mercredi 31 mars 2021

Prière à saint Joseph

 

La Prière de Mgr Michel Aupetit face au Coronavirus « Saint Joseph, daigne implorer pour nous la Miséricorde de Dieu en ce temps d’épidémie que nous connaissons » :

« Saint Joseph,
Homme juste par ta foi,
Tu as été trouvé digne
De recevoir la garde des Mystères du Salut.

Toi qui as su prendre soin de la Vierge Marie,
Et écarté d’Elle tout danger,
Tu t’es fait protecteur du Christ-Seigneur
Dans la vulnérabilité de son Enfance.

Vivante image de la Tendresse de Dieu,
Modèle d’époux et de père,
Tu es le gardien vigilant de l’Église,
Le soutien et le consolateur des familles.

Nous te le demandons avec confiance :
Daigne implorer pour nous la Miséricorde de Dieu
En ce temps d’épidémie que nous connaissons,
Afin que le Seigneur écarte de nous le mal.

Intercède pour ceux qui sont morts,
Réconforte les malades,
Protège et inspire ceux qui les soignent.

Accorde-nous de demeurer dans la confiance et la paix
Et fais que nos cœurs ne se ferment pas aux besoins de nos frères,
Mais demeurent ouverts à la détresse des hommes
Dans un amour de plus en plus sincère et fraternel.

Saint Joseph, prie pour nous,
Garde-nous,
Protège-nous ».

Monseigneur Aupetit, archevêque de Paris

lundi 29 mars 2021

Le plus grand drame du monde

 

Auteur : Mainé, Marie-Colette | Ouvrage : Et maintenant une histoire II, Fêtes de l'année liturgique.

Temps de lecture : 12 minutes

Ce soir-là, les hommes s’étaient endormis, fatigués du jour passé, accablés par une vie sans lumière…

La nuit était calme, belle, recueillie… comme en attente.

Un drame se préparait ! Un drame ? Simple incident pour quelques-uns qui pourtant s’en iraient aux quatre coins du monde réveiller tous les hommes de la terre… un incident qui se répercuterait à travers les âges jusqu’à la fin des temps !

Ce soir-là, les étoiles s’étaient allumées comme d’habitude, et les hommes s’étaient endormis…

Pas tous, cependant !…

* * *

Jérusalem, 12 Nizan (mars-avril), 20 heures.

Une salle sombre, mal éclairée par la tremblotante lueur d’une lampe à huile… La flamme qui danse allume des points d’or aux vêtements des hommes qui discutent. Leurs yeux luisent, perçants…

Les voix se répondent, chuchotantes, lourdes de menaces…

« Oui, ce soir, je sais où « Il » sera… C’est le moment : venez « Le » prendre…

— Mais… nous ne « Le » connaissons pas ; il faudrait… un signe.

— Facile !… Je L’embrasserai. Alors ?… Combien me donnez-vous ? »

Le silence est pesant… Un son clair le rompt ; une main jette des pièces. L’argent tinte sur le marbre… Une fois… Deux fois… Trois fois… Trente fois…

Une autre main, avide, ramasse la somme.

« Merci.… tout à l’heure ! »

* * *

Dans l’oliveraie de la colline.

Le ruisseau coule de roc en roc avec un bruit de soie qui se déchire… Sur le pont, quelques hommes s’avancent, parlant doucement entre eux… Passé le Cédron, le groupe remonte la pente de la colline opposée ; bientôt, les promeneurs atteignent une oliveraie.

Les vieux arbres tordus entremêlent leurs branches. Dans l’ombre, on dirait des diables guettant leur proie.

« Restez ici, je vais un peu plus loin, avec Pierre, Jacques et Jean… »

Le groupe, diminué, s’enfonce sous les troncs noueux la lune est levée, et sur le ciel clair se découpe l’énorme silhouette du temple. Comme elle semble menaçante !

« Je suis triste à en mourir… »

La voix est triste, en effet, presque tremblante ; elle supplie :

« Veillez et priez avec Moi… »

Le Maître s’éloigne… pas loin, et s’abat face contre terre.

Les minutes coulent, lentes… lourdes… lourdes comme le monde.

Par deux fois, le Maître revient vers les autres : déception ! Ils dorment… Et c’est tout seul qu’Il doit lutter contre la peur, contre l’angoisse, contre le poids des péchés de tous les hommes ; Il agonise des heures… seul !

« Père, que votre volonté soit faite et non la mienne ! »

La nuit s’avance ; un bruit confus monte de la vallée. Au détour du sentier, un instant des torches brillent Le Maître a réveillé les disciples. Il a prié : Il est prêt, et avance librement !

Sous les branches, une ombre se faufile.

« Salut, Maître ! »

Un baiser maladroit se pose sur la joue de Jésus.

Alors, de derrière chaque tronc, jaillit un soldat.

Jérusalem, à la mi-nuit.

La ville endormie est très blanche sous la lune ; par-là, des porches font d’effrayants trous d’ombre… On dirait une ville fantôme !…

Un tumulte confus monte d’une ruelle encaissée quelques têtes mal réveillées apparaissent aux fenêtres.

