samedi 30 mars 2019

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 15,1-3.11-32


LA PARABOLE DE L'ENFANT PRODIGUE

Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l'écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part d'héritage qui me revient.” Et le père fit le partage de ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu'il avait, et partit pour un pays lointain où il gaspilla sa fortune en menant une vie de désordre. Il avait tout dépensé quand  une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla s'engager auprès d’un habitant  de ce pays, qui l'envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. Alors il rentra en lui-même et se dit :``Combien d'ouvriers de  mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai,  j’irai vers mon père, et je lui dirai : “Père, j'ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. Traite-moi comme l'un de tes ouvriers”. Il se leva et s’en  alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l'aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : “Père, j'ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne  d'être appelé ton fils.`` Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l'habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds,  allez chercher le veau gras, tuez-le ; mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer. Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des serviteurs, il s’informa ce qui se passait. Celui-ci répondit : “ Ton frère qui est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu'il a retrouvé ton frère en bonne santé.” Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d'entrer. Son père sortit le supplier. Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d'années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé  tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !” Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé” ! »

Questions

En quoi je me reconnais dans le fils aîné?
En quoi je me reconnais dans le fils cadet?


Petit commentaire


Dieu, Père prodigue
Jésus nous révèle le grand mystère de la paternité de Dieu, prodigue d’amour et de miséricorde qui ne comptabilise pas nos fautes. Nous sommes invités à accueillir la grâce qui s’offre à nous et à en devenir les agents et agentes.

L’Évangile d’aujourd’hui est la parabole du fils prodigue - ou préfèrent l'appeler, le père prodigue qui semble follement pardonner à son fils égaré. Les deux fils représentent deux manières immatures à Dieu: rébellion et obéissance enfantine.

Le fils prodigue est une histoire familière. Le jeune homme perd tout ce que son père lui a donné et est toujours accueilli chez lui. Le frère aîné ne peut se résoudre à pardonner à son frère d'avoir péché. Nous pouvons facilement pointer le doigt et juger. Nous prions pour que Dieu nous bénisse et nous guérisse, et si facilement nous dédaignons les autres. Nous pouvons être à la fois les deux frères. Christ nous appelle à pardonner et à avoir la force d’être pardonné. Recevoir le pardon peut être aussi difficile que pardonner; les deux sont un cadeau de Dieu.


Le fils aîné qui n'a jamais quitté son père, a travaillé pour lui, en quelques mots: il était un bon et fils bien élevé. Il ne semble pas aimer le fait que son père accueille le fils débauché. Il vit pour faire plaisir au père et il ressemble à n'importe quel esclave. Le plus jeune - le débauché, si vous voulez - a brisé le cœur de son père. Il revient et espère que son père - dont il savait de toute évidence qu'il était un père toujours aimant et toujours pardonnant - lui pardonnerait. Il a appris de ses erreurs et en a grandi maintenant.  En tant que chrétiens, il arrive parfois que nous devenions comme le fils aîné.

Cette parabole du fils prodigue nous enseigne que, si nous restons à l'écoute de Dieu, nous pourrons éviter les tragédies et qu'en vivant selon Ses directives, nous éviterons de nous laisser entraîner par nos mauvais penchants.

Reprendre les trois personnages principaux et réfléchir à celui qui nous représente le plus.
Le fils qui a fait le mal et s’est éloigné de son père. Lorsqu’il s’en rend compte au plus profond de son coeur, il décide de retourner vers son père.
Le père qui ne juge pas, ne fait pas de reproches, qui attend son fils avec impatience et l’accueille.
Le fils aîné qui ne comprend pas l’accueil de son père.
 Jésus veut nous dire qu’il nous aime tels que nous sommes.
Dieu nous pardonne malgré nos bêtises, nos faiblesses. Même si on s’éloigne de Dieu, on peut ouvrir son coeur et reprendre le chemin avec Lui.



POÉSIE Le fils prodigue (version moderne)

Après avoir réclamé l’héritage qui selon lui était un dû
L’enfant est parti à l’aventure très volontaire et détendu
Au volant de sa belle voiture dernier cri
Un crissement de pneus et…hop ! Plus belle la vie !

Il s’en est allé, vers son destin, les poches pleines
Croyant pouvoir traverser la vie sans peine
Il a vécu des temps de plaisirs dans ce monde si futile
Noyant son temps de plein de choses inutiles
Il a gambadé tout comme la chèvre de Monsieur Seguin
Courant dans les vallées vertes et grasses, dépensant tout son gain
Il a brûlé les étapes, chevauché une vie de débauche à n’en plus finir
Le temps a passé, vite, trop vite, il pensait tant vivre et réussir
Puis un beau matin au réveil plus de goût, un cœur vide comme la mort
Tous ses amis de fortune l’avaient abandonné à son triste sort
Il errait à la recherche du moindre morceau de pain
D’un peu d’amitié dans le monde, il a cherché, mais en vain
Il se souvint alors de son papa, des repas de fêtes
Plein de beaux souvenirs lui revenaient en tête
L’âme en peine, triste et le regard amer
Il reprit alors le chemin à l’envers
Il se souvint alors de son père….
Sur le perron, il l’a laissé partir
Le regard humide du papa a essayé de le retenir
Ses yeux l’ont suivi jusqu’au bout de l’allée
Le papa, les platanes et les saules pleuraient
Peut-on empêcher un enfant de vouloir faire sa vie
Même si son absence nous torture et nous meurtrit
Papa est toujours là qui attend
Pour accueillir son enfant qui se repent…
Quelle joie pour le Père compatissant
De voir revenir à lui son cher enfant
Le Père ne se souvient plus alors de ce jour plein de tristesse
Avec amour il couvre son enfant de toute Sa Tendresse

mercredi 27 mars 2019

Le foulard blanc (conte de sagesse)


Une très belle histoire de pardon, de retour du fils prodigue... 

Et aussi de repentir...

