lundi 30 janvier 2023

La Présentation du Jésus au Temple

 



40 jours après Noël, Joseph et Marie se sont agglutinés au cortège compact de ceux qui, patiemment, piétinent en attendant de franchir la porte monumentale du Temple. Cela donne au moins le temps de s’émerveiller. Songer que la surface du Temple couvre plus de 14 hectares. Songer que l’enceinte extérieure mesure au nord 320 mètres ; au sud, 280 ; à l’est, 485 ; à l’ouest, 515.

Joseph et Marie ont enfin franchi la porte monumentale. Ils se sont perdus dans le labyrinthe des parvis et des enceintes. Tout cela est colossal, écrasant, bouleversant.

Ils s’avancent, ces petites gens de Nazareth, humbles comme toujours, prêts à demander pardon à ceux qui les heurtent. La règle veut que l’on apporte aux prêtres un agneau que l’on sacrifiera. Si l’on est trop pauvre, deux tourterelles suffisent. Joseph les a achetées à l’entrée.

Dans les bras de Marie, le bébé dort. Mais pourquoi, parmi ces milliers de fidèles qui les entourent, un vieil homme, en les voyants, sursaute-t-il ? Pourquoi fait-il des pieds et des mains pour fendre la foule et s’approcher d’eux ?

Il s’appelle Siméon. Au Temple, on le connaît bien. Depuis des années, il vit dans la prière et les sacrifices. Il ressent si fortement la présence de Dieu qu’il est persuadé de voir, avant de mourir, le Messie. De toute son âme, il en espère la venue.

Le voici devant Marie. Il ne quitte plus des yeux l’enfant Jésus. Un bonheur sans limites illumine son visage. Sans que Marie songe à résister, il lui arrache le bébé, l’élève dans ses bras. Les paroles qu’il profère ressemblent à un chant. C’est à Dieu qu’il s’adresse :

- Maintenant, laisse ton serviteur s’en aller en paix !... Mes yeux ont vu la Lumière qui éclairera les nations et fera la gloire des enfants d’Israël !

Tout autour, les gens se sont arrêtés. Avec un étonnement que nous pouvons comprendre, ils entendent les étranges paroles de Siméon. Parmi eux, il y a une femme. Très vieille, elle aussi. Elle s’approche. Son nom est Anne, elle ne quitte jamais le Temple. Avec une voix dont la puissance surprend chez une femme aussi âgée, elle se met à louer Dieu. Elle s’écrie :

-Voici celui qui sauvera Israël !

Source : Alain Decaux raconte Jésus aux enfants

La fête de ce jour a un double objet, célébrer la Purification de Marie et la Présentation de Jésus au Temple selon la loi de Moïse. Cette loi fixait le temps où les mères devaient se présenter avec leurs nouveau-nés devant les autels, et elle exigeait une offrande pour le rachat des enfants mâles. Ni Marie, toute pure dans sa maternité, ni Jésus, Fils de Dieu, n’étaient obligés à cette cérémonie ; cependant par humilité, et pour donner aux hommes un éclatant exemple d’obéissance aux lois divines, Marie, accompagnée de Joseph et portant Jésus en Ses bras, se rendit au Temple de Jérusalem.

La fête chrétienne qui nous conserve le souvenir de cette cérémonie porte, dans le langage populaire, le nom de la Chandeleur, à cause de la procession qui se fait ce jour-là dans nos églises avec des cierges allumés.

Les cierges symbolisent Notre-Seigneur Jésus-Christ, Lumière du monde ; la procession représente le passage de la sainte Famille dans le Temple et la rencontre des deux vieillards Siméon et Anne. Saint Anselme, développant ce mystère, nous dit qu’il y a trois choses à considérer dans le cierge : la cire, la mèche et la flamme. La cire, ouvrage de l’abeille virginale, est la Chair du Christ ; la mèche, qui est intérieure, est Son Âme ; la flamme, qui brille en la partie supérieure est Sa Divinité.

La procession de la Chandeleur nous apparaît comme la marche du peuple chrétien à la lumière du Christ, figuré par les cierges que porte le clergé, la portion choisie de l’Église, comme Jésus même était porté entre les bras de Marie, entre ceux du saint vieillard Siméon et du pontife qui L’offrit au Seigneur.



Les cierges de la Chandeleur sont bénits avec une solennité toute particulière et avec l’emploi des prières les plus touchantes. Conservés dans la maison des chrétiens, ils sont un gage de la protection divine. Il est dans l’esprit de l’Église d’allumer les cierges de la Chandeleur pour repousser les esprits de ténèbres, dans les dangers corporels et spirituels, au lit des mourants, pour éloigner d’eux l’ennemi des hommes, qui fait alors son suprême effort afin d’arracher les âmes à Dieu. C’est bien alors surtout, en effet, que l’homme a besoin du recours du Rédempteur, vraie lumière des âmes, pour illuminer les derniers instants de sa vie.

 

 

 

 

 

 

 

 

samedi 28 janvier 2023

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 5, 1-12

Les Béatitudes ou Sermon sur la montagne


 En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la  montagne. Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait.

Il disait :

  Heureux les pauvres de coeur : car le Royaume des cieux est à eux !

Heureux les doux : car ils recevront la terre en héritage!

Heureux ceux qui pleurent : car ils seront consolés !

Heureux ceux qui ont faim et soif de  La justice : car ils seront rassasiés ! 

Heureux les miséricordieux : car ils obtiendront miséricorde !

Heureux les coeurs purs : car  ils verront Dieu !

Heureux les artisans de paix : car ils seront appelés fils de Dieu ! 

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : car le Royaume des cieux est à eux !

Heureux serez-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.  Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux .


29 janvier 2023

4e dimanche du temps ordinaire A

Un chemin pour tous et toutes

Dieu aime les humbles et les pauvres de cœur, ceux et celles qui cherchent Dieu et s’ouvrent à la grâce. Jésus nous propose de les regarder pour découvrir le chemin du bonheur.

