mercredi 17 octobre 2018

L'Homme Riche et le Mendiant par Toine


Il était une fois un homme riche. Riche mais démesurément riche. Riche mais désespérément riche car, comme disent... surtout les riches, l'argent ne fait pas le bonheur.

Cet homme riche avait cinq palais plus magnifiques les uns que les autres, avec des écuries pleines de pur- sang de toutes les couleurs, et des myriades de serviteurs. Il avait des collections de bijoux, de meubles, de timbres rares, un parc plein d'animaux, un garage rempli de voitures de collection. Il avait à son service des comédiens et des musiciens qui jouaient où et quand il le voulait, et un harem plein de femmes les plus belles qu'on puisse imaginer. Mais pourtant il s'ennuyait. Alors il aimait aller se promener dans les rues de sa ville, et chiner sur les marchés pour agrandir sa collection.

Un jour, il a vu sur un étal une coupe, d'un or si fin qu'il s'est dit qu'elle était faite pour lui.
- Combien pour cette coupe, marchand ? Je la prends !
Le marchand, un vieil homme, l'a regardé de bas en haut :
- Je suis désolé mais elle n'est pas à vendre.
- Je t'en offre 10 pièces d'or... 20 pièces d'or même...
- Je vous dis qu'elle n'est pas à vendre !
- 100 pièces d'or ! .... 500 et n'en parlons plus ...
- Je suis désolé c'est un cadeau qu'on m'a fait je ne la vends pas.
- Je vous l'échange contre des bijoux... des meubles !... un pur- sang ! ... une rolls ! .... un palais ! ... un harem !

- Vraiment désolé monsieur, je pourrais vous la donner si vous étiez vraiment dans le besoin, mais il n'est pas question que je l'échange.

Le riche est rentré chez lui, ne cessant de penser à la coupe. Il a essayé de se distraire, avec ses comédiens, ses musiciens, son harem, mais toujours il repensait à elle. Il n'avait jamais manqué de rien, alors ce qui lui manquait lui manquait plus que tout. Vraiment, il ne désirait rien d'autre.

"Le vieil homme a dit qu'il me donnerait cette coupe si j'étais vraiment dans le besoin... Je n'ai qu'à abandonner mes biens, je deviendrai pauvre !"

Alors le riche a vendu ses bijoux, ses meubles, ses timbres rares, ses voitures, ses palais avec musiciens, comédiens et harem en prime, donnant tout l'or qu'il récoltait aux bonnes oeuvres. Et plus il se débarassait de choses plus il se sentait léger, léger... Finalement il n'a gardé que ses habits de riche, car il était tout de même attaché à un certain standing, et il a descendu les rues de sa ville en chantant : "Je suis pauvre ! Je suis pauvre ! Je vais avoir la coupe ! Je suis pauvre", bousculant sans même y faire attention un mendiant en arrivant sur le marché.

Il est arrivé devant le marchand :
- Ca y est, je suis pauvre, je peux avoir la coupe ?
Le vieil homme l'a regardé de bas en haut...
- Hum, tout d'abord jeune homme vous ne m'avez pas l'air bien pauvre... Ensuite, je suis vraiment désolé, mais cette coupe je ne l'ai plus.
- Comment ça vous ne l'avez plus ? Vous aviez dit que vous ne la vendriez pas !
- Oui... Je l'ai donné à un pauvre hère, l'homme que vous venez de bousculer.
- Quoi ? Comment avez-vous osé !? Vous l'avez donnée à n’importe quelle mendiant alors que moi j'ai tout sacrifié, abandonné toutes mes richesses pour elle !!

L'homme riche, enfin l'ex-homme riche a manqué de frapper le vieillard, puis se ravisant est parti en courant, essayer de rattraper le mendiant.

Il l'a cherché toute la journée dans les rues de la ville, mais ne l'a pas trouvé. Alors il s'est dit qu'il n'avait plus de choix que d'essayer d'oublier cette coupe en or si fin. Rentrer chez lui, essayer de se distraire, convoquer ses comédiens, son harem et ses musiciens... Mais quand il est rentré à son palais, ses propres serviteurs l'ont jeté dehors, il avait vendu son palais. Et il n'y avait personne pour vouloir le distraire, il ne pouvait pas payer.

Il a essayé d'emprunter à ses amis, de l'argent pour repartir dans la vie. Mais iriez- vous prêter de l'argent à quelqu'un qui le jette par les fenêtres ? L'ancien homme riche s'est vite rendu compte qu'il n'avait que des anciens amis de riche, qu'il ne pouvait compter sur personne.

Alors il a quitté la ville. Il est parti sur les routes. Il a dû survivre, apprendre à travailler de ses mains. Faire toutes sortes de travaux d'autant plus rudes qu'il n'y était pas habitué. Et finalement, le dos rompu, les muscles déchiré, il en a été réduit à mendier. A aller de ville en ville tendre la main aux passants...

Et c'est comme ça qu'un jour il est revenu dans sa ville natale, et qu'il a vu sur un étal... La coupe, qui semblait ne pas avoir bougé. Toujours aussi brillante, qui le narguait de son or si fin. Décidément, comme elle était belle. Mais l'homme n'était plus qu'un pauvre mendiant alors, quand le marchand lui a demandé ce qu'il voulait il a simplement dit :

"Donne- moi ce que tu voudras bien me donner."

Le marchand qui a vu qu'il regardait la coupe avec convoitise la lui a tendu.

Et l'ancien riche s'est senti plus riche qu'il ne l'avait jamais été. Vraiment il n'avait jamais désiré qu'elle. Il a serré la coupe contre son coeur, a remercié le marchand, et est parti en gambadant. Tellement heureux qu'il n'a pas fait attention à un homme habillé richement qui l'a bousculé en chantant : "Je suis pauvre ! Je suis pauvre ! Je suis pauvre !".

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