mardi 29 mai 2018

Conte inspirant : Le mendiant et son trésor


Un mendiant était assis sur le bord d'un chemin depuis plus de trente ans. Un jour, un étranger passa devant lui. « Vous avez quelques pièces de monnaie pour moi ? » marmotta le mendiant en tendant sa vieille casquette de baseball d'un geste automatique.

« Je n'ai rien à vous donner », répondit l'étranger, qui lui demanda par la suite : « Sur quoi êtes-vous assis ? »
« Sur rien, répondit le mendiant, juste une vieille caisse. Elle me sert de siège depuis aussi longtemps que je puisse m'en souvenir. »

« Avez-vous jamais regardé ce qu'il y avait dedans ? » Demanda l'étranger.

« Non, répliqua le mendiant, pour quelle raison ? Il n'y a rien. »

« Jetez-y donc un coup d'œil », insista l'étranger.

Le mendiant réussit à ouvrir le couvercle en le forçant. Avec étonnement, incrédulité et le cœur rempli d'allégresse, il constata que la caisse était pleine d'or.

Je suis moi-même cet étranger qui n'a rien à vous donner et qui vous dit de regarder à l'intérieur. Non pas à l'intérieur d'une caisse, comme dans cette parabole, mais dans un lieu encore plus proche de vous : en vous-même. « Mais je ne suis pas un mendiant », puis-je déjà vous entendre rétorquer.

Ceux qui n'ont pas trouvé leur véritable richesse, c'est-à-dire la joie radieuse de l'Être et la paix profonde et inébranlable qui l'accompagnent, sont des mendiants, même s'ils sont très riches sur le plan matériel. Ils se tournent vers l'extérieur pour récolter quelques miettes de plaisir et de satisfaction, pour se sentir confirmés, sécurisés ou aimés, alors qu'ils abritent en eux un trésor qui non seulement recèle toutes ces choses, mais qui est aussi infiniment plus grandiose que n'importe quoi que le monde puisse leur offrir.

Eckhart Tolle

lundi 28 mai 2018

Chacun porte son univers dans son cœur


Il était une fois un homme assis près d'une oasis, à l'entrée d'une ville du Moyen-Orient.
Un jeune homme s'approcha et lui demanda :
- Je ne suis jamais venu ici. Comment sont les gens qui vivent dans cette ville ?
Le vieil homme lui répondit par une question :
- Comment étaient les gens de la ville d'où tu viens ?
- Égoïstes et méchants. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'étais bien content de partir.
- Tu trouveras les mêmes ici, lui répondit le vieil homme.

Un peu plus tard, un autre jeune homme s'approcha et posa la même question :
- Je viens d'arriver dans la région. Comment sont les gens qui vivent dans cette ville ?
Le vieil homme répondit de même.
- Dis-moi, mon garçon, comment étaient les gens de la ville d'où tu viens ?
- Ils étaient bons, bienveillants, accueillants, honnêtes. J'y avais de nombreux amis et j'ai beaucoup de mal à les quitter.
- Tu trouveras les mêmes ici, lui répondit le vieil homme.

Un marchand qui faisait boire ses chameaux, avait entendu les deux conversations. Dès que le second jeune homme s'éloigna, il s'adressa au vieillard sur un ton de reproche :
- Comment peux-tu donner deux réponses complètement différentes à la question donnée par deux personnes ?

- Mon fils, dit le vieil homme, chacun porte son univers dans son cœur. D'où qu'il vienne, celui qui n'a rien trouvé de bon par le passé ne trouve rien ici non plus. Par contre, celui qui avait des amis dans l'autre ville trouvera ici aussi des amis loyaux et fidèles. Car, vois-tu, les gens sont vis-à-vis de nous ce que nous trouvons en eux.


Conte oriental

samedi 26 mai 2018

Évangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu 28, 16-20.


Sainte Trinité ou le mystère de l’amour

En ce temps-là, les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes. Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »``

La Sainte Trinité ou le mystère de l’Amour


 Le dimanche après la Pentecôte, huitième dimanche après Pâques, l’Église catholique fête la Sainte Trinité (Solennité). On fête la réalité d’un seul Dieu dans l’unité d’amour de trois personnes distinctes, égales et indivisibles, le Père, le Fils, l’Esprit. Pour approfondir le mystère de la Sainte Trinité, nous te proposons de méditer à partir d’une homélie du père Georges Finet, fondateur des Foyers de Charité et extraite de L’Alouette (n°198), revue des Foyers de Charité.

