec extase leurs parfums, admirer leurs robes somptueuses, goûter la fraîche rosée matinale qui brillait de mille feux sur leurs pétales multicolores, ni les cueillir pour en faire d’émouvants bouquets disant l’amour, la joie ou l’espoir.
Alors, elles s’étaient résignées et avaient fait ce constat insensé pour des fleurs : leurs couleurs ne servaient à rien ni à personne.
Et au fil du temps de la solitude, elles avaient pâli. Elles avaient tant pâli, qu’aujourd’hui, elles étaient sans couleur, uniquement vêtues de gris, de noir et de blanc.
Or, ce jour-là, les fleurs ont été réveillées par ces flots d’argent qui s’infiltraient partout. Elles ont tendu, curieuses et craintives, leurs pétales pour deviner, pour sentir, pour savoir d’où venait cette eau scintillante et douce qui chatouillait si agréablement leurs racines ; pour chercher la source !
Celles qui étaient tout près du Prince Tout Seul ont fait passer le message :
— « Hé, les filles, le Prince Tout Seul pleure… Pleure… Pleure…, ses larmes coulent, coulent, coulent. »
Et le message a suivi le cours des ruisseaux d’argent, de fleur en fleur, de prairie en bosquet, de vallon en forêt… Bien vite, chaque fleur l’a entendu. Elles se sont agitées, ont défroissé leurs corolles. L’herbe fleurie palpitait, s’émouvait.
Et dans l’herbe fleurie, les fleurs incolores retrouvaient des envies d’être jolies, fraîches et séduisantes. Alors, elles ont lancé des SOS au Prince Tout Seul. Mais enfermé dans ses larmes, le Prince n’entendait rien.
C’est alors que le soleil s’est mis de la partie. Il a brillé, brillé si fort qu’on pouvait voir ses rayons rouler dans l’herbe fleurie. Il a brillé si fort qu’il a tout asséché : le ruissellement des flots argentés et les larmes des yeux du Prince.
Le Prince Tout Seul s’est assis, a frotté ses yeux, reniflé, regardé tout autour de lui. Dans le coin de son œil, une dernière larme d’argent perlait. Elle lui allait si joliment.
L’herbe fleurie palpitait, tressaillait, s’agitait autour de lui. Il avait le sentiment singulier que l’herbe fleurie le sollicitait. Mais non seulement, il ne comprenait pas un seul mot du langage des fleurs, mais, à force de tant de solitude, il avait perdu tout sens de la communication. Il ne savait plus s’exprimer.
Alors, il est resté là, longtemps, assis, planté dans l’herbe, ne sachant que faire, ne sachant que penser.
Le soir venu, comme à son habitude, le Prince Tout Seul est rentré se réfugier dans sa chambre, derrière ses vitres opaques couleur de crème.
Mais cette nuit-là, dans son grand lit glacé, il a senti, pour la première fois dans sa longue et triste vie, naître une envie, une grande envie.
Laquelle ? Il ne le savait pas encore ; mais il avait une envie, il en était certain.
Alors, il s’est levé, il a ouvert ses fenêtres en grand. Au diable les courants d’air et les insectes nocturnes ! Il a savouré, de tout son corps, de tout son cœur, la fraîcheur douce de la nuit d’été. Et, miracle ; il a senti venir du fin fond de son royaume, de la prairie fleurie, sur les ailes du vent, une odeur douce et tendre, riche et fraîche : le parfum des fleurs…
À l’aube, il s’était endormi, un sourire enfantin sur ses lèvres.
Évidemment, le lendemain matin il a fait la grasse matinée.
Quand il est arrivé dans la prairie fleurie, sous le soleil de midi, l’herbe palpitait toujours. Maintenant, elle bruissait, comme des centaines de milliers de grillons lancés à pleine voix dans une cacophonie infernale. Au début, il était heureux d’entendre ce vacarme, là où il n’y avait hier que le triste murmure du vent solitaire. Mais, au bout d’une demi-heure, le Prince Tout Seul avait les tympans fracassés.
Alors, il a tout appris d’un seul coup : la patience, l’écoute, la persévérance, l’oubli de soi, la modestie. Pour comprendre le langage des fleurs, il a fait des efforts surhumains, et il a découvert que les voix des fleurs étaient discordantes.
Il s’est alors trouvé une mission : il devait mettre de l’ordre dans sa prairie et créer un accord parfait, mettre toutes ces voix à l’unisson et redonner de l’harmonie au peuple des Fleurs, son peuple.
C’est ainsi que le Prince Tout Seul s’est levé. Il a parcouru la prairie fleurie. Il a regardé et salué ; une à une ; toutes les fleurs, il a échangé un mot avec chacune. À la nuit tombée, il avait tout juste commencé le tour des popotes, il y avait tant et tant de fleurs. Il a passé avec elles un temps infini. Et ce faisant, le Prince Tout Seul enrichissait son vocabulaire et son cœur. Il apprenait avec application, avec passion le langage des fleurs.
Ainsi il a passé des journées entières. Pas une seule fleur n’a échappé à son attention. Il a pris soin de s’enquérir du nom de chacune, de ses goûts, et de ses couleurs.
C’est seulement une fois sa tâche achevée qu’il est rentré chez lui. Il était passé maître dans l’art de la conversation avec les fleurs. Épuisé, il a dormi pendant des jours et des nuits.
Et dans la prairie fleurie, l’attention et la courtoisie du Prince Tout Seul étaient en train de faire des merveilles !
Non seulement les fleurs retrouvaient leurs couleurs, mais aussi l’harmonie — une palette de couleurs si riche, si vive et si délicate, que le Prince Tout Seul revenant quelques jours plus tard sur le lieu de ses bienfaits… en pleura d’émotion. Larmes d’argent ou pas ; ce qui est sûr, c’est que ce n’étaient pas des larmes de crocodile ! D’autant plus que les ravissantes avaient confectionné une banderole colorée et odorante pour l’accueillir et où il était écrit : « Vive le Prince des Fleurs ! ». C’est ainsi que le Prince Tout Seul est devenu le Prince des Fleurs.
La fête dura des jours et des jours : les habitants des royaumes voisins avaient été invités. Ils étaient priés d’apporter au Prince des Fleurs de nouvelles variétés de fleurs, condition obligatoire pour faire partie de la fête. La fête fut magnifique. Et les gens, de plus en plus nombreux, se pressaient pour y assister. Si bien que la Prairie Fleurie et ses alentours abritaient les plus belles et les plus incroyables fleurs de tout l’univers ; des petites, des grandes, des rampantes, des grimpantes, des qui aiment le soleil, et d’autres se réfugiant à l’ombre des grands arbres, des bleues, des rouges, des jaunes, des violettes, et même des vertes, toutes les couleurs étaient là, sauf le blanc. « Marre du noir et blanc ! » avaient décidé les Fleurs du Prince.
Bien vite, des tas de familles vinrent s’installer dans le magnifique royaume du Prince des Fleurs. Et rapidement, le prince ne fut plus seul. Il n’était plus triste. Il était très occupé, à présent, et cela le remplissait de joie. Il était à la tête d’un royaume florissant.
Bien sûr, il trouva sa princesse ; car il ne peut y avoir de conte sans jolie princesse ; et ils eurent cinq filles : Anémone, Capucine, Violette, Rose et Véronique.
Et c’est ainsi qu’on raconte encore aujourd’hui la belle histoire du prince des fleurs