Une très belle histoire du Père Guy Gilbert, pour accompagner cette idée ;
C’est une histoire vraie : Jean, 20 ans, avait fait une saloperie immonde à ses parents. Vous savez... la saloperie dont une famille ne se remet pas, en général.
Alors son père lui dit : “Jean, fous le camp ! Ne remets plus jamais les pieds à la maison !“
Jean est parti, la mort dans l’âme.
Et puis, quelques semaines plus tard, il se dit : “J’ai été la pire des ordures ! Je vais demander pardon à mon vieux... Oh oui ! Je vais lui dire : pardon.”
Alors, il écrit à son père : “ Papa, je te demande pardon. J’ai été le pire des pourris et des salauds. Mais je t’en prie, papa, peux-tu me pardonner ?
Je ne te mets pas mon adresse sur l’enveloppe, non... Mais simplement, si tu me pardonnes, je t’en prie, mets un foulard blanc sur le pommier qui est devant la maison. Tu sais, la longue allée de pommiers qui conduit à la maison. Sur le dernier pommier, papa, mets un foulard blanc si tu me pardonnes.

Alors je saurai, oui je saurai que je peux revenir à la maison.”
Comme il était mort de peur, il se dit : “Je pense que jamais papa ne mettra ce foulard blanc."
Alors, il appelle son ami, son frère, Marc et dit : “Je t’en supplie, Marc, viens avec moi. Voilà ce qu’on va faire : je vais conduire jusqu’à 500 mètres de la maison et je te passerai le volant. Je fermerai les yeux. Lentement, tu descendras l’allée bordée de pommiers.
Tu t’arrêteras. Si tu vois le foulard blanc sur le dernier pommier devant la maison, alors je bondirai. Sinon, je garderai les yeux fermés et tu repartiras.
Je ne reviendrai plus jamais à la maison.”
 
Ainsi dit, ainsi fait. À 500 mètres de la maison, Jean passe le volant à Marc et ferme les yeux. Lentement, Marc descend l’allée des pommiers. Puis il s’arrête. Et Jean, toujours les yeux fermés, dit : “Marc, mon ami, mon frère, je t’en supplie, est-ce que mon père a mis un foulard blanc dans le pommier devant la maison ?“ 
Marc lui répond : “Non, il n’y a pas un foulard blanc sur le pommier devant la maison... mais il y en a des centaines sur tous les pommiers qui conduisent à la maison !”
Puissiez-vous, Frères et Soeurs, vous qui avez entendu cette belle histoire du foulard blanc, emporter dans votre coeur des milliers de foulards blancs.

lundi 25 mars 2019

CONTE DES DEUX VIGNERONS


Il était une fois deux vignerons.
Ils étaient voisins et profondément amis.
Ils étaient taiseux, comme souvent les gens de la terre.
Et quand l’un avait quelque chose à dire à l’autre, il venait à lui et ses yeux disaient : « Viens voir ! »
L’autre le suivait sans un mot, regardait la greffe, soupesait une grappe ou humait la terre.  Ils échangeaient un regard et tout était dit.
Ils vivaient dans le silence et la lenteur de ceux qui croient en l’irrésistible force de la terre.
A force de silence, ils étaient devenus semblables à leurs vignes, secs et noueux comme les sarments de leurs vignes.
 Chaque année, chacun goûtait le vin de son ami.  Le vin qui est la joie de la terre !
Et le souvenir du bouquet unique de leur vin s’imprimait en eux…
Et ainsi passaient les jours, les semaines, les mois et les années…
Or, il advint qu’un jour d’entre les jours, la haine et la bêtise des hommes – on appelle cela la guerre – ont contraint ces deux amis à l’exil.  Chacun devait quitter sa terre et aller jusqu’à l’autre bout de la terre. (Quand on doit quitter sa terre, tous les autres pays ressemblent à l’autre bout de la terre…)  Et par un décret absurde, ils ne pouvaient partir ensemble.
Au moment de quitter leur terre, ils ont chacun emporté un sarment de leur vigne, dans l’espoir d’aller le replanter là où ils iraient et de tout recommencer.
Au moment de se dire adieu, seuls leurs yeux parlaient.  Puis, à la dernière minute, sans un mot, ils ont échangé leur sarment et chacun est parti avec un sarment de la vigne de son ami.
 Ils sont allés jusqu’au bout de la terre. Ils s’y sont installés.  Ils ont replanté le sarment.  Il a repris et ils ont recommencé à interroger la terre et la terre leur a répondu.  Ils ont aimé leur vigne.  Ils ont continué à vivre dans le silence et la lenteur avec cette obstination qu’ont les gens de la terre qui croient en la puissance irrésistible de la vie.
Les années ont passé.  Sans nouvelle de l’autre.  Sans aucune possibilité de se revoir ni même de se contacter puisqu’ils n’avaient pas leurs adresses.  Mais ils n’oubliaient pas le regard de l’autre, leur longue complicité et le bouquet de leur vin…
 Or il advint qu’un jour d’entre les jours l’un des deux a obtenu l’adresse de son ami.  Comment ?  Il y a bien des mystères dans les contes et celui-ci n’a peut-être pas d’importance.
Le vigneron était profondément heureux.  Il n’y avait qu’un moyen de communiquer, c’était d’écrire.  Mais, comment allait-il pouvoir dire à son ami que tout était comme avant, qu’il avait replanté une vigne, que patiemment il interrogeait la terre, que la terre lui répondait, qu’il vivait comme avant dans le silence, la patience, la lenteur, qu’il croyait toujours en la force irrésistible de la terre et de la vie.  Et puis surtout, comment lui dire qu’il ne l’avait pas oublié ?  Comment dire tout cela alors qu’il n’y a qu’un mot pour dire mille choses ?  Je vous ai dit qu’en plus il n’était pas vraiment ami des mots.
Pendant des jours et des jours, il a retourné des phrases et des mots dans sa tête.  Il n’a quasiment plus mangé ni dormi.
 Un soir où le vent s’était calmé, à un moment où les odeurs du repas se dissipaient lentement, il était là, devant une feuille de papier, en train de mâchonner son crayon.  La bougie qui grésillait un peu faisait danser les ombres sur les murs.  Tout à coup il a regardé son verre de vin.  Il l’a pris, il l’a humé longuement.  Il a reconnu cette pointe de mousse et de framboise…  C’était bien le bouquet du vin de son ami.
Alors, il a écrit sans hésiter : « Ce soir, en t’écrivant, j’ai bu du vin de ma vigne… »  Il est resté quelques instants suspendu à ses propres mots, comme étonné, puis il a biffé un seul mot et c’est devenu : « Ce soir en t’écrivant, j’ai bu du vin de ta vigne … »  Il est resté longtemps devant sa feuille… et c’était çà !  C’était tout à fait çà !  Tout était dit …
Il a mis ce feuillet sous enveloppe et il l’a envoyé à l’autre bout de la terre.
La lettre a mis six mois pour y arriver.
 L’autre vigneron a été profondément heureux de recevoir une lettre de son ami et immédiatement, il a voulu répondre.  Lui aussi voulait dire que rien n’avait changé (qu’il avait lui aussi replanté une vigne et qu’il croyait toujours au silence, à la lenteur et à la force obstinée de la vie…  Et puis surtout qu’il n’avait pas non plus oublié son ami).
Alors, il a cherché pendant huit jours, il a retourné des phrases dans sa tête.  Il en a perdu le sommeil et l’appétit.  Au bout de huit jours, par un soir calme, il était lui aussi devant sa feuille en train de mâchonner son crayon.  La bougie qui fumait un peu faisait danser au plafond des ombres de silence.  Tout à coup, il a écrit : « Ce soir, en t’écrivant, moi aussi j’ai bu du vin de ta vigne… »
Il a envoyé la lettre.  Et la distance que la haine et la bêtise des hommes avait creusée entre ces deux amis a été abolie.

