A-t-on la capacité de changer un évènement ou une
personne qui nous cause de l’inquiétude ou du tort ?
Comment trouver des solutions aux problèmes de la
vie ?
Sur ces thèmes essentiels à l’épanouissement, je
vous invite à découvrir un conte tibétain sur les vertus de la compassion et de
la patience. Il nous invite à fabriquer et porter des « chaussures pour
l’esprit ».
« Il était une fois un village au Tibet où tout le
monde marchait pieds nus. Le relief alentour était rude et rocailleux, hérissé
de roches et de ronces, froid et glacé. Les pieds des villageois étaient
couverts de contusions, de coupures et de blessures, et transpercés d’esquilles
acérées.
Un jour, las de souffrir, ils se rassemblèrent pour
discuter du problème.
« Nous avons des yaks, fit remarquer quelqu’un, et
quand ils meurent, nous avons leurs peaux. Et si nous étalions ces peaux sur
les sentiers de la montagne ? Nous pourrions ainsi marcher plus facilement. »
L’idée sembla digne d’attention ; ils mirent donc
toutes leurs peaux en commun et commencèrent à recouvrir les chemins avec le
cuir, pour découvrir rapidement que tout le cuir du Tibet ne suffirait pas à
tapisser tous les sentiers qu’ils devaient parcourir. Ils se demandèrent que
faire.
Quelques-uns proposèrent : « Allons voir le Grand
Maître qui vit dans le monastère au sommet de la montagne et demandons-lui ce
que nous devrions faire. » Tout le monde trouva l’idée excellente et le village
tout entier grimpa donc la montagne jusqu’au monastère. Le chemin était fort
long, et certains étaient fourbus à leur arrivée ; mais il leur restait assez
de souffle pour poser leur question au Grand Maître.
« Cher Lama, nous avons un grave problème. Peut-être
pourriez-vous nous aider. Nous voulons recouvrir nos sentiers de cuir, mais
nous n’en avons pas assez. Que devons-nous faire ? »
« Ce n’est pas si grave, assura le Grand Maître.
Laissez-moi réfléchir et je vous donnerai la réponse. Asseyez-vous tous, je
vous prie, et nous allons méditer pendant cinq minutes. Soyez juste présents. »
Après cinq minutes, le Maître dit :<< Ouvrez
tous les yeux. >> Puis il sourit et donna sa réponse.
« Ce n’est pas le chemin qui est le problème. C’est
vous. Peut-être devriez-vous recouvrir vos pieds de cuir de yak plutôt que de
recouvrir les sentiers du pays ? Vous découvrirez que, si vous mettez du cuir
sous vos pieds, ils seront protégés où que vous alliez. Mais n’oubliez pas que
mettre fin à la souffrance causée par des pieds en sang ne suffit pas. Comme
les routes frustes et hérissées de ronces, il y a dans le monde des gens
frustes et hérissés de ronces. Ils nous causent bien des problèmes mentaux.
Quand nous rencontrons ces gens que nous trouvons agaçants et énervants, nous
devons apprendre à recouvrir notre esprit avec de la compassion et de la
patience, et alors nous serons délivrés du problème. Vous devez mettre un terme
à votre souffrance mentale. N’oubliez pas que, de même que vous mettez des
chaussures de cuir pour protéger vos pieds, il vous faut mettre des chaussures
de compassion et de patience pour protéger votre esprit.
Vous serez alors calme et paisible, et tranquillité
et harmonie régneront dans votre vie. Où que vous alliez, votre vie sera
facile, à la fois physiquement et mentalement. On ne peut contrôler le monde,
mais on peut contrôler sa réponse négative au monde.
Les villageois furent tout à la fois touchés et
impressionnés pas ces conseils. Ils redescendirent de la montagne et
commencèrent à se fabriquer des chaussures en cuir de yak, qu’ils portèrent
chaque jour ; et chaque fois qu’ils se sentaient énervés ou agacés, ils se
rappelaient mutuellement :
« Où sont tes chaussures de patience et de
compassion ? »
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