Jésus, Marie, Joseph!
Une année de passée!
Quatre saisons avec leurs couleurs.
Douze mois du plus frileux au plus chaud.
Cinquante-deux semaines à la fois semblables et différentes.
Trois cent soixante-cinq jours, parfois
gais, parfois tristes.
Et combien d’heures à chavirer
entre l’ombre et la lumière, l’accalmie et la tempête.
Jésus, Marie, Joseph!
Vous qui le temps est une abstraction
et pour qui un siècle est comme une seconde,
me comprendrez – vous si je vous dis que pour nous
cette seconde après la douleur peut parfois
prendre des allures d’éternité?
Précisément en certains instants où la
solitude, la souffrance,
la faiblesse, l’âge, la maladie
viennent inexorablement frapper à la porte du corps,
du cœur, de l’âme et de l’esprit.
Jésus, Marie, Joseph!
Au nom de tous ceux qui n’ont rien à donner
que leurs larmes retenues;
au nom de ceux que la vie a brisée en mille éclats de verre;
au nom de ceux qui cachent comme une honte les
blessures que l’existence leur a infligées;
au nom de ceux qui tentent d’oublier leur mal de vivre
dans la jouissance et la recherche désespérée
des plaisirs insatiables;
au nom de ceux dont les rires viennent dissimuler
la tristesse abyssale
que seule trahit la brume de leur regard voilé.
Jésus, Marie, Joseph!
Au
nom de ceux qui n’ont jamais entendu les mots
« je t’aime» prononcés par un aimé;
au nom de ceux qui n’ont jamais dit : «Je t’aime!»
Au nom de ceux qui ont été trahis, trompés,
abandonnés;
au nom de ceux qui ont perdu la foi et l’espérance
en l’humanité et en Dieu;
au nom de tous les pauvres de cœur qui n’ont
que leur pauvreté à offrir en partage,
je viens, avec eux, avec une âme d’enfant, naïve et pure
vous offrir en présent notre devenir.
Jésus, Marie, Joseph!
Au nom de toute l’humanité souffrante,
s’il vous plaisait d’intercéder pour nous, auprès du Père
si bon, pour l’année qui vient.
Voyez, c’est si peu ce que nous vous demandons :
quelques petites, toutes petites joies quotidiennes
qu’on prendrait le temps d’apprécier puisque
nous sommes si dépourvues.
Le sourire d’un étranger, notre prénom murmuré
comme un mot gentil,
un rayon de soleil qui entre par la fenêtre
et qui vient nous caresser la joue,
quelques flocons de neiges qui s’étoilent
sur le revers de la main,
le rire en cascade d’un enfant insouciant,
la présence muette et tendre d’un ami véritable,
un doigt de vin blanc, un carré de chocolat,
la chaleur d’une étreinte qu’on accueille et qu’on prodigue,
une épaule sur laquelle reposer la tête lourde
de trop d’hivers…
et toute la tendresse du monde.
Oui, toute la tendresse promise par l’Amour incarné.
Jésus, Marie, Joseph,
bénissez nos aînées, nos aimés disparus,
mais si présents dans notre mémoire.
Bénissez nos amis d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
Qu’ils sachent combien nous les aimons.