vendredi 11 janvier 2019

Les neiges éternelles [conte hivernal] par ANNE M.


Il était une magicienne, qui du désert était gardienne. Mais, ironie ou bien  malheur, elle avait comme petite sœur, une fée de neige et de glace qui, bien qu’elle ne manquât de grâce, passait ses mois, ses jours, ses heures au fond d’un grand congélateur.

« C’en est assez ! C’est insensé ! » Dit la magicienne excédée. « J’aimerais avoir le bonheur de partager avec  ma sœur des chansons, des rires et des jeux  sans qu’elle ne fonde sous mes yeux ! Mais comment faire venir l’hiver dans ce gigantesque désert ? »

Elle avait entendu parler de neiges qui jamais ne mourraient. Mais ce qu’elle ignorait encore c’était où trouver ce trésor. Elle ouvrit chacun de ses livres. De phrases, de mots elle était ivre ! A mesure que tournaient les pages se dessinait un long voyage.

Everest dans l’Himalaya, Mont-Blanc ou bien Aconcagua,  Annapurna, Chimborazo, mythique Kilimandjaro… Autant de sommets enneigés sur lesquels elle pourrait trouver ces neiges rares et immortelles que l’on appelait éternelles.

Elle choisit sa destination avec la plus grande attention, puis dans son grand jardin secret elle ramassa un beau bouquet : roses de Noël et fleurs d’hiver pour qu’enfin la magie opère. Elle se saisit de sa baguette et prononça d’une voix nette :

Hamamélis, fleurs de bruyère, camélias blancs et primevères,
Que mille pétales sur mon costume d’oiseau royal deviennent plumes.
  Que je déploie mes grandes ailes, jusqu’à vous neiges éternelles !

Des ailes poussèrent dans son dos, elle s’envola presqu’aussitôt. Juste le temps de prendre une chose : un grand bocal de verre rose. Un nuage de poussière dorée l’entoura comme pour la guider. A la vitesse de la lumière elle quitta son brûlant désert.

Tout devint blanc, tout devint froid, un vent glacé la pétrifia. Puis elle sentit sur ses épaules comme un manteau poilu très drôle. Le Yéti qui habitait là d’une main velue la réchauffa. « Que fais-tu là ? » demanda-t-il « tu es si petite et fragile ! »

La magicienne lui raconta qu’elle habitait au Sahara, et que pour libérer sa sœur d’un tiroir de congélateur, elle avait quitté son Afrique grâce à une formule magique et  voulait ramener chez elle un bocal de neiges éternelles.

C’était une  surprenante histoire que le Yéti peinait à croire. Qui a déjà vu une fée rangée à côté des sorbets ? Pourtant l’animal imposant proposa son aide sur-le-champ. Contrairement à ce qu’on dit les Yétis sont doux et gentils.

Il ramena de sa tanière sa pelle et des bocaux en verre, les remplit de neige pérenne, les donna à la magicienne. Elle avait au fond de ses poches du sable d’or et une broche qu’elle offrit à son bon ami pour lui dire un très grand merci !

Hamamélis, fleurs de bruyère, camélias blancs et primevères,
Que mille pétales sur mon costume d’oiseau royal deviennent plumes.
  Que je déploie mes grandes ailes, jusqu’à vous neiges éternelles !

De retour dans le Sahara, la magicienne vérifia que la neige de l’Himalaya même au soleil ne fondait pas. Puis elle sortit sa petite sœur de cet affreux congélateur  pour lui offrir un coin d’hiver dans un immense bocal en verre.
Sous une cloche transparente la fée était enfin contente. Au milieu des flocons légers, on la voyait rire et danser ! C’est donc ainsi qu’il y a longtemps, après un voyage étonnant, Au beau milieu d’un désert beige, furent créées les boules à neige !

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