samedi 26 octobre 2019

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 18, 9-14


En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts). Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.”
Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : “Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !” Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »

Devenir humble de coeur STÉPHANIE COMBE

Dans cette parabole dominicale (Luc 18, 9-14), Jésus nous met en garde contre l'orgueil et nous invite à cultiver l'humilité.

Le pharisien méprisant

En apparence, le pharisien fait tout bien : il prie Dieu au Temple. Mais que lui dit-il ? Il se félicite de ne pas être comme les pécheurs et de respecter les préceptes religieux : « Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne. » En fait, il se vante d'être un homme « bien ». Au fond de son coeur, il méprise les autres. Or Dieu connaît les intentions des hommes.

Le publicain contrit
Puis Jésus décrit l'attitude du publicain, le collecteur d'impôts. Lui est tellement conscient de son péché qu'il ne fait pas le fier. Il se tient piteusement, dans un coin du Temple. Il se frappe la poitrine, ce qui revient à exprimer son regret, et répète : « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis. » C'est ce qu'on appelle l'humilité. Et cette attitude attire irrésistiblement le Seigneur, qui aspire à nous sauver.
Qui s'abaisse sera élevé
« Qui s'élève sera abaissé ; qui s'abaisse sera élevé », conclut Jésus. La logique divine n'est pas la logique mondaine. Et nous, ne sommes-nous pas parfois des pharisiens ? On se vante pour se faire remarquer, s'attirer des éloges, faire partie des gens importants... Le premier péché de l'homme est l'orgueil de vouloir être « comme Dieu ». À l'inverse, l'humilité rapproche de Jésus. Il a dit « Je suis doux et humble de coeur » et, dans les Béatitudes, il promet que le royaume des cieux appartient aux humbles.

Questions d'étude biblique (Luc 18: 9-14)

1.       Jésus cible cette parabole sur ceux qui ont confiance en leur propre justice et qui méprisent les autres. Pensez-vous que ce problème d'auto-justice est autant un problème aujourd'hui qu'à l'époque?

2       Comment le regard du pharisien sur lui-même affecte-t-il sa relation avec Dieu et les autres?

3       Qu'a fait chaque homme et quelle a été sa récompense?

4       Quelle était la règle utilisée par Jésus pour juger ces hommes et comment pouvons-nous l'appliquer à nos propres vies?

5       Dans quels domaines de la vie as-tu confiance en toi? Est-ce bon ou mauvais à la lumière de Luc 18: 9?

6       Est-ce que ça va d'être meilleur que les autres? Comment pouvons-nous grandir dans la justice sans devenir auto-justes?

7      Beaucoup de gens qui ont une religion ou une philosophie peuvent être pieux, parce qu'ils pensent que leurs façons de faire sont meilleures que les autres. Ceci est également vrai parfois de ceux qui professent être chrétien. Qui méprisons-nous?

8       Comment les gens sont-ils sauvés? Sommes-nous justifiés (considérés comme justes) par nos actes et nos actions ou par notre foi en Jésus-Christ? Discuter.



LA PUISSANCE DE LA FAIBLESSE

Le pécheur repêché
Comment ne pas être touché par le regard de Jésus qui descend directement au fond du coeur de l’homme ? Dieu ne juge pas sur l’apparence (1 S 16, 7), ni sur les honneurs, la réussite ou la reconnaissance, mais il invite chacun à vivre une relation en vérité avec lui. De la femme adultère à saint Paul en passant par saint Pierre, l’ultime question reste : « Est-ce que tu m’aimes ? » C’est l’expérience de nombreux prêtres qui sont émerveillés de voir combien de coeurs sont bouleversés par la miséricorde infinie de Dieu et se retournent vers lui. N’est-ce pas la bonne nouvelle que les missionnaires du monde entier veulent porter à tous ceux qui n’ont pas encore vécu cette rencontre de Jésus Christ ?

L’humilité, chemin de rayonnement pour la mission
 Alors que le monde propose à l’homme une réussite construite sur le pouvoir, l’efficacité, l’argent, le Christ nous fait une toute autre proposition : un chemin d’humilité et d’apparente faiblesse, qui va se révéler bien plus puissante à long terme. C’est la logique de la croix, folie pour les païens, sagesse de Dieu. Il est frappant de voir combien de missionnaires sont partis, démunis de tout, annoncer l’Évangile aux quatre coins du monde. Malgré les barrières de la langue, de la culture, de la maladie, de leur isolement, leurs vies offertes ont été semence de chrétiens et ont porté du fruit au centuple. Demandons au Seigneur pour nos communautés cette grâce de l’humble témoignage. Nous ne sommes pas meilleurs que les autres, nous avons bien conscience que nous portons un trésor dans des vases d’argiles. Ce sont peut-être les fissures de nos vases qui vont laisser rayonner la lumière du Christ ! Osons simplement offrir au Seigneur nos faiblesses, nos limites, nos incapacités, qu’il vienne nous purifier, nous transformer, et nous envoyer renouvelés vers nos frères.

