mercredi 27 février 2019

LA CUILLÈRE CASSÉE (CONTE CAMEROUNAIS)


C'est l'histoire d'un petit garçon qui vivait chez son père et sa marâtre. Cette dernière avait une fille, c'est à dire la demi-soeur du garçon. La mère du jeune garçon était morte et il vivait vraiment malheureux bien qu'ayant encore son papa. En effet, la marâtre faisait preuve d'une grande méchanceté à l'égard du pauvre garçon. Un jour, sa marâtre l'envoya à la rivière faire la vaisselle. Et ce dernier eu la malchance de casser une cuillère sans le vouloir. Pris de frayeur, il se mit à pleurer, car il savait ce qui devait l'attendre à son retour à la maison.

Une fois arrivé chez lui, il dit à sa marâtre qu'une cuillère était cassée. Sa marâtre, furieuse, le chassa de la maison, et lui dit de ne revenir qu'avec une cuillère neuve.

Le garçon sortit de la maison, sans eau, sans nourriture, et sans savoir où il devait aller. Il se dirigea vers la forêt, marcha des jours et des nuits, mangea ce qu'il trouvait. Il ne dormait presque pas. Un jour, en marchant, il vit une maison au loin dans la forêt et décida de s'y rendre. Il y entra, vit une vielle femme toute sale, la salua, et lui demanda s'il pouvait se reposer. La vieille dame, toute éberluée et surprise, lui demanda ce qu'il faisait tout seul dans la  forêt. Tout en pleurant, le garçon lui raconta son histoire. La femme le prit par la main et essaya de le calmer. Elle lui donna ce qu'elle avait comme nourriture. Le garçon lui demanda par la suite s'il pouvait aller lui chercher de l'eau à boire à la rivière. La vieille dame lui dit oui, il prit donc une calebasse et se rendit à la rivière. Il revint avec la calebasse pleine d'eau. Par la suite, il balaya la maison de la femme, fit à manger, lui lava les pieds, bref il essaya de mettre la maison de la vieille dame en état.

Après s'être assez reposé,  vint le temps de partir, car il fallait bien trouver sa cuillère. Le garçon se leva et dit au revoir à la vieille dame. Mais celle-ci le retint et lui donna certaines consignes.
- Tu vois mon petit, lui dit-elle, te voilà qui part à la recherche de la cuillère. Écoute bien ce que je vais te dire. Lorsque tu marcheras, à un certain moment, tu verras six boules au sol, toutes extrêmement fragiles. Il ne faudra pas que tu aies peur. Les trois premières te diront : "prends nous, prends nous", et les trois autres te diront : "ne nous prend pas, ne nous prend pas". Alors ce que tu feras, c'est que tu prendras les trois dernières, as-tu bien compris ?

L'orphelin lui répondit par un oui de la tête.

Il salua la dame, et lui dit au-revoir. Il sortit de la maison et se mit encore à marcher pendant des heures, et puis subitement, il vit les boules. Il entendit alors leurs supplications et il se rappela les recommandations de la vieille dame. Il prit alors celles qui lui disaient "ne nous prend pas".
Il marcha ensuite pendant des heures et jusqu'à ce qu'il casse la première boule. De celle-ci, sortit des armes. Il ne comprit pas, mais les ramassa. Quelques heures plus tard, il cassa la deuxième boule. Il en vit alors sortir des animaux sauvages de la forêt prêts à le dévorer. Sans réfléchir, il les tua avec les armes de la précédente boule. Il se décida alors à casser la dernière boule et grande surprise, il vit surgir une grande et belle demeure, luxueuse, vraiment belle, avec une très belle cuisine et dans la cuisine, des cuillères en or.

Le garçon prit donc une cuillère et alla la donner à sa marâtre. Lorsque celle-ci le vit, toute éberluée et désagréablement surprise, elle ne comprit rien, car elle le croyait mort. Elle devint jalouse de cet exploit du garçon.

Elle appela sa propre fille, l'envoya à la rivière et lui recommanda de casser volontairement une cuillère.

La petite alla à la rivière, fit exprès de casser la cuillère, rentra à la maison et dit à sa maman qu'une cuillère était cassée. Sa maman la chassa alors de la maison en lui demandant de ne revenir que lorsqu'elle aura trouvé une cuillère neuve.

Tout comme le garçon, la petite marcha dans la forêt, pendant des heures et des nuits. Soudain, elle aperçut la maison que le garçon avait vu. Elle s'y rendit et vit la même vieille dame. La petite n'eut pas la même attitude que le garçon, au contraire! Elle ne daigna pas saluer la vieille dame sous prétexte qu'elle était sale, et ne voulut pas s'asseoir, pour les mêmes raisons. Elle finit par demander à la dame pourquoi elle était si sale!

La dame ne répondit pas à la question, mais elle voulut lui offrir son hospitalité. La petite refusa et décida de repartit aussitôt. La vieille dame lui donna malgré tous les mêmes recommandations qu'au garçon : elle lui parla des six boules qu'elle rencontrerait, et lui dit celles qu'elle devrait prendre et celles qu'elle ne devrait pas prendre.