 Repères…

 « La montagne » : Cette localisation rappelle le don des 10 Paroles à Moïse au Sinaï.

 « Heureux ! » : Dans la Bible, ce cri félicite celui qui, mettant à profit les dons de Dieu, éprouve dès aujourd'hui un certain bonheur et qui, restant fidèle à la voie choisie, sera déclaré juste lors du jugement divin.

« Les pauvres de cœur » : Ceux qui savent reconnaître : - leur indigence et leur besoin de l’autre pour vivre et grandir, - leur dépendance entière envers Dieu.

« Les doux » : Ceux qui sont dans le refus d’écraser les autres par le pouvoir.

 « Justice » : Il est ici question de sa dimension religieuse. C’est la fidélité en esprit à la Loi, expression de la volonté de Dieu.

 « Les miséricordieux » : Ceux qui sont pris aux entrailles devant une situation de mal ou de misère.

« Les cœurs purs » sont des êtres non divisés qui vivent dans la confiance absolue en Dieu et sont donc assurés d’être en communion avec lui.

Jésus est le pauvre, le doux, l’affligé, l’affamé, le miséricordieux, le cœur pur, l’artisan de paix, le persécuté pour la justice. En nous donnant les clés du bonheur, Matthieu dessine le portrait de Jésus.

Sources : - Les évangiles –Textes et commentaires - Biblia n°11 – Bienheureux êtes-vous… - Cahier Evangile n° 94, Marcel Dumais, Service biblique Evangile et Vie, éd du Cerf

 Résonance…

 En hébreu, être heureux peut se traduire par la possibilité pour quelqu’un de se tenir debout, en quelque sorte d’être libre. On pourrait entendre les Béatitudes de façon dynamique et les actualiser comme suit :

 Ils se tiennent debout et ils sont libres ceux dont le cœur est pauvre et détaché.

Ils se tiennent debout et ils sont libres ceux dont le cœur est accueillant et rempli de douceur.

Ils se tiennent debout et ils sont libres ceux qui savent pleurer avec ceux qui pleurent et se réjouir avec ceux qui sont dans la joie.

Ils se tiennent debout et ils sont libres ceux que tenaillent la soif et la faim de justice et qui souffrent pour elles.

Ils se tiennent debout et ils sont libres ceux qui pardonnent envers et contre tout sans compter ni limiter le nombre de leurs pardons.

 Ils se tiennent debout et ils sont libres ceux dont le regard est pur, rempli de droiture et de bienveillance.

Ils se tiennent debout et ils sont libres ceux qui vivent sans armes et travaillent sans relâche à la paix.

Ils sont couchés et prisonniers ceux dont le cœur est replié, enchaîné.

Ils sont couchés et esclaves ceux dont le cœur s’enferme dans la haine et la violence.

 Ils sont couchés et pitoyables ceux dont le cœur est fermé au malheur et au bonheur des autres.

 Ils sont vautrés et esclaves ceux qui sont repus d’injustice, ceux qui applaudissent à son triomphe et persécutent les justes. Ils sont tristes et prisonniers ceux qui sont obsédés de vengeance et s’endorment dans leurs rancœurs.

 Ils sont sournois et tordus ceux dont le regard est malveillant, ceux qui se complaisent à vouloir du mal.

Ils sont vils et dangereux, ils font le malheur du monde ceux qui aiment les armes et la guerre.

 Michel Scouarnec – La foi, une affaire de goût

 
Partager : • Le mot « heureux » est répété 9 fois… Mais c’est quoi être heureux ? • Est-ce que être chrétien ça rend heureux ? • Puis-je associer des personnes à certaines de ces béatitudes ? • Sur lequel de ces chemins je me sens appelé(e) à suivre Jésus pour y trouver le bonheur ?


vendredi 27 janvier 2023

BIENHEUREUX LE PÈRE Georges Madore

 

Bienheureux le père
qui prend le temps de voir grandir ses enfants,
car ce temps ne reviendra jamais !

Bienheureux le père
qui apprend à ses enfants à être autonomes,
car il ne sera pas toujours là !

Bienheureux le père
qui aide ses enfants à devenir ce qu’ils sont,
car ainsi naît l’avenir du monde.

Bienheureux le père
qui sait dire des paroles d’encouragement et de tendresse,
car elles sont pour l’enfant irremplaçables.

Bienheureux le père
qui sait reconnaître ses torts devant son enfant,
car il lui apprend la beauté du pardon.

Bienheureux le père
qui sait aimer sagement, parfois en disant
oui, parfois en disant non, car l’amour,
comme le ciel, n’a pas toujours la même couleur.

Bienheureux le père
qui sait s’asseoir près de Dieu pour l’écouter et l’accueillir,
car il puise à la source de toute paternité.

Bienheureux le père
qui est fidèle à sa foi, à ses valeurs et aux belles traditions,
car ce sera son plus bel héritage.

Bienheureux le père
qui sait gagner non seulement le respect,
mais l’amitié de ses enfants, car il connaît le bonheur de Dieu.

https://www.lavictoiredelamour.org/prieres/bienheureux-le-pere-2?cat=21

mercredi 25 janvier 2023

Béatitudes d’André Bisaillon

 


Ai-je assez fait, mon Dieu, pour mes frères, pour mes amis, pour ceux que j’aime et pour les mal-aimés?
Ai-je assez fait, Seigneur, pour insuffler en eux ce trop-plein de tendresse que Tu as mis en moi?
Pour prodiguer ce regard de lumière, ces gestes d’accueil et d’affection que Tu m’inspirais?

Ai-je toujours judicieusement mis à profit ce que la vie m’avait appris sur l’amour et ses deuils, sur l’amitié et ses exigences, sur la vie et se aléas?
Je ne sais plus trop bien et ce doute m’accable.