Action de grâce
En cette fin de mois missionnaire mondial, il est bon de rendre grâce pour tout ce que le Seigneur nous fait vivre dans nos communautés. Non pas parce que nous ne sommes pas comme les autres, mais pour les dons que Dieu nous fait par pure grâce. Chaque communauté a pu vivre ce mois différemment. Que le Nom du Seigneur soit béni, non seulement pour les rencontres vécues, les témoignages rayonnants, les partages effectués, les prières ferventes, mais aussi simplement d’avoir été ses humbles disciples, heureux de le suivre et de le porter à nos frères, heureux de cheminer avec lui jour après jour. 

Pistes pour méditer les évangiles des dimanches du mois missionnaire mondial

Extrait du livret d’animation : Mois Missionnaire octobre 2019

mardi 22 octobre 2019

Mlle Cool-Air est la cousine de Madame Colère


Mlle Cool-Air aime se promener dans les parcs, prendre un café au resto du coin. Elle a plusieurs rêves non réalisés dans sa vie mais elle dit à qui veut bien l’entendre que si elle ne les concrétise tous, elle n’aurait plus de but dans la vie. Hi Hi C’est ça son secret pour être cool… des buts dans la vie, dans sa vie. Elle n’a pas d’âge, elle est partout à la fois. Elle respire la joie et le bonheur de vivre. Elle s’amuse à envoyer des sourire surtout à ceux et celles qui ne lui en donne pas. Car Mlle Cool-Air sait que si une personne ne donne pas de sourire, c’est qu’elle en a un grand besoin d’en recevoir.

Son histoire remonte à loin. Elle est un peu plus jeune que sa cousine Madame Colère. Madame Colère est malheureuse. Elle a oublié où elle a rangé le sens de sa vie. Elle l’a mis de côté mais ne se souvient plus ou. Madame Colère respire très fort sans sentir que son corps est raide tellement il est malheureux. Madame Colère fait partie d’une grande famille, ils vivent tous dans un jardin, juste derrière le mur de pierres qui longe le coté du soleil.

Et comme dans la vie il n’y a jamais de hasard, Madame Orage avait prévu en cette journée merveilleusement planifiée d’aller faire un tour dans la cours de Madame Colère. Elle était accompagnée de toutes ses gouttelettes d’eau plus fines les unes que les autres, des éclats d’éclairs à faire pâlir le soleil de jalousie et des bruits de tonnerre rappelant la colère! Une énorme gouttelette d’eau qui était à la tête de l’équipe de Madame Orage suggéra d’aller du côté du mur de pierres de chez Madame Colère et d’y nettoyer en surplus toutes les peurs, angoisses et de lessiver les taches sur le mur de pierres. Et bien sûr, finaliser le nettoyage en plaçant pour un temps illimité un arc-en-ciel si lumineux qu’il serait possible de s’y tromper et d’y voir une muraille de fleurs à la place du mur de pierres.

Chose dite et chose faite. Cela n’a pas été très long à faire car toutes les gouttelettes étaient prêtes à faire la pluie et le beau temps. Pendant ce temps, Mlle Cool-Air qui savourait un café et qui était tout partout en même temps aperçu l’éclat de ce bel arc-en-ciel. Comme elle avait tout son temps, elle partit à la rencontre de l’arc-en-ciel. Mlle Cool-Air était excitée de voir où serait l’emplacement de cet énorme lumière de joie. Quelle ne fut pas sa surprise de voir qu’il avait élu domicile juste au-dessus de la maison de sa cousine Madame Colère ! Donc pourquoi ne pas en profiter et aller lui jaser un peu. Elles sont de la même famille après tout.

Madame Colère était très surprise et perplexe en voyant tout ce qui se passait dans sa cours. Et davantage en voyant sa cousine Mlle Cool-Air. Mais Madame Colère savait au fond d’elle-même qu’il était temps que la tradition familiale voulant que tout soit noirci ne le soit plus et ce à jamais. Il y avait autant de larmes dans les yeux de Madame Colère que de gouttelettes de pluie lors du fameux ménage de Dame Orage.

Et après la pluie le beau temps. Les larmes ont nettoyé le cœur de Madame Colère et Mlle Cool-Air transforma toutes les larmes en une belle rosée matinale pour le reste de la vie de Madame Colère.

Morale de cette histoire : Faut pas garder les larmes en dedans de soi au risque de s’y noyer. Partager vos peines et partagez voie joies. 
Source : Au cœur de ton âme