Mais la petite ne voulut rien savoir des recommandations de cette dame sale. Elle reprit donc sa route et fit comme bon lui semblait. Lorsqu'elle tomba sur les six boules, elle prit justement les boules qui disaient "prenez-nous".

Peu après, elle cassa la première boule et tous les animaux de la forêt se jetèrent sur elle et la mangèrent.

La maman de cette fille attendit pendant les années et ne vit pas revenir sa fille. Elle comprit que celle-ci ne reviendrait jamais et qu'elle était sûrement morte.

Prise de honte, elle se rendit chez le garçon et lui demanda comment il avait fait pour trouver sa cuillère. Bien élevé comme il était et ne sachant pas que cette marâtre avait aussi envoyé sa demi -soeur à la recherche d'une cuillère, ce dernier lui raconta toute son histoire. La marâtre se sentit humiliée, malheureuse et pleura toute sa vie durant.

Quant au garçon, il se maria, forma une très grande famille et s'occupa malgré tout de son père.



lundi 25 février 2019

Le plus beau des cadeaux


Un homme vient tout juste d’être père. Et pour la première fois, il pleure de joie.
    C’est le plus beau jour de sa vie.
    Il veut aussitôt faire un cadeau à son fils, son bébé, son premier-né, mais, comme souvent les pères, il n’a aucune idée de cadeau. Il a beau réfléchir un jour, puis deux, puis trois, il tourne en rond et finit par demander conseil à sa femme.
    — Pourquoi tant te tracasser ? Quel que soit ton cadeau, tu fais bien. Le cadeau d’un père à son enfant, c’est toujours le plus beau des cadeaux !
    L’homme fronce les sourcils :
    — Des mots tout ça, je veux une idée de cadeau, moi.
    Toujours en quête d’un conseil utile, le père interroge ses plus proches amis.
    — L’amour, voilà le plus beau cadeau. Celui qui reçoit de l’amour, reçoit tout. Celui qui manque d’amour, manque de tout.
    Mais le père hausse les épaules :
    — Encore de belles paroles !
    Toute la nuit, il passe en revue les jouets qu’il connaît : ballons, billes, balles, bulles, peluches, marottes, hochets, clochettes, mobiles, cheval à bascule, mikado, lego, petits chevaux, tirelire, crayons de couleurs, poupées, canes, dés, puzzles, déguisement de pirate… Les jouets défilent devant ses yeux et les idées tournent dans sa tête comme une toupie.
    « Une toupie ! Voilà une bonne idée de cadeau pour mon fils, mon bébé, mon premier-né ! » Et, tout excité, le père attend l’heure d’ouverture du magasin de jouets, au coin de sa rue. Il veut être le premier client.
    — Bonjour, madame, je voudrais, s’il vous plaît, la plus belle toupie du magasin. 
C’est pour mon fils, mon bébé, mon premier-né. Je veux ce qu’il y a de mieux. Le prix n’a aucune importance.
    La vendeuse sourit et, farfouillant dans un tiroir derrière le comptoir, elle en sort une toupie multicolore.
    — C’est vraiment la plus belle toupie de votre magasin ?
    — Certainement, monsieur. Regardez, je la fais tourner sous vos yeux. Quel voyage au pays des couleurs ! Cette toupie resplendit comme un vêtement tout neuf !
    À ces mots, le père ne dit rien mais n’en pense pas moins : « Si cette vendeuse me dit que cette toupie resplendit comme un vêtement pour mon nouveau-né ! » Et il sort précipitamment du magasin de jouets pour se rendre dans le magasin de vêtements d’enfants le plus proche.     
    — Monsieur, s’il vous plaît, je voudrais un pantalon, le plus beau pantalon du magasin. C’est pour mon fils, un tout bébé, un nouveau-né. Je veux ce qu’il y a de mieux, le prix n’a aucune importance.
    — Je vois, dit le vendeur. Un pantalon de premier âge, pour un cadeau de naissance, n’est-ce pas ?
    — Oui, c’est ça. Mais de première qualité, je veux ce qu’il y a de mieux.
    — Nous ne faisons que la première qualité, monsieur. Ne vous inquiétez pas, j’ai ce qu’il vous faut.
    Et le vendeur se saisit d’une boîte, tout en haut d’une étagère, il l’ouvre et en sort un petit pantalon enveloppé dans du papier de soie, un adorable petit pantalon couleur ciel clair.
    — Touchez, monsieur, la qualité de ce tissu est exceptionnelle.
    — Mais c’est vraiment le plus beau pantalon de bébé du magasin ? s’inquiète le père, répétant : Je veux ce qu’il y a de mieux !
    — Je vous assure qu’il n’y a pas plus confortable que ce modèle. Le tissu est doux, moelleux, comme la mie du pain tout chaud qui sort du four.
 Le père sursaute à ces mots et réfléchit : « Si ce vendeur me dit que le pantalon pour  mon fils est doux comme la mie du pain qui sort du four, alors un pain tout chaud, c’est mieux pour mon bébé, mon nouveau-né ! »
    — J’ai changé d’avis, dit-il au vendeur, et le père sort précipitamment pour se rendre à la boulangerie.
    — Je veux le meilleur pain, celui qui est tout chaud, celui qui vient de sortir du four. C’est pour mon fils, mon bébé, mon premier-né. Je veux lui offrir le plus beau des cadeaux !
    — Ah, dit la boulangère, quelle bonne idée ! Après le lait de sa mère, le bébé doit sentir l’odeur du pain et la douceur de la mie, c’est important aussi.
    — N’est-ce pas ? dit le père tout heureux. Mais je veux le meilleur pain de la boulangerie !     
