vendredi 31 août 2018

Le jardin voyageur de Peter Brown


Il était une fois une ville sans le moindre jardin. Pas un seul arbre. Pas un brin de verdure. Jamais les habitants ne mettaient le nez dehors. C’était un endroit affreusement ennuyeux.
      Un petit garçon nommé Liam vivait dans cette ville et, bien au contraire des autres habitants, il adorait le grand air. Les jours de pluie les plus gris, quand tout le monde se claquemurait chez soi, Liam déambulait dans les rues en pataugeant joyeusement dans les flaques.
Un matin, Liam fit une découverte inattendue. Il se promenait sous l’ancien viaduc quand il aperçut une entrée. Dessous, il faisait noir. Il distingua des marches.
      C’était un escalier qui menait jusqu’aux voies du chemin de fer ! Aucun train n’y passait plus depuis longtemps. Liam avait toujours rêvé d’explorer les voies. C’était le moment !
      Liam grimpa les marches quatre à quatre et sortit à l’air libre. La première chose qu’il vit fut une joyeuse tache de couleurs. Il n’en crut pas ses yeux : des plantes et des fleurs sauvages ! Hélas, elles avaient une mauvaise mine. Certaines étaient même mourantes.
      Pas de doute, elles avaient besoin d’un jardinier.
  Même si Liam ne connaissait rien au jardinage, il était sûr qu’il pouvait les aider. Il revint le lendemain et se mit aussitôt au travail. Il manqua noyer les fleurs en voulant les arroser, et il ne savait pas trop comment tailler les arbres.
      Mais ses protégés attendirent impatiemment qu’il soit devenu plus habile.
 Au fil des semaines, Liam se sentit devenir un vrai jardinier.
      Alors son îlot de plantes sauvages se sentit devenir un vrai jardin.
      La plupart des jardins restent sagement où ils sont, seulement celui-là n’était pas un jardin comme les autres : il était curieux. Il voulait explorer le monde. Il avait devant lui des kilomètres de voie ferrée, alors il lui venait des envies de voyage.

  Les petites mousses tenaces et les grandes herbes folles étaient les plus intrépides ; elles furent les premières à se mettre en route. Il en sortit de loin en loin le long des voies, bientôt suivies par les plantes les moins téméraires.
      C’est ainsi qu’en l’espace de quelques mois Liam et son jardin explorèrent chaque recoin de l’ancienne ligne de chemin de fer.
      Ils passèrent le printemps à vagabonder, puis l’été, puis l’automne. Et ce fut l’hiver.
     Cette année-là, la ville se recouvrit d’un épais manteau blanc. Pour la première fois de sa carrière de jardinier, Liam ne pouvait plus rendre visite à ses amies les plantes.
      Alors plutôt que de perdre son temps à se faire du souci, Liam décida de profiter de la mauvaise saison : il allait préparer le retour du printemps.
      Après trois bons mois de gel, la neige finit par fondre. Un beau matin, Liam chargea ses outils tout neufs.
      Il empoigna sa brouette et retourna vers son jardin.
      L’hiver avait été rude. Je jardin offrait un triste spectacle. Mais Liam était bien équipé, et il savait maintenant comment s’y prendre. Le soleil y mit aussi du sien. Une à une les plantes s’éveillèrent de leur sommeil hivernal.
  Depuis le début, le jardin de Liam n’avait qu’une envie : explorer le reste de la ville. Ce printemps-là, il sentit que le moment était venu. Les courageuses petites mousses et les grandes herbes folles prirent à nouveau les devants : elles sautèrent du viaduc et se répandirent de loin en loin, bientôt suivies par les plantes plus timides.
      Ce qui les intriguait surtout, c’était les vieilles choses oubliées, les recoins saugrenus. Certaines allaient même se fourrer où elles n’avaient carrément rien à faire. D’autres, apparaissaient mystérieusement toutes en même temps où on ne les attendait pas.
      Et devinez le plus surprenant ?
      Bientôt il y avait toute une armée de nouveaux jardiniers !
  Quelques années plus tard, la ville entière était devenue un grand parterre fleuri.
      Pourtant, de tous les jardins, le préféré de Liam resta toujours son jardin voyageur, celui où tout avait commencé…