Au moins, ai-je su dresser la table pour celui qui avait faim du pain de ta Parole?
Ai-je toujours servi mon meilleur vin, le vin chambré de l’amitié, à qui venait vers moi avec un cœur de pauvre?

Ai-je su déposer doucement sur mes yeux brûlants et sur mon front fiévreux une serviette fraîche à qui venait de si loin et avait tant marché?
Ai-je prêté une oreille attentive, miséricordieuse, compatissante et dénués de préjugés à qui venait confier les secrets de son âme?

Ai-je cédé mon meilleur fauteuil pour qu’il puisse reposer son corps épuisé par trop de souffrances et de rejets?
Me suis-je fait silence pour ne point interrompre le flot des aveux?
Ai-je trouvé pour lui les mots priés qui consolent, les paroles justes et les gestes apaisantes?

Ai-je ouvert grand mes bras pour accueillir tous les exclus, les mal-aimés?
Puis les rouvrir plus grand encore s’il se peut pour qu’ils puissent repartir libérés, réconfortés, à leur gré et à leur heure?

Et ne plus attendre que Tu frappes à nouveau à ma porte pour mieux Te retrouver, pour mieux Te reconnaître.

Car maintenant je sais. Je sais que c’était toi qui venais chaque fois t’incarner dans l’enfant qui pleurait, dans mon frère éploré, le mourant alité, le vieillard esseulé, dans mon ami chagrin, dans mon amour blessé.
Maintenant je le sais…

<<Celui qui n’accueille pas Dieu et son Royaume à la manière d’un enfant n’y entrera pas. >> (Marc 10, 16)

Source Le Messager de Saint-Antoine Janvier-Février 2023

lundi 23 janvier 2023

Fête de la Saint François de Sales 24 janvier


En hommage à notre saint patron, saint François de Sales. Issu d’une famille noble de Savoie, François de Sales (1567-1622) consacre très tôt sa vie à Dieu dans le sacerdoce. Devenu prêtre, il devient, en pleine période de Réforme, un prédicateur infatigable, témoin de la bonté de Dieu. Théologien, écrivain, évêque, il fonde l’ordre de la Visitation. Proclamé docteur de l’Eglise, il est aussi le saint patron des journalistes et des écrivains.

Biographie de Saint François de Sales

François de Sales, c’est avant tout une vie dédiée à l’apostolat. Homme de cœur, il fait preuve d’un puissant charisme de directeur spirituel. Proclamé Docteur de l’Église par Pie IX, saint François de Sales développe une spiritualité évangélique à la portée de tous, qui fait de lui un véritable Prophète de l’Amour.

Une vie dédiée à l’apostolat

François est né le 21 août 1567 au château de Sales, sur la commune actuelle de Thorens, à une vingtaine de kilomètres d’Annecy en Haute-Savoie. Il est baptisé le 28 août en l’église paroissiale de Thorens, où il sera sacré évêque le 14 décembre 1602. Originaire de la petite noblesse campagnarde de Savoie, terre alors indépendante, François de Sales a rapidement développé des qualités humaines indéniables lors de ses études d’humanités et de droit à Paris, puis à Padoue. Devenu prêtre malgré les réticences de son père, il s’illustra courageusement dans une mission de quatre ans (1594 – 1598) en terre chablaisienne (région du nord de la Savoie et du sud du lac Léman) envahie par les Bernois calvinistes, avant de devenir évêque du diocèse de Genève en résidence à Annecy de 1602 à 1622. Il mourut à Lyon, épuisé par la tâche apostolique.

Un charisme de directeur spirituel

 François de Sales et Jeanne de Chantal Homme de relations, prédicateur apprécié dans son diocèse et au-delà, médiateur entre les princes du monde, conseiller dans les discussions théologiques (surtout entre jésuites et dominicains) au sujet de la liberté humaine et de la providence divine, François est connu comme fondateur, avec Jeanne de Chantal, de la Visitation Sainte-Marie (en 1610), foyer d’oraison qui connaîtra une rapide expansion au XVIIe siècle en France puis à travers le monde (en particulier en Amérique latine).

Prêchant, catéchisant, il a pris soin de visiter toutes les paroisses de son diocèse, ce qui nous paraît aujourd’hui normal ; ce l’était moins au sortir d’une époque où les évêques étaient plus princes que pasteurs et où les communications dans une région montagneuse et menacée étaient souvent périlleuses. Monseigneur de Genève, puisque tel était son titre, ne put jamais célébrer dans sa cathédrale Saint-Pierre devenue réformée en 1536, mais il rayonna depuis sa terre d’exil, Annecy, où de nombreuses congrégations religieuses avaient trouvé refuge. À l’image de son modèle, saint Charles Borromée, François de Sales fut un bel exemple de pasteur selon le cœur de Dieu et dans l’esprit du concile de Trente. Au milieu des transformations culturelles de la Renaissance et des réformes religieuses (protestante puis catholique), il a promu une voie spirituelle ouverte à tous.

Il nous a laissé de nombreux sermons et entretiens ainsi qu’une intéressante correspondance (plus de 2000 lettres), témoin de son charisme de directeur spirituel et de son inlassable activité apostolique. L’Introduction à la vie dévote (1608), rassemblant des lettres adressées à une Philothée (amie de Dieu), connut plusieurs éditions de son vivant et fut un best-seller du XVIIe.