    — Voilà, monsieur, prenez, il est tout chaud, et croyez-moi, la mie de ce pain-là est aussi tendre et fondante que la chair d’un petit agneau qui vient de naître !
    « Ça par exemple ! se dit le père, si la boulangère me dit que son pain est aussi fondant que la chair d’un agneau, alors un agneau c’est mieux pour mon bébé, mon nouveau-né ! » Et le père rend le pain à la boulangère, marmonne une excuse et, une fois dehors, fonce tout au bout de la rue, à la sortie de la ville, où commence la campagne.
    — Berger, berger, cherche-moi le plus petit, le plus tendre, le plus fondant de tes agneaux, je veux faire un cadeau à mon fils, mon premier-né. Je veux le plus bel agneau de ton troupeau, le prix ne compte pas !
    — J’en ai justement un de quelques jours. Le petit tient à peine sur ses pattes et n’a pas encore quitté sa mère.
    — Ce qu’il me faut, c’est ce qu’il y a de mieux !
    — Je vous comprends ! Un agneau qui vient de naître, c’est un joyau, c’est aussi précieux que l’or !
    « Ah ! décidément, se dit le père, si le berger me dit que son agneau est précieux comme de l’or, l’or c’est mieux pour mon bébé, mon nouveau-né ! »
    — Désolé, j’ai changé d’avis. Sans hésiter, le père fait demi-tour et, d’un pas alerte, retourne en ville chez le bijoutier.
— Je veux de l’or, le plus doré de la boutique. Le prix ne compte pas, je veux ce qu’il y a de mieux, c’est pour mon fils, mon bébé, mon premier-né !
    La bijoutière sourit, amusée :
    — Je vous propose mieux que de l’or, de la poussière d’or ! Comme vous n’en avez jamais vu. Admirez-moi cette finesse, cette fluidité, cette brillance, comparable à une poussière d’étoiles dans la nuit noire…
    — Oui, c’est très beau, mais je veux le plus beau, de jour comme de nuit, pour mon fils, la chair de ma chair, montrez-moi ce que vous avez de mieux !
    — Je tiens cette poussière d’or pour aussi délicate qu’une eau de parfum d’immortelles !
    « Dans ce cas, raisonne tout bas le père, autant offrir une eau de parfum d’immortelles à mon fils, mon bébé, mon premier-né ! »
    — Désolé, dit-il à la bijoutière, mais j’ai changé d’avis.
    Et il sort pour se rendre chez le parfumeur.
    — Donnez-moi, je vous prie, un flacon de parfum d’eau d’immortelles. C’est pour mon fils, mon bébé, mon nouveau-né, je veux lui offrir le plus beau des cadeaux, le prix est sans importance.
    — Eh bien, vous ne pouviez pas mieux choisir que cette eau de parfum du paradis. Elle est si subtile, si délicate… Par les temps qui courent, je dirai même qu’une eau de fleurs d’immortelles est aussi rare qu’une colombe de la paix.
    « Eh bien alors, se dit le père, autant offrir une colombe de la paix à mon fils, mon bébé, mon nouveau-né ! »
    Et s’adressant au parfumeur :
    — Je reviendrai, merci beaucoup pour le conseil !
    Et le voilà qui court chez le marchand d’oiseaux.
    — Montrez-moi, s’il vous plaît, une colombe de la paix. C’est pour mon bébé, mon nouveau-né, je veux lui faire un cadeau qui n’a pas de prix !
    — Regardez-la, dans la cage derrière vous. Admirez la simplicité, la blancheur des ailes ; il ne lui manque que le rameau d’olivier dans le bec !
    — Oui, oui, dit le père tout excité d’avoir peut-être trouvé le cadeau pour son fils. Est-ce que c’est vraiment ce que vous avez de mieux à me proposer ? Je n’achèterai que ce qu’il y a de mieux !
    — Ne craignez rien, je vous assure qu’une colombe comme celle-ci, c’est si précieux qu’un premier baiser d’amour !
    — Un premier baiser d’amour, s’écrie le père… Attendez, j’ai changé d’avis, je vous en supplie, suivez-moi !
    — Volontiers.
    Et voilà le marchand d’oiseaux qui suit le père dans la rue. Ils arrivent devant la parfumerie où le père appelle le vendeur :
    — Venez, venez, suivez-nous !
    Le parfumeur ferme son magasin et suit le marchand d’oiseaux qui suit le père. Ils arrivent devant la bijouterie. Le père invite la bijoutière à fermer la boutique pour les suivre. Elle suit le parfumeur, qui suit le marchand d’oiseaux, qui suit le père jusque dans les champs.
    — Berger, berger, suivez-nous !
    Le berger laisse le troupeau à son chien pour suivre la bijoutière, qui suit le parfumeur, qui suit le marchand d’oiseaux, qui suit le père. De retour en ville, le père passe à la boulangerie et la boulangère accepte de suivre le berger, qui suit le parfumeur, qui suit la bijoutière, qui suit le marchand d’oiseaux, qui suit le père…
    Ils arrivent au magasin de vêtements où le vendeur accepte de les suivre jusqu’au magasin de jouets, et la marchande de jouets suit le marchand de vêtements, qui suit la boulangère, qui suit le berger, qui suit le parfumeur, qui suit la bijoutière, qui suit le marchand d’oiseaux, qui suit le père…
    Vous suivez ?
    En présence de sa femme et de tout son petit monde réuni, le père, enfin rassuré, va chercher son fils, son bébé, son premier-né.
    Il le tient tendrement dans ses bras et, devant tous les témoins, il lui donne enfin le plus beau des cadeaux, ce qu’il y a de meilleur au monde, un baiser, le plus doux des baisers.