« Que se passe-t-il ? »

Un détachement paraît… Vaguement, à la lueur des torches, on aperçoit une haute silhouette durement ligotée…

« C’est Jésus de Nazareth !… On L’a arrêté !…

— Pas possible !… Il n’a rien fait de mal !…

— On dit que c’est un agitateur… Un homme dangereux… Un faux prophète…

— Que vont-ils faire de Lui ? 

— Ah ! ça… on ne sait pas…

* * *

13 Nizan, aux premières heures de l’aube.

Hiératique sous sa tiare, Caïphe, le Grand Prêtre, siège au Sanhédrin ; à droite et à gauche sont assis quelques membres du Grand Conseil, réunis en hâte (les plus sûrs !). Avec des yeux mauvais, ils contemplent l’Accusé…

Au centre de la salle en demi-cercle, Celui-ci se tient droit, calme… Malgré ses vêtements en désordre et ses mains liées, Il semble dominer la situation…

Caïphe le sent, cela l’agace… De plus, l’audience ne marche pas selon ses désirs. Bien sûr, le jugement est rendu d’avance ; encore faut-il trouver une astuce pour le rendre valable… Depuis un bon moment, les témoins se succèdent, vrais ou faux, cela importe guère ; le plus ennuyeux, c’est qu’ils se contredisent à chaque mot…

Caïphe s’impatiente : c’est inepte !… La scène menace de tourner au ridicule, tellement on la sent fausse… voulue… préparée… Les Sanhédrites eux-mêmes semblent gênés ; déjà, l’un d’eux, plus maladroit, a fait remarquer que cette réunion est illégale, la loi interdisant les jugements rendus la nuit.

Caïphe descend de son siège et s’approche de Jésus.

« Eh bien ! Tu as entendu ce qu’ils viennent de dire contre Toi ? Allons, réponds… »

Jésus se tait.

Le Grand Prêtre s’irrite de plus en plus… jamais il n’a vu un tel accusé ; ce jeune homme dont les yeux semblent voir très loin le met hors de lui… Ma parole ! on dirait qu’il y a une nuance de pitié dans ce regard !… Caïphe se sent grotesque ; décidé, il remonte sur son siège : il va jouer le grand jeu ! Grandiloquent, il clame d’une voix forte

« Je T’adjure, au nom du Dieu Vivant, de nous dire si Tu es le Christ ! »

L’instant est solennel… Interrogé au nom du Dieu Vivant l’Accusé ne peut se dérober ; du reste, Il ne le veut pas.

« Tu l’as dit : Je le suis ! »

Caïphe bondit. Ça y est ! Il tient son prétexte.

« Vous avez entendu ? Qu’avons-nous besoin de témoins ?… Il a blasphémé… »

Les autres se lèvent, crient, déchirent leurs vêtements, se voilent le visage…

« Vous avez entendu ?… Que vous en semble ? Il mérite la mort !… »

* * *

3 Nizan, Forteresse Antonia, au petit jour.

« J’y vais… »

La réponse a claqué, sèche…

Il n’est pas content, le procurateur impérial ! Que lui veulent encore ces juifs turbulents ?… Décidément, il ne sera jamais tranquille !…

Une importante foule se presse sur le terre-plein. Bien sûr, aucun juif ne veut se souiller en mettant le pied dans la maison d’un païen : il faut que lui, Pilate, se rende sur la terrasse. Ah ! ce n’est pas toujours drôle d’occuper Israël !…

Les Sanhédrites s’expliquent… Pilate discerne mal leurs accusations, une affaire de religion sans doute… ces juifs sont tellement pointilleux !

« Prenez-Le donc, et jugez-Le selon votre loi !

— Tu sais bien que nous n’avons pas le droit de condamner à mort… »

Acerbe, la riposte jaillit. Caïphe souffre assez de la dépendance de son pays, mais il veut obtenir la condamnation. Cet homme met le désordre dans la nation… Il se fait passer pour le libérateur…

Aïe !… Ceci est plus grave et mérite examen. Rentré dans le prétoire, Pilate se fait amener l’Accusé. Tout à l’heure, il L’a à peine regardé ; maintenant, ils sont face à face.

Observateur, le procurateur note : les habits déchirés, les meurtrissures du visage… Peste ! ils l’ont bien arrangé leur libérateur ; lui, Pilate, le trouverait plutôt sympathique ce jeune homme ; Il est calme, digne, modeste de tenue, pas bien riche sans doute ; Il a des mains d’ouvrier. Et des yeux… mais qu’est-ce qu’ils veulent dire, ces yeux ? Sous leur rayonnement, Pilate se sent mal à l’aise… Brusque, il attaque :

« Ainsi, tu es roi ?

— Dis-tu cela de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de Moi ?

— Je ne suis pas juif, moi !… On T’accuse… Qu’as-Tu fait ?

— Mon royaume n’est pas de ce monde… Je suis venu sur terre pour rendre témoignage à la Vérité… »

Pilate s’attendait à tout… sauf à cette réponse. Dehors, la foule gronde ; le procurateur sort, faisant signe au prisonnier de le suivre. Dès qu’ils paraissent, c’est une explosion de cris : les meneurs ont bien travaillé. Le procurateur se tourne vers Jésus, mais Celui-ci ne tente même pas de se défendre ; jamais on n’a vu pareille chose ! Jamais non plus un homme n’a été couvert de tant de haine.