Son rayonnement spirituel

St François de Sales et st Vincent de Paul, "Berceau de st Vincent de Paul", Landes François fréquenta à Paris le cercle Acarie, qui rassembla de hautes figures spirituelles comme Bérulle et Vincent de Paul, qui devint son ami et nous livra cette confidence : "J’étais porté à voir en lui l’homme qui a le mieux reproduit le Fils de Dieu sur terre". François confia à Vincent la direction spirituelle de la Visitation qu’il venait de fonder à Paris tandis que, de leur côté, les "Filles de la Charité" de saint Vincent de Paul et de Louise de Marillac devaient étudier l’Introduction à la vie dévote. La postérité spirituelle de François fut grande, en particulier à travers l’École Française et, au XIXe, par les congrégations et sociétés spirituelles qui se sont inspirées de son œuvre (Missionnaires et oblats, oblates de saint François de Sales, salésiens et salésiennes de Don Bosco, sociétés saint François de Sales) à l’heure où Pie IX le proclama "Docteur de l’Église" (1877). Patron des écrivains et journalistes catholiques, François est d’abord un communicateur et un maître spirituel que découvrent de plus en plus de laïcs qui participent à des retraites salésiennes ou des groupes de lecture de ses œuvres.

Un homme de cœur

En lui, tout est harmonieux ; c’est un humaniste à la riche personnalité et au grand équilibre. François est un affectif, mais jamais victime de sensiblerie : c’est un homme de cœur. Il paraît fragile et vulnérable, mais sait être souvent ferme et courageux. Il aime la sérénité, mais sent parfois monter en lui une violence qu’il apprend à maîtriser. Sa douceur est acquise à force de patience et de remise de soi dans les mains de Dieu. Il est homme de justice tout en sachant être indulgent, conciliateur mais pas naïf. Il affectionne la multiplicité qu’il gère avec humour et il a l’art de simplifier ce qui est compliqué. On fera souvent appel à ses talents de médiation. Il se méfie de l’affectation et des apparences et valorise la motivation et la qualité du cœur, comme l’illustre cette remarque concernant la prédication : "Il faut que vos paroles soient enflammées, non par des cris et des actions démesurées, mais par l’affection intérieure. Il faut qu’elles sortent du cœur plus que de la bouche. On a beau dire mais le cœur parle au cœur, la bouche ne parle qu’aux oreilles" (lettre à Mgr Frémyot, 1604). C’est un réaliste qui privilégie la voie de la simplicité et de l’humilité : "Ce n’est pas par la grandeur de nos actions que nous plaisons à Dieu, mais par l’amour avec lequel nous les faisons".

Une spiritualité évangélique à la portée de tous

Sa spiritualité est profondément évangélique et accessible : parlant la langue du peuple, utilisant de nombreuses images tirées de la nature ou de l’expérience humaine, en particulier conjugale et familiale, il sait nous révéler un Dieu cordial, amoureux de notre humanité. Familier du Cantique des cantiques dont un commentaire l’a enflammé lors de ses études parisiennes, il insiste sur la convenance qui existe entre Dieu et le cœur de l’homme, convenance qui trouve son origine dans la ressemblance que Dieu y a inscrite en le créant. Sa vision de Dieu est celle de l’Écriture, en particulier des prophètes de l’alliance : un Dieu "jalousement" amoureux de l’homme, un Dieu "maternellement paternel" qui est communion d’amour. Dieu n’a qu’un désir : communiquer son amour et solliciter une réponse dans la liberté qu’il accompagne de sa grâce ; François utilise volontiers des images maternelles pour dire cette sollicitude : "Les enfants, à force d’ouïr leurs mères et de bégayer avec elles, apprennent à parler leur langage ; et nous, demeurant près du Sauveur par la méditation et observant ses paroles, ses actions et ses affections, nous apprendrons, moyennant sa grâce, à parler, faire et vouloir comme lui".

1ère édition du Traité

L’homme, travaillé par l’Esprit Saint, est sans cesse ramené à son cœur pour y consentir au Dieu vivant et y vivre le "trépas". François entend par là la nécessité de consentir à la dimension pascale de l’existence chrétienne. Dans le Traité de l’Amour de Dieu (1616), ouvrage "pour les âmes avancées en dévotion", il exprime sa vision de l’amour de Dieu et montre que "trépasser en la volonté de Dieu" est le sommet de l’adhésion au Christ. Loin d’appuyer comme d’autres spiritualités sur le caractère mortifiant du sacrifice du Christ, il en retient surtout la logique d’amour. François se méfiera toujours des manifestations mystiques exceptionnelles : "Elles ne sont nullement nécessaires pour bien servir et aimer Dieu, ce qui doit être notre unique prétention". Faisant écho au double commandement évangélique, François dira que l’amour de Dieu et l’amour des frères sont "sortis comme jumeaux des entrailles de la miséricorde de Dieu". L’amour fraternel est le lieu le plus familier des petits "trépas" que Dieu nous propose chaque jour pour rencontrer l’autre en mourant à nous-même.

 
Prophète de l’Amour

Telle est la sainteté à laquelle tout homme est appelé, une sainteté pour tous, adaptée à la profession, l’histoire et la vocation de chacun : "C’est une erreur, une hérésie, de vouloir bannir la vie dévote de la compagnie des soldats, de la boutique des artisans, de la cour des princes, du ménage des gens mariés…. Où que nous soyons, nous pouvons et devons aspirer à la vie parfaite" ; toute son œuvre comme pasteur et guide spirituel est une éducation à la sainteté, une sainteté qu’on pourrait qualifier de cordiale et ordinaire. Comme les fleurs qui, par la diversité de leurs formes, couleurs et parfums, font l’harmonie d’un bouquet, ainsi "les plantes vivantes de son Église" sont appelées à produire des fruits de dévotion, "un chacun selon sa qualité et vocation". À l’heure actuelle où, pour beaucoup, Dieu semble étrangement silencieux, ce prophète de l’Amour qu’est François de Sales nous propose un chemin divin à hauteur d’homme : "Tout faire par amour et rien par force" (lettre à Jeanne de Chantal du 14 octobre 1604). Au milieu des difficultés et des doutes, il nous prend doucement par la main pour nous accompagner dans cette disponibilité à la grâce de Dieu qui "est si gracieuse et saisit si gracieusement nos cœurs pour les attirer, qu’elle ne gâte rien en la liberté de notre volonté".