 

Nous l’avons accompagné de questions pour te guider dans ta prière et ton chemin.
L’amour du Père, l’amour du Fils : amour donné, amour reçu
«Le grand mystère de l’Amour s’appelle le mystère de la Sainte Trinité. Parce qu’il est Amour, Dieu est trois: Père, Fils et Saint-Esprit.
Qu’est-ce que l’amour d’un père ? Un amour de père, c’est un amour donné. Quand il s’agit d’un père dans une famille humaine, il est de l’amour donné. Mais quand il s’agit du Père dans la Sainte-Trinité, le Père est TOUT l’Amour donné.
Qu’est-ce que l’amour d’un fils ? Un amour de fils, c’est l’amour reçu. Quand il s’agit d’un fils dans une famille humaine, il est de l’amour reçu. Quand il s’agit du Fils dans la Sainte-Trinité, II est TOUT l’Amour reçu. C’est parce qu’il est tout l’Amour reçu qu’il est l’Unique. Le Père n’a qu’un Fils unique, Jésus, en qui Il épuise éternellement sa nature et sa vie. Autrement dit, si vous êtes capables d’avoir plusieurs enfants, c’est parce que vous n’êtes pas parfaits. Comme vous n’êtes que de l’amour donné, vous pouvez avoir d’autres enfants. Mais si vous étiez tout l’Amour donné, votre enfant serait forcément unique. Vous comprenez donc pourquoi le Fils est unique dans la Sainte-Trinité.»
Questions
Seigneur Dieu, comment est-ce que je te regarde, un en trois personnes ?
Qu’est-ce que je donne à Dieu? Aux autres ? Qu’est-ce que je reçois de Dieu ? des autres ? Pourquoi ?
Qu’est-ce que je ne donne pas à Dieu ? Aux autres ? Qu’est-ce que je ne reçois pas de Dieu ? Des autres ? Pourquoi 

L’Esprit Saint, amour échangé

 

«Et qu’est-ce que l’esprit ? L’esprit, c’est l’amour échangé. Quand il s’agit de l’Esprit dans la famille éternelle en Dieu, Il est TOUT l’Amour échangé.
Le Père est TOUT l’Amour donné. Le Fils est TOUT l’Amour reçu. L’Esprit est TOUT l’Amour échangé.
Mais, s’il s’agit de l’esprit, dans le sens humain, par exemple l’esprit de famille. De quoi est-il fait ? de l’amour échangé du père, de la mère et des enfants. C’est cet échange d’amour qui constitue l’esprit de famille. Et si un père voit, par exemple, autour de la table de famille, son enfant de 14 ans qui fait la tête, au milieu du repas il lui dira : « Dis donc, tu n’as pas bientôt fini ? » – « Mais je ne fais rien ! » – « C’est précisément parce que tu ne fais rien, que tu fais tout ! Si tu continues ainsi, je vais te passer à la porte ».
C’est insupportable d’avoir dans une communion familiale quelqu’un qui fait la tête, qui se refuse à l’échange d’amour. C’est un désastre ! Combien c’est important de veiller sur cet échange d’amour dans la famille humaine. Ce qui fait l’esprit et la joie d’une famille, c’est l’amour échangé.
Dans la Sainte Trinité, l’Esprit est TOUT l’Amour échangé. Et dans une famille, il est de l’amour échangé.
Mais n’oublions pas une chose : c’est que l’Esprit-Saint, qui est TOUT l’Amour échangé, depuis le baptême, habite en nos coeurs.
Qu’est-ce qu’il est dans nos coeurs ? Il est de l’amour échangé avec notre Père qui est dans les cieux : esprit filial, et de l’amour échangé avec nos frères : esprit fraternel.
Nous comprenons que si nous nous refusons à cet échange d’Amour avec notre Père, quand nous ne prions plus, nous perdons l’Esprit de Famille, et si nous nous refusons à cet échange d’amour avec nos frères, nous perdons l’Esprit-Saint, nous perdons l’esprit chrétien.
D’où l’importance de la prière et du service de nos frères ; sinon nous sortons de l’esprit chrétien.»
Questions
Quelle est ma conception d’une relation ? Suis-je un être d’échange qui aime créer des liens ?
Est-ce que je m’engage pour l’autre?
Comment est-ce que je me situe dans ma famille, avec mes parents, mes frères et sœurs ? Et avec mes amis ? Dans mes études ou mon milieu professionnel ?

La Source, la Gloire et la Joie de l’Amour

 

Le Père est la Source de l’Amour. Tout Amour vient du Père.
Quand les Anciens, en Egypte, voyaient le Nil sortir d’une grande forêt de papyrus et s’étendre sur 300 km avec toutes ces petites rivières qui se rejoignaient pour le former, ils ne savaient pas d’où il venait et ils affirmaient: le Nil, c’est le fleuve des dieux. Mais voici qu’on en a fait le tour en passant par le Zaïre et le Rwanda, où l’on découvre tous ces petits bras qui se rejoignent pour former le Nil de l’autre côté de la forêt, et on a retrouvé la source du Nil. […] La Source de l’Amour, c’est le Père. […]
« Dieu est Amour ». La glorification de Dieu, c’est la louange de l’Amour.
Le Fils est la Gloire de l’Amour. « Celui-ci est mon Fils unique, en qui Je me glorifie ». (Matt. 3, 17). Le Fils est la Gloire de l’Amour.
Il est normal que des parents se glorifient de leurs enfants. Ils trouvent leur gloire dans leurs enfants à condition, toutefois, que ceux-ci s’en rendent dignes. Si les enfants sont ratés ou déviés, il manque quelque chose à la gloire de leurs parents. Et c’est douloureux.
Le Fils, c’est la Gloire de l’Amour, de même que votre fils de chair vous glorifie.
Quand Jésus est venu parmi nous, Il a dit : « Père, glorifie-moi de la Gloire que J’avais auprès de Toi avant que le monde fût. J’ai appris Ton Nom aux hommes que Tu M’as donnés. Ils savent maintenant que Tu es Mon Père et leur Père et que Je suis descendu de Toi. » (Jean. XVII, 5).
Vous sentez que notre union dans le Christ est le grand plan de Dieu : « Nous récapituler tous en Jésus » (Ephésiens I, 10) pour nous permettre de glorifier notre Père des Cieux… Et si nous sommes infidèles, si nous manquons à cette union dans le Christ et que nous abîmons notre foi en ne priant plus, nous sommes un artisan de destruction de la gloire de Dieu. Comme c’est grave le péché, comme c’est grave !
Au contraire, notre fidélité glorifie le Père. Et dans la fidélité au Christ et dans la fidélité à la Sainte Vierge, vous êtes la gloire du Père.