Le temps passe. Pilate cherche à sauver cet accusé pas comme les autres, mais toutes les tentatives du procurateur échouent : Hérode, à qui il avait envoyé Jésus, Le lui renvoie, vêtu de la robe des fous…

Une confrontation avec Barabbas, un triste individu dont on ne compte plus les mauvais coups, a tourné au tragique : la foule, complètement folle, il n’y a pas d’autre mot, a choisi le criminel.…

Une explication en particulier avec les Sanhédrites n’a amené qu’une menace directe de Caïphe.

« Cet homme est un ennemi de l’État ; si tu Le libères, c’est que tu n’es pas l’ami de César ! »

Hé ! c’est qu’il est bien capable de faire un rapport à Rome, le vieux renard !… Il faut prendre garde : la place est bonne… L’atmosphère s’échauffe… L’incident tourne en émeute.

Un cri perce, s’élève, s’enfle, domine tout :

« Crucifiez-Le ! »

* * *

13 Nizan, 11 heures, même lieu.

On vient de flageller l’Accusé. Il est là, titubant, saignant, déchiré… Pas une parole de pitié ne vient de ces hommes au cœur dur…

Pilate s’est assis. Les cris s’apaisent… Une minute le silence plane, terrible, plein de haine, plein d’angoisse…

La sentence légale tombe, nette comme un coup de glaive

« Tu iras en croix ! »

Une horrible clameur de joie monte… Du geste, Pilate la domine.

« Je suis innocent de la mort de cet homme, vous en répondrez. »

Un instant de stupeur… La menace est grave ; mais vite, un cri jaillit, repris en chœur par la foule :

« Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! »

* * *

13 Nizan, dans les rues de Jérusalem.

Comme à chaque veille de Sabbat, la ville est animée, les passants crient, se bousculent :

« Place ! »

Un centurion à cheval écarte les badauds.

« Des condamnés à mort ! »

Entre deux files de soldats, trois hommes avancent péniblement ; ils ont au cou la pancarte portant le motif de leur condamnation ; et sur leurs épaules, on a lié la lourde poutre qui servira à les crucifier ; sous le poids, ils vacillent, épuisés déjà par le supplice de la flagellation ; ils ont peine à avancer. Oh ! ces rues de Jérusalem, avec leurs cailloux, leurs marches inégales, leurs détritus glissants… A chaque instant, les prisonniers butent. Gare s’ils tombent ! c’est la pique des soldats qui les relève… Et la foule de rire, de se moquer, d’insulter… Prestes, les gamins se faufilent, des pierres en main…

« A moi le premier !

— Vise bien !… Qu’est-ce qu’Il a sur la tête ? Un fagot ?

— Penses-tu, C’est une couronne ! Tu n’as pas vu sa pancarte : « roi des juifs ! »

— Saluez ; voilà le roi qui passe ! »

* * *

13 Nizan, midi, sommet du Calvaire.

Le soleil de midi tombe implacable ; les condamnés sont arrivés au lieu du supplice. Le centurion ordonne :

« Commencez… Celui-ci, d’abord. »

Deux bourreaux s’emparent de Jésus, arrachent sa tunique collée aux plaies, L’étendant à même le sol, les épaules sur la poutre… On tire sur les bras…

« Donne le marteau, j’ai les clous… »

C’est vite fait ! Le bourreau connaît son métier. Un aide maintient le bras bien à plat sur le bois ; l’exécuteur pique le clou dans le pli du poignet. Trois coups de marteau ça y est ! Simple, mais… horrible à subir…

Les deux mains fixées, les gardes soulèvent la poutre, tirent sur les mains clouées, on accule le Supplicié contre le poteau vertical de la croix, puis, d’un grand geste, les hommes soulèvent la poutre… la fixent.

On plie les jambes, les pieds l’un sur l’autre ; un troisième clou… Fini !

* * *

3 Nizan, 3 heures même lieu. 

Sur le bois, le Condamné agonise ; tout son corps écartelé se crispe de souffrance… Il étouffe… Cela dure depuis trois heures !… Lentement, Il prend appui sur la plaie de ses pieds, se dresse, millimètre par millimètre ; Il allège l’atroce tension des bras, Il reprend haleine… C’est affreux à voir !

« J’ai soif ! »

Sept fois, Il parle ainsi.

Un à un, les Sanhédrites ont quitté la place, gênés, honteux. Cette exécution est par trop étrange, on dirait que tout s’en mêle ; l’atmosphère est étouffante, le ciel bas : on n’y voit plus ; seuls quelques rayons livides éclairent la scène…

Sur le Calvaire, près des gardes, il n’y a maintenant qu’un tout jeune homme, et un groupe de femmes : des amis… la mère !

Les cris de haine se sont tus ; on n’entend que le souffle haletant des suppliciés et le léger cliquetis que font les soldats en jouant aux dés. Eux aussi sont inquiets, ils parlent bas.

« Regarde, le ciel est de plus en plus noir…

— Je n’ai jamais vu cela.

— « Il » n’en a plus pour longtemps. »

Un grand cri traverse l’angoisse qui plane.