Extrait de l’article : "Saint François de Sales, Maître spirituel" par le Père Alain VIRET, publié dans la revue "FRANCE CATHOLIQUE", N°2859 - 6 décembre 2002.

Petite histoire

L’enfant sorti du tombeau

 Une femme, qui venait de perdre son mari, attendait un enfant. Elle vouait une grande confiance à saint François de Sales. Sentant sa mort prochaine, elle était glacée d’épouvante à la pensée que son bébé, la suivant dans la tombe, serait privé du sacrement de baptême. Elle adressa donc cette instante prière au ciel :

« Grand saint François de Sales, je vous recommande mon âme et je vous voue le fruit de mes entrailles ; je vous supplie que mon enfant reçoive le baptême, faites-moi, s’il vous plaît, cette grâce ! »

Le mal s’aggrava et la mort fit son œuvre. On enterra la malheureuse. Or, une nuit, une de ses voisines reçut la visite de son âme qui la supplia d’aller voir Monsieur le Curé pour lui demander de faire retirer son corps de terre et d’en sortir son enfant qui, n’étant pas mort, pourra être purifié par les eaux salvatrices.

La voisine fit aussitôt la démarche demandée auprès du prêtre qui la renvoya, pensant qu’elle racontait des fables.

Mais la vision se reproduisit quatre fois et, chaque fois, la pauvre femme allait inlassablement en rendre compte à son pasteur.

Enfin, ce dernier commença à penser qu’il ne s’agissait peut-être pas de rêveries. Il alla trouver son évêque, Monseigneur Charles Auguste de Sales pour lui demander conseil en cette affaire et se retrancher derrière son autorité. Le prélat lui fit cette réponse :

« Si Dieu veut manifester sa puissance par la vertu de notre saint, Il le peut. Allez voir et revenez me dire ce que vous aurez fait ».

Le curé va trouver la voisine qui, heureuse de se voir enfin prise au sérieux, ameute toute la paroisse. C’est donc en présence de nombreux témoins que l’on ouvrit le tombeau.

Le corps de la morte était déjà corrompu, à l’exception toutefois du ventre qui était entièrement conservé. On l’ouvre et l’incroyable est bien vrai : le petit enfant, frais et rose, est en pleine vie.

On amena le bébé au domicile de l’évêque qui fut très touché de ce prodige. On procéda ensuite au baptême, sur la tombe même de saint François de Sales, dont il reçut le prénom. Cet enfant mourut à l’âge de trois mois, mais cette fois, l’âme de sa mère reste en paix, sachant qu’elle allait le retrouver pour toujours.

Source : Le monde merveilleux des saints


samedi 21 janvier 2023

UN PEU DE SENS DANS MA VIE: L’HISTOIRE DU PÊCHEUR ET DE L’HOMME D’AFFAIRES

 En ces temps de crise économique, financière, voire de crise systémique, ou tout simplement de questionnements personnels se pose surtout la question du sens? Ce que je fais a-t-il du sens?

Voilà une histoire que j’ai trouvé très inspirante et que j’ai traduite pour vous: l »histoire du pêcheur et de l’homme d’affaires ou « qu’est-ce que j’y gagnerai ? Cet article a été écrit à l’origine pour EcoloInfo.

Un jour, un pêcheur se reposait tranquillement sur une plage magnifique avec sa canne à pêche plantée dans le sable et sa ligne solitaire tendue dans une eau bleue magnifique. Il se prélassait dans la chaleur de l’après-midi et attendait d’attraper un poisson.

A ce moment- là, un homme d’affaires vint sur la plage, essayant de décompresser de sa journée de travail stressante. Il remarqua alors le pêcheur assis sur la plage et décida de trouver pourquoi ce dernier pêchait au lieu d’aller travailler pour lui et sa famille.

« Vous n’allez pas attraper beaucoup de poissons de cette manière » dit l’homme d’affaires au pêcheur « vous devriez travailler au lieu de vous reposer sur la plage ».

Le pêcheur regarda l’homme d’affaires, sourit et lui répondit: « Et qu’est-ce que j’y gagnerai? »

« EH bien, vous pouvez utiliser de plus grands filets et attrapez plus de poissons! » répliqua l’homme d’affaires.

« Et qu’est-ce que j’y gagnerai ? » répondit le pêcheur, toujours souriant.

L’homme d’affaires répondit: « Vous feriez beaucoup d’argent et vous seriez en mesure d’acheter un bateau qui résulterait par de plus grosses prises de poissons ».

« Et qu’est-ce que j’y gagnerai ? » répondit le pêcheur à nouveau.

L’homme d’affaires commença à être de plus en plus irrité par la question du pêcheur.

« Vous pouvez acheter un bateau encore plus gros, embaucher des gens qui travaillent pour vous » dit-il.

« Et qu’est- ce que j’y gagnerai ? » répéta le pêcheur.

L’homme d’affaires se mit en colère « Ne comprenez-vous pas? Vous pouvez agrandir votre flotte de bateaux de pêche, parcourir le monde entier et laisser vos employés attraper du poisson pour vous! ».

Encore une fois, le pêcheur demanda, « Et qu’est-ce que j’y gagnerai? »

L’homme d’affaires devint fou de rage et cria sur le pêcheur: « Ne comprenez- vous pas que vous seriez si riche que vous n’auriez plus à travailler de votre vie! Vous pourriez alors passer le reste de votre vie assis sur la plage à regarder le coucher du soleil. Vous n’aurez plus à vous préoccuper du monde! ».

Le pêcheur, toujours souriant, le fixa, acquiesça et dit « Et à votre avis que suis-je en train de faire maintenant? »

Il regarda alors le coucher du soleil, avec sa ligne dans l’eau, sans se préoccuper du monde.

Quand j’ai lu cette histoire, j’ai eu envie de la partager avec vous!

Selon moi, cette histoire n’invite nullement à la paresse ou à l’oisiveté, ni à critiquer le travail, c’est une histoire qui pose d’abord la question de la finalité et du sens! Le pourquoi du comment! A quoi sert ce que je fais? Pourquoi je le fais? C’est inspirant sur plusieurs points.