mercredi 29 août 2018

Le pot de fleurs


Tang était un petit ouvrier dans un royaume d’Orient. Il travaillait le cuivre et fabriquait de magnifiques ustensiles qu’il vendait sur le marché. Il était heureux de vivre et avait une bonne estime de lui-même. Il n’attendait que de trouver la femme de sa vie. Un jour, un envoyé du roi vint annoncer que celui-ci désirait marier sa fille au jeune homme du royaume qui aurait la meilleure estime de lui-même. Au jour dit, Tang se rendit au château et il se trouva au milieu de plusieurs centaines de jeunes prétendants.

Le roi les regarda tous et demanda à son chambellan de remettre à chacun cinq graines de fleurs, puis il les pria de revenir au printemps avec un pot de fleurs issues des graines qu’ils avaient eues.
Tang planta les graines, en prit grand soin, mais rien de se produisit, ni pousse, ni fleurs. A la date convenue, Tang prit son pot sans fleurs et partit au château. Des centaines d’autres prétendants portaient des pots remplis de fleurs magnifiques et se moquaient de Tang et de son pot de terre sans fleurs.

Alors le roi demanda que chacun passe devant lui pour présenter son pot. Tang arriva, un peu intimidé devant le roi : "Aucune des graines n’a germé votre majesté", dit-il. Le roi lui répondit : "Tang, reste ici auprès de moi !"

Quand tous les prétendants eurent défilé, le roi les renvoya tous, sauf Tang. Il annonça à tout le royaume que Tang et sa fille se marieraient avant l’été prochain. Ce fut une fête extraordinaire ! Tang et la princesse devenaient toujours plus amoureux l’un de l’autre. Ils vivaient très heureux.
Un jour, Tang demanda au roi, son beau-père : "Majesté, comment se fait-il que vous m’ayez choisi pour gendre alors que mes graines n’avaient pas fleuri ?"

"Parce qu’elles ne pouvaient pas fleurir, je les avais fait bouillir durant toute une nuit ! Ainsi, tu étais le seul à avoir assez d’estime de toi-même et des autres pour être honnête ! C’était un tel homme que je voulais comme gendre !"répondit le roi.

lundi 27 août 2018

Conte : La légende du Colibri : Je fais ma part


Connaissez-vous la légende du Colibri ? Pierre Rabhi, grand défenseur de l’écologie, l’utilise beaucoup car elle traite de l’impact de chacun de nos gestes, aussi petit soit-il. Il a d’ailleurs fondé avec Cyril Dion le Mouvement des Colibris, pour rallier les initiatives de ceux qui contribuent à améliorer notre société!

Cela se passe dans la forêt amazonienne.

Dans cette forêt, l’on voit des arbres à perte de vue, mais en regardant un peu mieux, on aperçoit un arbre plus grand et plus haut que tous les autres.

Cet arbre, il a des branches qui disent : « Venez à moi, peuple des oiseaux !

Venez à moi, je vous accueille ».

Et tout ce petit monde piaille, joue, discute … vit en harmonie.

Mais un jour, arrive un grand malheur, l’arbre prend feu,  les oiseaux impuissants s’élèvent dans le ciel contemplant leur arbre partir en fumée.

A travers la fumée, ils distinguent un petit oiseau qui va à la rivière prendre une goutte d’eau dans son bec et la déposer sur l’arbre.

Il retourne à la rivière prendre une goutte d’eau dans son bec et la jette sur l’arbre et retourne encore à la rivière inlassablement, prend une goutte d’eau dans son bec et la dépose sur l’arbre.
Et ce petit oiseau, c’est colibri.