samedi 23 mars 2019

Histoire de Moïse et du peuple d'Israël


Il y avait, autrefois, un couple de juifs très pauvres qui vivaient au pays d’Égypte. Ils avaient un fils et une fille, et tous quatre travaillaient dur pour subvenir aux besoins de leur foyer.
Un jour, la femme mit au monde un autre garçon, et loin d’apporter le bonheur à sa famille, sa naissance provoqua un grand désarroi. Il y avait une bouche de plus à nourrir et leurs modestes revenus ne leur suffisaient pas. A terme, le nouveau-né était voué à la mort par malnutrition.
Ils lui fabriquèrent alors un berceau de bois, ils y mirent l’enfant et le déposèrent sur les eaux du Nil. « Peut- être les dieux d’Égypte le prendront en pitié » se disaient- ils.
L’enfant descendit le Nil dans son berceau, et sa mère le suivit le long de la berge en se cachant dans les roseaux pour voir ce qu’il adviendrait de lui.
Dans une crique, non loin de là, la fille de Pharaon prenait son bain en compagnie de ses servantes, mais le berceau qui flottait au large était trop loin pour qu’elles l’aperçoivent. Il se dirigeait inexorablement vers la mer, où l’attendait une mort certaine.
La mère leva la tête vers le ciel et murmura : « Seigneur Adonaï, envoie ton ange et qu’il fasse glisser le berceau vers la princesse, qui le prendra sûrement en pitié en le voyant. » Le Seigneur envoya son ange, invisible aux yeux des hommes, et celui- ci poussa doucement le berceau vers le rivage où la princesse se baignait.
Ce fut une servante qui attira son attention : « Quel est donc cet objet qui flotte sur l’eau ? » « Va, lui dit la princesse, et rapporte le moi. » La servante nagea jusqu’au berceau et le tira jusqu’au rivage. La princesse se pencha au- dessus, et en voyant l’enfant qui pleurait, son cœur se remplit de tendresse. En le prenant dans ses bras, elle lui dit : « Doux enfant sauvé des eaux, voici qu’aujourd’hui je te prends pour fils, ton nom sera Moïse. » En effet, dans l’antique langue des égyptiens, Moïse signifiait « sauvé des eaux ».
La fille de Pharaon était en âge de se marier, mais elle était stérile. Régulièrement, des princes la prenaient pour épouse, mais ils la répudiaient au bout d’un moment quand ils s’en apercevaient.
La pauvre princesse était malheureuse, et le Pharaon, son père, était bien en peine de la consoler. Il lui avait offert un château, quantité de trésors, des animaux fabuleux capturés dans des pays lointains, rien ne pouvait apaiser son chagrin.
Chaque jour, pourtant, elle priait la bonne déesse Isis de lui donner un enfant. Bien que la déesse restât silencieuse, la princesse gardait la foi, et elle continuait d’espérer qu’un jour son vœu le plus cher serait exaucé.
Or, ses prières ne furent pas vaines ; la déesse Isis, qui n’était autre que la Vierge Marie, et l’enfant Horus qu’elle tenait dans les bras, qui n’était autre que le petit Jésus, furent sensibles à la peine de la princesse. Ils intercédèrent pour elle auprès de Dieu le Père ; « Ô bon Père, lui dit le petit Jésus, daigne rendre fertile le ventre de cette femme, son cœur est pur et ses sentiments sont nobles. »
« Il n’en est pas question, répondit Dieu le Père, j’avais de bonnes raisons  pour la faire naître stérile, et je ne reviendrai jamais là-dessus. »
La Vierge Marie intervint : « Ô bon Père, écoute la voix d’une mère ; priver une femme de la possibilité d’enfanter est bien cruel. La priver de la joie de chérir un enfant l’est encore plus. Donne- lui un fils ou une fille, même s’il n’est pas de sa propre chair, je t’en prie. »
Dieu le Père se laissa attendrir par les supplications de Marie et il répondit : « Soit, je ne reviendrai pas sur ma décision ; cette femme restera stérile. Cependant, je ferai entrer un enfant dans sa vie très bientôt. »
Et c’est ainsi que Dieu le Père fit entrer Moïse dans la vie de la Princesse. Elle l’adopta, l’aima comme son fils et lui donna une éducation de Prince.
Lorsque mourut le Pharaon, Moïse devint Pharaon à sa place, et il régna sur toute l’Égypte.
Cependant, il n’avait pas oublié son peuple, il leva ses armées et il commença à conquérir Canaan. Il se mit à chasser ses habitants et à établir les tribus d’Israël à leur place. Il régna quarante ans sur l’Égypte et ses provinces; la Lybie, le Soudan, l’Éthiopie, le Sinaï et le Sud de Canaan, puis il se coucha avec ses pères.
Son fils Gershom régna à sa place, et il envoya Josué, son général, terminer Josué la conquête de Canaan. Josué effaça la mémoire des cananéens de dessous les cieux. Il incendia leurs temples et leurs palais, il rasa leurs villes et leurs villages, il les passa tous au fil de l’épée selon les ordres de Gershom. Quand le pays fut débarrassé des Cananéens et de leurs idoles impies, il établit le reste des tribus d’Israël, chacune dans le territoire qui lui était assigné.
Gershom nomma Josué gouverneur, et Josué administra Canaan pendant quarante ans. Le récit des exploits de Josué sont racontés dans le Livre de Josué.
Après la mort de Josué, Canaan resta sans gouverneur quelques temps.
Or, un peuple des îles arriva et se mit à conquérir le pays. Il s’agissait des Philistins, chassés de leur patrie par les guerres et la famine. Ils avaient accosté sur les plages d’un pays où coulent le lait et le miel, et ils décidèrent d’en faire leur nouvelle patrie.
Les chefs des tribus d’Israël prirent peur, et ils se réunirent pour décider de ce qu’il fallait faire. Si Josué avait encore été vivant, il aurait sans difficulté levé une armée et chassé les envahisseurs. Mais il ne s’est pas trouvé d’homme comme Josué depuis sa mort.
La dynastie de Moïse fut renversée, et un Pharaon issu du peuple égyptien régna sur l’Égypte et ses provinces. Le nouveau Pharaon se désintéressa de Canaan, et il y déporta ce qui restait du peuple d’Israël en Égypte et installa des postes de garde le long de la frontière pour les empêcher de revenir. Certains tentèrent de retourner en Égypte, mais ils périrent noyés en passant le gué de la Mer des Roseaux,  il y eut une décrue et les eaux les engloutirent avec les soldats de Pharaon qui les repoussaient.
En Canaan, les chefs des tribus d’Israël décidèrent d’élire un homme qui les commanderait tous, et retournerait à ses occupations une fois la guerre terminée, ainsi commença le temps des Juges. Il n’y avait pas de roi en Israël, et chacun faisait ce qui lui semblait bon.
Les Juges qui se succédèrent deux siècles durant étaient tous des hommes braves, qui combattaient les philistins avec courage et détermination. Il y eut Samson, dont la chevelure était semblable à la crinière d’un lion et la force à celle d’un auroch. Il chassa les philistins devant lui en les frappant avec la mâchoire d’un âne. Il y eut aussi Gédéon, qui était fils d’une prostituée, et qui chassa les philistins devant lui en brandissant des flambeaux. Il y eut tant d’autres Juges dont lesgedeon.jpg exploits sont racontés dans le Livre des Juges.
Chaque fois que les philistins tourmentaient Israël, un Juge se levait pour les chasser.
Mais durant les périodes de paix, quand les philistins se tenaient tranquilles, les tribus d’Israël se faisaient la guerre entre elles.
Il y avait Juda, Siméon et Benjamin au sud, qui étaient arrivées du temps de Moïse. Elles formaient peuple policé et raffiné, encore imprégné des bonnes manières égyptiennes. Le reste des tribus se trouvait au nord, elles étaient arrivées du temps de Gershom et de Josué. C’étaient des tribus barbares, elles ne savaient pas prononcer correctement « Shiboleth » qui veut dire « épi de blé », elles prononçaient « Siboleth ». Et pour avoir prononcé « Siboleth » au lieu de « Shiboleth », beaucoup d’hommes du nord périrent de la main des hommes du sud.

