Emportés par le vent frais de décembre, les
savoureux parfums de boudin grillé et de vin chaud se faufilaient entre les
chalets accueillants du marché de Noël.
Joliment présentés à l'abri de ceux-ci, les multiples produits des artisans locaux scintillaient de mille cristaux et les couleurs de la fête dansaient dans un décor d'or et d'argent au rythme des traditionnels grelots de « Jingle bells ».
Étourdis par la ronde des jouets du bon Père Noël, les bambins chaudement emmitouflés ne savaient où poser leurs yeux écarquillés et tentaient adroitement d'attendrir l'autorité paternelle devant l'étal aux alléchantes friandises.
Merveilleuse ambiance de fête, certes, mais j'aurais aimé y trouver, en cette veille de Noël, ce peu d'émotion qui nous rend réceptifs au sens profond des réelles valeurs.
Perdu quelques secondes au-delà de ma réflexion, je m'étais arrêté inconsciemment devant une crèche artisanale réalisée avec un talent incontestablement animé d'une motivation particulière.
Mon regard croisa celui de l'artisan et, en guise de bonjour, je lui adressai un sourire amical.
« Elle est jolie, n'est-ce-pas ? », me dit-il d'une voix chaude et profonde.
« Superbe ! Les personnages sont extraordinaires; on dirait qu'ils vont prendre vie ! »
Tout en sortant les mains des poches de son vieux manteau râpé, l'artisan ajouta : « Elle n'est pas à vendre, mais tenez, ceci devrait vous intéresser ! »
Il me tendit une jolie boîte couleur ciel, aux étoiles dorées, contenant un cierge blanc comme la neige.
Un peu surpris, je lui répondis : « Eh bien oui, pourquoi pas ? », et portant instinctivement la main au portefeuille, je lui demandai combien je lui devais.
« Rien, me dit-il, vous me l'avez déjà payé ! »
J'insistai, naturellement, et tentai en vain de lui glisser un billet.
Il s'assit sur sa vieille chaise cannée, abrita ses mains sous les revers de l'épais manteau et, faisant mine de de s'endormir, me rendit mon sourire avec un émouvant « Joyeux Noël ! ».
Sur la route du retour, j'étais toujours sous le charme de ce que je venais de vivre.
Dans le quartier commerçant aux lumineuses vitrines décorées pour la circonstance, la densité de la circulation m'obligea à retrouver toute mon attention et la garder jusqu'au domicile où l'on préparait fébrilement la soirée de réveillon.
« C'était bien, ce marché de Noël ? », me demanda ma petite famille.
Afin d'échapper à une interminable série de questions, je répondis un peu distraitement : « Oh oui, vous savez, comme chaque année ! ».
Sur la table du salon, quelques gâteries apéritives attendaient devant le feu de bois l'arrivée de nos invités.
Au milieu de celles-ci, dressé sur son socle de fer forgé, un cierge patientait jusqu'à l'ambiance du soir pour emprunter à l'allumette la flamme de la fête.
Poussé par je ne sais quelle intuition, je le rangeai dans un tiroir du buffet et le remplaçai par le cierge de l'artisan à la crèche.
Il me fascinait, là, entre la télé que les enfants n'avaient pas débranchée et le fauteuil dans lequel je venais de m'asseoir.
Sur l'écran, les images d'une année de lourdes incertitudes, l'album honteux des photos de tous ces évènements qui font de l'homme le plus redoutable prédateur de l'humanité.
Un long métrage de douze mois de violence et de corruption, l'histoire d'un veau d'or qui partout dans le monde engendre le plus réaliste des films d'horreur.
Le feuilleton d'une société aux urgences, malade de sa vanité, de sa gourmandise de pouvoir et dont les premières victimes sont ceux qui souffrent le plus de l'égoïsme des autres.
Et moi, comme tant d'autres, j'étais là, dans le confort de mon fauteuil et de ma famille, prêt à fêter avec des amis l'éternelle renaissance de l'amour et de la paix entre hommes de bonne volonté ! Quel paradoxe !
Mal à l'aise, je saisis le boîtier de télécommande et mis fin à la terrible rétrospective.
Instinctivement, je craquai une allumette et donnai vie au cierge de l'artisan.
La flamme chaude et lumineuse vacilla quelques secondes et puis se dressa, belle et régulière devant l'écran que j'avais volontairement aveuglé.
Complètement étranger au brouhaha des enfants et à l'intense activité de ma maîtresse de maison préférée, je me mis alors à comprendre le message du cierge de l'artisan du marché de Noël.
Joliment présentés à l'abri de ceux-ci, les multiples produits des artisans locaux scintillaient de mille cristaux et les couleurs de la fête dansaient dans un décor d'or et d'argent au rythme des traditionnels grelots de « Jingle bells ».
Étourdis par la ronde des jouets du bon Père Noël, les bambins chaudement emmitouflés ne savaient où poser leurs yeux écarquillés et tentaient adroitement d'attendrir l'autorité paternelle devant l'étal aux alléchantes friandises.