Muriel Bloch
Collectif
Les plus beaux contes de conteurs

samedi 23 février 2019

Le conte des maux de tête


Dans ce pays-là, que je connais bien pour l’avoir visité, tous les enfants naissaient avec une graine d’amour, qui ne pouvait germer que dans leur cœur. Ce qu’il faut savoir, c’est que cette graine avait une particularité… très originale, en ce sens qu’elle était constituée de deux moitiés de graines. Une moitié de graine d’amour pour soi et une moitié de graine d’amour pour autrui. Vous allez tout de suite me dire : « Ce n’est pas juste, c’est disproportionné, ça ne peut pas marcher ! Une moitié pour un, d’accord, car il faut s’aimer. Mais une seule moitié de graine d’amour pour autrui, pour tous les autres, ah non alors ! Cela va bien au début de la vie, quand un enfant n’a pas beaucoup de personnes à aimer, seulement sa mère, son père, un ou deux grands -parents… Mais plus tard, vous y pensez, plus tard, quand devenu adulte chacun est susceptible d’aimer beaucoup de personnes, cela est déséquilibré. Une seule moitié de graine d’amour à partager entre tant d’amours… Cela est invivable ! » Oui, vous me diriez tout cela avec passion, mais c’était ainsi dans ce pays ! Et d’ailleurs, ceux qui savaient laisser germer et laisser fleurir chacune de leurs moitiés de graine d’amour, avec intensité, avec passion, avec enthousiasme et respect, ceux-là découvraient plus tard qu’ils pouvaient à la fois s’aimer et aimer, aimer et être aimés. Ceux qui ne développaient qu’une moitié de graine, soit en s’aimant trop, soit en n’aimant que les autres, soit en ne s’aimant pas ou en ayant peur d’aimer autrui, soit encore en n’aimant qu’une seule personne au monde, ceux-là n’avaient que des mi-graines qui durcissaient, qui durcissaient tellement leur cœur… que parfois leur tête éclatait de douleur. Ah ! vivre seulement avec une mi-graine d’amour, cela doit être terrible ! D’autant plus qu’il n’y a aucun remède à ces migraines et qu’elles sont susceptibles de durer des années. Ainsi se termine le conte des maux de tête qui sont surtout des maux de cœur.

Une histoire inspirante de Présence,
une prise de Conscience
qui donne l’Espérance …
pour laisser la Vie s’épanouir .

Extrait de Contes à guérir Contes à grandir, de Jacques Salomé, Albin Michel

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 6, 27-38


« Aimez vos ennemis. Faites du bien à ceux que vous haïssez »



En ce temps-là, Jésus déclarait à ses disciples:     « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez :
Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent.

Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient.
À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique.

Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas.

Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux.

Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment.

Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant.

Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent.
Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants.

Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.

Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés.     Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. »


Je réfléchis !

         Les paroles de Jésus te paraissent-elles possibles à réaliser ?
         En es-tu capable ? Est-il facile de ne pas se défendre ?
         Pourquoi Jésus nous demande-t-il de ne pas nous défendre ?
         Souligne les verbes dans le texte qui te semblent difficile à faire.
         Si nous suivons les paroles de Jésus, quelle sera notre récompense ?
         Quelle est la promesse de Jésus ?
         Connais-tu d’autres personnages qui ont prêché la non-violence ? Sais-tu ce qu’il  leur est arrivé ?

Petit commentaire
"AIME TES ENNEMIS, FAIS DU BON ... Bénis ... PRIE."
L'une des choses importantes que Jésus a dites aux gens était qu'ils devraient aimer les autres, tout comme Dieu les aimait. Non seulement ils devraient aimer leurs amis, mais ils devraient aussi aimer leurs ennemis.
"L'amour" que Jésus enseigne n'est pas simplement un nom mais un verbe. C'est un mot d'action.
Cependant, les exigences d'aimer sont difficiles si la base est notre action.
Prenez l'action de Jésus comme exemple parfait.