Évangile de Jésus-Christ selon Saint Luc 13, 1-9


Parabole du figuier stérile  La Patience de Dieu.

 Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient.

Jésus leur répondit :
« Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ?
Eh bien, je vous dis : pas du tout !
Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même.
Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ?
Eh bien, je vous dis : pas du tout !
Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. »

Jésus disait encore cette parabole : « Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas.
Il dit alors à son vigneron :
“Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?” Mais le vigneron lui répondit : “Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.” »


 Figuier stérile:


1- Comment appelle-t-on les petites histoires que Jésus raconte et qui disent des choses importantes sur Dieu?
2- Qu'est-ce qu'un figuier?
3- Comment s'appelle les fruits du figuier?
4- Dans cette parabole, où est planté le figuier?
5- Un homme vient. Que cherche-t-il sur le figuier?
6- Depuis combien d'années l'homme vient-il chercher du fruit sur le figuier?
7- L'homme ne trouve pas de fruit. Que veut-il faire de l'arbre?
8- Complète la phrase: "A quoi bon le laisser ............... le sol?"
9- : Le vigneron est-il d'accord pour couper l'arbre?
10- Le vigneron demande: "Laisse-le encore .......... année."
11- Que va faire le vigneron pour que l'arbre donne du fruit à l'avenir?
12- Si nous sommes le figuier et que Dieu est le vigneron, que nous dit cette parabole?
13- Connais-tu le titre d'une autre parabole que l'on peut trouver dans l'évangile?
14- C'est l'évangéliste Luc qui nous raconte cette histoire. Donne le nom d'au moins un autre évangéliste?

1- Que représentent les différents symboles de la parabole? Le figuier, le vigneron, le fumier,  les années qui passent, la bonne terre, les fruits, etc…

Solution :

Le figuier, __________ nous les hommes
 Le vigneron, _________ Dieu
Le fumier,  __________ La Parole de Dieu
Les années qui passent, __________ la patience de Dieu
La bonne terre, ___________La bonté de Dieu
Les fruits, etc… ______________ Le bien que nous faisons

Petit commentaire Troisième dimanche du carême

Comme un jardinier patient :

Tel un ouvrier persévérant, le Seigneur espère que nous nous tournions vers lui et que notre existence soit prolifique. La terre que laboure ce «vigneron» est une «terre sainte»: il s’agit de notre cœur où un Dieu à l’amour brûlant désire nous libérer et nous faire vivre.

Le récit du figuier illustre la patience de Dieu : nous avons besoin de temps pour nous repentir et grandir dans la foi et la prière. Le Dieu de Jésus ne nous laisse jamais tomber, il croit toujours en notre avenir. Nous avons tous des défauts et nous vivons des échecs particuliers tout au long de la vie ; même si nous faisons de notre mieux, nous constatons qu'ils demeurent en nous. Dieu sait cela, il voit nos efforts pour changer et être renouvelés. La prière nous aide à croire en nous-mêmes, comme Dieu croit en nous.

En dépit des apparences, le jardinier a confiance que le figuier donnera des fruits, s'il fait un autre effort. Il peut m’arriver d’être dans ce qui semble une situation impossible, avec quelqu'un de ma propre famille ou dans mon milieu de travail. Je prie afin d'agir avec miséricorde, comme le fait notre Père.

Jésus nous aide à vivre une relation droite avec Dieu. Si nous écoutons sa parole et si nous essayons de corriger les erreurs dans notre manière de vivre, nous sommes sur le chemin de la joie intérieure. Le temps alloué au figuier pour porter du fruit atteste de la patience de Dieu avec nous. Cultiver et fertiliser le figuier est un symbole de la miséricorde de Dieu en action.

