« Il était une fois un jardinier amoureux des
étoiles. Il aimait les contempler la nuit lorsque celle-ci n’était pas trop
obscurcie par les nuages ou, pire encore, par les pollutions de la grande ville
voisine.
Un jour, un ami gitan lui dit :
« Contemple le Ciel, il n’y a rien
d’autre à faire. C’est la voie royale. »
Ce qu’il fit, de jour aussi bien que de nuit. Souvent,
dans le ciel, il voyait de jour scintiller des étoiles discrètes, et même,
parfois, les nuages s’écartaient pour laisser voir comme une lune d’un bleu
pâle qui semblait pulser une énergie douce et vivante…
Il contemplait aussi, dans son jardin, les arbres, les
plantes, les fleurs, les insectes, les pierres… avec lesquels il s’entretenait
souvent, s’arrêtant pour les regarder en silence, simplement.
Dans les arbres, les oiseaux chantaient bien avant le
lever du soleil. Les mésanges avaient fait leur nid dans une jarre, sous un
pied de pivoines encore en feuille.
Lorsque le vol d’un oiseau fendait l’air, il l’entendait
lui dire :
« Tu es Amour », et il répondait en
lui-même : « Tu es Âtman ».
Un jour, il remarqua, à l’entrée de son garage, une petite
violette cachée sous les bouleaux. Il s’arrêta pour la contempler
longuement. La seconde fois qu’il la vit, il lui demanda de lui enseigner
l’humilité. Cela, il en avait grand besoin ! Comment faire ? Il avait
tant travaillé, tant lutter, tant combattu… bien sûr pour la bonne cause
croyait-il ! Mais il avait eu beau faire, le monde n’avait en rien
changé !
Alors, chaque fois qu’il la voyait, il demandait à la
petite violette : « Toi qui rends grâce au Créateur des mondes, ton
humilité me touche. Comment devenir comme toi ? »
Et il fit ainsi pendant des jours et des jours. Et il vit
apparaître d’autres violettes par ci, par- là, sous les bouleaux et sous les
troènes, entre les pavés, un peu partout dans l’ombre où elles se cachaient
avec discrétion. Il s’arrêtait pour les contempler, et leur demandait de lui
enseigner l’humilité. Au fil des mois, elles se répandirent partout. Il y en
eut tout l’hiver, et encore au printemps. Simples, cachées, à peine visibles…
Puis il remarqua le long des rues du quartier où il allait
se promener, qu’il y en avait de plus en plus…
Une nuit de pleine lune, alors qu’il contemplait les
étoiles, l’une d’elles se mit à scintiller et lui dit :
« Il suffit d’être Amour, rien d’autre », comme
l’oiseau en vol le lui avait dit.
Et ce Fou depuis s’en va répétant, aux fleurs, aux
oiseaux, aux passants :
« Tu ES
Amour, Amour,
Amour »
Alexandre
Romanès,
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