jeudi 7 mars 2019

Conte : Les Démons dans le Désert



Par Fondation bouddhiste Vihara Lemanique


Cette histoire se déroule il y a très longtemps. C’est l’histoire de deux marchands, deux très bons amis. Tous les deux se préparaient à partir en voyage d’affaires afin de vendre leurs marchandises et décidèrent de voyager ensemble. Comme ils avaient chacun 500 chariots et qu’ils allaient au même endroit par la même route, ils savaient qu’il y aurait trop de monde en même temps sur cette route.
Le premier décida qu’il valait mieux partir en premier. Il se dit : « Comme je serai le premier à partir, la route sera en bonne état, mes chevaux mangeront toute l’herbe qu’ils veulent, nous trouverons les meilleurs fruits et les meilleurs légumes, mes compagnons de voyage seront tous très contents et, une fois le voyage terminé, je pourrai gagner beaucoup d’argent en négociant et en vendant ma marchandise au meilleur prix. »
Le deuxième marchand réfléchit longuement et réalisa qu’il y a beaucoup d’avantages à partir le deuxième. Il se dit : « Comme mon ami part le premier, nous n’aurons pas à dégager la route, mes chevaux mangeront de la nouvelle herbe bien tendre, nous cueillerons les fruits et les légumes nouveaux et nous nous régalerons. Mon ami aura déjà négocié le prix de la marchandise et je n’aurai plus qu’à faire des profits. » Ainsi, il décida de laisser partir son ami en premier. Le premier marchand était tout heureux car il était convaincu qu’il avait réussi à avoir son ami – ainsi le lendemain, il partit le premier.
Le premier marchand et ses compagnons de voyage arrivèrent à un endroit appelé le « Désert sans eau » qui, selon les gens qui habitaient la région, était hanté par des fantômes et des démons. Une fois arrivés au milieu de ce désert, nos amis rencontrèrent une autre caravane venant en sens inverse. Les chariots de cette caravane étaient couverts de boue et de gouttes d’eau. Ils étaient chargés de lotus et de plantes aquatiques. Le guide de cette mystérieuse caravane s’adressa alors au marchand : « Pourquoi transportez-vous tous ces tonneaux d’eaux si lourds ? Dans peu de temps, vous arriverez à l’oasis que l’on voit là-bas à l’horizon et vous y trouverez de l’eau et de quoi manger. Vos chevaux ont l’air si fatigués de tirer tous ces chariots avec tous ces tonneaux. Alors renversez toute cette eau inutile et ayez pitié de vos pauvres animaux essoufflés.
Et bien que les gens de la région les avaient prévenus, le marchand ne voyait pas que ces personnes n’étaient pas des humains mais les fameux démons déguisés en voyageurs et qui cherchaient à les dévorer. Mais comme c’était un homme qui aimait faire confiance aux autres, notre marchand décida de suivre leurs conseils et de vider tous ses tonneaux.
Continuant leur chemin, nos amis n’arrivèrent pas à trouver l’oasis, ni d’ailleurs la moindre goutte d’eau. Certains d’entre eux finirent par comprendre qu’on leurs avait menti et que ces voyageurs étaient sûrement les fameux démons dont les habitants de la région avaient parlé et ils commencèrent à accuser le marchand de s’être fait avoir. A la fin de la journée, tous nos étaient extrêmement fatigués. Les chevaux, qui n’avaient rien bu depuis si longtemps, n’arrivent même pus à tirer les chariots. Les hommes aussi bien que les animaux s’arrêtent et finirent par s’allonger et s’endormirent. Mais au milieu de la nuit, les démons, qui avaient repris leur apparence terrifiante, vinrent et attaquèrent nos pauvres amis sans défense. Et au petit matin, il ne restait plus que des chariots vides et des os dispersés à gauche et à droite. Pas un seul survivant.
Quelques mois plus tard, le deuxième marchand commença son voyage sur la même route. Arrivant devant le même désert, il rassembla ses compagnons de voyage et leurs donna ce conseil : « Mes amis, nous sommes arrivés dans une région très dangereuse. Les gens d’ici l’appellent le « Désert sans eau » et on raconte qu’il est hanté par des fantômes et des démons. Alors faîtes très attention. » Alors tous ensemble, ils continuèrent leur voyage et traversèrent le désert.
Arrivés à la moitié du chemin, ils rencontrèrent eux aussi la mystérieuse caravane rempli de lotis et de plantes aquatiques, les fameux démons déguisés en voyageurs. Ces étranges voyageurs leurs expliquèrent à eux aussi qu’il y avait tout près une oasis avec de quoi boire et de quoi manger. Mais le deuxième marchand se méfia. Comment pouvait-il y avoir une oasis dans une région appelée le « Désert sans eau ». Et d’ailleurs, ces voyageurs avaient l’air étrange avec leurs yeux rouges sang. C’est pourquoi le marchand décida de continuer sa route tout en gardant ses tonneaux remplis d’eau. Il se contenta juste de dire aux étrangers : « Nous sommes des marchands. Nous ne jetons rien. Ni même de l’eau. »
Voyant que ses propres compagnons de voyage ne comprenaient pas pourquoi il ne voulait pas écouter les conseils de ces voyageurs, le marchand leurs expliqua : « Ne les écoutez pas. Gardons cette eau avant d’être sûr de trouver l’oasis. D’ailleurs cette oasis qu’ils nous montrent à l’horizon n’est peut-être qu’une illusion, un mirage. Avez-vous déjà entendu parlé d’un *Désert sans eau » avec une oasis ? Si nous jetons toute notre eau, peut-être qu’après nous n’en aurons pas pour boire et préparer à manger – nous serons alors affamés et assoiffés – ce sera alors facile aux fantômes et aux démons de nous attaquer et de nous dévorer ! C’est pourquoi vous ne devez pas gaspiller la moindre goutte d’eau avant d’en trouver ! »
La caravane continua alors de traverser le désert et, à la nuit tombée, nos amis arrivèrent à l’endroit où la première caravane avait été attaquée par les démons. Là, il ne restait que des chariots vides et des os dispersés à gauche et à droite. Le marchand et ses amis décidèrent de passer la nuit à cet endroit et de monter la garde chacun son tour.
Le lendemain matin, après avoir pris le petit-déjeuner et avoir nourri les chevaux, nos amis chargèrent dans leurs chariots ce qui restait de la première caravane et en fin de journée, ils terminèrent leur voyage. Après avoir tout vendu, chacun rentra chez lui et retrouva sa famille.

Moralité : On doit toujours avoir assez de sagesse pour ne pas se faire avoir par les mensonges et les fausses apparences.


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