Vous savez, ce petit oiseau multicolore avec un long bec pour sucer le nectar des fleurs.

« Mais colibri, que fais-tu ? Viens ! Cela ne sert à rien, viens rejoins-nous ! »

« Je fais ma part, je fais ma part, je fais ma part de travail pour éteindre le feu ! »

« Et vous aussi, vous aussi venez faire votre part, faire votre part ! Votre part de travail pour éteindre le feu. »

Les oiseaux se regardent, perplexes.

Et dans un même élan, ils s’élancent vers la rivière, prennent une goutte d’eau dans leur bec et la dépose sur l’arbre, puis retournent à la rivière prendre une goutte d’eau dans leur bec et la jettent sur l’arbre et retournent encore à la rivière, inlassablement prennent une goutte d’eau dans leur bec et la dépose sur l’arbre.

Et ces millions de gouttes d’eau forment une pluie si fine et si dense que le feu finit par s’éteindre.
Depuis ce jour, l’arbre reverdit, l’harmonie est revenue en son sein et chacun a gardé en mémoire qu’il doit faire sa part.   
  
Nous avons réfléchi à ce qui pouvait être important dans la vie...

Ne jamais rester sans rien faire dans toutes les situations, toujours aider.
Si nous faisons tous notre part, le monde sera sauvé et tout ira beaucoup mieux
Savoir donner de l'aide et aussi en demander…
Tous les jours nous avons une part à faire.
Quand on fait sa part on est responsable et autonome.

dimanche 26 août 2018

Sagesse des contes


Le prix du miracle

 Tess avait huit ans quand elle entendit sa mère et son père parler de son petit frère, Andrew.
Tout ce qu'elle savait c'était qu'il était très malade et ils n'avaient plus un sous. Ils déménageraient dans un mois dans un tout petit appartement parce que son père n'avait plus d'argent pour les factures du médecin et de la maison.

Seulement une chirurgie très coûteuse pourrait sauver son petit frère maintenant et il n'y avait personne pour leur prêter l'argent. Elle entendit son père chuchoter à sa mère qui était en larme et désespérée, "seulement un miracle peut le sauver maintenant." Tess alla dans sa chambre et sortit un pot en verre d'une de ses cachettes.

Elle renversa tous les sous sur le plancher et les compta soigneusement. À trois reprises. Le total devait être exact. Pas de place pour une erreur. Soigneusement elle replaça les pièces de monnaie dans son pot et ferma le couvercle, elle sortit par la porte arrière et se rendit à la pharmacie.
Une grande enseigne rouge d'un chef indien au-dessus de la porte. Elle attendit patiemment le pharmacien pour avoir toute son attention mais il était trop occupé.

Tess croisa ses pieds de façon à faire du bruit. Rien. Elle s'éclaircit la gorge avec le bruit le plus répugnant qu'elle pouvait faire. Pas bon. Enfin elle prit 25 cents de son pot et l'a cogné sur le comptoir de verre.

Cela avait marché! "Et que veux-tu?" demanda le pharmacien, "je parle à mon frère de Chicago que je n'ai pas vu depuis très longtemps," lui dit-il sans attendre une réponse à sa question. "Bien, je veux vous parler au sujet de mon frère," répondit Tess avec le même ton. "Il est vraiment, vraiment malade... et je veux acheter un miracle." "Je te demande pardon?" dit le pharmacien.

"Son nom est Andrew et il a quelque chose de mauvais qui grossit à l'intérieur de sa tête et mon papa dit que seulement un miracle peut le sauver maintenant, alors combien coûte un miracle?" "Nous ne vendons pas de miracle ici petite fille. 'Je suis désolé mais je ne peux pas t'aider " dit le pharmacien plus doucement. "Écoutez, j'ai l'argent pour payer.

Si ce n'est pas assez, je trouverai le reste, dites-moi juste combien il coûte."

Le frère du pharmacien était un homme grand et bien habillé. Il se pencha vers la petite fille et lui demanda, "de quel genre de miracle ton frère a t-il besoin?" "Je ne sais pas," répondu Tess. "Je sais juste qu'il est vraiment malade et maman dit qu'il a besoin d'une opération. Mais mon papa ne peut pas payer, alors je veux utiliser mon argent ".

"Combien tu as?" demanda l'homme de Chicago, "un dollar et onze cents," répondit Tess tout bas, "et c'est tout l'argent que j'ai, mais je peux en obtenir encore plus s'il le faut. "Bien, quelle coïncidence," a sourit l'homme. "Un dollar et onze cents, le prix exact d'un miracle pour les petits frères."

Il prit l'argent dans une main et avec l'autre main il saisit sa mitaine et dit "emmène-moi où tu demeure. Je veux voir ton frère et rencontrer tes parents. Voyons si j'ai le genre de miracle dont tu as besoin."

Cet homme bien habillé était le DR Carlton Armstrong, un chirurgien, se spécialisant dans la neuro-chirurgie.

L'opération a été faite sans coûter un sous et rapidement Andrew était de retour à la maison et se portait bien. Ses parents parlaient de la série d'événements qui les avaient menés au bout de ce chemin, "cette chirurgie", chuchota sa mère, " fût un vrai miracle.

Je me demande combien il aurait coûté?" Tess a sourit. Elle savait exactement combien le miracle avait coûté... un dollar et onze cents... plus la foi d'un enfant. Car les miracles ne se produisent que pour ceux qui y croient…

samedi 25 août 2018

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 6, 60-69


Il faut choisir avec qui on fait route,

En ce temps-là, Jésus avait donné un enseignement dans la synagogue de Capharnaüm. Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? »
Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ?

Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !...

C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie.

Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait.

Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. »

À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner.
Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »

Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.
Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »

Pour aider à la prière

Être chrétien cela ne se mérite pas. Comme le dit Jésus, cela est « un don du Père ». Mais une fois que l’on a fait le Choix du Christ, notre vie doit être menée en conformité avec ce choix d’accepter ce « don du Père. »

Voilà pourquoi Baptisés, nous devons avoir une vie méritante ; Et pour mener une telle vie il nous faut apprendre à vivre de l’Esprit même du Père et du Fils. Livré à nos seules forces nous sombrons dans le découragement, c’est alors que nous guette le péché du « renoncement » qui nous éloigne de Dieu et de notre prochain. Nous considérons comme trop rude, impossible à entendre la parole du Seigneur qui nous invite à nous engager dans le monde pour le combat de liberté, de la justice, de la vérité et de la paix, en un mot le Royaume ; Et comme les disciples de l’évangile nous cessons du suivre Jésus.

Mais si nous savons nous laisser conduire par l’Esprit Saint pour suivre le Fils pour la vie éternelle, nous recevons une grâce qui nous permet de nous rapprocher de Dieu et de notre prochain, celle du « renoncement. » En renonçant à nos égoïsmes, notre égocentrisme et en nous centrant sur la personne de Jésus, nous accomplissons avec la force qu’il communique la volonté du Père.

Commentaire proposé par des Frères Bénédictins Étiolles

Questions

-A la question « voulez-vous partir vous aussi ? », la réponse est claire : OUI, et même tout de suite, et vite !
-Quand est-ce que j’ai voulu partir ? Par qui ou quoi ai-je été déçu(e) ? Qu’est-ce qui m’a fait douter (ou me fait douter actuellement) ? Est-ce que j’en parle, ou est-ce que je le porte seul(e) ?
-Si on relit la vie de Jésus, il aurait eu de nombreuses raisons de partir, d’être déçu, trahi par les hommes, et de leur dire « Bon, les gars, je ne sers à rien, là, vous ne m’écoutez pas, Ciao ! » Et pourtant, il est resté…
-Qu’est-ce qui me fait rester ? Qu’est-ce qui me fait persévérer dans la foi ? Qu’est-ce qui me fait vivre ?



mercredi 22 août 2018

Petite histoire sur la tolérance - Denis St-Pierre


Un jeune voyageur attend son vol dans un aéroport. Puisqu’il doit patienter pour un certain temps, il décide de s’acheter un livre et quelques biscuits pour calmer sa fringale. Ses achats terminés, il s’installe confortablement dans un fauteuil de la salle d’attente avec l’intention de lire. Alors, un vieil homme s’assoit immédiatement à côté de lui puisque c’était la dernière place disponible.

Le jeune homme commence immédiatement sa lecture. Dix minutes plus tard, il se rappelle qu’il a acheté des biscuits. Et il en prend un dans le sac entre lui et le vieil homme. À sa grande surprise, le vieil homme prend également un biscuit dans le même sac. Le jeune homme est profondément irrité par ce geste sans gêne, mais ne dit rien. À chaque biscuit qu’il prend dans le sac, l’homme en fait autant. Le jeune homme est dans tous ses états, mais ne veut pas faire de scène, alors il continue simplement de lire.

Après un certain temps, le vieil homme prend le dernier biscuit. Avec le plus grand naturel du monde, il coupe celui-ci en deux et tend la moitié au jeune homme. En un éclair, le jeune homme referme son livre, rassemble ses affaires et se lève d’un bond. Très irrité, il prononce de vives insultes à l’intention du vieil homme et file en trombe vers son embarquement. Une fois dans l’avion, après s’être confortablement installé dans son siège, il ouvre son sac de voyage pour y prendre son iPad. À sa grande surprise, il voit son sac de biscuits intact. Il comprend alors qu’il a mangé les biscuits du vieil homme. Celui-ci avait partagé ses biscuits avec gentillesse sans l’avoir réprimandé.

lundi 20 août 2018

Souris, Taupe et l'étoile filante


Va-t-elle briser leur amitié ?

Pour découvrir ce conte tendre et amusant… lire ceci

Taupe et Souris sont les meilleures amies du monde. Elles s'amusent bien ensemble. Elles partagent tout, même leurs secrets. Elles ont une confiance totale l'une dans l'autre. Quand l'une est triste ou se sent mal, l'autre est là pour la réconforter.
  - J'ai de la chance d'avoir une amie comme toi ! dit Taupe.
  - Non, dit Souris, c'est moi qui ai de la chance d'avoir une amie comme toi !
Par une belle soirée d'été, Taupe et Souris se sont allongées au sommet de la colline pour observer le ciel étoilé.
  - Comme les étoiles sont belles ! dit Taupe toute heureuse.
  - Oui, dit Souris, elles sont magiques ! ...Sais-tu que parfois  elles tombent du ciel ? Et si tu trouves une étoile filante, tous tes voeux se réalisent.
Elles restent silencieuses pendant un moment, rêvant aux étoiles magiques et à tout ce qu'elles pourraient souhaiter ...
A ce moment-là, une étoile filante traverse le ciel !
L'instant d'après, elle a disparu.
  - Tu l'as vue ? s'écrie Taupe.
  - Oui ! c'est une étoile filante ... et je vais la retrouver …
Souris saute sur ses pattes et dévale la colline.
  - Attends-moi ! lui crie Taupe. C'est MON étoile ! Je l'ai vue  la première !
  - Non, c'est moi qui l'ai vue d'abord ! C'est MON étoile !
Arrivées au pied de la colline, elles se mettent à chercher l'étoile.
Chacune espère bien la trouver en premier. Mais où est-elle ?...
L'étoile est peut-être restée accrochée dans un arbre, pense Souris, j'irai voir demain.
Taupe regarde l'arbre et pense exactement la même chose.
Mais aucune ne dit à l'autre ce qu'elle pense et elles rentrent chacune chez elle, sans même se dire bonsoir !

