lundi 30 novembre 2020

AVENT 2020 ESPERER SA PRESENCE CHEMIN DE PAIX IL A BESOIN DE TOUS SES OUTILS

 

Il y avait une fois, il y a bien longtemps de cela, dans un petit village nordique, un atelier de charpentier. Un jour que le maître était absent, les outils se réunirent en grand conseil sur l’établi. Les conciliabules furent longs et animés, ils furent même véhéments. Il s’agissait d’exclure de la communauté des outils un certain nombre de membres. L’un prit la parole : « Il nous faut, dit-il, exclure notre sœur la scie, car elle mord et elle grince des dents. Elle a le caractère le plus grincheux du monde ». Un autre dit : « Nous ne pouvons conserver parmi nous notre frère le rabot qui a le caractère tranchant et qui épluche tout ce qu’il touche ». « Quant au frère marteau, dit un autre, je lui trouve le caractère assommant. Il est tapageur. Il cogne toujours et nous tape sur les nerfs. Excluons-le ». « Et les clous? Peut-on vivre avec des gens qui ont le caractère aussi pointu? Qu’ils s’en aillent! Et que la lime et la râpe s’en aillent aussi. A vivre avec elles; ce n’est que frottement perpétuel ! Et qu’on chasse le papier de verre dont il semble que la raison d’être dans cet atelier soit de toujours froisser! ». Ainsi discouraient en grand tumulte les outils du charpentier. Tout le monde parlait à la fois. L’histoire ne dit pas si c’était le marteau qui accusait la scie et le rabot la lime, mais il est probable que c’était ainsi, car à la fin de la séance, tout le monde se trouvait exclu. La réunion bruyante prit fin subitement par l’entrée du charpentier dans l’atelier. On se tut lorsqu’on le vit s’approcher de l’établi. Il saisit une planche et la scia avec la scie qui grince. Il la rabota avec le frère rabot au ton tranchant qui épluche tout ce qu’il touche. Le frère ciseau qui blesse cruellement, notre sœur la râpe au langage rude, le frère papier de verre qui froisse, entrèrent successivement en action. Le charpentier prit alors nos frères les clous au caractère pointu et le marteau qui cogne et fait du tapage. Il se servit de tous ses outils au méchant caractère pour fabriquer un berceau pour accueillir l’enfant à naître, pour accueillir la Vie, pour accueillir Jésus.

http://www.diocesedejoliette.org/sn_uploads/fck/journal-1.pdf

samedi 28 novembre 2020

CONTE DE NOËL: L'ATTENTE (Par Raymonde Poitras, 18 DÉC. 2019)


 Il n’y a pas très, très longtemps que vit Laura dans la belle ville d’Évain en Abitibi. Le 24 décembre, la jolie fillette aux cheveux roux et aux yeux verts bien pétillants attend avec impatience le père Noël en compagnie de son petit frère Jason. 
Mais Jason lui, n’attend pas vraiment le père Noël parce qu’il est encore un petit bébé d’un an. Ça ne fait rien, Laura attend pour deux! Elle saute comme une petite sauterelle tellement elle a hâte. Maman et papa sont partis travailler. Maman arrivera ce soir avant le souper, mais papa est dans sa mine près du pôle Nord. Il arrivera dans la nuit… Comme le père Noël!
- Mamie, dis-moi, quand papa va arriver ? J’ai trop hâte de le voir.
- Je ne sais pas, ma Laura. Tu le sais bien, il doit arriver ce soir. Mais tu vois dehors… il y a une grosse tempête de neige. Il sera peut-être en retard!
En retard! Ce n’est pas possible, pense Laura. On est à la veille de Noël!
Inquiète, Laura regarde par la fenêtre. C’est blanc, rien que la neige. Juste de la neige. Le vent souffle les flocons en rafale et ils tourbillonnent comme l’eau dans la baignoire. Ça fait peur un peu. Laura pense qu’elle n’aimerait pas être dehors maintenant. On dirait que le ciel est fâché.
- Dis mamie, pourquoi le ciel est fâché ?
- Je ne sais pas ma cocotte.
- Cette nuit, le père Noël va venir et papa et maman doivent rentrer à la maison. Ils ne vont pas pouvoir nous trouver! Ils vont se perdre dans la tempête! Regarde on ne voit rien dehors, c’est tout blanc! Et j’ai peur. Laura pleure à chaudes larmes.
Mamie est inquiète elle aussi, même si elle ne le montre pas! Le vent hurle fort. Il s’engouffre dans les petites fissures de la maison et par la cheminée du poêle à bois. Ça donne des frissons. « Bon, il faut changer les idées à cette petite » songe mamie.
- Ma choupette, tu veux bien m’aider à placer les bas de Noël près de la cheminée ? Tu vois, au pied de l’arbre, il y a les cadeaux que nous avons achetés, maman, papa, marraine et toutes les personnes qu’on aime beaucoup. Maintenant, il faut placer les bas de Noël pour que le père Noël y place des cadeaux quand il va arriver. Il faut aussi lui préparer un verre de lait et une assiette des bons biscuits qu’on a faits la semaine dernière. Tu t’en souviens ?
- Oh oui Mamidou, je m’en souviens, ils étaient trop bons! Et Laura s’empresse de donner un coup de main à sa mamie. « Voilà, tout est prêt maintenant! »
- Bravo, tu as travaillé comme une grande. Là je vois maman qui arrive. Elle nous dira comment sont les chemins.
Maman entre dans la maison. Elle ressemble à un bonhomme de neige.
- Bonsoir les jolies demoiselles! Bonsoir petit monsieur! Chacun a droit à son bisou et une grosse caresse. « Les chemins sont horribles. Je pense que papa devra rester à l’aéroport. »
- Mais maman ce n’est pas possible! C’est Noël ce soir et le père Noël s’en vient sur son traîneau! Les pleurs de Laura se font encore plus désespérés.
- Ma petite puce d’amour, on va manger, on va se préparer pour cette belle nuit et tu verras la tempête cessera rapidement. Maman rassure la fillette qui a une grande confiance en ses supers pouvoirs de maman!
Le souper terminé, les dents bien brossées, une histoire racontée, voilà que notre belle Laura se couche avec l’espoir au cœur. « La tempête se calmera, Papa reviendra et le père Noël nous trouvera. » Ce sont les dernières pensées de la fillette avant que le sommeil embrouille tout dans sa tête. Le petit Jason dort déjà depuis longtemps, lui.
- Ho, ho, ho! Est-ce qu’il y a une petite fille sage dans cette maison ? Est-ce qu’il y a un petit garçon sage dans cette maison ?
- Papa! C’est toi ? Tu es revenu ? Mais il fait jour… Le père Noël n’a pas trouvé notre maison ?
- Viens ma puce. Toi aussi, mon petit poussin. Papa prend ses deux enfants dans ses bras puissants. Ils descendent l’escalier et se retrouvent dans le salon, où l’arbre de Noël brille de ses plus belles lumières. « Que vois-tu dans les bas de Noël que tu as accrochés avec mamie ? Et qui a mangé les biscuits et bu le verre de lait ? »
- Des cadeaux! Des cadeaux! Le père Noël est venu. Merci, merci! C’est le plus beau jour de ma vie! La voilà qui saute de nouveau comme une belle petite sauterelle!
- Tu vois ma chérie, les tempêtes ça vient et ça passe. Faut juste garder espoir. Venez tous que je vous donne un gros câlin de super-maman!