L’Évangile d’aujourd’hui est difficile à entendre. Il est encore plus difficile de vivre au quotidien. Aujourd'hui, Jésus dit à ses disciples, à nous: «Aimez vos ennemis! Sois gentil, sois bon envers ceux qui te haïssent ou te persécutent! »Quelle est votre réponse instinctive aux paroles de Jésus?

Ces paroles de Jésus nous sont très familières. Nous avons entendu ces mots à plusieurs reprises. Je suppose que nous avons tous eu du mal, à un moment de notre vie, à «aimer nos ennemis». Nous avons parfois pu le faire, mais je suppose que cela a parfois été impossible! La plaie était trop profonde, trop crue!

Peut-être que la première étape pourrait être de demander le désir et la volonté de pardonner éventuellement à l'autre personne. Le pardon est le plus souvent un processus. Le processus peut être long et prendre ce premier pas pour considérer que même le pardon est tout ce que nous pouvons faire. Jésus nous demande de faire un pas. Nous pouvons déterminer ce que sera cette étape! Demandons à Jésus de nous donner la volonté et le désir de pardonner - éventuellement! (Sœur Kristine Anne Harpenau, OSB)

PRIERE DE SAINTE FAUSTINE (extrait): La miséricorde:
Aide-moi, Seigneur, pour que mes yeux soient miséricordieux, pour que je ne soupçonne jamais ni ne juge d'après les apparences extérieures, mais que je discerne la beauté dans l'âme de mon prochain et que je lui vienne en aide.
Aide-moi, Seigneur, pour que mon oreille soit miséricordieuse, afin que je me penche sur les besoins de mon prochain et ne reste pas indifférente à ses douleurs ni à ses plaintes.
Aide-moi, Seigneur, pour que ma langue soit miséricordieuse, afin que je ne dise jamais de mal de mon prochain, mais que j'aie pour chacun un mot de consolation et de pardon.
Aide-moi, Seigneur, pour que mes mains soient miséricordieuses et remplies de bonnes actions, afin que je sache faire du bien à mon prochain et prendre sur moi les tâches les plus lourdes et les plus déplaisantes.
Aide-moi, Seigneur, pour que mes pieds soient miséricordieux, pour me hâter au secours de mon prochain, en dominant ma propre fatigue et ma lassitude. Mon véritable repos est de rendre service à mon prochain.
Aide-moi, Seigneur, pour que mon cœur soit miséricordieux, afin que je ressente toutes les souffrances de mon prochain. Je ne refuserai mon cœur à personne. Je fréquenterai sincèrement même ceux qui, je le sais, vont abuser de ma bonté, et moi, je m'enfermerai dans le Cœur très miséricordieux de Jésus. Je tairai mes propres souffrances. Que Ta miséricorde repose en moi, ô mon Seigneur.

mercredi 20 février 2019

HISTOIRES DE SAGESSE

Il s’appelait Silence, elle s’appelait Parole, ils se rencontrèrent sur une île où elle vivait, sur laquelle elle était née et avait passé toute son enfance.

Au début ils n’échangèrent que des regards et de longs silences pleins, chargés de tous leurs élans, de toutes les vibrations de leurs désirs naissants. Ils s’offraient des sourires de miel et de tendresse sur lesquels le ciel et le soleil dansaient. Ils osaient des gestes légers et magiques accordés aux clairières et aux sources de leurs rencontres. Chacun déposait ses enthousiasmes, ses émois et la part secrète de ses rêves dans les mains de l’autre. Ils surent apprivoiser l’espace entre leurs corps, laisser chanter doucement la musique de tous leurs sens. Puis  très vite, tout cela éclata, se transforma en baisers lumineux et en caresse colorées aux parfums de leurs abandons, pour se perdre et se fondre dans la fête des corps qui les emporta au plus loin, au plus profond d’eux-mêmes.

Ils s’aimaient, je veux dire par là que l’amour de l’un rejoignait et s’accordait à l’amour de l’autre.

 Parole, très vite, spontanément, mit des mots sur ses sentiments, sur ses  émotions et son ressenti. Elle se sentait d’une créativité inépuisable et généreuse pour dire, partager avec Silence ce qui circulait à l’intérieur d’elle, pour chuchoter, murmurer, raconter à celui qui portait son amour, tout ce qui se réveillait au plus intime d’elle, de son histoire, de son présent et de l’avenir qu’elle entrevoyait avec lui, si, lui-même, acceptait de la rejoindre dans la construction d’un devenir en commun.