« Tout est consommé ! »

Quelques secondes, terriblement longues.

« Père, Je remets mon âme entre vos mains. »

Un soupir, le dernier : la tête tombe, le corps se fige, le plus grand drame du monde est achevé.

Les hommes sont rachetés !

https://www.maintenantunehistoire.fr/le-plus-grand-drame-du-monde/

 

samedi 27 mars 2021

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 11, 1-10

 (Récit de l’entrée à Jérusalem)

Lorsqu’ils approchent de Jérusalem, vers Bethphagé et Béthanie, près du mont des Oliviers, Jésus envoie deux de ses disciples et leur dit : « Allez au village qui est en face de vous. Dès que vous y entrerez, vous trouverez un petit âne attaché, sur lequel personne ne s’est encore assis. Détachez-le et amenez-le. Si l’on vous dit : “Que faites-vous là ?”, répondez : “Le Seigneur en a besoin, mais il vous le renverra aussitôt.” » Ils partirent, trouvèrent un petit âne attaché près d’une porte, dehors, dans la rue, et ils le détachèrent. Des gens qui se trouvaient là leur demandaient : « Qu’avez-vous à détacher cet ânon ? »Ils répondirent ce que Jésus leur avait dit, et on les laissa faire. Ils amenèrent le petit âne à Jésus, le couvrirent de leurs manteaux, et Jésus s’assit dessus.

 Alors, beaucoup de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin, d’autres, des feuillages coupés dans les champs. Ceux qui marchaient devant et ceux qui suivaient criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !

  Béni soit le Règne qui vient, celui de David, notre père. Hosanna au plus haut des cieux !»

 Quiz biblique: Jésus monte glorieusement à Jérusalem

 1) Un dimanche avant la Pâque, moins d'une semaine avant sa crucifixion, Jésus fit sa grande entrée publique à Jérusalem en tant que Messie. Il a été accueilli par les acclamations et l'adoration d'une multitude de personnes. Comment Jésus a-t-il obtenu l'ânon qu'il a fait monter à Jérusalem?

 A- Il a emprunté le poulain à un homme qui passait sur la route.

B-  Il a dit à ses disciples de regarder derrière une grange voisine et ils trouveraient un poulain.

C-  Il a envoyé deux disciples à Jérusalem pour le poulain.

D-  Il a envoyé deux disciples dans un village pour le poulain.

 2) Qu'est-ce que le peuple a fait pour accueillir Jésus alors qu'il montait à Jérusalem?

 A-  Ils ont dansé et chanté.

 B- Ils ont eu un festin pour célébrer l'arrivée de Jésus.

C-  Ils ont allumé des feux de joie pour saluer Jésus.

D-  Ils étendent des branches de palmiers sur la route devant Jésus.

 3) Qu'est-ce que le peuple a fait comme signe qu'il considérait vraiment Jésus comme son roi?

 A- Ils étendent leurs vêtements sur la route devant Lui.

B- Ils s'inclinèrent bas alors qu'il passait.

C-  Ils ont jeté des pièces sur la route devant le poulain de Jésus.

D-  Ils ont crié: "Jésus est le roi!"

 4) Lorsque Jésus est entré à Jérusalem, le peuple a crié, _______.

 A-  "Seigneur, Fils de David, aie pitié de nous!"

B-  "Crucifie-le!"

C-  "Vraiment, ceci est le fils de Dieu!"

 D- "Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur, Hosanna au plus haut!"

 5) Quelle fête chrétienne est une célébration de l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem?

 A-  Mercredi des Cendres

B-  Pâques

C-  Dimanche des Rameaux

D-  Saint-Patrick

Petit commentaire

 La Semaine Sainte commence avec le Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur, qui célèbre l’entrée de Jésus à Jérusalem où il va vivre sa Passion et sa Résurrection. Cette année encore, nous agiterons nos rameaux mais au nom de qui, au nom de quoi ?

 Le Dimanche des Rameaux permet aux fidèles de revivre un événement précis et marquant : les derniers jours de la vie du Christ. Selon l’Évangile, Jésus serait entré dans Jérusalem sur un âne. Une foule nombreuse l’attendait.   Dès sa venue elle l’acclamait en  déposant des vêtements et en agitant des branches ou des palmes, des rameaux et en criant : Hosanna.

 C’est en mémoire de ce jour que les catholiques portent des rameaux (de buis, oliviers, lauriers ou palmiers, selon les régions. Ces rameaux, une fois bénis, sont tenus en main par les fidèles qui se mettent en marche, en procession : marche vers Pâques du peuple de Dieu à la suite du Christ.

 Jésus entre à Jérusalem porté par un âne. Nous portons entre nos mains ces rameaux signe de notre attachement à cette fête, signe de notre attachement à Jésus. Dans ce récit de l’entrée à Jérusalem, je suis toujours attaché à ce petit âne. Il porte Jésus. J’y vois trois mots qui caractérisent ce petit animal : humilité, paix et courage.