 Article paru dans le journal Ensemble pour bâtir, décembre 2019 - janvier 2020.

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 13, 33-37

 Jésus nous encourage à veiller


En ce temps-là, Jésus disait  à ses disciples : <<Prenez garde, restez éveillés : car vous ne savez pas quand ce sera le moment. C’est comme un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et recommandé au portier de veiller.

Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin; s’il arrive  à l'improviste il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis.  Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! ``>>

Premier dimanche de l'Avent

L’évangéliste Marc invite les fidèles à être vigilants et à garder l’esprit éveillé. Il leur dit que Jésus va revenir un jour et qu’il faut être prêt à marcher avec lui si nous voulons être ses témoins. Il explique que, comme un voleur qui pourrait entrer dans une maison, le Seigneur pourrait arriver dans notre vie de façon tout à fait inattendue.

Jésus nous demande de regarder dehors et de garder les yeux ouverts sur ce qui se passe autour de nous, afin que nous soyons prêts quand il vient.

Il peut y avoir plusieurs raisons qui nous font nous endormir : la fatigue, l’heure tardive, le manque d’intérêt. En ce premier dimanche de l’Avent, un appel pressent nous est lancé par trois fois, et c’est Jésus qui nous le lance : « Veillez ! » Ne soyons donc pas endormis, le Seigneur veut nous rencontrer.

"Prenez garde, restez éveillés". Dieu ne cesse de visiter son peuple. Plus d’une fois, il a «déchiré les cieux» pour le secourir et le consoler. Nos cœurs veillent et s’émerveillent en cette saison de l’Avent, car nous savons que le Christ est toujours bien vivant parmi nous. Le Christ nous fait confiance en nous associant à son projet d’amour pour le monde. Une telle confiance ne peut que rendre active et joyeuse l’attente de son retour.

Questions de discussion - Les serviteurs vigilants

• Expliquez cette parabole.

• Pourquoi est-il important de regarder?

• Qu'est-ce que Jésus veut que nous surveillions?

• Que représente le sommeil dans cette parabole?

• Avez-vous déjà dormi aux messages de Dieu?

Texte à trous:

Complète avec les mots: tous, maison, portier, l'improviste, serviteurs, maître, homme, coq, travail, veillez, disciples

Jésus parlait à ses ................................... de sa venue:
«Prenez garde, .............................: car vous ne savez pas
quand viendra le moment.
Il en est comme d' un .............................parti en voyage:
en quittant sa .......................,
il a donné tout pouvoir à ses ...........................,
fixé à chacun son ......................,
et recommandé au ........................... de veiller.
Veillez donc, car vous ne savez pas quand le ...................... de la maison reviendra,
le soir ou à minuit, au chant du ........... ou le matin.
Il peut arriver à ........................ et vous trouver endormis.
Ce que je vous dis là, je le dis à ................: Veillez!».

Je prie !

 Jésus, tu me demandes d'être un veilleur, d'être attentif, d'être à l'écoute.
Souvent, j'ai du mal à veiller, à ne pas m'endormir.
Pardonne-moi Seigneur, lorsque j'oublie ta Parole !
Aide-moi à garder ta Bonne Nouvelle au fond de moi !Apprends-moi à être ton  témoin  et apprends-moi à veiller chaque jour.

                                                           Amen !

Veillez et priez Mc 13, 33-37 

 Veiller, c'est garder en son coeur la Parole de Jésus dans l'obéissance à l'humble quotidien ; cette Parole réalise déjà la présence de celui qui se tient à la porte (Cf. Ap 3,20).

Veiller, c'est se garder disponible à l'imprévu de Dieu plus grand que nos projets humains : la vigilance est ainsi la marque de la liberté et de l'amour.

Veiller, c'est garder un coeur virginal, capable de croire à l'impossible accomplissement qui dépasse tout désir : la promesse se réalise en notre pauvreté.

Veiller, c'est se tenir comme l'argile entre les mains du potier, à travers les épreuves de l'existence aussi bien que dans l'ouverture à l'inépuisable générosité de la vie.

 Veiller, c'est oser croire en la promesse que Dieu nous fait : la communion avec lui et la participation à sa Vie ! Aucune Parole n'est impossible à Dieu, en vue de l'accomplissement de son dessein d'amour.

 Fr. Olivier Rousseau ocd (Couvent d'Avon)


mercredi 25 novembre 2020

Le petit berger des collines

 

Alors que tous les bergers étaient partis vers Bethléem avec quelques brebis , lui le plus jeune , le plus pauvre , l’apprenti berger , celui qui faisait le plus dur travail était resté seul avec le troupeau et un chien!...Et c’est alors qu’ il veillait et entretenait le feu , « qu’il a vu , de ses yeux l’ange qui le guidait vers l’endroit où , dans une mangeoire , un tout petit enfant reposait .Le petit berger s’est approché….

Près de l’enfant, il y avait une jeune femme : ce devait être sa maman...Dans l’ombre, il a distingué un homme, très jeune aussi : ce devait être le père du petit...Comme il se demandait ce qu’il pouvait faire pour eux, il s’approcha...et entendit ce que son père et sa mère lui disaient : « Notre tout petit ! Comme tu es grand ! Fils du très haut, fils de David ! Roi pour toujours, Fils de Dieu ! Nous t appellerons Jésus ! »

Alors le petit berger comprit un peu mieux pourquoi le troupeau était si sage, pourquoi toutes les bêtes des champs avaient accouru, pourquoi tous les oiseaux s’étaient immobilisés dans le ciel. Il tomba à genoux. Il ferma les yeux pour mieux voir, pour regarder en lui si toutes ces choses se gravaient bien dans son cœur. Par les yeux de son cœur, il a vu qu’il n’était pas tout seul au milieu des bêtes : il y avait avec lui tout un peuple de petites gens en adoration devant ce Dieu qui se faisait pauvre par amour pour eux...

 


samedi 21 novembre 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu, 25, 31-46

 Roi selon le cœur de Dieu

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples de sa venue:`` Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire.  Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche.

Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : 'Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j'avais faim, et vous m'avez donné à manger ; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire ; j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli ; j'étais nu, et vous m'avez habillé ; j'étais malade, et vous m'avez visité ; j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi !'  Alors les justes lui répondront : 'Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu...? Tu avais donc faim, et nous t'avons nourri ? Tu avais soif, et nous t'avons donné à boire ? Tu étais un étranger, et nous t'avons accueilli ? Tu étais nu, et nous t'avons habillé ? Tu étais malade ou en prison... Quand sommes-nous venus jusqu'à toi ?' Et le Roi leur répondra : 'Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait.' Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : 'Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Car j'avais faim, et vous ne m'avez pas donné à manger ; j'avais soif, et vous ne m'avez pas donné à boire ; j'étais un étranger, et vous ne m'avez pas accueilli ; j'étais nu, et vous ne m'avez pas habillé ; j'étais malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité.' Alors ils répondront, eux aussi : 'Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu avoir faim et soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?' Il leur répondra : 'Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait.'

