On dit que ces belles fleurs rouges que l'on voit à
travers les champs et les plaines sont ressorties de la douleur d'une mère. La
légende folklorique roumaine dit qu'une fois, il y a longtemps, une pauvre
veuve et mère avait un fils unique qu'elle aimait comme ses yeux. Celui-ci
était bon, dévoué et obéissant à sa mère et à la sainte Évangile. Un jour,
n'ayant plus rien à manger dans sa maison et ne sachant quoi offrir au garçon,
elle prit une serviette brodée, (un cadeau de sa mère depuis qu'elle s'est
mariée) et la donna, joliment pliée, à son garçon. Ensuite elle l'envoya dans
un autre village, chez une parente, pour qu'elle lui donne un peu de farine de
maïs et une boule de fromage.
Mais la hutte de la veuve était à la périphérie du
village et aller dans l'autre village, il fallait traverser une grande et
sombre forêt, ensuite une plaine et puis après, une colline et une vallée
complètement déserte.
Le cœur de la femme tremblait de souci quand elle
pensait qu'il y avait un long chemin pour son pauvre fils, qui, à cause de la
pauvreté et la faim s'accroché à peine sur ses jambes branlantes, mais que
fallait-il faire? Elle a fait une croix, a mis l'enfant se signer lui aussi,
dire un «Dieu merci» et il prit la route.
Le garçon était parti lorsque le soleil était haut,
dans le ciel et maintenant, c'était le début du crépuscule et le pauvre enfant
ne venait pas. La pauvre mère faisait ce qu'elle faisait, sortait sur le pas de
la porte, mettait la main au-dessus des yeux et regardait l'horizon. Le fils,
nulle part.
Si elle a vu que le soleil se couchait et aucune âme
vivante ne se voyait à vue d'oeil, elle tira le fichu sur la tête, fixa la
porte de la maison, et plutôt morte que vive, elle partit trouver la trace de
son fils. Elle alla d'abord plus lentement, traversa la forêt et sortit dans la
plaine.
De temps en temps, elle appelait le nom de son fils
en pleurant, juste pour qu'il lui réponde, mais la forêt était muette comme la
tombe. Alors une peur de mort la saisit et elle commença à courir à travers
tout le champ de chardons et là où elle mettait le pied, il s'enfonçait dans
les chardons et elle le sortait plein de sang. Mais elle ne sentait rien, car
dans son âme il n'y avait que l'amour pour son enfant égaré, ou, que Dieu nous
en garde, mangé par les bêtes sauvages de la forêt.
Et elle courrait, la pauvre, de toutes ses forces et
à chaque pas le sang coulait de ses pieds pleins d'épines et là où une goutte
de sang tombait, une grande fleur rouge apparaissait jusqu'à ce que toute la
plaine s'y remplie. Et lorsqu'elle criait avec amertume:"Ionică,
Ionică", elle entendit au-delà de la colline, une voix faible d'enfant
venue comme de loin, qui disait: «maman, maman».
La femme ne sentit plus ne de mal à monter la
colline, ni la vallée escarpée et en un instant elle se trouva auprès de son
enfant où elle tomba par terre. Après qu'elle revint à ses sens, elle prit son
fils dans ses bras et se dirigea avec lui vers la maison. Mais quand elle dût
traverser de nouveau la plaine, que voir? Partout des fleurs rouges, à vue
d'oeil.
Depuis lors on dit qu'il y a les coquelicots sur la
terre.
Călin Roxana, la VIIIème C
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