Jeu : La Parabole du figuier et la patience de Dieu: un texte à trous (Luc 13: 1-9).

Voici les mots à utiliser:

Gens,  sacrifices, que, plus, périrez, vigne, ans, épuiser, temps, fruit. trouve, l’avenir, Jésus,  Siloé, fumier, massacrer,  convertissez, Coupe-le, encore, Maître,  Galiléens, personnes, figuier, vigneron, bêche, couperas.

Un jour, des _________ rapportèrent à ___________l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait ___________mêlant leur  sang à celui des _________qu’ils offraient.  Jésus leur répondit: «Pensez-vous que ces ___________   étaient de plus grands pécheurs _______ tous les autres Galiléens pour avoir subi un tel sort? Eh bien,  je vous le dis : pas du tout! Mais si vous ne vous ______________pas, vous périrez tous de même.>> Et  ces dix-huit _______tuées _________par la chute de la tour de ______ , pensez-vous qu'elles étaient _______ coupables de toutes les habitants  qui vivaient à Jérusalem? Eh bien,  je vous  dis : pas du tout! Mais si vous ne vous convertissez pas,  vous ____________, tous de même.Jésus disait  _______ cette parabole: «Quelqu’un avait un __________planté dans sa __________.  Il  vint chercher du _______sur ce figuier, et n’en trouva pas. Il dit alors  à son _______: 'Voilà trois ________que je viens chercher  du fruit sur ce figuier et je n’en _______pas. _____________. À quoi bon le laisser ______________ le sol? Mais le vigneron  lui répondit : '__________, laisse-le encore cette année, le _______ que je  ______ autour pour y mettre du __________Peut-être donnera-t-il du fruit à ________ Sinon, tu le ___________.``»
Réponses : Gens, Jésus, massacrer, sacrifices, Galiléens, que, convertissez, personnes, Siloé, plus, périrez,  encore, figuier, vigne, fruit, vigneron, ans, trouve, Coupe-le, épuiser, Maître, temps, bêche, fumier, l’avenir, couperas.

mercredi 20 mars 2019

Saint Joseph dans la forêt Conte de Grimm


Il était une fois une mère qui avait trois filles. L'aînée était mal élevée et méchante, la puînée était déjà bien meilleure, même si elle avait aussi ses défauts, quant à la cadette, c'était une enfant bonne et pieuse. Mais leur mère était si étrange qu'elle préférait justement la fille aînée et ne pouvait souffrir la cadette. Pour cette raison, elle envoyait souvent cette pauvre fille dehors, dans une grande forêt, dans l'espoir de se débarrasser d'elle, car elle pensait qu'elle s'y égarerait et ne rentrerait plus jamais à la maison. Mais l'ange gardien de cette fillette, comme celui qui veille sur chaque enfant pieux, ne la quittait jamais et la ramenait toujours sur le bon chemin. Un jour, cependant, l'ange gardien fit semblant de ne pas être là, et l'enfant ne trouva pas le chemin pour sortir de la forêt. La fillette marcha sans relâche jusqu'au soir, et elle vit alors une petite lumière briller au loin. Elle courut dans sa direction et arriva devant une petite cabane. Elle frappa et la porte s'ouvrit sur une seconde porte à laquelle elle frappa également. Un vieil homme portant une barbe blanche comme la neige et à l'air vénérable lui ouvrit la porte. Ce n'était autre que saint Joseph. Il lui dit très gentiment: « Viens, chère enfant, assieds-toi sur ma chaise près du feu et réchauffe-toi. Si tu as soif, j'irai chercher de l'eau claire pour toi, mais je n'ai rien d'autre à manger ici, dans la forêt, que quelques petites racines qu'il te faudra d'abord gratter et faire cuire. » Saint Joseph lui tendit donc les racines; la fillette les racla bien proprement, puis elle sortit un petit morceau de galette et le pain que sa mère lui avait donnés pour la route. Elle mit le tout sur le feu, dans une petite marmite, et se prépara une purée. Quand celle-ci fut prête, saint Joseph dit à la fillette: « J'ai si faim, donne-moi donc un peu de ton repas. » L'enfant le fit bien volontiers et elle lui en donna plus que ce qu'elle garda pour elle, mais la bénédiction divine fit qu'elle fut rassasiée. Quand ils eurent mangé, saint Joseph lui dit:
- À présent, allons-nous coucher. Mais je n'ai qu'un seul lit; allonge-toi dedans et je me coucherai par terre, sur de la paille.
- Non, répondit la fillette, garde ton lit pour toi. La paille est bien assez moelleuse pour moi.
Mais saint Joseph prit l'enfant dans ses bras et la porta dans son lit, où elle fit sa prière avant de s'endormir. Le lendemain matin, en se réveillant, la fillette voulut dire bonjour à saint Joseph, mais elle ne le vit pas. Elle se leva et le chercha, mais elle ne le trouva nulle part. Elle aperçut finalement, derrière la porte, un sac qui contenait de l'argent et qui était si lourd que c'est tout juste si elle pouvait le porter, et sur lequel il était écrit que c'était pour l'enfant qui avait dormi là cette nuit. La fillette partit donc joyeusement avec le sac et arriva sans encombre chez sa mère. Et comme elle lui offrit tout l'argent, celle-ci ne put qu'être contente d'elle.
Le lendemain, la fille puînée eut envie d'aller, elle aussi, dans la forêt. La mère lui donna pour la route un morceau de galette bien plus grand et du pain. Elle connut exactement le même sort que sa sœur. Le soir, elle arriva dans la cabane de saint Joseph, qui lui tendit des racines pour qu'elle en fasse une purée. Quand celle-ci fut prête, il dit à la fillette:
- J'ai si faim, donne-moi donc un peu de ton repas.
- Tu n'as qu'à manger avec moi, lui répondit l'enfant.
Quand saint Joseph lui proposa ensuite son lit, en s'apprêtant à s'étendre sur la paille, elle lui dit: « Non, allonge- toi avec moi dans le lit: il y aura bien de la place pour deux. » Saint Joseph la prit dans ses bras, la déposa dans le lit et alla se coucher sur la paille. Le matin suivant, quand l'enfant se réveilla et chercha saint Joseph, il avait disparu, mais elle trouva derrière la porte un petit sac rempli d'argent. Il était grand comme la main et dessus, il était écrit que c'était pour l'enfant qui avait dormi là cette nuit. La fillette prit le sac et rentra chez elle en courant pour le donner à sa mère, mais elle garda quelques pièces pour elle en cachette.
Cela avait aiguisé la curiosité de la fille aînée, qui voulut aller à son tour dans la forêt le matin suivant. La mère lui donna autant de galette qu'elle voulait pour la route, du pain et aussi du fromage pour manger avec. Le soir, la fillette trouva saint Joseph dans sa cabane, de la même façon que ses deux sœurs. Quand la purée fut prête et que saint Joseph lui dit: « J'ai si faim, donne-moi donc un peu de ton repas », la fillette lui dit: « Attends que j'aie assez mangé, tu pourras manger ce que je laisserai. » Mais elle mangea presque tout et saint Joseph dut racler le bol. Le bon vieillard lui offrit ensuite son lit en disant qu'il irait s'étendre sur la paille: elle l'accepta sans protester et s'allongea dans le lit en laissant au vieil homme la paille dure. Le lendemain matin, quand elle se réveilla, il n'y avait nulle trace de saint Joseph, mais elle ne s'en inquiéta guère: elle cherchait derrière la porte le sac rempli d'argent. Elle eut l'impression qu'il y avait quelque chose par terre, mais comme elle n'arrivait pas bien à distinguer ce que c'était, elle se pencha et se cogna le nez contre cette chose. Mais la chose resta collée à son nez, et quand elle se releva, elle constata avec horreur que c'était un second nez qui était collé au sien. Elle se mit alors à hurler et à pleurer, mais rien n'y faisait, elle ne voyait que son nez, qui était si proéminent. Elle partit alors en courant, criant sans cesse, jusqu'à ce qu'elle rencontre saint Joseph qu'elle supplia tant et si bien qu'il eut pitié d'elle. Il accepta finalement de lui ôter ce nez et lui offrit deux pfennigs en prime. Quand elle rentra chez elle, le soir, sa mère l'attendait devant la porte et lui demanda: « Qu'as-tu eu en cadeau? » La fille mentit alors et répondit:
- Un grand sac plein d'argent, mais je l'ai perdu en route.
- Tu l'as perdu? Oh, mais nous allons le retrouver! s'exclama sa mère en l'attrapant par la main pour aller chercher le sac avec elle.
La fille se mit tout d'abord à pleurer. Elle ne voulait pas la suivre. Finalement, elle partit avec sa mère, mais sur leur chemin, tant de lézards et de serpents les attaquèrent qu'elles ne surent que faire pour leur échapper. La méchante fille finit par succomber sous l'effet de leurs piqûres, et ils piquèrent aussi la mère au pied, pour la punir d'avoir si mal élevé son enfant.