L’Esprit est la Joie de l’Amour

 

N’oubliez pas cela : le fruit de l’Amour, c’est toujours la joie. Le fruit de l’instinct, c’est le plaisir, ce n’est pas du tout pareil.
Qu’est-ce que c’est que l’amour ? Si vous êtes dans l’esprit d’amour, vous êtes dans l’amour échangé. Mais s’il n’y a pas échange : si, par exemple, le mari va d’amour vers sa femme, et si dans le coeur de sa femme ne remonte pas la reconnaissance, c’est boiteux, et ce foyer n’est pas dans la joie.
Si un professeur se donne à ses élèves de toute son âme, et si les élèves remontent en reconnaissance au coeur de leur professeur, il y a amour échangé : ils travaillent dans la joie. Mais si, au contraire, les élèves ne remontent pas de reconnaissance au coeur de leur professeur, il n’y a pas échange : on travaille dans la contrainte et non dans la joie. Vous voyez comme c’est important.
C’est ainsi que le Saint-Esprit est la Joie de l’Amour.»
Questions
Quelle est ma conception de l’Amour ?
Est-ce que ma prière est une prière de louange ?
Où est mon trésor ? Quelle est la nature de ma joie ?


vendredi 25 mai 2018

Tout est relation (BONHEUR)


Comme tout un chacun, je me demande souvent : qu’est-ce que le bonheur?

Il n’y a  pas de recettes magiques bien sûr et tout dépend des aspirations et des exigences de chacun. J’ai pour ma part acquis la certitude que le bonheur n’est pas dans la possession des choses extérieures, l’argent, l’auto, les biens de consommation, ce que la publicité nous martèle incessamment. Le bonheur est, à mon sens, dans l’harmonie de notre rapport à ce qui nous entoure.

Chaque personne est un mystère insondable, une liberté, une conscience unique et irremplaçable. Le bonheur advient quand cette personne autonome et consciente d’elle-même peut tisser des liens avec les autres. Des liens avec d’autres humains par l’amitié, l’amour, la solidarité; des liens avec le monde qui l’entoure, l’eau, l’air, le sol, les plantes, les animaux, car, à sa manière, la terre est notre mère. Des liens surtout avec Dieu source infinie d’amour et de générosité. Le succès de notre vie est d’apprendre à tisser des relations vivantes avec Dieu, avec les autres, avec l’environnement. L’être humain ne se comprend bien que dans un cycle d’amour.

Or, la fête de la Trinité nous révèle que c’est aussi le mystère même de Dieu. Un Dieu unique mais dont la vie s’accomplit en trois personnes égales : le Père, le Fils, l’Esprit. Dieu est communion d’amour, circulation incessante d’amour.

Finalement, le bonheur c’est d’apprendre à ressembler à Dieu, à laisser Dieu nous transformer à son image. Dieu est amour et c’est en apprenant à tisser des relations que nous entrons dans le bonheur.  (André Beauchamp)

mercredi 23 mai 2018

Petit conte... "philosophique" ? - "Supprimons le malheur !"... et ils détruisirent le bonheur. Par Vianney,