 Humilité : le Seigneur en a besoin et il s’est laissé détacher, il s’est laissé conduire. Il était surement très bien là où il était avec son ânon. Il s’est laissé monter par Jésus. Jésus a toujours besoin de moi, et c’est humblement que je peux me rendre disponible. Comme dans le récit de la nativité, il a conduit Marie et Joseph à Bethléem. Présent à la naissance de l’enfant. C’est dans l’humilité et la simplicité du service quotidien que je peux naitre à la présence de Jésus et le porter.

 Paix : Beaucoup de personnes ou de poètes ont parlé des ânes. Francis Jammes parle de l’âne « si doux ». C’est tout naturellement que les enfants sont attirés par ces petits animaux. On voit rarement un âne au grand galop, dans les champs, comme des chevaux pur-sang. Ils trottinent paisiblement. Un âne a conduit aussi la Sainte Famille en exil pour fuir la fureur d’Hérode et préserver la Vie. Préserver la Vie, construire la paix à tout prix, c’est cela porter Jésus comme le petit âne.

 Courage : Il avance au milieu de la foule, avec Jésus sur le dos, au milieu de cette foule qui s’agite qui crie. Paisiblement, il avance. Comme en montagne, il saura poser les pattes où il faut, avec simplicité, assurance et détermination. Il conduit Jésus vers cette étape ultime de sa vie terrestre. C’est toujours avec courage, au milieu des agitations de ce monde, que le chrétien, ami de Jésus le porte avec courage. Porter Jésus, la charge peut nous paraitre lourde à certains moments, quand je manque d’humilité, de paix et de courage. Alors si je ploie sous la charge, je porte mon regard sur la croix de Jésus à laquelle je vais attacher ces rameaux et je me laisse porter par Jésus, il saura me conduire aux sources de la Vraie Vie. 

 

Prière pour le dimanche des Rameaux

 


Seigneur, aujourd’hui commence la Semaine Sainte.

Je ne veux pas que cette semaine ressemble à n’importe quelle autre semaine de l’année.

Je ne veux pas demeurer indifférent aux mystères de ta passion et de ta mort.

Seigneur, je veux être là avec la foule pour te louer et pour te glorifier.

Je ne veux pas être seulement un spectateur.

Tu es vraiment le Roi qui vient au nom du Seigneur !

Aujourd’hui, dimanche des Rameaux, tu entres triomphalement à Jérusalem,

accompagné des acclamations de la foule.

Tu mérites ma louange pour toutes les grandes choses que tu as faites et que tu fais encore.

Tu mérites ma reconnaissance éternelle pour tout ce que tu as fait pour moi.

Seigneur, montre-moi ta gloire !

Que je te loue comme le peuple l’a fait en ce premier dimanche des Rameaux.

 Accorde-moi ta grâce, que je chante sans cesse tes louanges

non seulement par mes mots mais également par mes actions.

mercredi 24 mars 2021

Le Seigneur vient…


Un matin d’hiver, le crieur public parcourt les ruelles du village, en sonnant dans sa corne. Au nom d’Hérode, il promulgue, en araméen, l’édit d’Auguste ordonnant le recensement. Ici comme en Égypte, l’inscription se fera dans la ville d’origine. C’est là qu’avec grand soin sont conservées les généalogies. Le charpentier et Marie devront donc gagner Bethléem, patrie de David leur ancêtre. Joseph, comme chef de famille, Marie comme fille unique et héritière de Joachim. Long et pénible déplacement (quatre à cinq jours de marche) pour de pauvres artisans ! Mais tous deux savent que Dieu se sert des hommes, de leurs folies et de leurs crimes pour réaliser ses desseins. Or le prophète Michée (v. 2) n’a-t-il pas annoncé que le Messie naîtrait à Bethléem ?

L’âme meurtrie mais calme, Joseph prépare tout. Dans la double besace de l’âne — le petit âne gris, sobre et vaillant, de tous les foyers populaires — il range d’un côté ses outils, de l’autre les langes, les provisions. Marie prendra place en arrière du bât. Et ils partent, par la plaine d’Esdrelon, l’inhospitalière Samarie. Routes noires de chars, de chameaux, encombrements. Au nord du Jourdain, les chemins noyés de pluie ressemblent à des affluents du fleuve. Ciel brumeux et bas. Joseph, la bride de l’âne dans sa main, suit, ses vêtements maculés de boue, le bord du chemin, se garant des bruyants attelages.

Les voici à Jérusalem. Bethléem n’est plus qu’à neuf kilomètres. La petite cité de David, en bordure du désert, sur un éperon calcaire au-dessus d’une cuvette à blé qui lui valut le nom de « maison du pain », étage ses maisons cubiques aux blanches terrasses.

Sur une colline voisine plus élevée, Hérode s’est fait construire un tombeau royal où l’on accède par d’immenses escaliers. Au bord du chemin, au pied de la colline de Bethléem, une modeste stèle rappelle que là mourut Rachel.

Sur les pentes, des vignes dont les ceps noirs rampent sur le sol ; champs d’amandiers, de figuiers, d’oliviers au feuillage argenté, enclos de petits murs. Ici et là des tours de cailloux où les paysans, l’été, guettent les voleurs, les chacals et les vols de moineaux.

