Un conte pour les grands qui ont été petits et pour
les petits qui deviendront grands (de Didier Millotte) . Le don gratuit de Dieu… que personne ne s’en
prive.
Un jour ancien, dans un royaume lointain, un Roi
plein de bonté offrit un lit de toute beauté à un homme très pauvre qui avait
une vie bien dure. Ce pauvre homme travaillait chaque jour dans les champs,
sous le soleil comme dans le froid, du matin jusqu’au soir, il ne comptait pas
ses heures, il creusait la terre, il plantait ses graines, il récoltait ses
épis pour faire son pain et celui de sa famille.
Le lit que le Roi lui offrit était un lit magnifique
comme le pauvre homme n’en avait jamais vu avant, avec des dorures d’une grande
finesse, des voiles délicieux et des draps de soie aux reflets brillants comme
un feu de joie.
L’homme pauvre ne comprenait pas pourquoi le Roi lui
offrait ce si beau lit mais il en était ravi. Après sa dure journée de travail
aux champs, il s’asseyait devant son nouveau lit qui éclatait de mille feux
chaleureux et il l’admirait jusqu’à s’endormir de fatigue. L’admirant chaque
jour, il y découvrait sans cesse de nouveaux éclats de lumière qui lui
enchantaient le coeur, le remplissaient d’admiration et le réjouissaient pour
la journée suivante.
Un jour, l’homme pauvre invita ses amis pour leur
montrer son lit merveilleux avec un peu de fierté il faut le dire. Ses amis
n’en crurent pas leurs yeux. Quel lit ! Mais quel lit ! Aucun d’entre eux n’osa
y toucher tellement il était impressionnant. Jamais ils n’avaient vu un lit
pareil. Ils n’en avaient entendu parler que dans des contes et se disaient que
c’était bien là un lit de Roi.
L’homme pauvre était heureux de pouvoir partager la
beauté réconfortante de son lit merveilleux avec ses amis. L’un d’eux, Marik,
lui dit : Comme cela doit être agréable d’y dormir, comme cela doit être
reposant, comme on doit s’y sentir bien. Japhar était bien d’accord et dit à
son tour : Comme les nuits doivent être réparatrices dans un tel lit. Comme on
doit y faire des rêves extraordinaires pour son avenir lui dit enfin Madou, son
troisième et fidèle ami.
« Oh oui ! Oh oui ! » S’exclama alors l’homme pauvre.
Comme j’aimerais dormir dans un tel lit, cela doit être extraordinaire, comme
cela doit rendre heureux et fort.
Quoi !!! S’exclamèrent les trois amis d’une seule
voix stupéfaite. Tu n’y dors donc pas ? Oh mais non ! leur répondit l’homme
pauvre.
Mais où dors-tu alors ? Hé bien, sur ma paillasse,
ici, dans ce coin leur répond-il.
L’homme pauvre dormait toujours sur sa vieille
paillasse toute dure et toute rêche posée à même le sol, dans un coin de sa
grande chambre, tout près du grand lit merveilleux.
– Mais pourquoi donc dors-tu sur une pauvre
paillasse alors que le Roi t’a offert un si beau lit ? lui demandèrent ses amis
qui n’en revenaient pas.
– Mais, êtes-vous fous ?! leur répond-il. Je ne
mérite pas de dormir dans un tel lit. Je ne suis qu’un homme pauvre et
misérable, sans éducation, sans connaissances, sans capacités, sans grandeur,
sans valeur. Je ne suis rien du tout, comment pourrais-je dormir dans un lit de
Roi, si beau et si brillant ? Ce n’est pas possible.
– Mais, ce lit n’est-il pas à toi mon ami? lui
demanda Marik.
– Bien sûr que si, le Roi me l’a offert.
– As-tu un document officiel qui le prouve ? Lui
demanda Japhar.
– Oui, regardez, il est là.
Il sortit alors un acte de don signé par la main du
Roi lui-même et leur tendit pour qu’ils le lisent.
Marik, Japhar et Madou examinèrent attentivement le
document. Ils le lurent de haut en bas, de bas en haut, de droite à gauche et
de gauche à droite. Il n’y avait aucun doute possible, le lit était bien la
propriété de leur ami qui n’osait s’en approcher.