Pour Silence ce fut plus délicat, plus difficile. Lui ne savait pas se dire, ou plutôt il gardait de ses expériences passées une prudence, je devrais dire une inhibition, qui bloquait ses tentatives de mettre des mots sur ce qui le  traversait, l’habitait, le secouait comme une tempête intérieure. Il craignait de paraître faible, moins viril s’il parlait de l’intime de lui et le plus souvent, il pensait même, il faut le dire, que ce n’était pas nécessaire, que c’était inutile et même carrément du temps perdu, que d’exprimer non ce qu’il pensait, mais ce qu’il pouvait ressentir, éprouver ou percevoir à l’intérieur. Il se sentait plus à l’aise dans le faire, il adorait proposer, organiser pour aller ici ou là. Et surtout il ne pouvait s’empêcher  de la      toucher, de la prendre contre lui, de lui faire sentir son désir, de lui offrir son corps. Ce que Parole aimait beaucoup et désirait sans fin.

Ne croyez pas que Silence était muet. Oh non ! Il parlait, il parlait même beaucoup, avec facilité et aisance, avec humour et proposait même une certaine qualité d’analyse et de sens critique. Mais il parlait surtout sur les autres, sur les phénomènes qui l’entouraient, sur les événements qui l’avaient marqué. Il ne parlait pas du tout de la façon dont il avait lui, vécu tout cela, dans sa chair, dans ses émotions, dans son ressenti intime.

Il adorait faire des commentaires sur la politique et le comportement des hommes politiques, il aimait s’emparer d’un sujet évoqué par lui ou un autre aussitôt il s’embarquait dans un discours autour duquel il pouvait briller et aussi s’égarer parfois dans un verbiage qui pouvait devenir stérile et perdre tout son sens. Il excellait à développer des idées, à cultiver un art de la disputation, à entretenir avec Parole ou ses amis, des débats sur le sport, les films qu’il avait vus, sur les livres qu’il avait lus, sur les voyages qu’il avait faits, sur les expériences qu’il avait traversées. Au fond ce qui distinguait Parole et Silence, c’est qu’Elle parlait d’elle, et lui parlait sur lui et sur les autres, sans réellement parler de lui-même.

Ils ignoraient encore que ce qui maintient le plus solidement ensemble deux êtres dans le respect mutuel, dans l’intimité d’une relation qui saurait résister au temps, n’était pas l’amour qui pouvait les lier et même les attacher l’un à l’autre, mais la qualité des échanges et du partage ( autour du savoir demander et donner, de l’oser recevoir et refuser), qu’il pouvait ou non se proposer en réciprocité…

Ils ne savaient pas encore l’un et l’autre qu’ils étaient au début d’un chemin qui risquait de les éloigner l’un de l’autre, plus sûrement que l’importe lequel des malentendus ou conflits qui aurait pu les opposer ou les blesser. Ils pouvaient sur ce chemin se quitter lentement, irrémédiablement, sans le savoir, sans même pressentir leur incapacité à créer, au-delà de leur amour, une relation vivante, créative, stimulante. Une relation qui justement aurait nourri leur amour du meilleur d’eux-mêmes, de leurs ressources les plus inattendues, s’ils pu mettre en commun et amplifier leur vécu, leur ressenti et le retentissement de tout ce qu’ils vivaient. Et tout cela, non seulement avec une offrande d’un côté et une réceptivité ouverte de l’autre, mais par une réciprocité, une mutualité, une circulation des ressentis personnels et intimes. Une relation où chacun aurait pu partager ses attentes, ses apports et surtout témoigner de ses zones d’intolérance, de fragilité, de colère ou de violence accrochées aux blessures de son enfance.

Il faut que je vous dise cependant que Parole avait été élevée dans la famille JOZDIR, une famille qui pratiquait depuis longtemps une approche qu’on appelait dans son île, la méthode E.S.P.E.R.E, qui proposait de ne pas parler sur l’autre mais à l’autre…de soi, qui invitait à renoncer aux injonctions, aux jugements de valeur, aux disqualifications et dévalorisation, aux menaces et aux chantages, aux culpabilisations, aux maintient des rapports dominants/dominés. Une famille et un entourage où l’on proposait très tôt aux enfants des règles d’hygiène relationnelle simples, accessible à chacun, transmissibles. Parole avait grandi dans un environnement qui l’avait invité à pratiquer l’apposition et non l’opposition, la confrontation et non l’affrontement, la non-collusion et la différenciation entre sentiment et relation. Elle avait développé des ressources qui favorisaient le positionnement clair de soi, l’autonomie et l’affirmation, la créativité et la liberté d’être…

Quant à Silence, lui, il avait été élevé dans la famille CEPADIR. Une famille comme il y en a des millions sur la planète Taire, qui pratiquait avec une spontanéité jamais prise en défaut, le système S.A.P.P.E. Une famille dans laquelle il était inconvenant de parler de soi, de se laisser aller à se dévoiler, dans laquelle on ne posait pas de questions, où l’on devait répondre aux demandes par le conformisme ou la soumission. Une famille et un entourage qui parlait sur vous, vous définissait, vous cataloguait et vous étiquetait avec des jugements de valeur péremptoires et définitifs, qui vous culpabilisait si vous n’entriez pas dans le désir des parents, qui n’hésitait pas à vous à menacer, à vous châtier ou même à vous rejeter si vous affirmiez des croyances différentes ou des velléités d’indépendance et d’affirmation différentes de celle qui dominaient dans votre entourage…