Merveilleuse ambiance de fête, certes, mais j'aurais aimé y trouver, en cette veille de Noël, ce peu d'émotion qui nous rend réceptifs au sens profond des réelles valeurs.
Perdu quelques secondes au-delà de ma réflexion, je m'étais arrêté inconsciemment devant une crèche artisanale réalisée avec un talent incontestablement animé d'une motivation particulière.
Mon regard croisa celui de l'artisan et, en guise de bonjour, je lui adressai un sourire amical.
« Elle est jolie, n'est-ce-pas ? », me dit-il d'une voix chaude et profonde.
« Superbe ! Les personnages sont extraordinaires; on dirait qu'ils vont prendre vie ! »
Tout en sortant les mains des poches de son vieux manteau râpé, l'artisan ajouta : « Elle n'est pas à vendre, mais tenez, ceci devrait vous intéresser ! »
Il me tendit une jolie boîte couleur ciel, aux étoiles dorées, contenant un cierge blanc comme la neige.
Un peu surpris, je lui répondis : « Eh bien oui, pourquoi pas ? », et portant instinctivement la main au portefeuille, je lui demandai combien je lui devais.
« Rien, me dit-il, vous me l'avez déjà payé ! »
J'insistai, naturellement, et tentai en vain de lui glisser un billet.
Il s'assit sur sa vieille chaise cannée, abrita ses mains sous les revers de l'épais manteau et, faisant mine de de s'endormir, me rendit mon sourire avec un émouvant « Joyeux Noël ! ».
Sur la route du retour, j'étais toujours sous le charme de ce que je venais de vivre.
Dans le quartier commerçant aux lumineuses vitrines décorées pour la circonstance, la densité de la circulation m'obligea à retrouver toute mon attention et la garder jusqu'au domicile où l'on préparait fébrilement la soirée de réveillon.
« C'était bien, ce marché de Noël ? », me demanda ma petite famille.
Afin d'échapper à une interminable série de questions, je répondis un peu distraitement : « Oh oui, vous savez, comme chaque année ! ».
Sur la table du salon, quelques gâteries apéritives attendaient devant le feu de bois l'arrivée de nos invités.
Au milieu de celles-ci, dressé sur son socle de fer forgé, un cierge patientait jusqu'à l'ambiance du soir pour emprunter à l'allumette la flamme de la fête.
Poussé par je ne sais quelle intuition, je le rangeai dans un tiroir du buffet et le remplaçai par le cierge de l'artisan à la crèche.
Il me fascinait, là, entre la télé que les enfants n'avaient pas débranchée et le fauteuil dans lequel je venais de m'asseoir.
Sur l'écran, les images d'une année de lourdes incertitudes, l'album honteux des photos de tous ces évènements qui font de l'homme le plus redoutable prédateur de l'humanité.
Un long métrage de douze mois de violence et de corruption, l'histoire d'un veau d'or qui partout dans le monde engendre le plus réaliste des films d'horreur.
Le feuilleton d'une société aux urgences, malade de sa vanité, de sa gourmandise de pouvoir et dont les premières victimes sont ceux qui souffrent le plus de l'égoïsme des autres.
Et moi, comme tant d'autres, j'étais là, dans le confort de mon fauteuil et de ma famille, prêt à fêter avec des amis l'éternelle renaissance de l'amour et de la paix entre hommes de bonne volonté ! Quel paradoxe !
Mal à l'aise, je saisis le boîtier de télécommande et mis fin à la terrible rétrospective.
Instinctivement, je craquai une allumette et donnai vie au cierge de l'artisan.
La flamme chaude et lumineuse vacilla quelques secondes et puis se dressa, belle et régulière devant l'écran que j'avais volontairement aveuglé.
Complètement étranger au brouhaha des enfants et à l'intense activité de ma maîtresse de maison préférée, je me mis alors à comprendre le message du cierge de l'artisan du marché de Noël.
La flamme de ce cierge était chaude comme le bien-être d'un véritable foyer :
elle était la FAMILLE.
La flamme de ce cierge était droite et semblait vouloir m'éclairer le temps qu'il faudrait :
elle était la BONNE VOLONTE.
La flamme de cierge était pure, sans fumée, sans odeur, sans bruit :
elle était le RESPECT.
La flamme de ce cierge m'avait réconforté :
elle était la PAIX.
Toute cette nuit de Noël, elle diffuserait sa lumière au sein de notre famille, et à tous ceux qui ne la percevraient pas, je raconterais mon histoire du marchand de cierges.
Lorsque je me suis arrêté devant sa crèche, cet artisan savait que je pourrais comprendre le message du cierge de Noël.
Lorsque je lui ai souri, il avait estimé que je l'avais payé.
Le message de Noël ne se vend pas, il se donne, il se partage.
Pour tout homme capable d'oublier quelques instants son statut de consommateur pour offrir un sourire ou tendre une main, il y aura toujours un cierge de Noël.
Tout cela finalement était très simple.
Simple comme une flamme de bougie mais que l'émotion de Noël peut doter de la plus belle des facultés, celle de ranimer l'espoir...
Jean
Marcelle
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