« Où trouverons-nous un logement, en cette bourgade envahie d’étrangers ? » pensait Joseph. La confiance en la Providence ne dispense personne de prévoir. Les deux voyageurs ont-ils quelques lointains parents à Bethléem ? Peut-être. Mais la pauvreté fait oublier les parentés, même en Orient où on a pourtant le culte de l’hospitalité. Et puis les maisons doivent déjà être occupées par les proches parents des habitants. Les meilleures sont réquisitionnées par les fonctionnaires du légat Quirinius et par ceux d’Hérode… N’ayant rien trouvé ailleurs Joseph se dirige vers le caravansérail, le Khan, qui est au bas de la colline. C’est une enceinte carrée entourée de murailles le long desquelles on a ménagé quelques chambres sommaires. Nulle de ces chambres n’est disponible. Reste la cour centrale, où sont parqués ânes et chameaux, et les galeries couvertes où s’entassent les voyageurs. Impossible de s’installer en une pareille mêlée…

On remonte lentement vers la petite ville, parmi les éventaires des marchands ambulants autour desquels se pressent les Bethléémites à la haute stature, la tête enveloppée d’un turban blanc. Les femmes, sveltes et fières, portent des chemises bleues brodées, des tuniques rouges. De leurs coiffes pointues des voiles blancs tombent jusqu’à la ceinture.

Joseph, guidé peut-être par quelque habitant compatissant, gagne à 200 pas hors du rempart, une de ces grottes naturelles, creusées dans le calcaire, qu’on utilise comme étables. Les mendiants errants y dorment parfois.

Aussitôt arrivés, les deux jeunes époux ayant lavé leurs pieds, leurs mains, leur visage, mis un peu d’ordre dans l’étable, prennent leur repas du soir. Paix. Joie. Bonne humeur.

La petite lampe à huile brille comme une veilleuse. L’étable est moins froide que la cour de Khan. Surtout, ici, règne le silence, le divin silence.

La prière dite en commun, Joseph installe Marie sur un lit de paille et de roseaux. Enveloppé lui-même dans son manteau, ses outils à côté de lui, il s’étend sur le sable, tandis que l’âne broute le foin et les fleurs sèches de la crèche.

Et c’est là, dit la liturgie, au milieu de la nuit, dans le silence universel, que le Verbe vint au monde. Et Marie ayant enveloppé l’enfant de langes, le déposa dans la crèche d’argile. Le bœuf et l’âne, pliant alors les genoux, vinrent appuyer leur tête sur le bord de cette crèche, et la remplirent du souffle tiède de leurs naseaux, comme s’ils avaient compris que cet enfant si pauvrement couvert avait besoin d’être réchauffé par un si grand froid.

Sa mère, à genoux, l’adorait… Joseph vint aussi l’adorer et prenant la selle de l’âne, il en détacha le coussin et le plaça près de la crèche pour servir de siège à la souveraine. La Sainte Vierge s’y assit…

D’après A. Bessières s. j.,

Présence de saint Joseph (Éd. Lethielleux, Paris).

https://www.maintenantunehistoire.fr/le-seigneur-vient/

samedi 20 mars 2021

La petite graine qui veut voir le jour.

Il était une fois une petite graine, endormie sous la terre, loin, bien loin du soleil et du vent.

            Un matin de petite brume, encore bien loin sous terre, elle est tout à coup éveillée par un très grand silence, un très grand calme. L’un de ces silences qui vous remplit de paix et vous ouvre à la vie. Un silence qui vous appelle pour vous dire que la vie est belle.

            Notre petite graine tente de s’étirer. Elle sent le désir de se mettre en route, de partir en voyage. Elle essaie un mouvement mais elle est comme prisonnière, impossible de bouger. Toute fragile, elle prend peur : serai-je jamais capable de sortir de cette enveloppe si dure ? Serai-je jamais capable de soulever le poids de la terre ? Comment vais-je trouver mon chemin à travers cette obscurité ?

            Le découragement la guette. Inquiète, anxieuse, elle reste immobile, entourée d’une terre sèche et aride. Elle tente alors de se rendormir. En vain, car maintenant elle a vraiment besoin de grandir et de rencontrer la lumière.

            Bien vite, notre petite graine réalise qu’elle ne peut pas compter que sur ses propres forces. Elle a besoin d’aide. Aussi, avec sa fragilité, elle s’abandonne à tout ce qui vit autour d’elle. Elle écoute le silence et apprend la patience.

-           Je vais attendre, se dit-elle.

Tout à coup, retentit un bruit sourd : « Boum… ! Boum … ! » Inquiète, elle entend alors une petite voix lui dire :

-           Bonjour ! Je suis une graine de sapin. Je suis en train de grandir. Et toi, que fais-tu ? Attends-tu quelque chose ?

-           Oui, répond notre petite graine, je voudrais me libérer, percer mon enveloppe, monter, monter pour naître à la lumière, connaître la liberté. Mais tout cela est trop lourd et trop dur. Je ne sais pas comment me relever. Alors, j’attends.

-           Ah oui, tu as raison, il faut attendre la pluie. Ton terrain est sec et dur comme un désert. Tu ne peux ni sortir, ni grandir. Il te faut la pluie, il te faut de l’eau. Heureusement, l’eau vient toujours, chacun a l’occasion d’en profiter lorsqu’elle vient. Si tu sais l’accueillir, elle te donnera sa vie. Et là, où tu veux aller, elle te portera. Elle t’apprendra à danser et à rire avec toutes les fleurs voisines. Elle te communiquera ses torrents de joie à partager. Elle te donnera la douceur et la beauté à répandre autour de toi. Alors sois patiente ! Apprête-toi à la recevoir lorsqu’elle viendra.