Et ils s'en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. ``

Piste de réflexion

• Comment Jésus séparera-t-il les brebis des boucs?
• Que dira Jésus aux brebis?
• Que dira Jésus aux boucs?
• Comment les brebis montrent-elles qu'elles se soucient de Jésus le Bon Pasteur?
• En quoi Jésus est-il comme un roi?
• Pourquoi Jésus veut-il que nous aidions ceux qui en ont besoin?
• Quels sont quelques actes simples d'amour et de gentillesse?
• Qu'est-ce que Jésus a promis à ses disciples?
• Comment pouvons-nous montrer notre amour pour Dieu et notre prochain?

Petit commentaire

L'Église célèbre la fête du Christ-Roi en ce dernier dimanche de l'année liturgique. La fête d'aujourd'hui se concentre sur Jésus-Christ en tant que roi et berger de tous les peuples.

Dans l'évangile d'aujourd'hui, Jésus se décrit comme roi et berger. Jésus est le berger qui sépare les brebis et les boucs et le roi qui jugera le peuple. Le jugement sera basé sur la question de savoir si les gens se soucient ou non des affamés, des assoiffés, des étrangers, des prisonniers et des faibles de ce monde. Prendre soin de ceux qui en ont besoin, c'est prendre soin de Jésus lui-même. Négliger les besoins des autres, c'est négliger le Christ. «Aussi souvent que vous l'avez fait pour l'un de mes plus petits frères, vous l'avez fait pour moi. Cet évangile montre qu'en faisant de simples actes d'amour et de bonté, nous choisissons d'appartenir au royaume de Dieu.

Jésus a promis que toutes les personnes qui aiment Dieu et leur prochain jouiront de la vie éternelle au ciel. Un jugement particulier est basé sur ce que nous avons fait dans nos vies - que nous ayons choisi de coopérer ou de rejeter l'amour de Dieu. Quand le Christ reviendra, il jugera tous ceux qui ont jamais vécu. Chaque personne sera jugée sur la manière dont elle a vécu le message de l'Évangile d'aimer Dieu et de s'aimer les uns les autres.

vendredi 20 novembre 2020

CONTE DE Marcello, LE PETIT BERGER

 

Conte envoyé par Myriam, Belgique, Hainaut. Thème du conte: Penser aux autres plutôt qu'à soi-même.

Ce soir-là, au château, le Roi Marson et la reine dînaient aux chandelles.

Les ménestrels jouaient un air de mandoline. On en était au dessert.

Soudain, la reine dit: «Les fêtes de Noël approchent, Sire».

«Je sais», dit le roi. «Et je n’oublie pas que nous régnons déjà depuis 25 ans. C’est l’occasion de faire plaisir à nos sujets.»

Certes, l’occasion était rêvée, mais encore fallait-il trouver une idée originale, digne d’un palais royal.

Des idées, le roi n’en avait pas.

Il n’en avait jamais et les propositions de la reine ne lui plaisaient guère.

Quant aux ministres, ils se cassaient bien la tête, mais ne trouvaient rien d’extraordinaire.

Fut alors appelé le seul vrai savant de la maison, maître Merlin.

Il était un peu sorcier et débordait d’imagination.

«Moi, j’ai la solution à votre problème, sire!»

Et, il montra un joli coffret précieux rempli de pièces d’or et une clé.

«Alors?», fit le roi.

«Alors! Voici une clé magique... Elle ne tourne dans la serrure que si celui qui l’a en main pense justement ce qu’il faut penser. Lui seul peut alors emporter le coffret et vivre riche.»

«Mais, à quoi faut-il donc penser?» interrogea le roi.

«Ah! ça c’est un secret que je ne puis dévoiler! C’est vos sujets qui doivent chercher!», répondit Maître Merlin.

Cette idée plut au roi et à sa dame.

Aussitôt, un jeune troubadour parcourut la ville pour en informer les habitants.

Un coffret précieux au palais? Une clé à secret? Emporter le contenu? Pour toujours? Une idée de maître Merlin?.....

En ville, les gens ne parlaient plus que de cela. La boulangère oublia les pains dans le four. Ils avaient brûlé. Et le fermier, qui ne pensait plus qu’à gagner ce coffret, laissa la barrière ouverte, si bien que son cheval s’échappa…

La veille de Noël, dès le matin, une longue file de chercheurs de bonheur attendait à la porte du palais. Le roi et la reine les regardaient discrètement d’une petite fenêtre. Ils s’amusaient beaucoup. Un garde surveillait le coffret pendant que maître Merlin, caché derrière une tenture, observait le déroulement des faits.

A tour de rôle, les habitants de la région essayaient de faire tourner la clé.

«Ah! Je vais me faire construire un château aussi grand que celui du roi» pensa l’aubergiste du village en agitant la clé dans la serrure.

«Finie, la corvée du pain!» maugréa la boulangère en s’acharnant sur le coffret.

«Moi, je vais ouvrir une banque… Je serai riche, car je vais prêter ce trésor avec de gros intérêts!» se dit un des ministres, en cherchant à forcer le couvercle.

En vain! Au bout de la matinée, personne n’avait réussi. L’après-midi? Pas davantage.

Oh! Il y avait bien un bandit de grands chemins qui crut voir son heure de gloire arrivée, quand la clé sembla tourner. Hélas! son rêve de devenir roi s’effondra, car le coffret ne s’ouvrit pas.

Et le fermier qui pensait racheter un superbe cheval fut déçu lui aussi.

Comme le tisserand qui ne pensait qu’aux magnifiques brocards d’or qu’il pourrait acquérir avec tout ce trésor!

Et comme le médecin qui rêvait de devenir maître de la faculté de Paris…

Une paysanne qui pensait rivaliser avec les beaux atours de la reine s’y essaya aussi, mais le coffret restait bel et bien fermé. Et le roi et la reine commençaient à trouver le temps long…

Mais voilà que Marcello, le petit berger, qui arrivait vers l’église du château pour la messe de minuit entendit parler aussi de cette nouvelle étonnante. Dans ses montagnes, l’annonce n’était pas venue jusqu’à lui. Le patron ne riait pas quand un mouton se perdait. Déjà qu’il recevait à peine de quoi aider sa pauvre famille…

Marcello mit donc à son tour la clé dans la serrure. Il ne savait vraiment pas à quoi penser. Il avait tant de soucis, mais il se dit que si le coffret s’ouvrait, il l’offrirait de tout son cœur à ses pauvres parents…

«C’est vrai», murmura-t-il… «Ils sont si bons, je leur apporterais nourriture et vêtements; je ferais soigner ma petite sœur malade; je permettrai à mes frères d’aller à l’école. Et sûrement qu’il resterait encore des pièces d’or pour les plus malheureux du village!»

