Ai-je assez fait, mon Dieu, pour mes frères, pour
mes amis, pour ceux que j’aime et pour les mal-aimés?
Ai-je assez fait, Seigneur, pour insuffler en eux ce trop-plein de tendresse
que Tu as mis en moi?
Pour prodiguer ce regard de lumière, ces gestes d’accueil et d’affection que Tu
m’inspirais?
Ai-je toujours judicieusement mis à profit ce que la
vie m’avait appris sur l’amour et ses deuils, sur l’amitié et ses exigences,
sur la vie et se aléas?
Je ne sais plus trop bien et ce doute m’accable.
Au moins, ai-je su dresser la table pour celui qui
avait faim du pain de ta Parole?
Ai-je toujours servi mon meilleur vin, le vin chambré de l’amitié, à qui venait
vers moi avec un cœur de pauvre?
Ai-je su déposer doucement sur mes yeux brûlants et
sur mon front fiévreux une serviette fraîche à qui venait de si loin et avait
tant marché?
Ai-je prêté une oreille attentive, miséricordieuse, compatissante et dénués de
préjugés à qui venait confier les secrets de son âme?
Ai-je cédé mon meilleur fauteuil pour qu’il puisse reposer
son corps épuisé par trop de souffrances et de rejets?
Me suis-je fait silence pour ne point interrompre le flot des aveux?
Ai-je trouvé pour lui les mots priés qui consolent, les paroles justes et les
gestes apaisantes?
Ai-je ouvert grand mes bras pour accueillir tous les exclus, les mal-aimés?
Puis les rouvrir plus grand encore s’il se peut pour qu’ils puissent repartir
libérés, réconfortés, à leur gré et à leur heure?
Et ne plus attendre que Tu frappes à nouveau à ma
porte pour mieux Te retrouver, pour mieux Te reconnaître.
Car maintenant je sais. Je sais que c’était toi qui
venais chaque fois t’incarner dans l’enfant qui pleurait, dans mon frère
éploré, le mourant alité, le vieillard esseulé, dans mon ami chagrin, dans mon
amour blessé.
Maintenant je le sais…
<<Celui qui n’accueille pas Dieu et son
Royaume à la manière d’un enfant n’y entrera pas. >> (Marc 10, 16)
Source Le Messager de Saint-Antoine Janvier-Février
2023
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