1°) Pourquoi faire un long détour pour être heureux?
Cette histoire soulève des questions: mais pourquoi prendre le chemin long? Pourquoi faire un détour? Pourquoi se compliquer la vie? Pourquoi attendre d’être heureux? En effet, parfois, nous pouvons perdre de vue la finalité et nous accrochons à des idées ou des images (« il faut être riche pour avoir réussi sa vie », certains diront même de posséder des montres, des voitures de marque spécifiques). Ainsi le pêcheur n’attend pas toute une vie pour faire ce qu’il peut déjà faire! Et surtout il suit son chemin et pas celui que les autres ont tracé pour lui.

Je repense donc au témoignage d’une jeune mère qui se rendait compte qu’elle passait son temps à gagner du temps, dans l’optique de passer plus de temps avec ses enfants et son mari. A ces moments- là, contradiction, elle devenait indisponible à sa famille. Vivre simplement? En tous cas, toujours avoir la finalité à l’esprit!

2°) Avoir plus, mais pourquoi faire?

L’homme d’affaires propose au pêcheur d’en avoir plus, mais pourquoi faire? Plus d’argent, plus de bien matériel? En avoir plus, est-ce une finalité ou juste un moyen? Un moyen et pour faire quoi? Par ses questions répétitives, le pêcheur permet de révéler la finalité, que nous confondons souvent avec les moyens. Alors moyens ou finalités? Parfois perdus entre ces deux notions, nous nous égarons et avançons à reculons.

3°) Qu’est ce qui m’apporte réellement du bonheur?

Le pêcheur se contente de sa plage, de son activité de pêche. Vivre simplement, c’est aussi savoir vivre dans le contentement*, de savoir se satisfaire de choses simples, petites (« Small is beautiful ») et disponibles (un sourire, un coucher de soleil, une belle plage, le plaisir d’attendre… sa famille, ses amis,… ), de s’accepter soi-même (« personne d’autres ne me dicte la manière dont je devrais être heureux»), de ne pas remettre son bonheur à des choses extérieures (la météo, le hasard, etc…).

« État d’une personne contentée, sentiment intérieur, profond et durable de celui qui a ses désirs comblés. Éprouver un grand, un profond, un entier contentement; un contentement intérieur, du cœur. »

4°) Sais-je respecter quelqu’un de différent?

Dans cette histoire, l’homme d’affaires porte un préjugé sur le mode de vie du pêcheur qu’il estime moins « efficace », moins « technologique », moins « économique » … ce qui l’agace par ailleurs. Il aimerait que le pêcheur adopte son mode de vie qui lui semble « supérieur ». Cela n’est pas sans rappeler notre Histoire où certains ont imposé leur mode de vie par la force (symbolisé récemment par le film d’animation Avatar, comme l’explique Matyas). Ainsi ont été victimes les peuples premiers de notre planète, car leur mode de vie a été considéré inférieur ou gênant alors qu’ils sont parfois bien plus « riches », plus « avancés », plus « développés » intérieurement en terme de sens, de sagesse, de spiritualité, de culture. Et si l’homme d’affaires se « contentait » que d’autres puissent vivre différemment?

Et vous, que vous inspire cette histoire?


 http://blog.toutallantvert.com/2010/05/21/un-peu-de-sens-dans-ma-vie-lhistoire-du-pecheur-et-de-lhomme-daffaires/

 

 


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 4,12-23

Je ferai de vous des Pêcheurs d’hommes

 
 Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations ! Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée. À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »

 Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. De là, il avança et il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque avec leur père, en train de réparer leurs filets. Il les appela.  Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent.

 Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.

3e dimanche du temps ordinaire A

La Galilée d’aujourd’hui

Jésus commence sa mission dans son coin de pays, la «Galilée des nations». Cette région était une terre de passage, souvent occupée par des étrangers. D’où le mélange de populations et de religions qui caractérise ce territoire et rend les Galiléens suspects aux juifs rigoristes du sud du pays. Or la société d’ici et d’aujourd’hui ne serait-elle pas une sorte de Galilée?

1. « Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali ».

Pourquoi Jésus s’en va-t-il ? Est-ce seulement par crainte, après l’arrestation de Jean le Baptiste ?

D’où part-il ? Quel est le lieu où il se rend ? Quelle signification ce choix prend-il (Cf. Première Lecture ; Isaïe 8, 23b – 9,3) ?

2. « Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer . »

Qu’est-ce qui vous frappe dans cette rencontre ? Quelle en est l’ambiance ? Est-elle solennelle ?

Jésus a déjà commencé à prêcher seul; pourquoi appelle-t-il des disciples auprès de lui?

Où Jésus rencontre-t-il ces quatre pêcheurs ? Que leur dit-il ? Comment ceux-ci réagissent-ils ?

Pensez-vous que le Christ agit de même avec vous ?

3. « Il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple. »

Depuis 2019, ce dimanche a été  institué par le Pape François : « Dimanche de la Parole de Dieu ».

Quelle est la place de la Parole dans votre vie ?

Comment la recevez-vous ? Comment la partagez-vous ?

L’évangéliste rapproche l’enseignement de Jésus de son action comme guérisseur des corps ; qu’en pensez-vous ?

Le monde peut-il être transformé par cette Parole ? Peut-elle faire advenir le Royaume ?

 

 

jeudi 19 janvier 2023

LE BONHOMME DE NEIGE

 


Magali jouait au jardin. Tout était blanc car il avait neigé. Elle portait son habituelle salopette rouge, mais avec un bon pull, sa veste bleue et ses bottes vertes. Elle riait dans les flocons avec son grand frère Arnaud et la copine de celui-ci, Manon, tous deux âgés de huit ans. Ils fabriquaient un bonhomme de neige.