Comme il pensait à tout cela, le roi et la reine et tous les habitants du village n’en crurent pas leurs yeux. La clé venait de tourner!

Le petit berger en pleura de joie. Maître Merlin quitta alors sa cachette et le félicita d’avoir pensé aux autres plutôt qu’à lui-même.

«Emporte ce coffret», lui dit-il, «et vis heureux maintenant avec tous ceux que tu aimes!» Le bonheur déjà illuminait son visage. Quand il s’agenouilla devant la crèche, ce soir-là, Marcello se sentit envahi par une immense paix et une grande joie. Il entendait Jésus lui murmurer dans le creux de l’oreille: «Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait... Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait»…

 D’après un conte de Julie River, Album  "Bonjour Noël!", décembre 1985 ed. Averbode

 
https://www.maintenantunehistoire.fr/conte-de-marchello-le-petit-berger/

samedi 14 novembre 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu, 25, 14-30

 

Les talents ce sont les capacités humaines (physiques, intellectuelles, relationnels, affectives etc...).


En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « Un homme qui partait en voyage appela ses serviteurs et leur confia ses biens.  À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit.

 Aussitôt,  celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres.  De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres.  Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître.

 Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes.

Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : “Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.”  Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.”  Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : “Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.”  Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.”  

 Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : “Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain.  J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.”

 Son maître lui répliqua : “Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu.  Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts.  Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix.  À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a.  Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !” »

Questions de discussion

De quoi parle cette parabole? Quel est le lien avec le chapitre 24?
Au verset un, Jésus dit: «Ce sera comme un homme partant en voyage.» À quoi ressemblera un homme en voyage?
Que représentent les différents symboles ou personnages de la parabole?
Qu'est-ce qu'un talent?
Pourquoi le capitaine donne-t-il des montants différents au lieu du même montant à chaque personne?
Dieu nous donne-t-il les mêmes capacités et responsabilités? Pourquoi pas?
Comment devriez-vous réagir si on vous en donne plus? Comment devriez-vous réagir si on vous en donne moins?
Quelle est la différence de point de vue entre un steward et un propriétaire?
À qui appartenaient les nouveaux talents (sacs d'or) gagnés? Qu'est-ce que le serviteur en a fait au retour du maître?
Comment le maître a-t-il réagi aux deux domestiques qui ont bien fait?
Que signifie «entrer dans la joie de votre maître».
Quel genre de personne représente le serviteur paresseux?
Pensez-vous qu'il est honnête dans sa raison de ne pas travailler pendant que le maître était absent? Pourquoi ou pourquoi pas?
Que voyez-vous dans sa réponse à propos de sa vision du maître? Était-ce exact? Pourquoi était-il si négatif?
Si le maître représente Jésus, comment pouvons-nous comprendre sa déclaration selon laquelle «vous saviez que je moissonne là où je n'ai pas semé et que je cueille là où je n'ai pas semé».
Y a-t-il des conseils financiers impliqués dans cette parabole?
Que signifie le verset 29?

Parabole des talents – Signification fait

Le maître a donné une somme d'argent considérable à chaque serviteur, conformément à ses capacités. Les deux premiers serviteurs étaient fidèles à prendre soin de l'argent de leur maître. Ils ont été récompensés en conséquence. Le troisième serviteur manquait de foi et le maître voyait cela comme un manque de valeur. Il a perdu ce qu'il avait et a été puni.

Du passage ci-dessus, nous concluons que Dieu donne des talents à chaque personne. Ces talents varient d'une personne à l'autre. Cependant, nous devons rendre compte de ces cadeaux à leur propriétaire.

Puisque Jésus faisait référence au Royaume de Dieu dans la parabole, nous apprenons que nos vies ne sont pas les nôtres pour vivre selon nos souhaits. Nous devons nos vies et nos richesses à Dieu! En tant que chrétiens, nous attendons le retour de Jésus-Christ sur terre. Nous sommes comme ces intendants, utilisant fidèlement les atouts de notre Maître en attendant son retour.

Jésus nous a chargés d'atteindre le monde avec l'Évangile jusqu'à son retour. Cela comprend l'utilisation de nos talents pour s'aventurer dans l'inconnu avec foi. Notre objectif est de faire prospérer le Royaume! La plupart du temps, cependant, nous avons tendance à chercher des excuses lorsque la marée est houleuse. Nous oublions que le Seigneur nous a donné des talents adaptés au travail! Il sait si vous seriez fidèle avec peu ou plus.

Les deux serviteurs qui ont utilisé leurs talents avec sagesse ont reçu des salutations similaires mais pas des récompenses. Pour leur fidélité, ils ont tous deux été félicités. Je crois que c'est le point culminant de la parabole. Il séparait ceux qui utilisaient sagement leurs talents, quels que soient les profits réalisés, du troisième serviteur, qui désobéissait aux simples instructions du maître.

Voir la parabole des talents sous l'angle de la fidélité au Maître enseigne que le royaume de Dieu s'accomplit, non seulement avec des talents, de l'argent ou une éducation, mais avec une simple obéissance.

Complétez les versets de la parabole biblique - Les dix talents, tirés de la Bible du roi Jacques. fait

 1. Matthieu 25:14 - Il en sera comme d'un homme qui, partant pour un voyage, appela ses _______, et leur remit ses biens.   

 2. Matthieu 25:15 - Il donna _______ talents à l'un, deux à l'autre, et un au troisième, à chacun selon sa capacité, et il partit. Aussitôt  

 3. Matthieu 25:16 - celui qui avait reçu les cinq talents s'en alla, les fit valoir, et il gagna cinq autres _______.  

 4. Matthieu 25:17 - De même, celui qui avait reçu les _______ talents en gagna deux autres.   Ajoutez la question à la liste de revue.

 5. Matthieu 25:18 - Celui qui n'en avait reçu qu'un alla faire un creux dans la _______, et cacha l'argent de son maître.

 6. Matthieu 25:19 - Longtemps après, le _______ de ces serviteurs revint, et leur fit rendre compte

 7. Matthieu 25:20 - Celui qui avait reçu les cinq talents s'approcha, en apportant cinq autres talents, et il dit: _______, tu m'as remis cinq talents; voici, j'en ai gagné cinq autres.

 8. Matthieu 25:21 - Son maître lui dit: C'est bien, bon et _______ serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître

 9. Matthieu 25:22 - Celui qui avait reçu les deux talents s'approcha aussi, et il dit: Seigneur, tu m'as remis deux talents; voici, j'en ai _______ deux autres.

 10. Matthieu 25:23 - Son maître lui dit: C'est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en _______ de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître.