samedi 19 octobre 2019

La mission d'une fleur L'Amour de Soi -



Conte anglais
Une jeune fille cueillait des fleurs destinées à des malades. Ce genre de moyen pour annoncer le message du salut offert par Dieu à tous est appelée « La mission d’une fleur ».
Elle hésitait à mettre encore dans son panier déjà plein une branche d’aubépine qu’elle trouvait indigne d’y figurer. Cependant, elle la prise. Une fois à la maison, elle confectionna ses bouquets. À chacun desquels elle attachait des cartes avec des textes bibliques. La branche d’aubépine eut aussi le sien. C’était celui-ci : Dieu est amour (1 Jean 4:16).
Puis, elle partit avec sa provision de bouquets. Elle en avait donné une cinquantaine et rentrait bien fatiguée d’avoir tant couru et grimpé tant d’escaliers quand, en passant devant la maison d’un malade incrédule qui l’avait déjà repoussée plusieurs fois, elle ressentit qu’elle devait y monter.
Mais pourquoi essayer encore se dit-elle… C’est inutile, et puis je n’ai plus de fleurs.
À cette dernière pensée, qui était comme un soulagement pour sa conscience, elle poussa un soupir de satisfaction. Cependant elle avait encore au fond de son panier la branche d’aubépine ; mais elle n’aimait pas avoir si peu à présenter, cela n’en valait pas la peine. Après un court moment de combat intérieur, elle se décide pourtant à entrer et monte l’escalier, tout en demandant à Dieu de bénir son message. Elle frappa la porte, entre dans la chambre du malade et, s’approchant de son lit, y dépose la branche d’aubépine.
Qui l’envoie ? demande cet homme d’une voix qui n’avait rien de sa rudesse habituelle.
Dieu… répond simplement la visiteuse sans rien ajouter. Et, avertie par un regard de sa femme, elle se retire aussitôt.
Quelques jours plus tard, Norris (c’était le nom du malade) recevait la visite de quelques amis qu’il avait désiré revoir… Quelques-uns de ses anciens compagnons de plaisir qui venaient lui dire un dernier adieu. Ils contemplaient en silence et avec tristesse celui qu’ils avaient connu autrefois plein de gaieté et d’entrain. Mais le malade remplit bientôt ce silence pénible :
Mes amis, leur dit-il, je vous ai fait appeler pour vous dire qu’il y a un Dieu ! Personne n’ajoutant rien, Norris continua : En présence de la mort dont je me sens tout près, l’idée de Dieu s’est emparé de moi. Supposons qu’il existe, ai-je dit, que l’enfer et le ciel soient des réalités, que demanderai-je et où irai-je ? Et tout ce que j’ai fait et dit, toutes mes plaisanteries au sujet de Dieu, toute ma vie enfin, se présentait à moi. Et si je devais me trouver en présence de Dieu ? Me disais-je. Cette pensée me tourmentait. Je lui dis donc :
Si Tu es Dieu et si, jusqu’ici, j’ai été dans l’erreur, montre-le-moi ! Envoie-moi un signe et je te confesserai comme étant le Dieu du ciel et de la terre.
Dès ce moment-là, j’étais là à attendre ce signe, toutes mes pensées étaient centrées sur lui, car c’était pour moi une question de vie ou de mort. S’il y avait une chose jamais vue entre ces quatre murs, c’était une fleur. Et je suis assez hardi pour demander qu’une fleur fût ce signe désiré.
J’attendais toute la matinée, regardant au plafond pour voir si le miracle s’opérait, mais il ne se produisait rien de particulier. Vers cinq heures cependant, les douleurs dont je souffrais c’est toi un peu calmées, j’avais fermé un moment les yeux. Un bruit de pas me les fit rouvrir. Et je vis cette fleur, dit-il, en montrant l’aubépine. Qui est ce qui me l’envoie ? Ai-je demandé à la personne qui me l’apportait…
Dieu ! Me répondit-elle.
Et maintenant, je vous le dis à tous : il y a un Dieu ! Oui, s’il a pu s’inquiéter d’un mauvais sujet comme moi, il est vraiment Dieu, et je crois en lui. Et voyez, il a écrit cela pour moi ajouta-t-il en tirant de deux sous son oreiller la carte qui portait les textes :
Je ne mettrai point dehors celui qui viendra à moi ( Jean 6:37).
Les quelques paroles du malade étaient courtes mais bien un solennel sermon. Tout épuisé, après les avoir prononcées, il eut un long accès d’étouffement. Tous ses amis s’étaient retirés et Norris restait seul avec sa femme… Il est Dieu et il m’aime ! l’entendait-elle répéter d’une voix bien faible. Ses dernières paroles intelligibles furent : il est le Seigneur, mon Dieu. Il a envoyé une fleur à un misérable mauvais sujet comme moi ! C’est ainsi que cette simple branche d’aubépine fut un moyen de délivrance et une porteuse de la bonne nouvelle pour l’incrédule Norris.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 18, 1-8


Prier en tout temps et ne pas se décourager

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager : `` Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : “Rends-moi justice contre mon adversaire.” Longtemps il refusa ; puis il se dit : “Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne, comme cette veuve commence à m’ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.” ``Le Seigneur ajouta : `` Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ?

RENDS-MOI JUSTICE

Persévérance
Jésus n’a pas peur de nous donner un exemple assommant de persévérance ! Car notre plus grand défaut n’est pas d’assommer Dieu de nos prières, mais bien trop souvent de l’oublier. Nous nous désolons trop souvent de nos faiblesses, et nous baissons les bras trop vite. Car derrière cette ferme volonté de ne pas lâcher prise, c’est bien l’espérance qui va jaillir. Saint Paul, dans la lettre aux Romains, les invite à cheminer de la foi à l’amour en passant par la persévérance et l’espérance… « Jésus Christ, a donné, par la foi, l’accès à cette grâce dans laquelle nous sommes établis ; et nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu.
Bien plus, nous mettons notre fierté dans la détresse elle-même, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ; la persévérance produit la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée produit l’espérance ; et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ». (Rm 5, 2-5)
Combien de missionnaires ont vécu cette longue persévérance au cours de leur ministère ? Annoncer sans voir tout de suite le résultat, mais en ayant foi que ce qui est semé, parfois au prix des larmes et du sang, portera un fruit immense. Comment ne pas rendre grâce pour ces Églises d’Asie, d’Afrique et d’Amérique qui sont nées de la persévérance des martyrs ? La longue litanie des martyrs du Vietnam, du Japon, de Chine, de l’Ouganda, du Canada… Foule immense des saints qui ont offert leur vie pour que le salut soit donné au monde entier. N’oublions pas aussi que notre Église en France s’est construite sur ces vies offertes. À Lyon, les OEuvres Pontificales Missionnaires sont nées à proximité du lieu des martyrs de sainte Blandine, saint Pothin et de leurs compagnons. Sans risquer le supplice de la croix, nous pouvons demander aussi cette grâce de la persévérance, car les croix peuvent être de toutes sortes aujourd’hui.

