samedi 8 décembre 2018

Avent 2018 – Semaine 2


Les bougies

Aujourd’hui, c’est le tour d’Élisa. Maman a dit que chaque enfant aurait son tour. Ses frères y sont déjà allés et aujourd’hui, c’est son tour. Élisa peut accompagner maman au supermarché. Quand elles arrivent dans le parking, elles ne prennent pas de charrette comme d’habitude. Elles entrent dans le magasin les mains vides et le coeur un peu battant.
Ça va marcher aujourd’hui ?
Nabila, la copine de maman, les accueille. Elle est contente ! Le 10 décembre approche. Les clients du supermarché sont venus nombreux au stand. Ils ont acheté beaucoup de bougies.
Nabila a pu leur parler d’Amnesty International. Les bougies rappellent que personne ne peut aller en prison simplement parce qu’il pense ou qu’il dit quelque chose. Nabila dit que c’est chouette d’allumer une bougie dans le coeur de quelqu’un.
Nabila s’en va. Maman accueille déjà les premières personnes qui viennent vers le stand.
C’est facile : le stand est juste à l’entrée du magasin. Tout le monde passe devant ! Élisa est fière : elle peut s’occuper de la caisse. Quand les gens achètent une bougie, elle reçoit l’argent et elle rend la monnaie si elle a reçu un billet. Parfois, elle compte sur ses doigts.
- Fais bien attention, lui a dit maman. L’argent sert à aider les prisonniers.
Maman a promis à Élisa de lui acheter les biscuits avec les autocollants dans la boîte si elle restait calme.
Oh, mais ça ne va pas, ça ! En arrivant, Élisa était tellement excitée qu’elle n’a pas vu la femme et son fils assis à côté de la porte. Elle voit souvent cette femme pourtant. La femme demande de la nourriture ou de l’argent. Maman dit qu’elle est pauvre, parce que son mari est en prison. Elle lui donne souvent un peu d’argent. Ou elle achète quelque chose au supermarché et elle lui donne. Mais aujourd’hui, maman ne l’a pas vue non plus. Élisa n’est pas très contente. Non, ça ne va pas, pense-t-elle, aujourd’hui, c’est notre tour ! Elle n’a qu’à venir un autre jour, après le 10 décembre, quand il n’y aura plus de stand de bougies.
- Je n’ai qu’un gros billet, tu peux me rendre la monnaie, ma grande ?
Élisa compte les billets. Elle s’embrouille un peu. Elle compte sur ses doigts, mais ça ne va pas. Elle est fâchée sur la femme. Ça lui fait un peu de tempête dans la tête.
- Allons, Élisa, qu’est-ce qui se passe ? Tu es déjà fatiguée ? demande maman. Voici votre monnaie, monsieur, et merci ! N’oubliez pas d’allumer une bougie à votre fenêtre le 10 décembre.
Élisa observe la femme et son fils. Les gens déposent régulièrement un peu d’argent dans le bol, ou ils donnent une bouteille de shampoing, ou des biscuits. Le garçon s’ennuie, on le voit bien. Une dame lui offre du chocolat, mais on dirait qu’il s’en fiche. Il regarde toujours en direction du stand et Élisa se sent un peu gênée. Elle essaie de ne pas regarder dans sa direction. Puis, un vieux monsieur offre un paquet de biscuits. Les biscuits avec les autocollants dans la boîte ! Il en a de la chance. Mais on dirait aussi qu’il s’en fiche. Pff, celui-là alors !
- Mais Élisa, qu’est-ce qui se passe ? demande maman. Oh, regarde le garçon t’appelle, là !
C’est vrai, il fait un signe de la main. Il montre son paquet de biscuits.
- Vas-y, dit maman. On dirait qu’il essaie de te dire quelque chose.
Élisa n’a pas envie, mais elle est bien obligée d’aller jusque chez le garçon.
- Bonjour, dit Élisa.
- Bonjour, dit le garçon. Tu veux un biscuit ?
- Merci. Tu as trop de chance ! répond Élisa en apercevant plusieurs paquets de biscuits derrière le garçon.
- Pff, je ne les aime pas, ces biscuits. Les gens me les donnent, parce qu’il y a des autocollants. Mais ils ne me demandent jamais si je les aime.
- Ah, et qu’est-ce que tu voudrais à la place ?
- Moi, ce que je voudrais, c’est m’amuser et ne pas rester ici. Je peux venir au stand avec toi ? Je suis très fort en calcul mental. Je vais t’aider avec l’argent des bougies.
Élisa est un peu gênée, parce que le garçon a vu qu’elle calcule sur ses doigts. Mais elle beaucoup plus contente que gênée ! Peut-être que c’est ça, allumer une bougie dans le coeur de quelqu’un ?
Geneviève Bergé

Mot clé : écouter

Pour aller plus loin…

- Écouter, ce n’est peut-être pas si facile que ça en a l’air. Car souvent, les choses vont
vite et on écoute en croyant déjà connaître la réponse. C’est une tendance que nous avons tous. En vois-tu des exemples dans cette histoire ?
- As-tu déjà eu l’impression qu’on ne t’écoutait pas bien ? Qu’on ne te donnait pas la réponse que tu attendais vraiment ? Comment t’es-tu senti(e) ?
- As-tu déjà eu l’impression de ne pas bien écouter ? De répondre un peu à côté ?
Comment t’es-tu senti(e) ?
- As-tu déjà entendu parler d’Amnesty International ? Qu’est-ce qu’un prisonnier d’opinion ?
- Amnesty ne fait pas que tenter de libérer les prisonniers d’opinion. Elle les soutient aussi. Par exemple, en envoyant des lettres. Penses-tu qu’envoyer des lettres, c’est répondre à un besoin, c’est écouter une demande des prisonniers ? Laquelle ?
- Élisa va tenir le stand d’Amnesty avec le garçon. Au début, elle n’a pas envie de partager. Pourtant, quand elle accepte, elle est contente. La joie, être contents tous les deux, c’est peut-être un signe qu’on a écouté et répondu… Qu’en penses-tu ? Tu te souviens d’une situation qui ressemble à cela ?
- Qui aide qui dans cette histoire ? Est-ce souvent comme cela ?




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