 11. Matthieu 25:24 - Celui qui n'avait reçu qu'un talent s'approcha ensuite, et il dit: Seigneur, je savais que tu es un homme _______, qui moissonnes où tu n'as pas semé, et qui amasses où tu n'as pas vanné;  

 12. Matthieu 25:25 - j'ai eu peur, et je suis allé cacher ton _______ dans la terre; voici, prends ce qui est à toi.

 13. Matthieu 25:26 - Son maître lui répondit: Serviteur _______ et paresseux, tu savais que je moissonne où je n'ai pas semé, et que j'amasse où je n'ai pas vanné;  

 14. Matthieu 25:27 - Il te fallait donc remettre mon _______ aux banquiers, et, à mon retour, j'aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt

 15. Matthieu  25:28 - Otez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les _______ talents.

 16. Matthieu 25:29 - Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l'_______, mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il a.

 17- Matthieu 25:30 -Et le serviteur inutile, jetez-le dans les _______ du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.

 Réponses : 1- serviteurs, 2-  cinq,  3- talents, 4- deux, 5- terre, 6- Maître, 7- Seigneur, 8- .Fidèle, 9- gagné, 10- peu, 11- dur, 12- talent, 13- méchant, 14- argent, 15- dix, 16- abondance, 17- ténèbres

 Les talents   parabole Mt 25, 14-30 (histoire)

 Il était une fois un garçon et une fille, qui s'appelaient Paulin et Agathe. Ils étaient dans la même classe et s'entendaient très bien, autant pour le travail que pour le jeu. Ça troublait parfois l'ambiance de la classe mais c'était aussi les deux meilleurs élèves. Le troisième, Alexis, était un garçon intelligent, mais qui se plaignait toujours. Un jour, la maîtresse les appelle tous les trois : "vous êtes les meilleurs en dessin, je vais vous demander un service : vous savez que c'est bientôt la fête de l'école ; l'an dernier, on a utilisé des dessins d'enfants de l'école pour faire les affiches, mais il y a la date de l'année dernière : est-ce que vous croyez que vous pourriez refaire ces dessins en mettant la date de cette année ?" Paulin et Agathe acceptent tout de suite, Alexis est moins empressé. Paulin reçoit trois dessins à refaire, Agathe deux, et Alexis un.

Quelques temps après, la maîtresse appelle les trois enfants et leur demande où ils en sont.

- Voilà, maîtresse, dit Paulin : j'ai refait les trois dessins que tu m'avais donnés, mais j'ai eu des idées et j'en ai fait trois autres.

- Ça, c'est drôle, c'est pareil pour moi, j'en ai fait aussi deux de plus !

- C'est très bien, vous êtes de bons élèves ; je vous ai fait confiance pour cette petite chose, vous le méritiez, je pourrai vous demander des services plus importants.

Alexis était resté dans son coin. La maîtresse demande "et toi, Alexis ?". Il était très gêné et finit pas dire "maîtresse, je sais moins bien dessiner que toi, je n'ai pas su faire et j'avais oublié la nouvelle date. Je te rends ton dessin, je n'ai rien d'autre". La maîtresse était fâchée : "c'est mal, Alexis ! Tu aurais pu au moins me demander la nouvelle date et chercher des idées avec d'autres. Je suis déçue, je ne peux plus te faire confiance."

 

mercredi 11 novembre 2020

LE COQUELICOT GÉANT (ISABELLE ET SES AMIS)


 

Isabelle a cinq ans et demi. Tu la verras souvent habillée d'une salopette jaune ou bleue. Ses parents coiffent ses longs cheveux blonds en deux tresses qui dansent le long de son frais visage.

Elle a trois grands frères. Bertrand, 19 ans, un étudiant. Benoît, 13 ans, très amateur de jeux vidéo. Benjamin, 7 ans et demi. Il partage la chambre d'Isabelle. Ils dorment sur des lits superposés et le garçon a choisi celui du haut. On sait aussi que Benjamin est très gourmand.

Notre amie habite avec ses parents dans un ravissant village, à la campagne. Tout au fond de leur jardin, se dresse une barrière qu'elle ne sait pas ouvrir. Le mécanisme est fort compliqué.

Là, commence une prairie remplie de fleurs, surtout des pâquerettes et des boutons d'or. Elle en cueille souvent pour papa et maman.

Ce matin-là, notre amie traversa la cuisine. Elle s'apprêtait à sortir au jardin.

-Où pars-tu ma chérie ? demanda maman.

-Je vais dans le champ de fleurs.

-Et que comptes-tu y faire ?

-C'est une surprise, répondit la fillette avec un petit air malicieux.

-Bon, mais ne te salis pas trop.

Isabelle se glissa sous la barrière et se redressa dans la prairie. Elle voulait trouver une fleur plus belle ou plus grande que les autres, pour l'anniversaire de sa mère. Il faisait grand soleil.

Tout à coup, elle aperçut un immense coquelicot, au bout du pré, près de l'étang. Il était si grand que la tige montait plus haut qu'elle. Jamais elle n'en avait vu un pareil ! De grands pétales rouges entouraient le haut de sa tige.

Émerveillée, notre amie admira la magnifique fleur. Maman allait être contente !

Elle s'approcha du coquelicot et tâcha de le cueillir. Mais une plante d'une telle taille possède une tige forte et résistante. Elle ne réussit pas à la couper. Dommage !

Mais Isabelle ne se laisse pas démonter pour si peu. Elle réfléchit un instant en observant la fleur. Puis elle fit demi-tour, retraversa le pré et repassa sous la barrière en faisant bien attention de ne pas déchirer ses vêtements.

Elle entra à la cuisine et ouvrit le tiroir où sont rangés les couverts. Elle choisit un long couteau garni de dents bien aiguisées, puis elle retourna au champ de fleurs. Le coquelicot semblait l'attendre.

D'une main, elle saisit la tige et la serra bien fort, et de l'autre elle entreprit de scier la grande fleur.

-Arrête, tu me fais mal, entendit Isabelle.

Surprise, elle lâcha tout et se retourna.

-Qui me parle ?

Elle regarda à gauche, à droite. Personne en vue. Notre amie était seule dans la prairie, sous le ciel bleu.

Mais alors, qui parle ? Tant pis ! Elle reprit solidement la tige en main et recommença à couper avec son couteau.

-Tu ne vas pas continuer, non ?

De nouveau notre amie recula, étonnée, surprise, intriguée. Elle examina le coquelicot géant.

-Mais… tu parles ?

-Oui, ça te dérange ?

-Normalement les fleurs ne disent rien.

-Moi, je parle.

-Et pourquoi ?

-Je bavarde parce que je suis un génie, répondit la grande plante.

Isabelle n'en revenait pas. Elle était troublée. Cette plante était un génie, un sorcier déguisé en coquelicot. Elle n'avait jamais vu ça.

Notre amie réfléchit encore. Elle ne se laisse pas impressionner si facilement. Elle a trois grands frères… Elle est même trop futée, trop espiègle, se plaignent souvent Bertrand ou Benoît, les aînés.

Elle resta encore, debout, en silence, le couteau à la main, devant l'énorme coquelicot. Elle l'observait avec malice.

-Ainsi tu es un génie… Très bien... Mais alors, je peux prononcer un vœu.

