mercredi 21 février 2018

Conte du jardinier et des petites violettes


« Il était une fois un jardinier amoureux des étoiles. Il aimait les contempler la nuit lorsque celle-ci n’était pas trop obscurcie par les nuages ou, pire encore, par les pollutions de la grande ville voisine.
Un jour, un ami gitan lui dit : 
« Contemple le Ciel,  il n’y a rien d’autre à faire.  C’est la voie royale. »
Ce qu’il fit, de jour aussi bien que de nuit. Souvent, dans le ciel, il voyait de jour scintiller des étoiles discrètes, et même, parfois, les nuages s’écartaient pour laisser voir comme une lune d’un bleu pâle qui semblait pulser une énergie douce et vivante…
Il contemplait aussi, dans son jardin, les arbres, les plantes, les fleurs, les insectes, les pierres… avec lesquels il s’entretenait souvent, s’arrêtant pour les regarder en silence, simplement.
Dans les arbres, les oiseaux chantaient bien avant le lever du soleil. Les mésanges avaient fait leur nid dans une jarre, sous un pied de pivoines encore en feuille.
Lorsque le vol d’un oiseau fendait l’air, il l’entendait lui dire : 
« Tu es Amour », et il répondait en lui-même : « Tu es Âtman ».
Un jour, il remarqua, à l’entrée de son garage, une petite violette cachée sous les bouleaux.  Il s’arrêta pour la contempler longuement. La seconde fois qu’il la vit, il lui demanda de lui enseigner l’humilité. Cela, il en avait grand besoin ! Comment faire ? Il avait tant travaillé, tant lutter, tant combattu… bien sûr pour la bonne cause croyait-il ! Mais il avait eu beau faire, le monde n’avait en rien changé !
Alors, chaque fois qu’il la voyait, il demandait à la petite violette : « Toi qui rends grâce au Créateur des mondes, ton humilité me touche. Comment devenir comme toi ? »
Et il fit ainsi pendant des jours et des jours. Et il vit apparaître d’autres violettes par ci, par- là, sous les bouleaux et sous les troènes, entre les pavés, un peu partout dans l’ombre où elles se cachaient avec discrétion. Il s’arrêtait pour les contempler, et leur demandait de lui enseigner l’humilité. Au fil des mois, elles se répandirent partout. Il y en eut tout l’hiver, et encore au printemps. Simples, cachées, à peine visibles…
Puis il remarqua le long des rues du quartier où il allait se promener, qu’il y en avait de plus en plus…
Une nuit de pleine lune, alors qu’il contemplait les étoiles, l’une d’elles se mit à scintiller et lui dit :
« Il suffit d’être Amour, rien d’autre », comme l’oiseau en vol le lui avait dit.
Et ce Fou depuis s’en va répétant, aux fleurs, aux oiseaux, aux passants :
« Tu ES
Amour,  Amour, Amour »
 Alexandre Romanès,

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