-           Mais dis-moi, gentille graine de sapin, toi qui sais tant de choses, quand et jusqu’où vais-je grandir ?

-           On ne sait jamais l’heure ni le jour. Tu as déjà commencé à grandir sans t’en rendre compte. Et cela ne finit jamais. La vie continue toujours. Tel est le mystère de la vie. A toi de la saisir et de la partager autour de toi.

Mais voilà que nos deux graines tendent l’oreille. Quelque chose de particulier est en train de se passer… Toc ! Toc ! Toc ! C’est le bruit de la pluie qui tombe. Notre petite graine qui a envie de grandir va enfin percer au grand jour. Elle va s’ouvrir à la vie…

 D’après l’ouvrage collectif, Ta Parole est un trésor,

Ed. Tardy La diffusion catéchétique Lyon.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 12, 20-33

L’approche de la dernière Pâque: Jésus annonce la venue de son Heure.

 En ce temps-là, il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque. Ils abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et lui firent cette demande : « Nous voudrions voir Jésus. »  Philippe va le dire à André, et tous deux vont le dire à Jésus.

 Alors Jésus leur déclare : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié.  Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.  Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle.  Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera.

 Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! »

 Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. »

En l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : « C’est un ange qui lui a parlé. »  Mais Jésus leur répondit : « Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix, mais pour vous.  Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors ;  et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. »

 Il signifiait par- là de quel genre de mort il allait mourir.

Méditer

 1- D'après le discours de Jésus, quel chemin emprunter pour le "voir" ?

2- Qu'est-ce qui rend ce chemin praticable ?

3- Qui, en fait, a l'initiative de la mise en route ?

4- Pour quelles raisons le Christ attire-t-il à lui tous les hommes ?

5- Qu'a-t-il à leur offrir en partage ?

6- Qu'est-ce qui nous est (re)dit de la relation du Christ à son Père ?

7- En quoi sommes-nous concernés ?

8- Est-ce que, personnellement, je me découvre appelé à la vie par le Christ, engendré comme enfant de Dieu ?

9- Ensemble, là où nous sommes, comment participons-nous à la mission confiée à l'Église ?

5e dimanche du Carême B Contempler le Crucifié

 Par son obéissance, sa souffrance, son amour et sa mort sur une croix, le Christ est devenu cause de salut éternel. Ses disciples ont à fixer souvent leur regard sur lui en implorant Dieu pour être éclairés, inspirés, guidés et aidés afin de vivre déjà de sa vie de Ressuscité.

 Commentaire

 La comparaison du grain de blé qui tombe en terre aide à comprendre, dans l'enseignement de Jésus, le paradoxe de la vie : la donner c'est mourir à soi pour porter du fruit, la garder pour soi c'est rester tout seul. La vie éternelle est synonyme du Royaume. Le seul moyen d'y entrer est de mourir comme le grain de blé tombé en terre.

 L'Évangile d'aujourd'hui donne à la mort un sens particulier. La mort est un instrument pour communiquer avec Dieu,  pour accéder à la vie éternelle. C'est dans cette perspective, c'est  pour être en tout temps proche de tous les humains, que Jésus a accepté d'aller à la mort. Aujourd'hui même des hommes et des femmes acceptent de mettre leur vie en jeu pour que les droits de l'homme soient partout respectés, et pour que l'esprit de paix l'emporte réellement.

 Il ne peut y avoir ni communication, ni échange, ni même vie, sans ce don que le grain de semence fait de lui-même. La communication ne s'obtient pas sans effort; elle nous change; elle peut même nous épuiser. Elle abaisse les barricades qui cernent notre moi; elle nous rend plus réceptifs, plus vulnérables aussi il est vrai. C'est pour que nous établissions une relation avec autrui que la vie nous a été donnée. Cette voie-là, notre Dieu l'a tracée; c'est en nous engageant sur elle que nous trouverons le sens de notre présence dans ce monde.

 Pourquoi faut-il mourir comme la graine pour porter du fruit? L'image dans la bouche de Jésus est claire. Mais, dans la trame de nos vies, à quelle vérité sommes-nous renvoyés? Comment maintenant parler de mort qui fait grandir dans un temps de guerre? Sans avoir de réponse définitive, il faut accueillir ce mystère en regardant dans la foi et l'amour l'histoire personnelle de Jésus. 

Serge Lefebvre d'après diverses sources

 

jeudi 18 mars 2021

Contes, légendes, fables et histoires.

 La vérité est comme le soleil. Elle fait tout voir et ne se laisse pas regarder. Victor Hugo.

Le grain de blé, Léon Tolstoï (Conte)

Une troupe d’enfants jouait aux bords d’un fossé ; l’un d’eux aperçut une chose qui ressemblait à un grain, mais si grosse qu’elle atteignait presque la dimension d’un œuf de poule. Les enfants se passaient ce grain de main en main et le regardaient curieusement ; un homme vint à passer et le leur acheta pour quelques kopecks ; cet homme allait en ville, et il vendit cet objet à l’empereur, comme curiosité.