-Oh zut, dit la fleur agacée. Voilà bien ma chance ! Il a fallu que je tombe sur une petite fille intelligente ! Bon, allez, d'accord. Tu peux formuler ton vœu. Dépêche-toi, qu'on en finisse… Allez, vas-y… Je t'écoute… Que veux-tu ?

Les feuilles du coquelicot tremblaient un peu d'impatience et les pétales se tournaient vers Isabelle malgré l'absence de vent.

Notre amie se tut encore un instant, puis, un joli sourire aux lèvres, les yeux pétillants, les mains sur les hanches, elle déclara:

-Je voudrais, pour mon vœu, que tu te taises. Que tu ne parles plus.


Isabelle s'approcha à nouveau de la plante. Elle saisit la tige d'une main et de l'autre elle la coupa avec son couteau.

Puis elle traversa le champ. Elle se glissa sous la clôture, et revint à la maison. Elle tendit son coquelicot géant à sa mère avec fierté.

-Maman, maman, regarde la jolie fleur que j'ai trouvée pour ton anniversaire !

-Mais quelle merveille, ma chérie! 

Elle admira longtemps la grande plante. Elle la fit tourner entre ses mains, toucha les feuilles, sentit les pétales, puis elle prit sa petite fille dans ses bras et l'embrassa en la serrant très fort.

-Je n'ai jamais vu un si beau coquelicot, ma tendresse. Viens avec moi, on va chercher un grand seau à la cave, y mettre de l'eau et placer ta fleur au milieu du salon où tout le monde la verra.

Plus tard, maman appela ses voisines, ses amies, ses collègues et toute la famille. Tous vinrent admirer la plante extraordinaire que sa fille lui avait cueillie.

Isabelle était très fière et très heureuse.

Le lendemain, notre amie retourna dans le champ de fleurs.

-Peut-être pourrais-je trouver un autre coquelicot ? Je le cueillerais et je le rapporterais à maman. Elle était si contente hier.

Au bout du pré, au même endroit que la veille, se trouvait une nouvelle fleur géante. Encore un coquelicot, tout aussi grand que le premier.

Isabelle revint en courant à la cuisine. Elle reprit le même couteau et retourna dans le champ. Elle entreprit de couper la tige.

-Tu ne vas pas recommencer, non ?

La fillette recula.

-Tu ne peux pas parler. Hier, j'ai prononcé un vœu pour que tu ne dises plus rien.

-Cela ne compte pas. Aujourd'hui, je suis une autre fleur, précisa le génie. Alors, je peux bavarder autant que je veux.

-Tricheur ! cria Isabelle.

-Tous les génies sont des tricheurs.

Mais notre amie est intelligente, sans doute parce qu'on lui  raconte beaucoup d'histoires…

-Hier soir, j'ai regardé avec mon grand frère dans mon livre de contes. Quand on découvre un génie, on peut prononcer trois vœux. Il m'en reste donc deux.

-Oui, soupira le coquelicot. Tu as raison. D'accord. Allez, vas-y. Formule ton deuxième vœu, qu'on avance.

Encore une fois la fillette réfléchit.

-Je voudrais que tu ne pousses plus ici au fond du pré, mais dans mon jardin, près de la fenêtre de la cuisine. Ainsi, maman verra tous les jours une nouvelle fleur.

Le coquelicot disparut.

Isabelle fit demi-tour et revint dans son jardin. Bonheur! La plante géante se trouvait là, au soleil, bien visible de la maison.

-Merci coquelicot, je suis contente.

-Bon, troisième vœu, finissons-en, s'énerva la fleur.

Isabelle se taisait. Elle réfléchissait.

Toi qui écoutes cette histoire, qu'aurais-tu demandé ?

-J'hésite, murmura notre amie. Attends-moi ici. Je vais aller à la maison interroger mes parents, ils auront peut-être une idée.

La fillette traversa la cuisine et passa au salon. Ses trois grands frères, Bertrand, Benoît et Benjamin étaient revenus de l'école. Elle s'adressa à papa et maman.

-Venez à la fenêtre, regardez mon coquelicot géant, c'est un génie. J'ai déjà obtenu deux vœux. Je peux en prononcer un troisième, mais je ne sais pas quoi demander.

Papa réfléchit un instant, puis il dit :

-Oui, j'ai une bonne idée. Demande à ta plante que chaque matin quand je m'éveille, je trouve une pièce d'or sous mon oreiller. Avouez tous que ce serait une bonne manière de commencer la journée.

-Trop facile, déclara maman. J'ai une meilleure idée. Tâche d'obtenir une baguette magique de ton coquelicot, Isabelle.

Ainsi, quand mes enfants reviendront très sales après avoir joué dans les bois ou dans la boue, je n'aurai qu'à toucher leurs vêtements et ils seront immédiatement lavés, repassés et rangés dans les armoires. Et puis, avec cette même baguette magique, lorsque je préparerai le dîner, il me suffira de la glisser sur la viande ou le poisson et les légumes, et le repas sera prêt et servi à table.

-Papa et maman, s'écria Bertrand, ce que vous êtes ringards ! On ne propose plus des voeux pareils aujourd'hui ! Je voudrais que tu demandes un stylo à ta plante, Isabelle. Un stylo qui ne ferait jamais de faute en écrivant. Ainsi, j'aurai toujours dix sur dix, vingt sur vingt à l'école. Je réussirai tous mes examens du premier coup.

-Ah non, cria Benoît, treize ans et demi, non. Je ne suis pas de votre avis. Essaye d'obtenir le dernier modèle de console de jeux vidéo, ou un ordinateur dernier cri, plus l'imprimante couleur qui l'accompagne.

-N'écoute pas, Isabelle, supplia Benjamin. Demande un grand coffre pour notre chambre, et que ce grand coffre reste toujours rempli de bonbons, de chocolats et de biscuits en tous genres. On pourra en manger autant qu'on veut, il ne se videra jamais.

-La pièce d'or chaque matin sous l'oreiller, répéta papa.

-La baguette magique, renchérit maman.

-Pensez aux examens, le stylo, lança Bertrand.

-L'ordinateur et la console de jeux, cria Benoît.

-Les bonbons, les bonbons, les bonbons, scanda Benjamin.

Chacun se mit à hurler sans même écouter les autres. C'était à qui crierait le plus fort.

Isabelle sortit, puisqu'ils se disputaient. Elle retourna au jardin, tout près du coquelicot géant.

-Je crois que je sais ce que je veux pour mon troisième vœu. Ils se bagarrent tous à la maison à cause de toi. Alors je te demande de partir, pour qu'ils ne se disputent plus. Je veux que tu t'en ailles très loin et que tu ne reviennes jamais.

La plante disparut.

-Silence, imposa papa avec fermeté. Cessons cette dispute. Il faut laisser Isabelle décider. C'est sa fleur.

La porte de la maison s'ouvrit. Les parents et les trois grands frères arrivèrent en courant près de la petite fille.

-Nous sommes d'accord, ma chérie, dit maman. A toi de choisir.

-Trop tard, répondit notre amie. Le coquelicot est parti. Il ne reviendra plus jamais.