Trouvera-t-il la foi ?
Question redoutable, surtout dans notre société sécularisée et comme paralysée par le consumérisme et un humanisme déconnecté du plan divin. On a beau tourner les statistiques dans tous les sens, le nombre de baptisés, plus encore que le nombre de prêtres, révèle l’effondrement de la présence de l’Église. Et ne disons pas trop vite que la quantité a laissé place à la qualité, c’est faire fi justement de tous les témoins qui nous ont précédés… Justement, cette réalité, pour douloureuse qu’elle soit, doit être un encouragement à relever les manches, à faire phosphorer nos intelligences, à user nos genoux en priant, à fatiguer nos cordes vocales en louant et annonçant… bref, à ne pas nous endormir, mais à retrouver cette grâce des premiers disciples, à faire de notre journée quotidienne une occasion de mission. 

Pistes pour méditer les évangiles des dimanches du mois missionnaire mondial

Extrait du livret d’animation : Mois Missionnaire octobre 2019

Pour méditer


· L’Évangéliste nous dit pourquoi Jésus raconte cette parabole : pour montrer aux disciples qu’il faut prier sans se décourager. Peut-être s’était-il aperçu qu’ils avaient du mal à persévérer dans la prière. Est-ce qu’il m’arrive parfois, moi aussi, de me décourager dans ma prière ? Pourquoi ?
· « Le juge sans justice » : pour le peuple d’Israël, c’est l’exact contraire de Dieu ; en effet, Dieu est celui qui écoute toujours le cri de la veuve, de l’orphelin et de l’étranger, c.-à-d., des plus pauvres, faibles et marginalisés.
 · Jésus nous lance une provocation : si le juge sans justice exauce enfin la veuve, voulez-vous que Dieu ne vous écoute pas ? D’autant plus que pour Dieu vous n’êtes pas quelqu’un qui vient « sans cesse l’assommer », mais « ses élus », ses enfants qu’Il aime sans limite. C’est pourquoi nous ne devons pas nous décourager.
· « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » A quoi se réfère-t-il Jésus ? La question profonde que Jésus pose à ses disciples est peut-être celle du visage de Dieu pour eux : un juge sans justice ou un Père qui les aime ? Et pour moi, quel est le visage de Dieu ?


jeudi 17 octobre 2019

Conte pour enfant – Petite étoile: « la vie après la mort »


Il était une fois, dans un pays lointain au fin fond de la galaxie, une petite étoile. Petite étoile, c’est ainsi qu’elle s’appelait, était très triste car elle avait perdu son papa et sa maman. Elle vivait seule là-haut dans les étoiles. Un jour, elle découvrit qu’elle n’était pas toute seule. Avec elle, il y avait pleins d’autres étoiles, de toutes les couleurs. Avec elle, il y avait pleins d’autres étoiles de toutes les couleurs, des vertes, des rouges, des bleues, des jaunes, des étoiles qui scintillaient d’autres pas, des grandes, des petites…
Parmi toutes ces étoiles elle se sentait moins seule et moins triste. Partout où elle allait il y en  avait une multitude, elle qui n’avait jamais quitté sa galaxie. Quelle joie pour elle de découvrir cette immensité. Mais malgré tout, elle sentait qu’elle ne pouvait pas rester ici, c’était comme un ressenti comme quelque chose que ne s’explique pas, elle savait c’est tout.
Alors, elle décida de faire un long voyage pour découvrir d’autres galaxies, là où personne n’était jamais allé, elle se sentait comme attirée, elle savait qu’elle devait y aller, là-bas quelque chose l’attendait. Elle était impatiente …
Elle prépara ses bagages. Dans son sac à dos, elle mit tout ce dont elle avait besoin pour ce voyage. Une brosse à dents, du savon, du shampoing et surtout son grimoire.
Elle se mit en route, son voyage était long, très long, à des années lumières et plus elle avançait, plus elle se sentait attirée, comme guidée par une force incroyable.
Ce voyage n’était pas simple, elle dut affronter des météorites, de la lava en ébullition ( oui dans le ciel de Petite Etoile, il y a de la lave, nous sommes dans un conte tout est possible, n’est-ce pas?
Donc après de nombreuses péripéties, elle arriva enfin. C’était comme si elle avait toujours su que cet endroit existait. Elle découvrit un paysage différent, ici tout était plus lumineux, plus clair. Il y avait de la végétation aux formes étranges, des fleurs qui ne ressemblaient pas à des fleurs, des animaux aussi avec des têtes blizzards !
Et puis elle comprise que c’était là d’où elle venait, c’était comme si elle avait voyagé dans le temps, ce voyage l’avait transporté dans la passé.
Mais quel était le but de ce voyage ? Tout était flou dans sa tête, elle ne comprenait plus rien. « Est-ce que je suis éveillé ou est-ce un rêve ? » Elle se sentait tellement perdue, elle qui pensait pouvoir obtenir des réponses à toutes à ses questions, comprendre la disparition de ses parents.
Elle se mit à pleurer, envahit d’une immense tristesse.
C’est alors que surgirent de nulle part, une fée et un lutin, ils s’approchèrent d’elle.
C’est nous qui t’avons guidé ici dans ce pays lointain, afin que tu puisses découvrir par toi-même, que tu es capable de voyager dans le temps. Le temps n’existe pas, tu es dans le présent et à la fois dans le passé et le futur. Et ici, en effet tu es dans ton passé là où tout à commencer quand tu es arrivée parmi toutes les étoiles et tu as choisi ta vie, tes parents…
Alors, si nous t’avons conduit jusqu’ici  ‘est pour que tu puisses revoir tes parents et je pense qu’ils ont beaucoup de choses à t’apprendre.
« C’est nous qui t’avons guidé jusqu’ici dans ce pays lointain, pour que tu puisses découvrir que toi petite étoile, tu es capable de voyager dans le temps. Le temps n’existe pas, tu es dans le présent et à la fois dans le passé et le futur. Et ici en effet, tu es dans ton passé là où tout à commencer quand tu es arrivée parmi toutes les étoiles et tu as choisis la vie que tu as eu, tu as choisi tes parents.
Alors si nous t’avons conduit jusqu’ici c’est pour que tu puisses revoir tes parents une dernières fois et je pense qu’ils ont beaucoup de choses à t’apprendre »
Le lutin et la fée conduisirent petite étoile dans un endroit un peu loin et elle découvrit  que ses parents, étaient là devant elle, elle n’en croyait pas ses yeux.
« Mais comment est-ce possible  » ? S’exclamant-elle.
Alors les parents de petite étoile lui expliquèrent qu’en fait quand nous venons sur terre nous avons chacun une mission et la mission de petite étoile était de  délivrer un message à toutes las autres étoiles. << Nous pouvons voyager dans le temps, le temps n’existe pas>> 
Les étoiles qui s’éteignent, en fait ne s’éteignent pas, elles brillent dans un autre endroit, dans une autre dimension, dans une autre galaxie »
Alors petite étoile s’exclama : » Wahou, c’est trop génial! Mais en fait vous n’êtes pas morts  » 
« Oui c’est ça » répondirent papa et maman étoile « Nous sommes justes dans une autre galaxie différente de la tienne.
« Mais alors, je peux venir vous voir quand je veux ? C’est ça ? »
« Pour cela il te suffit de fermer les yeux et de penser très fort à nous et tu sentiras notre présence »
Quel soulagement pour petite étoile, tout devenait tellement plus clair pour elle. Elle s’empressa de noter toutes ces informations  sur son grimoire pour diffuser la bonne nouvelle dans le futur.
Après avoir enlacé ses parents une dernière fois, elle fila à toute allure pour retrouver ses copines étoiles.
A sa grande surprise, elle put constater que depuis ce jour, toutes les étoiles brillent beaucoup plus qu’auparavant !

