Il était une fois,
il y a bien longtemps, dans un pays très lointain, vivait un boulanger.
Il pétrissait sa pâte chaque jour
mettant beaucoup de coeur à cet ouvrage. Il travaillait en développant de nombreuses
qualités d’attention et d’émerveillement.
Les gens de ce pays venaient de
très loin pour chercher ce pain qui restait délicieux des lunes durant.
Un jour, un berger se présenta et
lui annonça que son père le demandait ; connaissant ce dernier, il ne pouvait
s’agir que d’une histoire sérieuse, aussi décida- t-il immédiatement de se
rendre à son chevet. Il prit la route et entreprit ce long voyage à la grande insatisfaction
des villageois qui n’avaient jamais imaginer devoir un jour ne plus avoir leur
boulanger et surtout leur bon pain !
Le boulanger prévoyant se munit
de nombreuses miches pour des hommes et des femmes qu’ils pourraient rencontrer
sur son chemin ; malgré la lourdeur des pains, c’était le cœur léger et heureux
qu’il avançait tant son bonheur était grand de revoir son père.
Il s’était couvert d’une longue
pèlerine car il faisait très froid dans la montagne et avait pris un bâton pour
le soutenir dans sa marche.
Il marcha, marcha essayant de
retrouver avec précision le chemin parcouru de si lointaines années auparavant
dans l’autre sens quand il avait décidé, il ne savait plus comment, de partir
loin de son père pour s’installer dans la plaine.
Alors qu’il marchait, il pensait
à tout cela ; la nuit était tombée et ses yeux ne percevaient plus grand-chose
aussi il s’arrêta près d’un ruisseau d’une eau claire et limpide, serpentant
avec fluidité et vivacité. Il s’installa pour la nuit en ayant pris bien soin
de mettre son précieux chargement à l’abri.
Il s’endormit et fut réveillé en
sursaut par des grognements. Des bêtes attirés et séduits par la délicieuse
odeur du pain essayait de s’emparer du sac, le mordant et le déchirant avec
leurs crocs. Quand le valeureux boulanger réussit à les faire fuir, ils
s’étaient bien servis et il ne restait qu’une petite boule de pain dorée. Le
boulanger la serra contre lui et comme le jour commençait à poindre, il se
remit en route et se hâta, traversant des zones arides et escarpées pour
arriver au plus vite.
Tout à coup, il se sentit très
abattu. Il ne reconnaissait plus le chemin, les larmes lui montèrent aux yeux
car il sentait que les heures étaient comptées…
A cet instant, un oiseau, un
superbe rossignol par son chant mélodieux attira son attention ; il chantait
sur un arbre dont les branches formaient une échelle. Il grimpa aussitôt au
sommet de l’arbre et avec cette nouvelle vision, il reconnut sa route. Il
arriva à la nuit tombée près de la maison de son père. Il vit qu’il n’y avait
pas de fumée qui passait par la cheminée, lui-même avait mis 2 jours pour
parvenir à cet endroit si isolé où son père avait choisi de vivre seul méditant
et soignant ceux qui arrivaient jusqu’à lui pour le solliciter pour sa grande
sagesse. Au moment où il rentrait dans la
cabane, son regard se porta dans un coin de la pièce ; son père était allongé
sur une fine natte. Il s’accroupit immédiatement auprès de lui, le recouvrit de
sa pèlerine, pris sa gourde d’eau et fit boire son père délicatement. Son père sourit avant même
d’avoir ouvert les yeux car il savait qui se tenait là. La bonne odeur du pain, de la
miche rescapée, de ces tout petits morceaux que son fils lui portait à la
bouche avec précaution le firent sourire une nouvelle fois.
Le boulanger alla chercher du
bois et il alluma un bon feu pour son père. La pièce commença à tiédir et le
boulanger sortit quelque nourriture de sa besace pour préparer un repas simple
à son père. Il lui donna quelques bouchées accompagnées de gorgées d’eau. Son père avait le regard qui
brillait de joie et de bonheur malgré son état très faible ; le boulanger était
heureux, il retrouvait son père et son pain le nourrissait. Son père parvint à lui murmurer à
l’oreille : « C’est la vie ». Le boulanger ne savait pas si son père parlait de
son pain, de sa venue ou de son issue qui paraissait inéluctable. Ils parlèrent
un peu en se tenant la main avec pudeur puis s’endormirent.
Au matin, le visage du père
radieux affichait un sourire et lui faisait un clin d’oeil. Les yeux du
boulanger se remplirent de larmes d’avoir eu un père si bon.
Sur le chemin du retour, les
paroles de son père lui trottaient dans la tête : c’est la vie, c’est la vie ;
il savait qu’il rentrait avec un cadeau inestimable.
Il comprit qu’à sa façon de
pétrir la pâte, d’attendre qu’elle se lève, de le cuire avec attention,
bienveillance et émerveillement, il sût à compter de ce jour que son pain
donnait la Vie, l’Énergie et l’Amour autour de lui.
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