-Je pense que c'est mieux ainsi, affirma papa. On n'aurait jamais pu s'entendre tout à fait.

-Oui, murmura Benjamin, avec un rien de regret en pensant au coffre à bonbons.

-D'accord avec toi papa, ajouta Benoît, conciliant.

-Je vous trouve tous très sages. Nous avons été envoûtés par ce génie, conclut maman. Je retrouve ici et maintenant ma famille heureuse et unie.

Isabelle sauta au cou de sa mère et la serra très fort. Papa embrassa maman avec Isabelle au centre. Les grands frères entourèrent les parents et la petite soeur et serrèrent à leur tour. Notre amie profita d'un bon et long moment de tendresse au milieu des siens.

On ne se disputa plus dans la famille. Le coquelicot géant avait exécuté le troisième vœu.

Isabelle en fut très heureuse.

Elle ne l'a jamais revu.

samedi 7 novembre 2020

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu, 25, 1-13

 La parabole des dix vierges


En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : Le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux.
Cinq d’entre elles étaient insouciantes, et cinq étaient prévoyantes :
les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile,
tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes, des flacons d’huile.
Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.
Au milieu de la nuit, il y eut un cri : “Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.”
Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et se mirent à préparer leur lampe.
Les insouciantes demandèrent aux prévoyantes : “Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.”
Les prévoyantes leur répondirent : “Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous, allez plutôt chez les marchands vous en acheter.”
Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée.
Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent à leur tour et dirent : “Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !”
Il leur répondit : “Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.”
Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.

Des questions

 1. Qu'ont emporté les vierges sages avec elles?

2. Qu'est-il arrivé aux lampes des vierges folles quand quelqu'un s'est mis à crier,

«Voici le marié!» ?

3. Qu'ont-ils demandé aux vierges sages de faire?

4. Que leur ont dit les vierges sages?

5. Que s'est-il passé lorsque les vierges folles sont allées acheter plus d'huile au les gens qui vendaient du pétrole? Où sont allées les vierges sages?

6. Qu'est-ce que Jésus a dit aux vierges folles quand elles se sont finalement présentées à la porte qui a été fermé et a demandé à entrer?

Petit commentaire

 Cette parabole signifie qu'il faut être prêt pour le retour du Seigneur, bien qu’il peut revenir à n'importe quel instant et que ceux qui n'auront pas attendu se verront refuser l'entrée du Royaume.

Les lampes peuvent symboliser la foi (qui éclaire nos vies) et l'huile: la charité! Donc les dix ont la foi et vont au -devant de l'Époux (le Christ), mais pour seulement 5 d'entre elles, la foi est animé par la charité (Amour de Dieu et du prochain).

Si Demain M’Était Conté - Test 92 Les Dix Vierges

1- La parabole des dix vierges, retrouvée dans l’Évangile selon Matthieu, nous dit que «le royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, allèrent à la rencontre de l’époux.» Le Psaume 119 nous explique ce que symbolise la lampe des dix vierges: «Ta _______ est une _____ à mes pieds, et une ____ sur mon sentier.»

2- Dans la parabole des dix vierges, retrouvée dans l’Évangile selon Matthieu, qu’est-ce qui distingue les cinq vierges sages des cinq vierges folles?

______Les vierges sages ne se sont pas endormies.
______Les vierges sages ont une réserve d’huile.
______Les vierges sages ont deux lampes.
______Les vierges sages connaissent le moment de la venue de l’époux.

 3- Toujours dans la parabole des dix vierges, que symbolise l’huile qui alimente les lampes des dix vierges?

_______Le Saint-Esprit.
_______La Parole de Dieu.
_______Les dons spirituels.
_______Les talents que Dieu nous confie.

 4- La parabole des dix vierges nous dit ensuite que l’époux tarda à se présenter. En fait, dans Ses paraboles, Jésus a souvent présenté Son retour comme un événement lointain. Mais si l’Époux semble tarder, Son retour est néanmoins certain, comme l’affirme l’Épître aux Hébreux: «Encore un peu, un peu de ______: Celui qui doit venir _____, et Il ne _____ pas.»

 5- Dans la parabole des dix vierges, retrouvée dans l’Évangile selon Matthieu, combien de vierges s’endorment en attendant l’époux?

______Aucune des dix vierges.
______Cinq des dix vierges.
______Neuf des dix vierges.
______Toutes les vierges.

 6- Dans la parabole des dix vierges, retrouvée dans l’Évangile selon Matthieu, le cri «Voici l’époux!» est lancé...

______... au lever du soleil.
______... au milieu du jour.
______... au coucher du soleil.
______... au milieu de la nuit.

 7- En refusant de partager leur réserve d’huile, les vierges sages semblent avoir manqué de générosité envers les vierges folles. Mais le Psaume 49 nous explique la raison de ce refus: «Ils ne peuvent se ______ l’un l’autre, ni ______ à Dieu le prix du rachat. Le rachat de leur âme est ________, et n’aura jamais lieu.» Chacun d’entre nous doit donc développer une relation personnelle solide avec Dieu, afin que chacun puisse compter sur sa propre réserve d’huile.

 8- La parabole des dix vierges se poursuit avec la fermeture de la porte de la salle de noces. Quelques chapitres plus tôt, l’Évangile selon Matthieu présente des gens qui, comme les vierges folles, cherchent à convaincre Jésus de les laisser entrer dans le Royaume de Dieu. Pour y arriver, ils disent à Jésus: «Seigneur, Seigneur...» (cochez toutes les bonnes réponses):

_______«... n’avons-nous pas prophétisé par Ton nom?»
_______«... n’avons-nous pas chassé des démons par Ton nom?»
_______«... n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles par Ton nom?»
_______«... n’avons-nous pas fait la volonté de Ton Père?»

 9- En rapportant la fermeture de la porte de la salle de noces, la parabole des dix vierges évoque clairement un récit de l’Ancien Testament auquel Jésus Lui-même fait référence un peu plus tôt dans l’Évangile selon Matthieu. Quel est ce récit?

_______La destruction de Sodome et Gomorrhe.
_______La traversée de la Mer Rouge.
_______L’arche de Noé et le Déluge.
_______La chute des murs de Jéricho.

 10- Quel appel nous lance Jésus, à la fin de la parabole des dix vierges?

_______Un appel à l’obéissance.
_______Un appel à la vigilance.
______Un appel à la repentance.
______Un appel à la fidélité.


vendredi 6 novembre 2020

Histoire d'un petit Coquelicot

 

C'est l'histoire d'un petit coquelicot poussant tout seul, perdu sur un parking qui ressemble à n'importe quel autre parking de n'importe quelle grande surface de France... Qui l'a fait pousser là tout seul ? Quel vent malin a transporté sa petite semence jusqu'à l'asphalte chaude et nue de ce parking ? Et pourtant... en dépit du manque de soins, de la menace constante d'être piétiné, de l'indifférence quasi dédaigneuse des passants et de ce sol dur et aride qui l'étouffe et l'égratigne, il a poussé, bon gré, mal gré et il est devenu ce timide coquelicot tremblotant.