mardi 15 octobre 2019

Le repas de l’étranger


J’entends de la musique.
Des voix de femmes.
Je m’approche de la place des marchands…
Un homme joue du violon.
Deux femmes sont assises par terre.
L’une plus âgée, l’autre plus jeune : elles chantent.
J’ai traversé la ville, les bruits, la folie des activités,
Et je me retrouve ici, sur cette place, comme une oasis de paix et de bien-être.
Je m’assieds sur un banc de pierre.
Je regarde, j’écoute.
Je me sens bien.
Il est beau cet air de violon.
Elles sont belles, ces voix de femmes.
Et alors que le soleil allait se coucher, à la fin de son morceau, l’homme au violon s’est approché de moi, et m’a raconté cette histoire.
Je la partage avec toi.
Brave homme en marche, j’ai vu que tu étais prêt à écouter mon histoire.
Écoute-la.
C’est ma grand-mère qui me la racontait quand j’étais petit…
Écoute…
Un jour, un homme est arrivé dans le village.
Il venait de loin.
— « Un étranger ! », on a dit dans le village.
Personne ne le connaissait.
Il ne parlait pas la même langue que les gens du village.
Pourtant, il souriait comme tout le monde.
Il avait le même regard, la même façon de marcher.
Cet homme est resté au village, s’est installé dans une maison, un peu à l’écart.
Longtemps, très longtemps, il est resté seul.
Personne ne lui parlait.
Et lui, il ne parlait avec personne.
— On ne connaît pas sa langue ! disaient toujours les gens.
— Il ne connaît pas notre langue ! Disaient les autres.
Et un jour, bien des années plus tard,
– c’est ce qu’on raconte et qu’on racontera encore –, l’homme est arrivé sur la place du village et il a dit :
— Venez chez moi. Je vous invite pour un grand repas !
Je vous invite tous !
Et il a dit ça dans la langue des gens du village…
Les gens se sont regardés :
— Mais comment est-ce possible ?
Il parle comme nous maintenant !
On a bien compris ce qu’il voulait nous dire.
Mais que va-t-il nous servir à manger ?
Et ils ont tous accepté.
Personne n’a osé refuser.
Pourtant tous craignaient de ne pas aimer ce qu’il allait proposer comme repas :
— Un repas de pas de chez nous !
Nous, on ne mange pas comme lui !
Et puis, il ne sait pas préparer le repas comme nous !
Mais quelle surprise alors…
Il avait dressé la table… comme eux ils le faisaient toujours aux grandes fêtes !
Il avait préparé un repas… comme chez eux !
Je n’ai pu m’empêcher d’interrompre l’homme de la place et de lui demander :
— Le même ?
Enfin… presque…
Les hommes et les femmes du village retrouvaient les mêmes plats, les mêmes ingrédients, les mêmes façons de présenter la nourriture…
Enfin… presque les mêmes !
Parmi ces plats, on trouvait aussi d’autres plats qu’ils ne connaissaient pas. Celui qu’on surnommait l’étranger avait tout préparé un peu à sa façon… avec ce qu’il faisait avant !
Et ce soir-là, tous les gens ont accepté de découvrir d’autres plats, tous les gens ont osé goûter à d’autres préparations.
Et ils ont mangé et bu, beaucoup…
Ils ont dansé sous la pleine lune, toute la nuit.
Elle était si belle, si ronde cette lune qui les regardait faire !
Et ils ont bu encore !
Tu me demanderas sans doute comment il a fait, cet homme.
C’est la question que je posais chaque fois à ma grand-mère quand elle arrivait à ce moment dans l’histoire.
Écoute…
Les gens du village se sont regardés avec la même question :
« Mais comment…comment il a fait ? »
Et on a découvert alors que, dans ce village, des hommes et des femmes venaient aussi d’ailleurs, certains depuis quelques années, d’autres depuis des générations. Ils étaient, ou avaient été, des étrangers…
Mais on l’avait oublié !
Et à ce moment-là, ma grand-mère regardait le ciel en disant : « Mais quand cesse-t-on d’être un étranger quelque part ? »
Oui, tout le monde se demandait, comment cet étranger avait fait pour préparer une si belle table ? Si accueillante, riche, variée ? Comment avait-il fait pour que la fête soit réussie malgré toutes méfiances ?
Un homme a pris la parole :
— Il a fait ce que nous avons fait.
Nous avons regardé, écouté.
Nous avons goûté à tous les plats d’ici.
Nous avons aussi gardé nos façons de préparer le repas.
Une femme a pris la parole :
— Nous avons accepté de ne pas avoir tout ce qu’il fallait pour faire les préparations comme chez nous : pas ce soleil du pays quitté, pas cette huile de là-bas, plus cette grand-mère qui savait tout faire…
Nous avons alors découvert d’autres recettes, avec d’autres ingrédients.
Cette découverte, c’est ce qu’on a appelé chez nous le « Balalumba », ce petit morceau d’univers qui illumine nos bouches de vivants. Je vous raconterai cette histoire un de ces prochains soirs.
Celui qu’on disait l’étranger a pris la parole :
— Moi aussi je connaissais le « Balalumba »…
Il est de coutume chez moi de considérer chaque invité comme une  chance, de l’accueillir comme un roi.
On lui ouvre les portes de sa maison, comme s’il était le plus grand ami. Et on lui offre un repas… le meilleur repas.
Un repas de délices !
J’ai voulu le faire pour vous, avec vous.
Les rôles ont simplement été renversés !
La femme reprit la parole :
— Ainsi l’ingrédient unique pour réussir le meilleur plat n’existe qu’en nous… Être ensemble, rire et chanter en restant soi-même et en laissant l’autre être lui-même…
On dit dans mon pays que c’est la fumée, les femmes et les oignons qui font pleurer… Moi je vous dis, demain je vais vous préparer une bonne soupe, avec des oignons qu’on épluchera ensemble… Oui, les oignons nous feront pleurer, mais pleurer de rire. Parce qu’on sera ensemble pour préparer, et ensemble on sera pour manger !
Et après… on verra ce qu’on mangera !
J’hésite entre un couscous et un steak poivre vert !
Celui qu’on disait l’étranger a repris la parole :
— De toute façon, comme dessert, ce sera un tiramisu à ma façon.
J’ai découvert ici ce dessert, et c’est devenu mon dessert préféré !
Et que j’aime surtout manger avec vous. Il a plus de goût.
Bien sûr, il m’a fallu du temps pour découvrir tout cela.
Mais c’est surtout grâce à vous.
Et…
L’homme au violon s’est tu.
Il s’est mis à sourire.
Ses yeux regardaient le ciel où brillaient déjà quelques étoiles.
Je l’ai regardé, et je lui ai dit : « Merci ! ».
Je me suis levé.
Et j’ai marché dans la nuit.
Et maintenant place à la fête !
Dressons la table de l’amitié, la table de la paix,  la table des souvenirs d’hier et celle de nos délices d’aujourd’hui !
Racontons des histoires, chantons et mangeons !
En cuisine,
— et c’est comme en voyage — le mieux c’est de se perdre.
Lorsqu’on s’égare, les recettes font place aux surprises et c’est alors, mais alors seulement, que le plat commence.
Je dirais… que le voyage commence !
Puisque la terre est ronde !
Ronde et belle !

