Le roi d’un petit royaume pacifique décida qu’il
était temps pour lui de se marier. Son choix s’arrêta bientôt sur quatre
princesses, toutes aussi belles et renommées les unes que les autres.
Le roi, voulant être sûr de ne pas se tromper, résolut
alors de les mettre secrètement à l’épreuve. Il convoqua les quatre jeunes
femmes pour leur annoncer son départ :
— Nobles princesses, leur dit-il en s’inclinant
devant elles, je pars ce soir pour un court voyage. Je vous promets qu’à mon
retour je désignerai celle d’entre vous qui deviendra mon épouse et régnera
ainsi à mes côtés.
Quelques jours plus tard, un émissaire du roi se
présenta devant chaque princesse :
— Sa majesté m’envoie vous prévenir de son retour
imminent. Mais il désire vous apporter à chacune un cadeau. Choisissez tout ce
qui vous ferait plaisir.
La première princesse demanda des robes de soie, des
étoles de fourrure et des bijoux précieux. Ainsi, pensa-t-elle, je serai la
plus élégante.
La seconde princesse voulut des tapisseries délicates,
de grands tapis moelleux et des coussins brodés. Ainsi, se dit-elle, mes
appartements seront les plus luxueux.
La troisième princesse souhaita de la vaisselle d’or
et d’argent et, pour confectionner les mets les plus fins, elle demanda que
l’on engage à son service un célèbre cuisinier. Ainsi, se dit-elle, ma table
sera la plus réputée.
La quatrième princesse resta un moment pensive :
— Je voudrais, dit-elle enfin, que le roi revienne
au plus vite car je me languis de sa présence et ne souhaite rien d’autre que
d’être près de lui.
La jeune femme était profondément amoureuse du roi.
À son retour, le monarque fit venir les quatre princesses. Les ayant saluées,
il s’adressa à la première jeune fille :
— Voici pour vous, belle princesse, des robes et des
bijoux précieux.
Il fit un signe à un page qui chargea de soies et de
joyaux scintillants les bras de la demoiselle. La princesse ravie fit une
profonde révérence.
Le roi se tourna vers la deuxième jeune fille :
— Et pour vous, noble princesse, des coffres
sculptés, des tapis de fourrure et des coussins brodés.
Deux pages entassèrent devant la jeune femme les
meubles précieux. La princesse satisfaite s’inclina à son tour.
Puis le roi s’adressa à la troisième jeune fille :
— Je vous ai apporté, princesse, de la vaisselle
d’or ciselé, et j’ai engagé pour vous servir ce maître cuisinier et ce maître
pâtissier.
La jeune femme, toute heureuse, remercia le roi
tandis que les pages disposaient la vaisselle étincelante à ses pieds. Le roi
s’avança alors vers la quatrième jeune fille :
— Et vous, ma douce princesse, lui dit-il, je vous
offre mon cœur et ma couronne afin que vous deveniez ma femme et que je sois
près de vous comme vous l’avez désiré.
La jeune femme, rougissante de plaisir, sortit au
bras du souverain.
Les trois autres princesses se regardèrent
consternées. Le conseiller du roi, qui avait assisté à la scène, leur dit alors
:
— Nobles princesses, vous étiez libres de choisir.
Ne soyez donc pas déçues, puisque vous avez reçu ce que vous avez demandé. Seule
la future reine a fait preuve de discernement. En ne désirant rien d’autre que
l’amour du roi, elle a obtenu tout le reste. Elle sera parée de robes
somptueuses et de bijoux merveilleux. Elle habitera dans les appartements les
plus luxueux, et elle ne goûtera que des mets exquis puisqu’elle sera assise à
la table du roi. Quant à vous, nobles princesses, malgré tous vos beaux
cadeaux, il vous manquera toujours l’essentiel…
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