Il était une fois...
  ... un monde où le bonheur régnait.
Les hommes étaient heureux : tout était sujet à se réjouir. Ils étaient heureux pour tout, et même la mort ne leur faisait pas peur : ils savaient bien que c'était un passage vers un plus grand bonheur encore !
Le bonheur était le but de la vie, et c'était un but à la fois déjà atteint et toujours recherché. Les hommes étaient heureux de chercher le bonheur, de le partager ensemble, de le donner et de le recevoir. Le chercher, c'était le trouver, et le trouver était le gage d'une trouvaille future plus belle encore.
Bref, faut-il le répéter, tout le monde était heureux.
 ... jusqu'au jour où, on ne sait trop comment, le malheur entra dans le monde en frappant.
Il fit mal, et il y eut des gens malheureux. Beaucoup. Le malheur se répandit, de proche en proche.
Ce fut un grand malheur, il est vrai, et pourtant les gens continuaient à croire au bonheur, coûte que coûte. Ils le cherchaient, et parfois le trouvaient. Ils continuaient à penser que le bonheur était un - le ? - but de la vie.
Le malheur était là, c'est vrai. Il y avait des gens malheureux... Avouons-le, il n'y avait pas beaucoup de gens heureux, vraiment heureux, profondément heureux. On n'était pas non plus heureux tout le temps, à chaque instant, toute sa vie.
Il fallait se battre pour être heureux, et, quand quelqu'un se bat, il se fait parfois mal, il fait parfois mal. C'est malheureux, mais c'est ainsi. Le bonheur est à ce prix.
Un jour pourtant, on eut l'idée géniale, extraordinaire, la solution miracle : "Supprimons le malheur !" On applaudit, et on se mit à l'oeuvre, dans ce but : "Supprimons le malheur !"
Bien sûr, il fallut se battre. On se battit, on se fit mal. Mais enfin, on cherchait à supprimer le malheur demain, tant pis pour aujourd'hui.
On se rendit compte, toutefois, que le malheur était coriace. On le supprime ici, on le découvre là. On le supprime là, il est déjà ici. On se réunit, statistiques à l'appui, et on constata. Le malheur n'avait pas diminué... pire, il semblait bien qu'il avait progressé : on se sentait partout très malheureux.
On afficha partout, tel un slogan : "Supprimons le malheur !" On manifesta bruyamment contre le malheur. On lança des projets pharaoniques contre le malheur, à crédit sur l'avenir, où bien sûr le malheur n'existera plus. Partout des statistiques : ici le malheur recule ; là, le malheur progresse.
On se réunit en haut lieu, entre gens moins malheureux, on se félicita : "Oh ! Il y a plus malheureux que nous, n'est-ce pas ?" Oui, mais tout de même, on était malheureux : tous ces malheureux, c'est malheureux, ça fait tache au tableau, ça coule les statistiques.
On lança une idée. Une idée géniale : "C'est trop difficile de supprimer le malheur ! Supprimons les malheureux !"
Bravo ! On fit quelques calculs sur les probabilités de malheur chez telle ou telle catégorie, et on commença à supprimer les plus malheureux. On les supprima d'abord des champs de vision des moins malheureux, et puis, pour aller plus vite et régler le problème, on les supprima. Tout simplement. C'était beaucoup plus facile que de supprimer le malheur. Et beaucoup moins cher aussi. Et puis c'était bien, un vrai bienfait : tous ces malheureux ne seraient plus jamais malheureux.
On supprima les plus malheureux, et puis on se rendit compte que le malheur florissait chez les nouveaux plus malheureux. Alors on continua. Les moins malheureux applaudissaient, et puis un jour devenaient à leur tour les plus malheureux, et demandaient eux-mêmes qu'on les supprime : ils étaient si malheureux !
Un jour, les moins malheureux se réunirent, et se rendirent compte qu'ils étaient seuls. On avait supprimé les plus malheureux. Il n'y en avait plus. Mais le malheur était toujours là : on fut très malheureux. Peu à peu, on s'estima trop malheureux. On se supprima.
Il en resta un. Seul et malheureux. Maître du monde et toujours malheureux. Le moins malheureux et le plus malheureux, en même temps. Il s'assit sur son trône de malheur, et mit un point final à l'histoire du monde.
Ce jour-là, le malheur triompha et creva du même coup, d'indigestion.
Le bonheur aussi mourut : il n'y avait plus personne pour être heureux.
A trop vouloir supprimer le malheur, on avait tué le bonheur.

MORALE :

Supprimer le malheur ne peut pas être un but en soi, ne doit pas être le but, ni pour moi, ni pour chacun de nous, ni pour le politique. A trop voir le malheur, on ne voit plus que lui.
Le but de la vie, ce qui lui donne un sens, Aristote le disait déjà, c'est le bonheur. Soulager les malheureux est un corollaire du but premier : chercher ensemble, avec eux, le bonheur. Notre bonheur.
Le premier monde de ce conte n'existe plus. Le second monde existe encore... Le troisième monde n'est pas si loin, il est même, trop souvent, déjà bien présent et revendiqué. Il repose sur une double erreur : celle de prendre comme critère le malheur, qui plus est le malheur matériel, et celle de croire qu'on peut l'éradiquer, tout seuls comme des grands. Quel qu'en soit le prix.
Le malheur existera encore longtemps, c'est un fait. Le bonheur existera toujours. Cherchons-le.