dimanche 13 octobre 2019

Un conte pour l'automne et la fête des Récoltes


Fillette et le langage de la forêt
Il était une fois, à la lisière des bois, une petite cabane de bois. Fillette l’habitait, et s’occupait tout à côté d’un petit potager. Tout l’été, Fillette se régalait des légumes de son jardin. Mais lorsque le froid arrivait, les récoltes se raréfiaient…
Ainsi, un jour d’automne où elle n’avait plus rien à manger, elle alla visiter son potager pour voir ce qu’il y restait. Malheureusement, on n’y voyait plus rien, plus rien qu’un chou-rave… Mais elle avait tant pris soin de lui pendant les dernières semaines, qu’il était vraiment beau, et gros, et paraissait croquant et juteux à souhait ! Alors Fillette décida de le vendre au marché. Elle mit le chou-rave dans son panier, et se dirigea d’un pas décidé vers la ville la plus proche. Elle n’avait pas avancé plus de dix minutes lorsqu’elle rencontra, sur le bord du chemin, une petite vieille toute ridée, assise sur une grosse pierre, et qui se lamentait…
« Que vous arrive-t-il, bonne vieille, demanda Fillette ?
·         Oh, ma petite, répondit la petite vieille toute ridée, si tu savais comme je suis fatiguée, comme j’ai froid, comme j’ai faim ! Je crois que je vais me laisser mourir au bord du chemin… »
Fillette ne pouvait pas faire grand-chose pour la petite vieille, qui paraissait si pauvrette et fragile… Alors elle détacha son bon châle de laine, qu’elle posa sur les épaules de la petite vieille, afin qu’elle ait moins froid. Et puis, elle regarda son chou-rave, dans son panier, et pensa une dernière fois à tout ce qu’elle aurait pu acheter en le vendant au marché… Et avec un dernier soupir, elle le prit et le déposa dans les mains de la petite vieille.
« Voici, ma bonne vieille, au moins vous pourrez manger ce chou-rave ce soir, il vous ragaillardira, et fera s’envoler toutes vos mauvaises pensées ! Allez vite le déguster !
·         Chère petite, quelle générosité ! Pour te remercier de ce si doux cadeau, je voudrais moi aussi te donner quelque chose…
·         Quelque chose ? Mais vous ne possédez rien, bonne vieille, répondit Fillette étonnée !
·         Oh, je n’ai peut-être l’air de rien, mais je peux tout de même te faire un grand cadeau : à partir d’aujourd’hui, tu entendras le langage de la forêt. A partir d’aujourd’hui, tu comprendras le langage des arbres… »
Et avant que Fillette ait eu le temps d’ouvrir la bouche, la bonne vieille s’était évaporée ! Peut-être était-ce un esprit de la forêt ? Mais ce n’était pas cela qui allait remplir son panier ! Alors Fillette reprit le chemin de sa petite cabane de bois, son panier vide, ne sachant trop ce qu’elle allait bien pouvoir manger…
Mais à peine s’était-elle avancée de quelques pas, qu’elle entendit comme un murmure… « Mmmmmmmh »… Elle s’arrêta, posa son panier à terre et tendit l’oreille : « Grrrmlllblmmmrrbllll »… C’était plutôt un grommellement, en fait ! Fillette s’approcha de l’arbre d’où semblait s’échapper le bruit, colla son oreille au tronc, et entendit :
« Une pierre à mes pieds
Qui m’empêche de respirer…
Une pierre à mes pieds
Qui m’empêche de respirer… »
Fillette n’en revenait pas : elle avait compris ce que venait de dire cet arbre grognon ! Et effectivement, il y avait de quoi être de mauvaise humeur : une grosse pierre venait écraser sa plus belle racine ! Alors Fillette rassembla toutes ses forces pour pousser cet énorme caillou un peu plus loin…
Elle entendit l’arbre tout entier se mettre à respirer amplement, et lui souffler « Meeeeerciiii Fiiiiillette », tandis que ses branches s’agitaient doucement, pour faire tomber des pommes rouges dans son panier.
