Jeff Crandall se reposa quelques instants sur sa
houe. Encore une rangée et demi de haricots et il n’aurait pas à désherber le
jardin pendant deux ou trois semaines. Il entendit le grondement d’un avion passant
au-dessus de sa tête. Une colonne de fumée s’élevait non loin de chez lui.
C’était derrière Rattlesnake Ridge, à quelques kilomètres. Un feu brûlait
quelque part.
Le vent se
mit à souffler, apportant des cendres dans son jardin sec. Jeff savait que la
brise pouvait activer le feu et le propager au-delà des routes et des rivières
qui auraient dû l’arrêter. Des champs de poiriers et de pommiers avaient déjà
brûlé.
Le soleil
brûlait le dos de Jeff. Il s’essuya le front de sa main et termina de désherber
les haricots.
Puis il tira le tuyau et arrosa d’eau fraîche les
plants desséchés.
« C’est une
bonne chose de faite », pensa Jeff. Il rentra alors chez lui pour manger. Il se
lava les mains dans la cuisine. Puis, se penchant vers le robinet, il
s’aspergea d’eau le visage et le cou.
Le feu était
au cœur de toutes les conversations, à la table du dîner. Le petit frère de
Jeff, Éric, lança à leur père un regard effrayé et lui demanda si le feu se
rapprochait de chez eux.
« C’est
difficile à dire, mon grand, répondit son papa. Mais si c’est le cas, quelqu’un
viendra nous prévenir avant que ce soit trop dangereux. » Il ébouriffa les
cheveux bruns Éric. « Ne t’inquiète pas, mon fils. Dieu prend soin de nous.
- Nous allons
certainement échapper au feu, dit alors Jeff, mais s’il arrive sur notre
colline, nous n’allons pas pouvoir faire grand-chose pour empêcher la maison de
brûler.
- C’est vrai,
Jeff, mais il est inutile de s’inquiéter pour l’instant. Rappelez-vous, ‘tout
coopère pour le bien de ceux qui aiment Dieu’. »
Plus tard,
lors du culte familial, la famille Crandall pria pour que Dieu les protège tous
contre le feu. Dans son lit, Jeff eut du mal à s’endormir. Il pensait au feu
qui faisait rage à quelques kilomètres de leur maison.
Il eut
l’impression d’avoir très peu dormi quand son père le secoua pour le réveiller.
« Le feu approche, dit-il, nous devons partir. »
Jeff se leva
et enfila un jean par-dessus son pyjama. Il attrapa sa veste et suivit son père
dans le salon où sa mère aidait Éric à boutonner son gilet. Papa ouvrit la
porte d’entrée. Tous les membres de la famille, à moitié réveillés seulement,
montèrent dans la voiture. Au sommet de la colline, Jeff constata que les
premiers buissons commençaient à brûler, à quelques mètres de là.
« Notre
maison va-t-elle brûler, Papa ? » demanda-t-il à son père en se glissant à côté
de lui.
« Nous avons
retiré presque toutes les herbes sèches autour de chez nous, répondit son père,
mais si le grand chêne qui est à côté de la maison prend feu, alors la maison
peut effectivement brûler. »
Le père de
Jeff mit le moteur en route et commença à descendre la colline. « Où
allons-nous ?
demanda Éric.
- La Croix
rouge a pris des mesures pour que nous puissions aller dans le gymnase,
répondit le père de Jeff et d’Éric. Nous allons y passer le reste de la nuit. »
Quand ils
arrivèrent à l’école, d’autres familles faisaient la queue pour entrer dans le
gymnase.
Une femme se tenait à la porte et écrivait les noms
sur une feuille. À l’intérieur, des lits de camp étaient alignés et, au bout du
gymnase, des bénévoles servaient du jus de fruit et des beignets.
La famille
Crandall trouva quatre lits de camp côte à côte et se prépara à y passer le
reste de la nuit. « Papa, demanda Jeff, Dieu va prendre soin de notre maison,
n’est-ce pas ?
- Il va agir
pour le mieux, Jeff.
- Mais
comment le fait de perdre notre maison pourrait être ce qu’il y a de mieux pour
nous ? »
Son père
sourit. « Ce n’est pas toujours facile à comprendre, mon fils, mais nous devons
nous souvenir que Dieu peut faire en sorte que de bonnes choses arrivent même
quand la situation semble catastrophique.
- Et si nous
priions pour que Dieu veille sur notre maison cette nuit ? » suggéra la maman
de Jeff.
Toute la famille Crandall inclina alors la tête et
tous les quatre prièrent chacun leur tour.
Quand le père
de Jeff termina sa prière, Jeff se glissa sous la couverture de son lit de
camp. Il remarqua alors qu’un garçon de son âge se trouvait un peu plus loin.
Il avait l’air d’être effrayé. Il regardait Jeff comme s’il voulait lui poser
une question, mais il n’osait pas.
Jeff repoussa
sa couverture, se leva et approcha du lit de camp du jeune garçon. « Bonjour,
dit-il, je m’appelle Jeff. Et toi ?
- Kevin,
murmura le garçon. Je ne voulais pas être indiscret, mais que venez-vous de
faire, toi et ta famille ?
- Oh, nous
venons simplement de prier. Nous avons demandé à Dieu de veiller sur notre
maison cette nuit et de la protéger du feu.
- Penses-tu
vraiment que prier sert à quelque chose ?
- J’en suis
sûr, répondit Jeff.
- Alors
est-ce que tu veux bien prier pour que Dieu protège aussi ma maison ?
- Bien sûr,
mais ce n’est pas difficile. Tu peux le faire aussi, tu sais.
- Je préfèrerais
que ce soit toi. »
Les deux
garçons inclinèrent la tête, et Jeff pria pour que Dieu protège la maison de
Kevin.
Après la
prière de Jeff, Kevin lui sourit timidement. « Merci, lui dit-il. Je n’ai
jamais prié, en fait.
- Écoute, lui
dit alors Jeff, est-ce que tu aimerais venir à l’Église avec moi, de temps en
temps ? Je crois que tu aimerais ça.
- Il faut que
je demande à mon père », répondit Kevin en montrant du doigt un homme dormant dans
le lit de camp à côté. « Mais je crois qu’il sera d’accord. »
Finalement,
les deux garçons s’allongèrent dans leur lit de camp. Il était trois heures du
matin à la pendule du gymnase. Les yeux de Jeff se fermaient, et il s’endormit
rapidement.
Quand Jeff se
réveilla le lendemain matin, Kevin était déjà debout et il pliait sa
couverture.
Voyant que Jeff était réveillé, il approcha et lui
dit : « Papa dit que c’est d’accord pour que j’aille de temps en temps à
l’Église avec toi.
- Super »,
dit Jeff. Les deux garçons échangèrent leur numéro de téléphone. Puis le père
de Jeff appela son fils. Ils allaient partir.
Tandis qu’il
retournait à la voiture, Jeff pensa à Kevin. « Tu sais, Papa, je crois que je
comprends ce que la Bible veut dire dans le texte : ‘Tout coopère pour le bien
de ceux qui aiment Dieu’. J’avais peur que notre maison brûle, mais s’il n’y
avait pas eu le feu, je n’aurais jamais rencontré Kevin. Je me suis fait un
nouvel ami et j’ai eu l’occasion de lui parler de Jésus.
- Alors nous
sommes doublement bénis, dit son papa. Un officier de police vient de me dire
que nous pouvons rentrer chez nous, le feu a épargné notre maison. »
Adapté d’un récit de G. Swanson
publié dans le livre Families Reaching families, Ministère de la famille,
Division américaine des adventistes du
septième jour.
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