– Ce lit magnifique est bien à toi, lui dit Marik.
– Tu peux donc y dormir autant que tu veux, jour et
nuit si ça te plaît, lui dit Japhar. C’est ton lit.
– Mais, je n’oserai jamais ! S’écria le pauvre
homme. Je n’en suis pas digne, je ne l’ai pas mérité, c’est un lit pour les
Rois et les Princes, pour les hommes de valeur, pour les vaillants héros, pour
les sages et les intelligents, pas pour un misérable comme moi. Ses amis se turent
et le silence s’installa autour du lit. Personne n’osait parler, chacun
regardait ses pieds.
Après un long silence, ses amis lui confièrent, tout
doucement, tout hésitants, qu’eux aussi avaient dans leur coeur des hésitations
et des craintes, un manque de courage parce qu’ils ne se sentent pas dignes…
Marik leur raconta qu’il rêvait de devenir marin, de parcourir les mers du
monde, d’affronter les océans, de vaincre les tempêtes, de voir les beaux pays
lointains et d’en ramener des trésors extraordinaires… mais il ne se croit pas
assez capable, pas même pour essayer.
Japhar, quant à lui, leur ouvrit son coeur, il leur
dit qu’il aime une jeune et jolie femme mais que personne ne le sait. Il n’ose
pas l’aborder, il n’ose pas lui parler, il ne se sent pas assez bien pour elle.
Madou, pour sa part, aimerait apprendre à peindre
des tableaux et pouvoir montrer au monde toute la beauté qu’il y a dans son
coeur… si seulement il avait plus confiance en lui, si seulement il croyait
pouvoir y parvenir.
Les trois amis quittèrent alors l’homme pauvre, tous
tristes et bien déçus qu’il se prive de la jouissance d’un lit si merveilleux
en sa possession. L’homme pauvre resta tout seul, surpris de ce qu’il avait
appris. Il s’assit, silencieux. Il tourna son regard vers son lit et réfléchit.
Il tourna autour de son lit et réfléchit encore. Il prit conscience que ses
amis avaient raison, que ce lit était à lui et bien à lui. Que ce cadeau du Roi
était gratuit et qu’il n’avait qu’à s’y glisser pour en profiter. Il s’approcha
doucement, respira d’abord, sentit l’odeur enivrante qui se dégageait en
prenant une grande bouffée du parfum qui se dégageait des draps toujours frais.
Il bloqua sa respiration et approcha sa main lentement. Son coeur battait.
Allait-il oser ? Il ferma les yeux et toucha doucement les draps comme pour ne
pas les gêner. Quelle douceur ! Quelle sensation ! Cela fourmillait de plaisir…
de ses doigts jusqu’à ses épaules un agréable frisson le traversa.
Il ouvrit les yeux et s’allongea sur le lit sans
geste brusque. Aussitôt il ressentit un bien- être et comme… comment dire ?
Comme s’il revenait à la maison, comme si ce lit merveilleux était depuis
toujours son véritable chez lui. Il rentra dans les draps de soie multicolores
et ressentit un bonheur immense qui le remplit tout entier. Ce soir- là, il
s’endormit, dans le grand lit du Roi, son lit-cadeau, lui, le pauvre homme sans
un sou. Sur son visage apparut alors le plus beau sourire qu’il eut de toute sa
vie. Tout son corps s’apaisa. Il était le bienvenu dans son lit merveilleux.
C’est comme si le Roi lui-même le prenait dans ses bras et lui disait tout son
amour. Sa vie ne sera plus jamais la même.
Mes amis, il en est ainsi du Royaume de Dieu. C’est
un don gratuit. Nous n’avons qu’à y entrer, nous y blottir, nous laisser
guérir, fortifier, transformer et nous laisser envahir par tous ses bienfaits.
Nous aurions grand tort de nous en priver. Approchez-vous, sentez son amour,
couvrez-vous de sa paix et laissez-le vous aimer. Le don gratuit de Dieu c’est
la vie éternelle en Jésus-Christ.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire