Les bougies
Aujourd’hui, c’est le tour
d’Élisa. Maman a dit que chaque enfant aurait son tour. Ses frères y sont déjà
allés et aujourd’hui, c’est son tour. Élisa peut accompagner maman au supermarché.
Quand elles arrivent dans le parking, elles ne prennent pas de charrette comme
d’habitude. Elles entrent dans le magasin les mains vides et le coeur un peu
battant.
Ça va marcher aujourd’hui ?
Nabila, la copine de maman, les
accueille. Elle est contente ! Le 10 décembre approche. Les clients du
supermarché sont venus nombreux au stand. Ils ont acheté beaucoup de bougies.
Nabila a pu leur parler d’Amnesty
International. Les bougies rappellent que personne ne peut aller en prison
simplement parce qu’il pense ou qu’il dit quelque chose. Nabila dit que c’est
chouette d’allumer une bougie dans le coeur de quelqu’un.
Nabila s’en va. Maman accueille
déjà les premières personnes qui viennent vers le stand.
C’est facile : le stand est juste
à l’entrée du magasin. Tout le monde passe devant ! Élisa est fière : elle peut
s’occuper de la caisse. Quand les gens achètent une bougie, elle reçoit l’argent
et elle rend la monnaie si elle a reçu un billet. Parfois, elle compte sur ses
doigts.
- Fais bien attention, lui a dit
maman. L’argent sert à aider les prisonniers.
Maman a promis à Élisa de lui
acheter les biscuits avec les autocollants dans la boîte si elle restait calme.
Oh, mais ça ne va pas, ça ! En
arrivant, Élisa était tellement excitée qu’elle n’a pas vu la femme et son fils
assis à côté de la porte. Elle voit souvent cette femme pourtant. La femme demande
de la nourriture ou de l’argent. Maman dit qu’elle est pauvre, parce que son
mari est en prison. Elle lui donne souvent un peu d’argent. Ou elle achète
quelque chose au supermarché et elle lui donne. Mais aujourd’hui, maman ne l’a
pas vue non plus. Élisa n’est pas très contente. Non, ça ne va pas,
pense-t-elle, aujourd’hui, c’est notre tour ! Elle n’a qu’à venir un autre
jour, après le 10 décembre, quand il n’y aura plus de stand de bougies.
- Je n’ai qu’un gros billet, tu
peux me rendre la monnaie, ma grande ?
Élisa compte les billets. Elle s’embrouille
un peu. Elle compte sur ses doigts, mais ça ne va pas. Elle est fâchée sur la
femme. Ça lui fait un peu de tempête dans la tête.
- Allons, Élisa, qu’est-ce qui se
passe ? Tu es déjà fatiguée ? demande maman. Voici votre monnaie, monsieur, et
merci ! N’oubliez pas d’allumer une bougie à votre fenêtre le 10 décembre.
Élisa observe la femme et son
fils. Les gens déposent régulièrement un peu d’argent dans le bol, ou ils
donnent une bouteille de shampoing, ou des biscuits. Le garçon s’ennuie, on le voit
bien. Une dame lui offre du chocolat, mais on dirait qu’il s’en fiche. Il
regarde toujours en direction du stand et Élisa se sent un peu gênée. Elle essaie
de ne pas regarder dans sa direction. Puis, un vieux monsieur offre un paquet
de biscuits. Les biscuits avec les autocollants dans la boîte ! Il en a de la
chance. Mais on dirait aussi qu’il s’en fiche. Pff, celui-là alors !
- Mais Élisa, qu’est-ce qui se
passe ? demande maman. Oh, regarde le garçon t’appelle, là !
C’est vrai, il fait un signe de la
main. Il montre son paquet de biscuits.
- Vas-y, dit maman. On dirait
qu’il essaie de te dire quelque chose.
Élisa n’a pas envie, mais elle
est bien obligée d’aller jusque chez le garçon.
- Bonjour, dit Élisa.
- Bonjour, dit le garçon. Tu veux
un biscuit ?
- Merci. Tu as trop de chance !
répond Élisa en apercevant plusieurs paquets de biscuits derrière le garçon.
- Pff, je ne les aime pas, ces
biscuits. Les gens me les donnent, parce qu’il y a des autocollants. Mais ils
ne me demandent jamais si je les aime.
- Ah, et qu’est-ce que tu
voudrais à la place ?
- Moi, ce que je voudrais, c’est
m’amuser et ne pas rester ici. Je peux venir au stand avec toi ? Je suis très
fort en calcul mental. Je vais t’aider avec l’argent des bougies.
Élisa est un peu gênée, parce que
le garçon a vu qu’elle calcule sur ses doigts. Mais elle beaucoup plus contente
que gênée ! Peut-être que c’est ça, allumer une bougie dans le coeur de
quelqu’un ?
Geneviève Bergé
Mot clé : écouter
Pour
aller plus loin…
- Écouter, ce n’est peut-être pas
si facile que ça en a l’air. Car souvent, les choses vont
vite et on écoute en croyant déjà
connaître la réponse. C’est une tendance que nous avons tous. En vois-tu des
exemples dans cette histoire ?
- As-tu déjà eu l’impression
qu’on ne t’écoutait pas bien ? Qu’on ne te donnait pas la réponse que tu
attendais vraiment ? Comment t’es-tu senti(e) ?
- As-tu déjà eu l’impression de
ne pas bien écouter ? De répondre un peu à côté ?
Comment t’es-tu senti(e) ?
- As-tu déjà entendu parler
d’Amnesty International ? Qu’est-ce qu’un prisonnier d’opinion ?
- Amnesty ne fait pas que tenter
de libérer les prisonniers d’opinion. Elle les soutient aussi. Par exemple, en
envoyant des lettres. Penses-tu qu’envoyer des lettres, c’est répondre à un
besoin, c’est écouter une demande des prisonniers ? Laquelle ?
- Élisa va tenir le stand
d’Amnesty avec le garçon. Au début, elle n’a pas envie de partager. Pourtant,
quand elle accepte, elle est contente. La joie, être contents tous les deux,
c’est peut-être un signe qu’on a écouté et répondu… Qu’en penses-tu ? Tu te
souviens d’une situation qui ressemble à cela ?
- Qui aide qui dans cette histoire ? Est-ce souvent
comme cela ?
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