« Mon panier n’est plus vide à présent », s’écria Fillette tout excitée ! Et elle reprit sa route vers la cabane de bois, le cœur moins lourd. A peine avait-elle fait une dizaine de pas qu’elle entendit de nouveau comme un murmure… « Mmmmmmmh »… Elle s’arrêta, posa son panier à terre et tendit l’oreille : « Grrrmlllblmmmrrbllll »… C’était plutôt un grommellement, en fait ! Fillette s’approcha de l’arbre d’où semblait s’échapper le bruit, colla son oreille au tronc, et entendit :
« Mon tronc troué
Laisse ma sève s’écouler…
Mon tronc troué
Laisse ma sève s’écouler… »
Fillette n’en revenait pas : elle avait compris ce que venait de dire cet arbre grognon ! Et effectivement, il y avait de quoi être de mauvaise humeur : un trou sur son tronc laissait couler la sève de l’arbre ! Alors Fillette ramassa un peu de boue, la mélangea à quelques herbes séchées, et l’appliqua sur le trou, pour le boucher et empêcher la sève de couler…
Elle entendit l’arbre tout entier se mettre à respirer amplement, et lui souffler « Meeeeerciiii Fiiiiillette », tandis que ses branches s’agitaient doucement, pour faire tomber des poires jaunes dans son panier.
« Mon panier est à moitié rempli maintenant », s’écria Fillette tout excitée ! Et elle reprit sa route vers la cabane de bois, le cœur presque léger. A peine s’était-elle avancée sur le chemin qu’elle entendit de nouveau comme un murmure… « Mmmmmmmh »… Elle s’arrêta, posa son panier à terre et tendit l’oreille : « Grrrmlllblmmmrrbllll »… C’était plutôt un grommellement, en fait ! Fillette s’approcha de l’arbre d’où semblait s’échapper le bruit, colla son oreille au tronc, et entendit :
« La lumière cachée
Je ne peux respirer…
La lumière cachée
Je ne peux respirer… »
Fillette n’en revenait pas : elle avait compris ce que venait de dire cet arbre grognon ! Et effectivement, il y avait de quoi être de mauvaise humeur : un enchevêtrement de branches mortes et de feuillages secs s’était accumulé au-dessus de lui, et la lumière ne pouvait plus venir jusqu’à lui ! Alors Fillette s’appliqua à faire, un peu plus loin, un tas avec tous les branchages et les feuilles morts… Et le soleil put à nouveau inonder l’arbre de sa lumière !
Elle entendit l’arbre tout entier se mettre à respirer amplement, et lui souffler « Meeeeerciiii Fiiiiillette », tandis que ses branches s’agitaient doucement, pour faire tomber des prunes bleues dans son panier.
« Mon panier est presque plein à présent », s’écria Fillette tout excitée ! Et elle reprit sa route vers la cabane de bois, le cœur moins lourd. A peine avait-elle tourné au coin du chemin qu’elle entendit de nouveau comme un murmure… « Mmmmmmmh »… Elle s’arrêta, posa son panier à terre et tendit l’oreille : « Grrrmlllblmmmrrbllll »… C’était plutôt un grommellement, en fait ! Fillette s’approcha de l’arbre d’où semblait s’échapper le bruit, colla son oreille au tronc, et entendit :
« L’eau s’est arrêtée,
Ma gorge est desséchée…
L’eau s’est arrêtée,
Ma gorge est desséchée… »
Fillette n’en revenait pas : elle avait compris ce que venait de dire cet arbre grognon ! Et effectivement, il y avait de quoi être de mauvaise humeur : le petit ruisseau qui venait baigner ses racines avait été détourné par un éboulis de cailloux ! Alors Fillette s’appliqua à déplacer un à un tous les cailloux qui empêchaient l’eau de couler en direction de l’arbre… Et bientôt, le petit ruisseau chantait de nouveau gaiement, en baignant les racines de l’arbre assoiffé.
Elle entendit l’arbre tout entier se mettre à respirer amplement, et lui souffler « Meeeeerciiii Fiiiiillette », tandis que ses branches s’agitaient doucement, pour faire tomber des noix brunes dans son panier.
« Mon panier est débordant maintenant, s’écria Fillette tout excitée ! Décidément, que la nature est généreuse quand on sait l’écouter ! Que la nature est généreuse quand on prend le temps de s’en occuper… »
Et Fillette reprit sa route vers la cabane de bois, le cœur léger et joyeux, persuadée qu’à présent, elle ne manquerait jamais de rien, simplement parce qu’elle s’appliquerait à écouter les murmures de la forêt...
En espérant que cela vous ait plu !