lundi 18 mars 2019

Et maintenant une histoire !


Le bâton de Saint Joseph (Légende bretonne)

La vieille Yvonne s’assit un jour près de son rouet et nous dit :
— Oui, mes enfants, le plus grand des saints du paradis, c’est saint Joseph. Écoutez bien ce que je vais vous raconter, et vous verrez si je vous ai menti.
Nous nous approchâmes plus près encore de mère Yvonne, et elle commença :
« Personne n’aimait Joseph Mahec, dans le pays de Kervéh qu’il habitait ; aussi vivait-il solitaire dans une cabane délabrée. On disait que le soleil lui-même avait tellement en horreur Joseph Mahec, que jamais il ne projetait ses joyeux rayons sur sa maisonnette enfumée !
Un soir de mars où Joseph Mahec allait pénétrer dans sa cabane, il se sentit tirer légèrement par le pan de son habit. Il se retourna surpris, presque en colère, car il n’était point accoutumé à ces manières. On le fuyait, mais on ne le touchait pas. Derrière lui était un vieillard courbé sous le poids des années et de la misère. Des cheveux blancs, une longue barbe, des traits vénérables prévenaient en faveur de cet inconnu, en dépit de ses pauvres habits. Mais Joseph Mahec n’avait de pitié pour personne. Il regarda à peine cet étranger dont le front avait pourtant un doux rayonnement emprunté sans doute à la résignation de son âme.
— Que me voulez-vous ? demanda-t-il brusquement.
— Assistez-moi, dit le pauvre homme.
Mahec partit d’un grand éclat de rire.
— Est-ce que j’assiste quelqu’un, moi ?… Ne savez-vous pas que l’on m’appelle le Hibou ? Je fais du mal tant que je peux, et jamais de bien à personne. Hors d’ici !
— Mon bon Monsieur, par pitié, dit-il, en joignant ses mains décharnées et tremblantes. Parfois une bonne œuvre peut assurer le salut éternel…
— Je veux la paix, à la fin ! s’écria Mahec. Va-t-en d’ici, ou je te…
— Mon ami, pour l’amour de Saint Joseph, dit encore le pauvre vieux, en retenant doucement le bras de Mahec.
— Ça, c’est différent, dit celui-ci ; saint Joseph, c’est mon patron, comme disent les dévots. J’aime ce saint-là, parce qu’au moins sa place au paradis, il ne l’a pas gagnée en fainéant.
Joseph Mahec tendit à l’inconnu son gros bâton noueux.
— Tenez, dit-il, de sa voix rude, prenez ce penn-baz 1 ; vous n’avez pas les jambes bien solides il servira à assurer votre marche, et si vous rencontrez quelque malfaiteur, vous pourrez vous défendre contre lui.
Le vieil étranger prit le bâton ; son regard s’éclaira d’une douce lueur et un radieux sourire vint à ses lèvres.
— Joseph Mahec, dit-il, Dieu ne laisse pas sans récompense un verre d’eau froide donné en son nom. Au revoir et merci !
Plusieurs années s’écoulèrent. Joseph Mahec mourut. Il mourut comme il avait vécu…
Il revenait à sa cabane ; soudain ses jambes plièrent sous lui. Il voulut appeler, mais aucun son n’arriva à ses lèvres. Par un dernier effort, un cri rauque s’échappa de sa poitrine et ses lèvres articulèrent ces trois mots : « O saint Joseph ! »
Joseph Mahec est transporté dans les régions éternelles. Deux portes s’offrent à ses regards : l’une est sombre et pleine d’horreur, l’autre étincelle des feux de mille pierreries. Le nouveau venu s’en va frapper à la porte étincelante.
— Qui êtes-vous ? demanda le glorieux pêcheur de Galilée, portier du Ciel.
— Joseph Mahec, répondit l’arrivant d’une voix timide.
— Je ne vous connais pas, dit saint Pierre.
Rejeté du paradis, Mahec n’avait d’autre parti à prendre que de frapper à la porte sombre. Il ne pouvait se décider… Or c’était justement le dix-neuvième jour de mars, fête de saint Joseph, que Joseph Mahec avait été jeté de la vie dans l’éternité. Au moment où la main de feu de Satan allait étreindre sa proie, une voix lui dit :
— Arrière, maudit ! Et Mahec vit la douce et placide figure d’un vieillard dont le front était ceint d’un nimbe d’or.
— Que faites-vous là, mon ami ? demanda le Saint à Mahec.
— Saint Pierre me refuse la porte du paradis… alors je vais en enfer…
Le Saint présenta au malheureux pécheur un bâton qu’il tenait à la main.
— Reconnaissez-vous ce bâton ? demanda-t-il.
— C’est le mien, s’écria Mahec.
— Une bonne action n’est jamais perdue. Frappez à la porte du paradis avec ce bâton et saint Pierre vous ouvrira.
Mahec heurta de nouveau à la porte garnie de pierreries avec son bâton, cette fois. Saint Pierre parut.
— Encore vous ? dit l’apôtre. Ne vous ai-je pas dit qu’ici vous n’aviez pas d’amis ?
— J’ai saint Joseph, mon patron, reprit timidement Mahec.
— Saint Joseph est absent…
Mais saint Pierre n’en dit pas davantage. Ses yeux tombèrent sur le bâton que le nouvel arrivant tenait à la main. Une branche de lis d’une admirable blancheur venait de s’y attacher !
— Le bâton de saint Joseph ! s’écria saint Pierre. Entrez, entrez, mon ami ; ici tout le monde obéit à saint Joseph, tout lui est soumis. Entrez et jouissez du bonheur des élus.
Mahec franchit la porte étincelante, et sa voix qui, à la dernière heure, avait su dire ce mot : « Joseph !» se mêla à celle des Bienheureux qui, pour toute l’éternité, répètent ses louanges.
Vous voyez, enfants, ajouta la vieille Yvonne, en arrêtant son rouet, si j’avais raison de vous dire que saint Joseph est le plus grand Saint du paradis. »