Dans ce type de famille, il faut le savoir, les enfants n’ont pas la possibilité de développer confiance et amour de soi, initiative et créativité. Peu de choix leur sont proposés pour se construire et se consolider face à l’imprévisible de la vie…sinon par des comportements trop stéréotypés et en conserve, je veux dire répétitifs…Soit ils s’affirment et se réalisent dans le faire, dans l’action, la conquête, l’appropriation, le combat, soit ils démissionnent, fuient, se soumettent, se mettent au service d’exploiteurs, se laissent manipuler, soit encore s’inhibent, s’enferment dans le silence, dans une activité-écran, tentent d’échapper à l’imprévisible en se faisant oublier, et pour certains, plus rares, ils vont se réaliser, en se marginalisant, soit par la création, soit par la transgression…

Je ne sais ce que va devenir la relation entre Parole et Silence, pas plus que je ne sais comment survivra ou s’agrandira leur amour. Ce que je sais, par contre, c’est tout le chemin que l’un et l’autre auront à parcourir pour se proposer, au-delà de la rencontre amoureuse, une relation vivante et épanouissante…s’ils veulent construire un avenir en commun.

Je sais aussi qu’ils auront à se confronter à la désidéalisation de leurs images, à la reconnaissance de leurs attentes et de leurs apports, à la prise en compte de leurs zones d’intolérance, à la découverte de leur vulnérabilité. Ils auront, s’ils veulent s’inscrire dans une relation de durée, à apprendre à mettre en commun autour de différences, de semblances, d’antagonisme et aussi de leurs parts d’ombres liées à leur passé…

Je leur souhaite de pouvoir inscrire ce chemin dans la voie du cœur et de la conscientisation.

 JACQUES SALOME, Mille et un chemin vers l’autre.

lundi 18 février 2019

Conte : KIMIA et ZOLA PAIX et AMOUR


Kimia (la paix) et Zola (l’amour), se réveillent, ils entendent leur maman qui aidée de son pilon fait la farine qui servira à la confection des plats de la journée.

Zola remarque que sa sœur est triste mais ne comprend pas pourquoi, leur journée est rassurante puisqu’elle sera pareille aux autres.

Elle, aidera sa maman dans les tâches ménagères comme chaque jour, ensuite ils iront à l’école à pied, seuls, car leurs parents ont trop de travail pour les y emmener. C’est loin, c’est vrai mais ils ont l’habitude alors pourquoi cet air triste sur le visage de sa sœur ?

Kimia s'acquitte des tâches ménagères pour soulager un peu sa maman; elle sait que sa journée sera très dure, la sienne aussi, car après l'école, accompagnée de ses frères elle ira avec sa maman au champ afin d'y travailler et de rapporter la récolte dans un grand panier à son papa.

Celui-ci sera assis avec dans ses mains la calebasse contenant la bière de bananes et la boira au chalumeau, "c'est la position de palabre". C'est aussi le moment de convivialité et de décisions.
C'est à ce moment précis que les enfants apprennent une bonne nouvelle : ils iront tous, la semaine prochaine à une grande fête organisée en ville.

Kimia est heureuse de l'apprendre, mais sa joie n'est pas complète, elle se demande, comment les grands vont faire pour garnir les plats du banquet.

Les collines sont escarpées et il est difficile de cultiver, de plus les parcelles sont trop petites et insuffisantes pour nourrir toute la famille. Elle a peur que cela ne crée encore des conflits et des batailles qui l'effraient terriblement

Elle va se coucher mais ses rêves sont peuplés de cauchemars.

Le lendemain matin il pleut. Mélancolique elle pense que la pluie est un don de Dieu, et là elle a une idée qu'elle s'empresse de partager avec son frère. Chez eux ce sont les hommes qui prennent les décisions et comme elle sait Zola bon et généreux elle lui en parle.

Tu sais que le poisson n'est destiné qu'à ceux qui habitent près du lac, que nos récoltes sont insuffisantes et que notre État a mis son masque, pour mieux regarder de côté et profiter égoïstement sans voir notre pauvre condition de vie.

Alors à nous de trouver une solution; nous pourrions arrêter de nous battre et mettre nos forces en commun, en travaillant unis en échangeant nos produits, nous pourrions nous diversifier. Certains pourraient même élever des porcs qu'en penses-tu ?

Je te trouve formidable et je cours en parler à papa et au conseil.

Le conseil accepte cette solution comme étant positive et va tout mettre en œuvre pour que cela devienne une réalité.

C'est le cœur léger et plein de joie que Kimia et Zola se rendent à la fête. Ils sont très impressionnés car là- bas il y a tellement de voitures et une foule si dense!

C'est très différent de leur colline.

Kimia est fière. Sa maman l'a joliment coiffée il lui a fallu beaucoup de patience, pour en arriver à de si jolies tresses il faut trois jours, de plus pour la récompenser de sa bonne idée sa maman lui a confectionné une toute nouvelle robe dans un joli tissu très coloré. Elle en avait bien besoin car sa seule robe de dimanche était vraiment trop petite, elle a beaucoup grandi durant cet hiver!

