vendredi 5 janvier 2018

Conte La légende de la Galette des Rois

Qui ne connaît l’histoire des rois mages qui, guidés par une étoile, se rendirent à Bethléem rendre hommage à l’enfant Jésus ?







Le premier s’appelait Gaspard. Il avait le teint clair des Européens, et apportait de l’or.

Le second, Melchior, avait la peau brune des gens de Palestine et d’Arabie. Celui-là était porteur d’encens.

Le troisième, Balthazar, était couleur de nuit sans lune et ses dents brillaient comme brillent les dents des Africains. Ce dernier offrit à l’enfant Jésus de la myrrhe.

On sait moins ce qui leur advint sur le chemin du retour. Ils étaient savants en beaucoup de choses, certes, mais cela n’empêcha point qu’ils se perdirent bel et bien, n’ayant plus le secours de l’étoile pour les aider. Après avoir erré plusieurs jours dans le désert, à bout de nourriture et sans eau, ils aperçurent enfin une misérable cahute devant laquelle se tenaient un couple et deux enfants. Les joues décharnées, les yeux brillants de faim, ils firent pourtant bon accueil aux mages, les invitèrent à entrer, et leur offrirent un peu du peu qu’ils avaient : de l’eau pour se rafraîchir.

- C’est que nous avons faim aussi, dit Melchior. Un peu de pain, même rassis, ferait l’affaire.

- Hélas, soupira la femme, nous n’avons plus qu’un peu de farine, de lait, d’huile d’olive, une noisette de beurre ; juste de quoi faire une galette que nous partagerons entre les enfants.

Ensuite, il ne nous restera plus qu’à nous jeter dans le puits ou à mourir de faim. Les mages se regardèrent.

- Faites la galette ma brave femme, dit Gaspard.

La femme obéit. La galette était tout juste suffisante pour une personne.

Gaspard, qui avait le teint clair des Européens, plia la pâte en deux, et la galette doubla en volume. Melchior, le mage à la peau brune des gens de Palestine et d’Arabie, plia de nouveau la pâte en deux, et il y en eu pour quatre. Balthazar, le roi Nègre couleur de nuit sans lune, plia encore la pâte en deux, et il y en eut pour huit. Le couple remercia chaleureusement les mages. La femme étala la pâte et mit la galette à cuire. Elle était dorée à point. L’homme se gratta la tête, le couteau à la main.

- C’est que cette galette est une galette pour huit, et nous sommes sept. Le partage sera difficile.

- La huitième part est celle du mendiant, dit Balthazar.

- Quel mendiant, dit homme ?

- Celui qui vient et que vous ne voyez pas encore.


À ce moment-là le plus jeune des enfants, un garçon, recracha quelque chose. C’était une bague que Melchior avait glissée – volontairement ou non, l’histoire ne le dit pas - dans la pâte. L’enfant voulut rendre le bijou. Le mage sourit, ôta la couronne de sa tête et en coiffa l’enfant. Tout enfant est roi, dit-il. Tel est le message que délivrera un autre enfant, né il y a peu non loin d’ici. Pour commémorer ce jour, je veux que chaque année on fasse une galette, qu’on n’oublie pas la part du pauvre, qu’on y glisse une fève pour désigner un roi ou une reine, ne serait-ce que pour une journée. Les pauvres gens promirent de respecter la volonté des mages. C’est ainsi que naquit la tradition de la galette des rois, qu’elle se répandit, et qu’on se la transmit jusqu’à nos jours.

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