Les trois enfants brassaient la neige et la tassaient. Le corps commençait à prendre forme haut et fort. Quand ce fut fait, les deux grands s'éloignèrent en roulant une grosse boule pour lui créer une tête.

Ils revinrent et la soulevèrent. Ils la posèrent sur le tronc.

-Il lui manque des yeux, dit le grand frère. J'ai une idée. Je vais aller chercher des billes.

Il courut à sa chambre, choisit deux jolies billes vertes et redescendit. Il les enfonça dans la tête du bonhomme de neige.

Papa donna une carotte à Magali pour lui faire un nez.

Pendant ce temps, Manon lui traça une bouche souriante avec son doigt.

Notre amie, imitant la grande fille, créa un premier bras en sculptant une ligne le long de la colonne blanche. Elle façonna aussi, toujours délicatement avec son index, les doigts d'une main. Ce n'était pas facile à dessiner et elle n'eut le temps de faire qu'un seul bras et qu'une seule main, car sa maman l'appelait.

Il était l'heure de retourner à la maison. D'ailleurs, notre amie avait froid. Comme une couche de près de vingt centimètres couvrait le jardin, un peu de neige s'était glissée dans ses bottes et avait fondu. Ses pieds étaient tous mouillés et sa salopette trempée. Elle revint au salon.

Maman l'envoya immédiatement prendre sa douche et mettre sa robe de nuit rose avec des petits rubans. Arnaud reconduisit son amie chez elle, le temps d'échanger un gentil bisou.

Après le repas du soir, papa et maman vinrent embrasser leur petite fille. Mais dès qu'ils eurent fermé la porte, Magali se releva et courut à la fenêtre. Elle observa le bonhomme de neige.

Le ciel était tout noir à présent. La nuit était tombée. Il se tenait là, immobile, au fond du jardin, scintillant aux reflets des lumières de la maison.

Elle lui fit au revoir d'un geste de la main et lui envoya même un bisou.

Puis, elle se glissa dans son lit et s'endormit.

Elle se réveilla au milieu de la nuit parce qu'elle grelottait. Comme elle est assez remuante, sa couverture était tombée par terre. C'est pour cela qu'elle avait froid. Elle s'assit sur le lit, remit la couverture en place puis se leva, pieds nus, et se dirigea vers la fenêtre.  

Le spectacle dehors lui parut à la fois féerique et impressionnant. Les flocons tombaient en abondance, portés par le vent. Cela formait des tourbillons de petites lumières blanches qui voltigeaient sur le fond de ciel noir. On distinguait à peine le bonhomme de neige au fond du jardin.

Magali ouvrit la fenêtre. Les flocons entrèrent dans la chambre et se posèrent sur ses couettes noires et sur sa robe de nuit rose. Elle appela.

-J'espère que tu n'as pas trop froid, bonhomme de neige.

Alors, du fond du jardin, une voix grave qu'elle ne connaissait pas se fit entendre.

-J'ai un peu froid au cou et à la tête.

-Je viens, répondit notre amie.

Elle referma la fenêtre de sa chambre. Elle ouvrit la porte. On n'entendait rien dans la maison. Il était deux heures du matin, mais elle ne le savait pas. Papa et maman dormaient. Arnaud également. Et son petit frère Julien, le bébé, aussi.

Magali descendit l'escalier. Parvenue dans le hall, elle aperçut l'écharpe jaune de maman. Elle la prit. Puis elle envisagea de placer son bonnet sur la tête du bonhomme. Mais la tête de ce dernier était tellement grosse que cela n'irait pas. Alors, elle choisit de prendre le chapeau noir de papa.

Elle traversa la cuisine et ouvrit la porte du jardin. Elle fit trois pas dehors. Elle fut aussitôt prise dans la tourmente de neige et de glace. Le vent faisait tourbillonner les flocons. Pieds nus et en robe de nuit, elle se mit à grelotter de froid.

Sans renoncer à son projet, elle revint rapidement dans la cuisine. Elle referma la porte. Elle posa le chapeau noir et l'écharpe jaune sur la table, puis remonta les escaliers.

Parvenue dans sa chambre, elle retira sa robe de nuit et passa sa salopette rouge encore humide des jeux d'hier dans la neige, ainsi qu'un pull à manches longues. Puis, elle redescendit les escaliers. Elle mit ses grosses chaussettes, ses bottes, et son manteau bleu. Elle serra son capuchon et retourna ainsi vêtue dans la cuisine. Elle prit le chapeau noir de papa et l'écharpe jaune de maman. Elle ouvrit la porte du jardin et y refit trois pas.

Il neigeait tellement qu'on n'apercevait plus le bonhomme, là-bas, près de la haie, au fond du jardin.

Magali avança doucement. Il y avait bien trente centimètres de neige à présent. Ça lui venait jusqu'aux genoux. Elle enfonçait à chaque pas. Les flocons passaient par-dessus ses bottes et commençaient déjà à lui mouiller les pieds en fondant. La salopette comme la veste bleue devenaient toutes blanches.

La fillette marcha droit devant elle et parvint au fond du jardin, où se dressait son bonhomme. Elle savait bien où il se trouvait.

Dès qu'elle fut près de lui, elle déroula l'écharpe et la lui passa autour du cou. Elle fit un nœud. Par contre, elle ne parvint pas à glisser le chapeau de papa sur sa tête, parce que c'était trop haut pour elle.

Elle posa le chapeau sur le sol. Puis entreprit de construire un tas de neige, qu'elle tassait régulièrement avec courage. Elle rajoutait chaque fois une couche par-dessus et comprimait énergiquement.

Lorsque le talus fut assez haut, elle y monta et plaça le chapeau noir de papa sur la tête du bonhomme.

-Voilà, dit-elle en souriant, j'espère que, maintenant, tu n'auras plus froid.

Magali se retourna. Elle ne voyait plus la maison dans la tourmente. Il y avait tant de neige, qu'on n'apercevait plus les murs ni les fenêtres. Par où fallait-il aller pour retrouver la porte de la cuisine ?