samedi 16 mars 2019

Le mur de sucre Auteur : Diethelm, P. Walther

La petite Thérèse était une charmante enfant, aux yeux bleus rayonnants, aux joues roses et aux longues tresses ! Vraiment, on ne pouvait s’empêcher de l’aimer. Disons plutôt : on n’aurait pu s’empêcher de l’aimer, s’il n’y avait pas eu une chose : les mains de cette petite Thérèse ! Ses mains ? Qu’avaient-elles de particulier ? N’étaient-elles pas propres ? Pour sûr, elles l’étaient : sa maman s’en occupait quand elle revenait de l’école ou du jeu et devait se mettre à table. Il fallait alors laver ces mains fort longtemps avec du savon, et même avec la brosse si c’était nécessaire, jusqu’à ce qu’elles fussent propres comme un sou neuf.
Mais il y a avait tout autre chose : c’est que ces mains avaient des doigts trop longs, qui fourraient partout. Ils trouvaient toutes les sucreries de la maison. Hélas, les mains de la petite Thérèse volaient ! Qui l’aurait cru ! Mon Dieu !… tout ce que ces mains avaient déjà attrapé ! Du sucre surtout, et encore du sucre, et toujours du sucre ! S’il y avait eu encore des magiciens et des sorcières, il y a bien longtemps que cette enfant aurait été punie. Ils auraient certainement transformé notre petite Thérèse en un pain de sucre. Mais comme il n’y avait plus de magiciens ni de sorcières, Thérèse volait tant et plus. Elle croquait du sucre par ci, du sucre par là. Elle en croquait à tout moment, en cachette de sa maman.
Combien de fois déjà, sa mère l’avait-elle surprise dans sa détestable gourmandise ! Elle l’avait souvent avertie et punie. Quand on la reprenait, elle pleurait et promettait de se corriger. Pourtant, quelques jours plus tard, les mains incorrigibles avaient de nouveau touché au sucre défendu et la petite bouche gourmande s’en était délectée.
La maman attendait une occasion favorable pour corriger l’enfant de ce vilain défaut. Comme la petite Thérèse allait se préparer à sa première communion, un jour, sa maman la prit à part et lui dit : « Ma chère petite Thérèse, le moment est venu de te préparer à recevoir Jésus. Tu as l’occasion de montrer maintenant ce que tu préfères : Jésus ou le sucre que tu voles. Tu sais, ma chérie, chaque fois que tu ne sais pas surmonter ta gourmandise, tu mets Jésus de côté, tu le repousses. Vois-tu combien c’est honteux, méchant de ta part. Tu sais si bien être une enfant aimante, quand tu le veux ; ainsi, ma petite Thérèse, tu vas surmonter ta gourmandise, afin que le bon Jésus te pardonne, oublie tes vilaines fautes et vienne avec joie dans ton cœur bien préparé. »
C’est ainsi que la maman avait parlé à sa petite Thérèse. Et l’enfant avait mis sa main dans celle de sa maman et avait promis de ne plus être gourmande. Vraiment, Thérèse prit la chose au sérieux et mit tout son cœur à tenir sa promesse.

