En ce temps-là, Jésus
descendit de la montagne avec les Douze et
s’arrêta sur un terrain plat. Il y
avait là un grand nombre de ses disciples, et
une grande multitude de gens venus
de toute la Judée, de Jérusalem, et
du littoral de Tyr et de Sidon. Et
Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara :
<< Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous.
Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et
rejettent votre nom comme méprisable, à
cause du Fils de l’homme.
Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande
dans le ciel ; c’est ainsi, en
effet, que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation ! Quel malheur pour vous qui êtes repus
maintenant, car vous aurez
faim ! Quel malheur pour vous
qui riez maintenant, car vous serez
dans le deuil et vous pleurerez ! Quel
malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C’est ainsi, en effet, que leurs pères
traitaient les faux prophètes.>>
Invitation
au bonheur – Jacques Vallery
Jésus invitait à oser croire que Dieu est tendresse
et bonheur, en lui-même et pour toutes et tous.
Il invitait chacun à être pauvre de cœur, à avoir
les mains ouvertes, à ne pas s’épuiser dans la recherche de la première place.
Il invitait à se dire que l’on n’est jamais arrivé et, ainsi, à être jeune
aujourd’hui et l’être encore demain.
Il invitait à être doux, tenacement doux, à être à
ce point fort que l’on se fiche d’être berné par ceux qui se croient les plus
forts, à être tendre envers autrui comme envers soi-même.
Il invitait à savoir pleurer, à se laisser être
atteint, à avoir un cœur vulnérable comme le cœur de Dieu même, à clamer
d’horreur devant les innocents qu’on assassine, à crier comme un fou, en prophète
et en vivant, devant le mal, la souffrance et la mort.
Il invitait à avoir faim et soif de justice, à
inventer avec autrui de justes relations, à communiquer avec naturel et
plaisir, à avoir la passion du dialogue avec autrui comme avec Dieu, à vivre ceci
qu’il est juste d’être en gratitude envers tous ceux qu’on rencontre, car on
reçoit toujours d’autrui.
Il invitait à la tendresse, à avoir un cœur qui ne
craint pas d’aimer ni de se laisser aimer, qui laisse le passé au passé, qui
oublie les blessures jadis reçues et donne à l’oppresseur une nouvelle chance
aujourd’hui et, peut-être alors, une amitié nouvelle va-t-elle ressusciter
entre eux.
Il invitait à avoir un cœur tout net, auprès de qui
autrui trouve fraîcheur et respiration, un cœur qui ne perd pas de temps à
moraliser, qui ose dire l’élan d’affection qu’il sent jaillir en lui.
Il invitait à lutter pour la paix, à la créer jour
après jour, à agir en étant soi-même désarmé, à transformer en liens vrais les
inimitiés les plus nouées et les oppositions les plus tordues.
Jésus invitait au bonheur.
Parole en plus
Le bonheur et le malheur nous appartiennent
alors que le plus souvent on croit que Dieu le distribue à sa guise, avec des
inégalités choquantes à nos yeux.
Heureux
ou malheureux, il dépend de nous de l'être, avec ce qu'on a, avec ce qu'on est.
Le choix du bonheur ou du malheur est notre affaire. L'évangile de Luc semble
nous mettre en face de cette responsabilité qui est individuelle et collective.
Ce
qui rejoint curieusement l'actualité où l'on prend conscience que l'avenir de
la vie sur notre planète, du bonheur sur terre, dépend de chacun et de tous.
Exemple : si l'on détruit les abeilles avec des insecticides mortifères, les
malheurs en cascades sont prévisibles pour la vie qui risque de disparaître…
La
mise en garde est sévère dans l'évangile de Luc, plus qu'en saint Matthieu avec
ses seules béatitudes, puisque ici, entre Heureux ou Malheureux il faut
choisir. Choisir son camp.
Le
chemin pour y arriver à ce bonheur désiré par tous et pour tous s'éclaire par
la vie de Jésus.
Il a
choisi d'être pauvre alors qu'il avait le pouvoir de changer les pierres en
pain (et l'eau en vin). Il a choisi d'avoir faim plutôt que de manquer à sa
mission - sa famille lui reproche de sauter des repas. Ses proches croient même
qu'il a perdu la tête en pareil cas.
Il
pleure sur Jérusalem devant le désastre annoncé de sa ruine par rejet du
message divin de paix et d'amour. Par contre on ne le voit jamais rire de ce
rire facile et superficiel qui est pervers quand on se moque des autres.
Jésus
a été haï, repoussé, insulté jusque sur sa croix, préférant la souffrance aux
honneurs et l'effacement d'un Fils d'homme plutôt qu'une gloire triomphante de
conquérant.
Jésus
a renoncé aux moyens des riches pour conquérir les cœurs ; il a renoncé à faire
passer en force son message. Il a choisi l'humilité de serviteur et la pauvreté
du souffrant pour pardonner, guérir et sauver.
Le
vrai bonheur est là, selon l'évangile, où l'on est heureux, où l'on saute de
joie, où la récompense est grande. Une vraie 'résurrection' pour lui le premier
ressuscité, et promise à tous.
Pour
nous chrétiens il n'y a pas d'autre chemin possible de bonheur à construire que
celui de Jésus, chemin à prendre à sa suite, avec ses paroles et ses gestes
comme seul bagage.
Nous
sommes relancés avec l'Église sur ce chemin, à chaque eucharistie célébrée.
Gémo
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