Kimia et Zola peuvent vraiment danser allègrement au son du balafon et du djembé, cette fête, ils ne l’oublieront jamais !

samedi 16 février 2019

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 6, 17-20-26


La Bible a des choses à nous dire sur le bonheur.
En ce temps-là, Jésus descendit de la montagne avec les Douze et s’arrêta sur un terrain plat. Il y avait là un grand nombre de ses disciples, et une grande multitude de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon. Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara :
<< Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous.
Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés.
Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme.
Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation ! Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez ! Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes.>> 


Invitation au bonheur – Jacques Vallery

Jésus invitait à oser croire que Dieu est tendresse et bonheur, en lui-même et pour toutes et tous.

Il invitait chacun à être pauvre de cœur, à avoir les mains ouvertes, à ne pas s’épuiser dans la recherche de la première place. Il invitait à se dire que l’on n’est jamais arrivé et, ainsi, à être jeune aujourd’hui et l’être encore demain.

Il invitait à être doux, tenacement doux, à être à ce point fort que l’on se fiche d’être berné par ceux qui se croient les plus forts, à être tendre envers autrui comme envers soi-même.

Il invitait à savoir pleurer, à se laisser être atteint, à avoir un cœur vulnérable comme le cœur de Dieu même, à clamer d’horreur devant les innocents qu’on assassine, à crier comme un fou, en prophète et en vivant, devant le mal, la souffrance et la mort.

Il invitait à avoir faim et soif de justice, à inventer avec autrui de justes relations, à communiquer avec naturel et plaisir, à avoir la passion du dialogue avec autrui comme avec Dieu, à vivre ceci qu’il est juste d’être en gratitude envers tous ceux qu’on rencontre, car on reçoit toujours d’autrui.

Il invitait à la tendresse, à avoir un cœur qui ne craint pas d’aimer ni de se laisser aimer, qui laisse le passé au passé, qui oublie les blessures jadis reçues et donne à l’oppresseur une nouvelle chance aujourd’hui et, peut-être alors, une amitié nouvelle va-t-elle ressusciter entre eux.
Il invitait à avoir un cœur tout net, auprès de qui autrui trouve fraîcheur et respiration, un cœur qui ne perd pas de temps à moraliser, qui ose dire l’élan d’affection qu’il sent jaillir en lui.

Il invitait à lutter pour la paix, à la créer jour après jour, à agir en étant soi-même désarmé, à transformer en liens vrais les inimitiés les plus nouées et les oppositions les plus tordues.


Jésus invitait au bonheur.

Parole en plus

 Le bonheur et le malheur nous appartiennent alors que le plus souvent on croit que Dieu le distribue à sa guise, avec des inégalités choquantes à nos yeux.
Heureux ou malheureux, il dépend de nous de l'être, avec ce qu'on a, avec ce qu'on est. Le choix du bonheur ou du malheur est notre affaire. L'évangile de Luc semble nous mettre en face de cette responsabilité qui est individuelle et collective.
Ce qui rejoint curieusement l'actualité où l'on prend conscience que l'avenir de la vie sur notre planète, du bonheur sur terre, dépend de chacun et de tous. Exemple : si l'on détruit les abeilles avec des insecticides mortifères, les malheurs en cascades sont prévisibles pour la vie qui risque de disparaître…
La mise en garde est sévère dans l'évangile de Luc, plus qu'en saint Matthieu avec ses seules béatitudes, puisque ici, entre Heureux ou Malheureux il faut choisir. Choisir son camp.
Le chemin pour y arriver à ce bonheur désiré par tous et pour tous s'éclaire par la vie de Jésus.
Il a choisi d'être pauvre alors qu'il avait le pouvoir de changer les pierres en pain (et l'eau en vin). Il a choisi d'avoir faim plutôt que de manquer à sa mission - sa famille lui reproche de sauter des repas. Ses proches croient même qu'il a perdu la tête en pareil cas.
Il pleure sur Jérusalem devant le désastre annoncé de sa ruine par rejet du message divin de paix et d'amour. Par contre on ne le voit jamais rire de ce rire facile et superficiel qui est pervers quand on se moque des autres.
Jésus a été haï, repoussé, insulté jusque sur sa croix, préférant la souffrance aux honneurs et l'effacement d'un Fils d'homme plutôt qu'une gloire triomphante de conquérant.
Jésus a renoncé aux moyens des riches pour conquérir les cœurs ; il a renoncé à faire passer en force son message. Il a choisi l'humilité de serviteur et la pauvreté du souffrant pour pardonner, guérir et sauver.
Le vrai bonheur est là, selon l'évangile, où l'on est heureux, où l'on saute de joie, où la récompense est grande. Une vraie 'résurrection' pour lui le premier ressuscité, et promise à tous.
Pour nous chrétiens il n'y a pas d'autre chemin possible de bonheur à construire que celui de Jésus, chemin à prendre à sa suite, avec ses paroles et ses gestes comme seul bagage.
Nous sommes relancés avec l'Église sur ce chemin, à chaque eucharistie célébrée.

Gémo