lundi 21 mai 2018

Une minute avec Marie


Conte de la vieille dame qui priait Marie "vieille"
Il y avait dans une maison délabrée une vieille dame si discrète que ses voisins en avaient perdu même le souvenir. (...) Eux, par contre, étaient l'objet de toute son attention silencieuse et l'aliment de sa prière. La perte successive, et désormais lointaine, de tous ses proches avait creusé en elle un douloureux vide affectif qui, au lieu de lui recroqueviller l'âme, l'avait incitée à élargir son cœur.
Chaque matin et soir, lentement et avec difficulté, elle se rendait dans une église, elle aussi oubliée, pour s'asseoir face à l'autel où trônait une Vierge de plâtre aux couleurs défraîchies et au nez ébréché. Là, elle priait avec Marie "vieille", avec Marie après que Jésus s'en fut définitivement retourné au ciel et que les apôtres se soient dispersés pour évangéliser le monde.
(...) La vieille dame se sentait moins en affinité avec la Vierge de l'Annonciation ou la Mère des douleurs au pied de la Croix qu'avec Marie "vieille" : quoique la Vierge de l'Annonciation et la Mère douloureuse ait eut à vivre et à souffrir, elle n'avait pas encore été totalement délaissée.
Bien sûr il y avait eu le cri de Jésus sur la croix lorsqu'il s'était senti totalement abandonné par son Père. Mais cette souffrance d'abandon était si mystérieuse, si intense, si immense, qu'il fallait à la vieille dame une souffrance intermédiaire plus proportionnée à la sienne pour ne pas s'effrayer de celle de Jésus et l'accepter. C'est pourquoi elle venait prier avec Marie "vieille".
Et Marie "vieille" l'écoutait, l'accompagnant dans la prière. Elle priait avec la vieille dame, pour ses voisins et son quartier, comme elle avait prié au temps de la première Église, devançant le pas des apôtres en chaque contrée afin que l'Esprit-Saint y adoucisse les cœurs, les rendant ainsi réceptifs à l'annonce prochaine de l'Évangile. Ainsi les drames qui alentour s'achevaient en égoïsmes, en haines et en guerres, fleurissaient ici en regrets, pardons et réconciliations.
Auteur probable : Salaun Arfoll, poète mendiant breton du XIVe siècle

samedi 19 mai 2018

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean, chapitre 15, 26-27 ; 16, 12-15


Dimanche de Pentecôte

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :

« Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement.

J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître.
Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »


Petit commentaire

« Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d'auprès du Père, ...... »
Les apôtres vont recevoir l’Esprit Saint en plénitude le jour de la Pentecôte et ils vont en vivre ! Ils deviendront forts dans la foi, et ils témoigneront du Seigneur jusque dans la mort. Dans ce temps actuel où l’intolérance religieuse se développe tant, envers les chrétiens, il est temps de se demander quel accueil nous faisons a l’Esprit Saint dans notre vie ?
Nous avons en effet reçu l’Esprit Saint en plénitude le jour de notre baptême, et, le jour de notre confirmation, nous avons accepté de vivre sous sa grâce. Mais aujourd’hui qu’en est-il dans notre vie ? Laissons-nous vraiment L’Esprit Saint parler à notre cœur et nous guider ?
Ne nous y trompons pas, sans la Force de vie de l’Esprit Saint en nous, aucun de nous ne sera capable de suivre Jésus, et nous tomberons, fuyant devant le monde, et renonçant a vive vraiment avec Jésus. …
Alors ? Sommes-nous prêts comme les apôtres à vivre aujourd’hui avec l’Esprit Saint, le défenseur que Jésus nous envoie d’auprès du Père ?
Peut-être qu’ici certains lecteurs se diront : «  oui, mais qui est l’Esprit Saint ? Comment vivre avec l’Esprit Saint ? »
Voilà bien une grande question pour notre temps.  On en parle beaucoup dans le Renouveau Charismatique, et moins autrement, cependant  il n’est pas l’apanage du Renouveau, tout chrétien le recevant en plénitude le jour de son baptême. Et il a aussi une place importante dans toute notre vie sacramentelle.
Pour mieux comprendre la vie avec l’Esprit Saint, je vous invite donc à voir l’enseignement sur la Pentecôte :
Myriam de Gemma mai 2018.


Questions

Actes 2 v 1 à 12
La venue du Saint Esprit
 ·     Qu’est-ce que Dieu a fait au moment où les hommes voulaient construire une tour qui montait jusqu’aux cieux (voir Genèse 11 v 1 à 9) ? Comment s’appelle cette tour ? Signification du nom ?
·     Sous quelle forme le St Esprit descend sur les croyants ?
·     Sous quelle forme le St Esprit est descendu sur le Seigneur Jésus ?
·     Relève toutes les nations présentes ce jour-là à Jérusalem (au moment où l’Esprit remplit les disciples).
·     Qu’est-ce qui a changé, sous l’effet du Saint Esprit, par rapport au temps de la tour de Genèse 11 ?
·     Le jour de la Pentecôte se trouve combien de jours après la résurrection du Seigneur ? Combien de jours après l’ascension du Seigneur ?

Esprit de Dieu  Souffle de vie

A tous les "puissants", donne l'esprit d'humilité.
A tous les "solitaires",  donne l'esprit communautaire.
A tous les "radins", donne l'esprit de largesse.
A tous les "coincés",   donne l'esprit d'ouverture.
A tous les "vieux", donne l'esprit de jeunesse.
A tous les "jeunes",  donne l'esprit de sagesse.
A tous les "tordus", donne l'esprit de droiture.
A tous les "exclus"   donne l'esprit d'intégration.
A tous les "paumés", donne l'esprit de discernement.
A tous les "pressés",   donne l'esprit de patience.
A tous les "agités", donne l'esprit de quiétude.
A tous les "fanatiques",  donne l'esprit de tolérance.
A tous les mal-aimés", donne l'esprit d'amour.

