Il était une fois, minuscule, presque
invisible, transparente, une petite goutte d’eau tombée des cieux sur une rose.
– Vous êtes bienvenue, fit la fleur
dans un soupir ! Ma beauté se fanait, mon pied se desséchait … le soleil est
trop cruel …j’allais mourir … Mais toute seule, vous ne pourrez me sauver la
vie. Êtes- vous ma messagère de milliers d’autres, non ? Mais, comment
t’appelles-tu ?
Son nom ? C’était la première fois
qu’on lui posait pareille question.
– Mon nom, songea-t-elle ?…Voyons, je
viens d’une source mais je ne suis pas elle. Je fais partie de la Vie
puisqu’avec moi, par moi, je la fais éclore, la Vie, du milieu de la Mort et de
sa pourriture … Je la fais croître, la soutiens, l’entretiens. Par moi, la Vie
des hommes, oui, et des animaux, des plantes et des céleste espaces … mais je
ne suis pas la Vie.
L’Eau, silencieuse et tremblante n’avait encore rien répondu que la rose
éternua et mourut. Le soleil à nouveau l’aspira dans un nuage lourd et gris qui
mit le cap sur l’océan vert. Un Feu rapide et tonitruant transperça tout à coup
le nuage qui s’épancha sur les flots agités, crêtés d’écume blanche. Avec des
milliers et des centaines de milliers de ses compagnes, la petite goutte d’Eau
fut précipitée dans l’océan noir. Elle trembla devant les gouffres marins, fut
brassé par des courants glacés, frôla les squales et les cétacés, rejaillit
dans les airs et retomba sur la pointe d’une vague longue et maternelle.
– Bonjour ! fit la vague. Tu as gardé
le soleil dans tes yeux. Quel est ton nom ?
– Encore ! se dit la voyageuse. Il me faut cette fois donner réponse à une femme si sereine. Voyons … je suis dans l’énergie des vents et des mers. Je suis née d’une Source, du fin fond d’un autre Secret minéral, dans la pureté du cristal enfoui. J’ai dévalé les montagnes, les ravins, les campagnes. La Terre meuble et chaude m’accueillit. Et j’ai connu ce petit grain si noir, si sec et desséché qu’il semblait mort. Je le caresse, l’étreins et réveille son germe endormi. La Vie me porte et je transporte la Vie. Mais je ne suis pas la Vie.
– Encore ! se dit la voyageuse. Il me faut cette fois donner réponse à une femme si sereine. Voyons … je suis dans l’énergie des vents et des mers. Je suis née d’une Source, du fin fond d’un autre Secret minéral, dans la pureté du cristal enfoui. J’ai dévalé les montagnes, les ravins, les campagnes. La Terre meuble et chaude m’accueillit. Et j’ai connu ce petit grain si noir, si sec et desséché qu’il semblait mort. Je le caresse, l’étreins et réveille son germe endormi. La Vie me porte et je transporte la Vie. Mais je ne suis pas la Vie.
Un grand vent, à nouveau, souleva la
vague jusqu’à étirer sa chevelure dans les airs. D’un grand coup de rire elle
fit sauter et rebondir notre voyageuse au front si réfléchi. Poussière d’Eau et
de Lumière, elle s’envola vers l’azur, en criant à la vague au sourire
d’émeraude :
– Je sais : mon nom est Liberté !
Un vieux rocher millénaire grommela :
– Ben oui : le don multiplié de Dieu !
Et c’est pourquoi, aujourd’hui
encore, les Bretons se rassemblent sur les grèves, dans le grand vent qui fait
se balancer les rubans, les bannières et crier les petits, pour rendre grâces
au grand Dieu qui leur confia les vents, les eaux, les mers et les blés pour
nourrir leur liberté. Et devant les calvaires, cela prend nom de
« pardon ».
Père Alain de la Morandais
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