Elle savait bien qu'elle était dans son jardin. Mais la petite fille de quatre ans et demi eut soudain peur de se perdre dans la nuit, dans le froid, dans le gel. Elle n'osa plus faire un seul pas et se mit à pleurer.

La neige blanchissait sa veste. Bientôt, dans le froid, elle risquait de devenir une statue de glace tout blanche.

Alors, lentement, le bonhomme de neige décolla la main et le bras que la fillette lui avait ébauchés tantôt dans l'après-midi. Il posa doucement son bras sur l'épaule de la petite fille.

Puis, oh! Merveille, glissant petit à petit, presque imperceptiblement, il se dirigea vers la maison.

-Suis-moi, dit-il de sa voix grave.

Magali, se sentant soutenue et rassurée, avança à côté de son ami. Ils parvinrent tous deux devant la porte.

Là, doucement, le bras du bonhomme de neige se détacha des épaules de la fillette et revint à sa place le long du corps.

Notre amie se retourna et fit le plus beau de ses sourires. Elle ajouta un geste de bisou qu'elle lui envoya. Puis elle entra dans la cuisine. Elle referma la porte derrière elle.

Elle se dirigea vers le hall d'entrée et retira ses bottes et ses chaussettes mouillées, qu'elle mit à sécher près du radiateur. Elle ôta sa veste qu'elle secoua et accrocha au porte-manteau.

Puis, elle monta les escaliers, et parvenue dans sa chambre, elle retira sa salopette et son t-shirt à manches longues, de nouveau trempés. Elle les posa sur la chaise près du radiateur. Elle remit sa robe de nuit rose à petits rubans, et retourna se blottir dans son lit.

Elle s'éveilla le lendemain matin. Elle vit un grand soleil et un ciel tout bleu. Elle entendit son papa gronder.

-Mais où est mon chapeau noir! Je pars au travail et je ne le trouve pas!

 Magali ouvrit la porte et cria.

-Papa !

-Bonjour, ma chérie.

-Papa, pardonne-moi, j'ai pris ton chapeau et je l'ai mis sur la tête du bonhomme de neige cette nuit. Il disait qu'il avait froid à la tête et au cou. Je lui ai aussi passé ton écharpe jaune, maman.

Arnaud, qui prenait son petit déjeuner, se moqua de sa petite sœur, en affirmant qu'un bonhomme de neige ne ressentait certainement pas le froid puisqu'il était en neige. Et du reste, ils ne parlent pas.

Magali descendit prendre son verre de lait et ses céréales. Elle lui fit remarquer que cette nuit, elle s'était éveillée et que le bonhomme l'avait appelée. Elle lui avait prêté l'écharpe jaune de maman et le chapeau noir de papa.

Puis, il l'avait reconduite jusque devant la porte de la cuisine, car il neigeait tant, qu'elle n'apercevait même plus la maison et elle craignait de se perdre.

Arnaud, très sceptique, se dirigea vers la porte vitrée de la cuisine. Là, il dut bien se rendre à l'évidence...

-Papa, maman ! Venez voir, c'est incroyable ! Le bonhomme de neige ! Il n'est plus au fond du jardin. Il s'est déplacé pendant la nuit!

Les parents se précipitèrent près de leur garçon.

Magali, assise paisiblement à table, ébaucha un beau sourire et but son lait.

 

 

 

mardi 17 janvier 2023

Sainte Marguerite de Hongrie (1242-1271)

 


Princesse hongroise et moniale dominicaine. Elle est commémorée le 18 janvier selon le Martyrologe romain1.

Nièce de sainte Élisabeth de Hongrie, la princesse Marguerite est la fille du roi Béla IV de Hongrie et d’une princesse byzantine, Marie Lascaris, Marguerite naît vers 1242, tandis que l'Europe était aux prises avec les invasions mongoles.

Les parents de Marguerite font vœu de consacrer leur fille à Dieu dès sa naissance pour tenter d'infléchir le sort de leur pays. C'est ainsi que dès son enfance elle est élevée au monastère des dominicaines de Veszprem, près de Budapest., puis rejoint le monastère des dominicaines sur une île du Danube, l'Île des Lièvres (aujourd'hui île Marguerite).

Dès l'âge de 12 ans, sa piété est déjà profonde. Elle refuse une demande en mariage, préférant vivre une vie de moniale, pleine de mysticisme au milieu des pénitences qu'elle s'inflige. Elle doit lutter contre la volonté de sa famille de la marier pour des raisons politiques, préférant vivre de prière et de vie spirituelle intense.

Elle y prit le voile à l’âge de 19 ans et se distingua bientôt par l’intensité de sa vie spirituelle. Elle vivait plus pauvrement possible et donnait aux pauvres tout l’argent que lui donnait son frère, le roi Etienne V. A l’intérieur du monastère, elle cherchait les tâches les plus rudes et les plus humbles. Éprise d’ascèse, elle affligeait son corps de toutes les façons, non par fidélité à la règle dominicaine qui n’en demandait pas tant, mais de sa propre initiative. Pour mieux s’associer à la Passion du Christ, elle se flagellait souvent, portait à même la peau des cordes qui lui provoquaient des plaies. En retour, elle fut couronnée de dons mystiques assez étonnants.

Elle meurt le 18 janvier 12712. Depuis, un culte ininterrompu lui a été rendu.

Elle a été canonisée par Pie XII le 19 novembre 1943.

Près de Bude en Hongrie, l'an 1270, sainte Marguerite, vierge, fille du roi Béla IV, elle fut vouée à Dieu par ses parents pour la libération de la patrie du pouvoir des Tartares et donnée enfant aux moniales de l'Ordre des Prêcheurs. Elle fit profession à douze ans et se livra si complètement au Seigneur qu'elle s'appliqua sans hésitation à ressembler au Christ crucifié.