Donne-moi aussi ton Esprit car parfois je me sens tellement "coincé, tordu, pressé, paumé, vieux,  radin, fanatique..."

Bernard Hubler  (Esprit – limites)


LE FEU DE DIEU


Un sportif, quelle que soit sa discipline, doit avoir une bonne capacité pulmonaire pour courir, sauter ...

Mais pour marcher avec Jésus, pour passer les difficultés spirituelles, ne faut-il pas aussi du souffle ?

Si la respiration est à la fois aspiration-expiration, elle est tout autant inspiration.

Or l’Esprit Saint est souffle créateur.

La fête de la Pentecôte nous le rappelle. Ce mot grec signifie 50 jours.

La tradition juive (Lévitique, 23, 15) célèbre la fin des moissons sept semaines (Chavouoth = fête des Semaines) après leur début.

Durant ce pèlerinage, on louangeait le don de la Loi reçu au Sinaï.

Un lien chronologique s’établit avec la Pâque juive commémorant la libération du peuple hébreu.

Mais pour les chrétiens, s’ajoute l’événement narré dans les Actes des Apôtres, 2, 1-13. En effet 50 jours après Pâques, 10 jours après l’Ascension, les apôtres réunis à Jérusalem autour de Marie entendirent à l’heure de tierce (9 H) un grand bruit, escorté d’un fort coup de vent.

Des langues de feu se posèrent sur leur tête. L’Esprit Saint était à l’œuvre.

Les apôtres se sentirent forts, sortirent dehors, proclamèrent leur foi en Jésus, et ce en diverses langues.

Si le mot Esprit traduit un vent fort dans l’Ancien Testament, n’omettons pas ce souffle vital et discret de la respiration spirituelle animant tous les hommes et parfois symbolisé par une colombe.

L’Esprit Saint, c’est une personne vivante, fruit de l’Amour du Père et du Fils : Jésus est né grâce à l’Esprit, a vécu dans l’Esprit et a été ressuscité par l’Esprit du Père.

Cette effusion de l’Esprit est gage d’une nouvelle alliance de Dieu avec son peuple, formalisée par la création de l’Église
.
La division des peuples (souvenir de Babel) est rappelée tout comme est proclamée la vie en communion fraternelle et la compréhension universelle.

Dotés de force et d’intelligence, les apôtres sont invités à continuer l’œuvre de vérité et d’amour de Jésus. Cet esprit d’amour doit aussi nous vivifier et fortifier afin de pouvoir « aimer notre prochain comme nous-mêmes ».

Ainsi l’Esprit du Christ est donné durablement à l’Église et permet d’accomplir sur terre l’œuvre d’évangélisation, de rédemption et de sanctification, et ce jusqu’à la fin des temps
.
Que le feu du Saint Esprit, que la lumière de la Pentecôte nous purifie de l’obscurité où trop souvent le monde se complaît pour nous mener à la plénitude de la vie divine !

D. Jacob

vendredi 18 mai 2018

L'action de l'Esprit-Saint dans la vie du chrétien : parabole... par Miniritou

Cette semaine, un conte à lire et à méditer. Quelques jours après la fête de Pentecôte, continuons à nous laisser "bonifier" par l'Esprit Saint !  

Un conte : la planchette noire

Michaël, riche propriétaire terrien, entre un beau jour dans la cabane de son serf Nikita. Celui-ci tient dans la main gauche une planchette noire, et dans la droite un chiffon doux. Patiemment, il frotte la surface sombre.
Après l’avoir observé pendant un moment, Michaël lui demande :
«Mais que fais-tu donc ? »
Nikita lui répond : « Vois, maître, cette planchette était une des plus belles icônes de notre église. Pendant des années, on a fait brûler près d’elle des petites lampes à huile. L'icône s'est peu à peu couverte d’une couche de graisse noirâtre et l’image a complètement disparu. Alors, notre Pope m’a demandé de la nettoyer. Depuis des semaines, chaque fois que j’ai le temps, je viens la frotter avec un chiffon tendre pour que lentement, l’image réapparaisse. Mais il faudra beaucoup de patience!
........
Regarde! De-ci, de-là, on aperçoit déjà un reflet de couleur qui renaît. Cela me donne le courage de continuer jusqu’au jour où, enfin, elle aura retrouvé toute sa beauté!»

Notre vie consiste aussi, peut-être, à frotter sans violence, mais avec persévérance, l’image vraie de ce que nous sommes appelés à être, pour faire disparaître tout l’enduit crasseux de nos égoïsmes, de nos indifférences, de tout ce qui nous encombre …
La planchette noire, c’est ma vie ou l’image de Dieu que je suis. Le chiffon doux, c’est l’Esprit-Saint. A moi de les mettre tous deux en contact... Ainsi je pourrai, comme l’icône, redevenir « Moi ».

Auteur orthodoxe

mercredi 16 mai 2018

Pentecôte et souffle.