Pendant longtemps, la petite Thérèse avait été très fidèle, bien qu’elle eût brûlé d’envie de goûter au sucre défendu. Ses mains s’étalent souvent tendues vers l’armoire où il était enfermé. Mais toujours elle les avait retirées à temps, car elle ne voulait pas mettre Jésus de côté.
Tout paraissait bien aller, lorsqu’un jour, le sucrier si tentant se trouva près d’elle. L’eau lui en monta à la bouche si fort qu’elle oublia sa belle promesse. Vite, vite ses petits doigts s’emparèrent de la friandise, le sucre disparut dans la bouche gourmande.
En ce moment la maman entra. Elle ne dit pas un mot, lorsqu’elle vit la petite voleuse devant le sucrier. Mais son regard était si triste, et elle avait l’air de dire : « Oh ! n’as-tu pas honte, mon enfant ? Alors que tu vas bientôt recevoir Jésus. Tu n’as pas pour lui plus d’amour et de bonne volonté que cela ? Thérèse, Thérèse. Où vas-tu ?… »
Comme elle eut honte, la petite Thérèse ! Comme jamais dans sa vie ! Le soir dans son lit, elle ne pouvait se calmer, et, le cœur gros, elle pleurait à chaudes larmes, à cause de se faute. Bien que sa maman ne l’eût pas punie, ni même grondée. Mais elle ne l’avait pas embrassée et ne lui avait pas dit « Bonne nuit ». Cela lui faisait plus de peine que la plus sévère des punitions. Oh ! comme elle souffrait en son cœur !
L’enfant s’endormit enfin, de grosses larmes sur les joues. Et voilà qu’elle eut un rêve. N’était-ce pas son ange gardien qui le lui envoyait pour son bien ? Il connaissait sa protégée et savait que c’était une enfant de bonne volonté, mais faible. Thérèse rêva du jour de sa première Communion, et voici comment :
Sur le chemin de l’église. Thérèse marche toute seule, vêtue de sa robe blanche et portant la couronne de première communiante. Au loin, elle entend sonner les cloches, joyeuses et solennelles, comme aux jours de première Communion. À chaque son, le divin Ami des enfants semble dire : « Mes enfants, je vous attends et je me réjouis de me donner à vous. »
La petite Thérèse entend les cloches et se hâte, car elle ne veut pas être en retard. Elle monte la colline presqu’en courant. De là-haut on peut déjà voir l’église.
La voilà arrivée au sommet. Mais… que se passe-t-il ? Terrifiée, elle s’arrête. Elle regarde à droite. Elle regarde à gauche, elle regarde en face… ! Où donc est l’église ? Elle n’est plus là ! De la tour de l’église les cloches appellent encore, cependant l’église a disparu. Un mur énorme traverse la vallée. Il est si haut, si haut que seule la fine pointe du clocher le dépasse.


Quel méchant mur ! La petite Thérèse se trouve là-devant, ne sachant que faire ! Elle voudrait pourtant entrer à l’église où Jésus l’attend et l’appelle. Inquiète, elle cherche une porte, qui lui permette de passer. Mais elle ne voit aucune porte. Rien ne paraît qu’un mur géant, et derrière lui, les cloches semblent répéter : « Mes enfants. Je vous attends, Je me réjouis de me donner à vous… »
Impuissante, la petite fille reste un instant debout, en face de ce mur. Peu à peu les cloches ont cessé de sonner : tout est redevenu silencieux. Le petite Thérèse se rend compte qu’elle a manqué son jour de première communion. Elle ne recevra pas Jésus comme les autres enfants qui sont à l’église en ce moment.
Une peine profonde emplit son âme. Il lui semble, que son petit cœur doit cesser de battre et qu’elle va mourir de chagrin. Manquer à l’appel de Jésus ! Quel enfant supporterait un tel malheur !
Bientôt les cloches recommencent à sonner. « C’est pour l’élévation, se dit Thérèse. Après l’élévation vient la communion. Alors, tous les enfants peuvent aller à Jésus, tous excepté moi, à cause de ce gros mur qui me barre le chemin. Oh ! le vilain mur ! » Thérèse le regarde de plus près. Il a l’air drôle, ce mur ! Quelles drôles de pierres : toutes sont comme d’immenses blocs blancs et brillants, on dirait qu’ils sont de sucre. Thérèse les tâte… Ils sont de sucre, en effet !
Pauvre, pauvre petite Thérèse ! Elle comprend à présent ; elle est devant le mur qu’elle a elle-même élevé ! Ce qui lui barre le chemin pour arriver à Jésus, ce sont les nombreux morceaux de sucre qu’elle a volés pendant sa vie. Tous ces morceaux réunis sont devenus un grand mur !
À peine, la petite Thérèse a-t-elle vu de quoi il s’agit, qu’elle tremble et pousse un cri. Ce cri est désolé, comme seul le peut être celui d’un grand pécheur qui paraît devant Dieu et apprend qu’il est perdu pour toujours.
À ce cri, la fillette se réveille et se frotte les yeux gonflés par les larmes. Se maman est auprès du lit. Elle a entendu le cri de l’enfant et elle est accourue aussitôt. Qu’a donc son enfant ? Un rêve effrayant peut-être !
Pour calmer sa fillette, elle la prend dans ses bras. Thérèse sanglote ; entre ses sanglots elle essaye de dire sa peine à sa maman. Celle-ci la rassure : « Mon enfant, ce n’est qu’un rêve qui t’a fait peur ! Calme-toi, ce n’est rien. »
La petite Thérèse secoue la tête. « Oh, non ! Maman, ce n’est pas un rêve. Le vilain mur est là. Il me barre la route qui conduit à Jésus. Maman, Maman, tu verras. Je ne prendrai plus jamais du sucre ! Non, plus jamais ! »

En silence, la mère presse l’enfant sur son cœur et remercie le Bon Dieu. Elle comprend que sa petite a reçu une grande grâce.
C’était le vendredi saint. La croix repose sur les marches de l’autel. Le bon Jésus y est suspendu et souffre horriblement. Les premiers communiants en rangs viennent baiser les saintes plaies. Avec quel recueillement et quel respect ils le font, pour consoler le Sauveur souffrant. Après s’être relevés, les enfants s’en vont déposer le billet de leurs sacrifices dans une petite corbeille. Ces sacrifices sont leur offrande de carême. Ils veulent ainsi se préparer avec plus de soin encore au jour de la première communion.
Parmi les petits billets il y en avait un sur lequel on pouvait lire : « J’ai pris le thé sans sucre pendant tout le carême. » C’était le billet écrit par la petite Thérèse.
Comme elle a généreusement combattu son défaut, et par quel sacrifice ! Jésus qui lit au fond des cœurs jette sur la généreuse enfant un regard plein d’amour et, ses mains transpercées se tendent vers elle pour la bénir. D’avance Notre Seigneur se réjouit ; car dans quelques semaines, ce sera la première communion de tous ces chers enfants. La petite Thérèse pourra elle aussi recevoir Jésus, car il n’y aura aucun mur cette fois pour lui barrer la route. Et le Cœur de Jésus s’ouvrira tout grand pour elle, et pour les autres premiers communiants de la paroisse.