Il a tout supporté, tout enduré... Peut-être pensait-il que c'était là sa destinée de coquelicot ?

Savait-il seulement qu'il était un coquelicot ? Savait-il seulement qu'il était une fleur ?

Un jour, un passant bienveillant a porté un regard ému et plein de compassion sur lui. S'il acceptait de quitter son parking, sa terre natale, s'il acceptait de quitter sans regret cet horizon inhospitalier... s'il acceptait tout simplement de le suivre sans regarder en arrière, il pourrait être transplanté dans un endroit nouveau où paraît-il, il retrouverait son image reproduite à foison. Dans sa petite tête, il pensait être le seul de son espèce. Se pouvait-il qu'il existe, quelque part, une famille de coquelicots ?

Alors son cœur a dit "oui", car les coquelicots, paraît-il, ont un cœur. Tout d'abord, sa petite tête a donné son assentiment, puis son cœur a consenti... et alors le miracle s'est produit : comme dans un rêve, il s'est retrouvé dans un endroit verdoyant. Le soleil ne dardait plus sur lui ses rayons brûlants, il ne sentait plus l'asphalte sous ses pieds, mais une fraîcheur inhabituelle montait du sol, lui donnant envie d'éternuer et de se redresser, alors qu'avant il se penchait, se penchait le plus possible, pour passer inaperçu aux yeux des passants pressés. Finie la crainte d'être piétiné ! Il avait envie de se redresser et se faisant, ô miracle : il vit une multitude de fleurs qui l'entouraient de toutes parts. Une multitude de coquelicots inclinant vers lui leurs corolles écarlates en guise de bienvenue. Il n'était plus seul ! Il a su, et senti que c'était là sa famille. Des gouttes de rosée ont alors perlé sur ses pétales veloutés... le petit coquelicot pleurait... tout simplement de joie et de reconnaissance.

Et s'il arrive encore au petit coquelicot de pleurer, surtout le matin, car c'est à ce moment- là qu'il a été transplanté dans ce nouvel univers, c'est qu'il découvre maintenant à quel point le passant qui l'a délivré l'aimait et à quel point toutes les fleurs de sa famille l'aiment et donnent leur vie pour prendre soin les unes des autres.

https://www.douzetribus.fr/histoire-dun-petit-coquelicot.html


lundi 2 novembre 2020

La nuit dans le cimetière (conte)


 

Il était une fois un riche paysan qui ne pensait qu’à accumuler les biens, sans se préoccuper de ceux qui étaient pauvres.  Un jour, comme il contemplait son coffre-fort, on frappa à sa porte.  C’était un de ses voisins, un homme très pauvre, qui avait beaucoup d’enfants à nourrir.

·         Mes enfants ont faim, dit le pauvre paysan. Je viens vous prier de me prêter quatre mesures de blé.

·         Un rayon de soleil réchauffa le coeur de glace du riche paysan, ou bien, peut-être eut-il un pressentiment.  Toujours est-il qu’il répondit :

·         Je ne vais pas te prêter quatre mesures de blé. Je vais t’en donner huit.  Mais je veux que tu me promettes que, lorsque je serai mort, tu veilleras pendant trois nuits auprès de ma tombe.

·         Cette condition ne séduisait pas le pauvre paysan, mais il accepta et rentra chez lui avec le blé.

Trois jours plus tard, le riche mourut et le pauvre dut tenir sa promesse.  À la tombée de la nuit, il alla dans le cimetière et s’assit près de la tombe.  Les heures s’écoulèrent lentement.  Au matin, il rentra chez lui,  La deuxième nuit se passa aussi calmement que la première.  Quand, pour la troisième fois, il se rendit au cimetière, il eut la surprise d’y rencontrer un homme au visage marqué de cicatrices, le corps enveloppé d’un grand manteau qui ne laissait voir que ses bottes.

·         -Que faites-vous là? demanda le paysan.  N’avez-vous pas peur, tout seul dans ce cimetière?

·         Je suis un vieux soldat, répondit l’inconnu. Je veux passer la nuit ici, car je ne sais où aller.

·         Puisque vous n’avez pas peur, dit le paysan, vous allez m’aider à monter la garde près de cette tombe.

Monter la garde, c’est un travail de soldat, répondit l’autre.

Et ils s’installèrent tous les deux près de la tombe.  Jusqu’à minuit, tout fut calme.  Mais, quand sonnèrent les douze coups, le diable apparut devant les deux gardiens.

·         Allez-vous-en, cria-t-il. Je viens chercher celui qui est dans cette tombe.  Si vous restez là, je vous emporte aussi !

·         Vous n’êtes pas un officier, je n’ai pas à vous obéir, répondit le soldat. Nous ne bougerons pas d’ici.

·         Le diable se dit : « avec de l’or, je vais venir à bout de ces deux nigauds. »  Et il leur demanda aimablement.

·         Pour une bourse d’or, vous accepteriez de partir ?

·         C’est à voir, dit le soldat. Mais une bourse, ce n’est pas assez.  Remplis d’or une de mes bottes et nous partirons.

·         Je vais en chercher ! s’écria le diable.

·         Et il partir comme le vent.  Le soldat retira une de ses bottes, et, avec son couteau, en découpa la semelle.  Puis, il pose la botte dans l’herbe, près de la tombe, le talon au-dessus d’une fosse à demi creusée.  Et ils attendirent.  Peu de temps après, le diable était de retour, une bourse d’or à la main.

·         Verse-la dans ma botte, dit le soldat, mais je suis sûr qu’il n’y en aura pas assez.

·         Le diable versa la bourse ; l’or coula dans la botte et tomba dans la fosse.

·         Je te l’avais bien dit, ricana le soldat. Va en chercher d’autres.

Le diable s’en alla et revint au bout d’un moment, un grand sac sous le bras.  L’or coula dans la botte et tomba dans la fosse.  Le soldat plongea la main dans la botte.  Le diable fut bien obligé de reconnaître qu’elle était vide.

·         Si tu ne nous en donnes pas davantage, nous ne ferons pas affaire dit le soldat.

Le diable partit de nouveau.  Quand il revint, il marchait difficilement, le dos courbé sous un énorme sac.  Il en versa le contenu dans la botte qui resta aussi vide qu’auparavant.  Cette fois, le diable se mit en colère et voulut examiner de plus près cette botte.  Au même instant, le premier rayon de soleil levant parut.  Furieux mais impuissant, le diable disparut.  Le mort était sauvé.

Le paysan voulut partager l’or avec son compagnon mais celui-ci lui dit :

·         Partageons plutôt avec les pauvres. Nous leur donnerons ma part.  Comme je n’ai pas de maison, je vais venir habiter chez toi et ta part nous suffira pour vivre heureux.

 

Adapté du conte de Grimm, Milles ans de contes, tome 2, Éditions Milan, 2007, p.409-412

 

https://unebellefacon.wordpress.com/2019/09/15/la-nuit-dans-le-cimetiere-conte/