Avez-vous remarqué que la Pentecôte est une histoire à couper le souffle ? Elle est tellement extraordinaire que je manque de souffle pour vous la raconter au risque même de m’essouffler sans pour autant craindre de rendre souffle. La vie vaut trop la peine d’être vécue. Reprenant cependant mon souffle, je me dis que c’est époustouflant ce qui est arrivé il y a deux mille ans.

En effet, la Pentecôte est l’histoire de la vie puisque l’absence de souffle est synonyme de mort. Notre souffle est notre respiration. Mais avoir du souffle va bien au-delà de cette métaphore, avoir du souffle c’est pousser jusqu’aux limites les forces de vie et d’amour que nous portons en nous, écrit Charles Singer. C’est repousser les limites qui empêchent d’aimer jusqu’au bout. C’est tout simplement laisser fleurir jusqu’à l’épanouissement la vie qui habite en chacune et chacun de nous.

En ce sens, le souffle divin est une folie, la folie de Dieu. Un nouveau concept est ainsi né : celui de la folie de Dieu. Notre regard sur la vie passe par ce prisme qui donne à cette dernière une couleur arc-en-ciel. Un peu comme si Dieu attendait de nous de devenir des êtres fous à lier, mais à lier d’amour. Et cela passe par la folie du souffle de l’Esprit, cet Esprit d’Amour.

                                                                  Philippe Cochinaux, dominicain.

dimanche 13 mai 2018

Comme un deltaplane


Lors d'une ascension du Mont Thabor, j'ai vu des sportifs qui pratiquaient le deltaplane.
Ils avaient des ailes admirablement bien structurées, toutes les nervures avaient été étudiées avec le plus grand soin, rien ne manquait au plan technique.
Nos jeunes se tenaient au bord du vide, mais ils étaient incapables de voler.
Une seule chose leur manquait : le vent.
Ils attendaient patiemment.
Tout à coup, il y eut un coup de vent ; les ailes se mirent à vibrer et, en quelques instants, ils furent emportés au-dessus du vide ; ils volaient superbement ; leur activité consistait uniquement à offrir leurs ailes au souffle qui les portait et les conduisait.
Père Philippe Verhaegen
(cité dans « Afin que vous portiez du fruit »)

samedi 12 mai 2018

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 16, 15-20

Ascension  du Seigneur, 

En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. » Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.

Questions sur l'Ascension

1. Quand le Christ est-il monté au ciel?
2. Pourquoi le Christ est-il resté sur terre quarante jours après sa résurrection?
3. Que voulons-nous dire quand nous disons que le Christ est assis à la droite de Dieu, le Père Tout-Puissant?

Petit commentaire

L’Ascension du Seigneur met en nos cœurs l’espérance d’être pour toujours avec Dieu, elle nous dévoile la grandeur et le prix de toute vie humaine. Contempler la gloire du Christ Ressuscité ce n’est pas nous évader de notre condition humaine. Bien au contraire, Jésus nous invite toujours à aller vers les autres. Voir son frère, sa sœur, c’est voir aussi le Seigneur.


Il est vrai que, le jour de l’Ascension, les disciples avaient cette tentation de vouloir rester les yeux fixés vers le ciel pour y discerner la présence du Seigneur. Mais des messagers de Dieu sont venus leur rappeler l’ordre de Jésus : `` Allez donc ! `` Les apôtres ne doivent pas fuir ce monde où Dieu les a placés, ils partent jusqu’aux confins de la terre pour annoncer la Parole de Dieu, pour baptiser et construire l’Église de Jésus Christ. C’est une lourde responsabilité qu’ils ont, mais ils ne sont pas seuls, le Christ est avec eux, il les comble du Saint-Esprit.

Quant à nous, aujourd’hui, chrétiens du 21ème siècle, nous voici engagés, au milieu du monde, dans la mission de l’Église. Avec l’aide du Saint-Esprit et en communion avec nos frères et sœurs chrétiens, animés par cette espérance de rejoindre Notre Seigneur Jésus Christ, nous proclamons et vivons l’Évangile. Faisons de notre mieux pour aimer et servir notre prochain. Rappelons-nous toujours de ces paroles de Jésus : `` Ce que vous avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait `` (Mt 25,40). C’est ensemble que nous devons construire la civilisation de l’amour.

L’Ascension de Notre Seigneur Jésus Christ est un jour de joie. Avec Lui, nous distinguons le but ultime de notre existence humaine : être dans cette communion d’amour du Dieu Trinité, et ce pour l’éternité. À la suite des Apôtres, nous aussi aujourd’hui, nous sommes envoyés vers nos frères et soeurs comme témoins de la Bonne Nouvelle du Christ.

La contemplation du ciel, à laquelle nous invite cette fête, pour nous chrétiens, n’est pas une distraction : si les anges rappellent aux apôtres que le Seigneur reviendra, c’est pour les renvoyer à leurs tâches, à cette mission qu’ils ont reçue de témoigner de tout ce qu’ils ont vu. Nous aussi, aujourd’hui, nous sommes renvoyés à la mission qui est la nôtre.