 Les savants furent convoqués auprès du tzar pour analyser cet objet et dire si c’était une graine ou un œuf. Ils s’armèrent de leurs lunettes de microscopes et d’autres ustensiles ; leurs recherches furent vaines. On posa cette chose sur le rebord d’une fenêtre. Les poules qui picoraient par- là vinrent y donner des coups de bec et y firent un trou. C’était donc un grain, et facile à reconnaître, puisqu’il y avait un sillon au milieu ; alors les savants déclarèrent que c’était un grain de blé. L’empereur s’étonna, et commanda aux savants d’étudier pourquoi ce grain était si beau, et pourquoi on n’en voyait plus de pareil. Les savants consultèrent leurs livres, leurs dictionnaires, leurs in-octavo, sans résultat. – Sire, dirent-ils à l’empereur, les paysans seuls pourront vous renseigner au sujet de ce grain, ils ont peut-être entendu leurs anciens en parler.

 On amena à l’empereur un paysan très vieux, sans dents, avec une grande barbe blanche ; deux béquilles le soutenaient. Il prit le grain, mais il y voyait à peine ; il le tâta, le soupesa. – Que penses-tu de cette graine, petit père ? lui dit l’empereur. En as-tu vu de semblables dans ta vie ? À quoi peut-elle servir ? As-tu vu en semer, en récolter ? Le vieux, qui était presque sourd, ne comprit pas l’empereur ; il répondit : – Jamais je n’ai acheté de grain pareil ; jamais je n’en ai vu semer. Le blé que j’achetai était toujours très petit. Mon ancien peut-être vous l’apprendra, il a peut-être vu la plante qui donne cette graine. L’empereur fit appeler le père du vieillard. Il arriva avec une seule béquille, il y voyait encore assez bien, sa barbe n’était que grise ; l’empereur lui passa le grain ; il le considéra attentivement. – Dis-moi à quoi est bon cette graine, petit père, lui dit l’empereur, et en as-tu vu planter depuis que tu travailles, et as-tu vu les autres en récolter dans leurs champs ? – Non, répondit le vieillard ; je n’ai jamais vu ni acheté de graines de cette sorte, car, de mon temps, on ne se servait pas encore d’argent. Nous nous nourrissions alors du pain de nos récoltes, et nous en donnions à ceux qui n’en avaient point. Mais je ne connais pas cette graine. Je me rappelle, pourtant, avoir entendu dire à mon père que de son temps le blé poussait mieux et produisait de plus gros grains. Il faut questionner mon père. Et on alla quérir le père de ce vieillard. Celui-ci était droit et vigoureux, il arriva sans béquilles, ses yeux étaient vifs, il parlait très nettement, et sa barbe était à peine grise. L’empereur lui montra le grain ; le vieillard le prit et le regarda longtemps. – Comme il y a du temps que je n’ai vu de grain pareil ! dit-il. Il porta la graine à sa bouche, la goûta et continua : C’est bien cela, c’est de la même sorte. – Tu connais donc cette graine, petit père ? dit l’empereur. Où pousse-t-elle et en quelle saison ? En as-tu semé et récolté toi-même ? – Quand j’étais jeune, dit le vieillard, nous n’avions pas d’autre blé que de celui-là, nous en faisions notre pain de chaque jour. – Vous l’achetiez ou le récoltiez ? demanda encore l’empereur. – Autrefois, reprit le vieillard en souriant au souvenir de son jeune temps, on ne commettait pas le péché d’acheter ou de vendre le pain. On n’avait jamais vu d’or, et chacun avait autant de pain qu’il en voulait. – Où était ton champ, petit père, et où poussait de pareil blé ? – Mon champ, empereur, c’était la terre que Dieu nous a donnée à tous pour la cultiver. Alors, la terre n’appartenait à personne, elle était à tous ; chacun labourait ce qu’il lui fallait pour vivre, et mon champ, c’était le sol que je labourais. Personne ne disait « le tien, le mien, ma propriété, celle du voisin ». Nous récoltions le fruit de notre travail et nous nous en contentions. L’empereur ajouta : – Apprends-moi encore, vieillard, pourquoi le blé est si petit aujourd’hui et pourquoi il était si beau autrefois. Dis- moi encore pourquoi ton petit-fils marche avec deux béquilles, ton fils avec une seule, et pourquoi tu es encore vert et vigoureux malgré ton grand âge. Tu devrais être le plus cassé des trois, et tu es le plus alerte. Tes yeux sont clairs, tu as tes dents, et ta voix vibre comme celle des jeunes hommes de ce temps. Pourquoi es-tu ainsi, petit père ? Le sais-tu ?

 – Oui, je le sais, empereur. Aujourd’hui les hommes s’usent à désirer plus qu’ils n’ont besoin ; ils sont jaloux et envieux les uns des autres. J’ai vécu dans la crainte et le respect de Dieu, et n’ai possédé que ce qui était à moi par mon travail, sans avoir jamais l’idée de vouloir le bien de mon prochain.

 Léon Tolstoï (1828-1910), écrivain russe.

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