C’est par son Ascension que le Christ nous montre, une fois de plus, sa confiance et son amour pour chacun et chacune de nous. Il confie la proclamation du Royaume. Il nous passe le relais. Alors, n’ayons surtout pas peur de le saisir à pleine main.

En nous préparant à la fête de la Pentecôte prévue le 20 de ce mois, demandons la grâce du Saint-Esprit pour vaquer à nos tâches humaines, ``remplis de joie``. Continuons à participer à la Mission des Apôtres. Portons cette Bonne Nouvelle du Salut jusqu’au bout du monde, car Notre Seigneur Jésus Christ est toujours présent, à nos côtés, pour confirmer sa parole et les humbles signes qui l’accompagnent.

Alexandre GRANDET

Un petit conte pour la fête des mères


Le jardin de maman    De Jocelyne Marque

Isa courut au jardin. Le vent qui emmêlait ses cheveux avait un doux parfum de miel et de lilas. Maman désherbait depuis un moment déjà quand la fillette l’interrompit dans son travail :
-        Bonne fête, maman.
-        Merci, ma gentille fée, mon lutin de Mai…
Ces petits noms étaient la seule marque de tendresse que lui accordait sa mère. Elle ne l’embrassait que rarement, ni ne la prenait sur ses genoux.
 Isa rêvait d’être une vraie fée : elle transformerait alors mille choses inutiles autour d’elle ! Ce jardin d’herbes folles qui refusait parfois de se plier parfois aux exigences de sa maîtresse, serait son premier acte de magicienne… Un coup de baguette magique et l’enchevêtrement sauvage disparaîtrait.
Elle ignorait que cette lutte incessante contre le désordre vert, procurait au contraire un plaisir immense à sa mère. Elle ne voyait pas dans les yeux de cette dernière, la clématite et la rose trémière, reconnaissantes, danser de joie.

Une petite voix désagréable, bien cachée en son for intérieur, lui susurra tout à coup que le jardin occupait une bien trop grande place dans le cœur maternel. La mère et la fille se comprenaient si peu… Alors, chagrine, Isa préféra s’éloigner.

Sur les graviers dorés de l’allée, le chat imperturbable, faisait sa toilette au soleil. Elle traversa le pont orné d’une glycine puis elle franchit la ligne invisible qui sépare le jardin de la forêt. Sa silhouette fluette se refléta un instant dans l’eau claire du ruisselet pour s’évanouir aussitôt.

Plus la petite avançait, plus elle constatait avec étonnement que le paysage s’animait. Elle connaissait déjà les lieux mais jamais elle n’était venue seule et jamais elle n’avait vu ce qu’elle voyait à présent.

 Des papillons multicolores firent la ronde autour de sa tête tandis qu’un lapin roux marchait dans ses pas. Un saule secoua sa longue chevelure ébouriffée sur son passage et un noisetier l’accrocha de ses branches pour la retenir.
La fillette croisa une jeune femme coiffée d’un ravissant chapeau de paille. Cette dernière la salua :
-        Bonjour Isa. Tu te promènes sans ta maman, un jour de fête des Mères ? Elle doit se sentir bien seule…
-        Non, elle a ses roses et ses mauvaises herbes pour lui tenir compagnie.
-        Je sens là une pointe de contrariété. Sais-tu que nous l’aimons tous ici car elle prend soin de nous ?
Comme le visage de la fillette s’assombrissait, l’inconnue ajouta avec un sourire :
-        Je suis Violette, la fée des bois et des fleurs. Tu as du m’apercevoir, au printemps, dans ma belle robe mauve, près de ta maison…

 Dès que la fée eut prononcé le mot «maison», Isa s’aperçut qu’elles avaient quitté le pays des arbres par la pensée. Elles se trouvaient, toutes deux, à l’endroit le plus fleuri de son jardin.

-        Regarde ta maman. Tu peux la voir mais elle, non, car tu es invisible.
Sa mère taillait un rosier, avec précaution et tendresse. C’était le cadeau que sa fille lui avait offert, l’an passé.
Des mots d’amour s’levèrent alors :
-        Rosier, fais-nous de belles roses, aussi belles que mon Isabelle, ma petite chérie que j’aime tant.
La fée et la fillette étaient, à présent, près du grand saule chevelu.

-        Ainsi, tu connais les pensées de ta maman… Je t’ai emmenée près d’elle pour que tu les entendes.
Les mots sont parfois si difficiles à prononcer, même les plus doux ! Maintenant, tu vas rentrer, mais je veux te donner ceci, pour te protéger, toi et ta famille…
Elle tenait dans ses paumes ouvertes, trois plumes de fauvette, qu’elle laissa s’envoler, au gré du vent.
Isa passa le pont de bois et la première plume glissa dans l’eau vive. Le chat ronronnait, allongé sur les graviers dorés et la deuxième plume disparue dans les massifs aux longs iris.
Quand la troisième plume tournoya très haut dans le ciel bleu, la fillette avait déjà rejoint sa mère et elle riait sous le poids de ses baisers.
Le jardin soupira d’aise et s’endormit paisiblement sous le soleil du mois de mai.

Un parfum de violette voltigeait, ici et là…