Le lendemain matin, avant le lever du soleil, Taupe sort de la maison et se dirige vers l'arbre.
Quelques minutes plus tard, Souris fait de même.
Et elles passent toutes les deux la matinée dans le bois à chercher l'étoile filante. Mais où est-elle ?...
Dans l'après-midi, Taupe découvre une empreinte dans l'herbe.
C'est ici que l'étoile est tombée, se dit-elle, mais Souris l'a déjà prise !
Un peu plus tard, Souris découvre la même empreinte dans l'herbe et elle se dit : C'est ici que l'étoile est tombée, mais Taupe l'a déjà prise !
Et à la tombée de la nuit, elles rentrent chez elles, chacune de leur côté, et fâchées l'une contre l'autre.
Elles ne se parlent plus, sauf pour se disputer !
  - Tu as volé mon étoile !
  - Non, c'est toi qui a volé mon étoile ! et elles n'ont plus du tout confiance l'une dans l'autre.
Un matin, Taupe s'introduit dans la maison de Souris pour voir où est cachée l'étoile...
Une autre fois, Souris espionne Taupe dans sa maison pour voir où elle cache l'étoile...
Mais où est-elle ?
Les jours passent ... l'été touche à sa fin ... Taupe et Souris se sentent très seules et très malheureuses.
Elles regrettent leur amitié, leurs jeux, leurs petits secrets, leur confiance l'une dans l'autre …
Souris se dit : Taupe peut bien garder l'étoile si elle veut, moi, ce que je veux c'est retrouver mon amie.
Et Taupe se dit de son côté : Si je n'avais jamais vu cette étoile,
Souris serait toujours mon amie.
Jusqu'au jour où …
Souris grimpe sur la colline quand elle voit une feuille voler et virevolter dans les airs. C'est l'étoile filante ! se dit-elle.
Taupe a dû  la perdre, je vais la lui ramener.
Non loin de là, Taupe aperçoit Souris qui poursuit quelque chose qui ressemble à l'étoile.
C'est l'étoile de Souris, se dit-elle, je vais l'aider à l'attraper !
Et elles courent toutes les deux jusqu'au sommet de la colline.
Mais la feuille vole toujours, haut dans le ciel, virevoltant et scintillant sous le ciel d'automne, elle balaye le ciel comme si elle voulait leur dire adieu, puis elle disparaît complètement.
L'étoile est retournée dans le ciel ! disent-elles toutes les deux.
C'est mieux ainsi, nous n'avons pas besoin d'étoile, nous sommes là l'une pour l'autre !
Elles se font un gros bisou, puis elles s'allongent au sommet de la colline.
Et, avec leurs bras et leurs jambes écartées, on dirait deux étoiles en fourrure !!

   selon une histoire de A.H.Benjamin et John Bendall-Brunello

samedi 18 août 2018

La petite fille qui passa la nuit recouverte du manteau de Notre Dame

Une petite fille d’à peine 3 ans échappa à la vigilance de ses parents et s’égara dans la ville espagnole de Rojales. La nuit glacée recouvrait déjà la contrée, quand le coeur brisé, ils alertèrent les autorités. L’hiver de cette année 1896, particulièrement rigoureux, laissait craindre le pire. La nouvelle se propagea de bouche à oreille. Le village tout entier fut mobilisé. Les jeunes, avec des torches, ratissèrent les alentours ainsi que la ville voisine, mais pas trace de la petite fille.

Le lendemain, les habitants des villes environnantes, alertés eux aussi, se mirent tous à la recherche de la fillette, dans une angoisse palpable. Les gens espéraient au moins trouver son corps, supposant qu’elle n’avait pas résisté au froid glacial de la nuit.

Il était 15 h quand son oncle et sa tante, qui avaient persisté dans la recherche, l’aperçurent appuyée contre un gros rocher, derrière lequel il y avait une immense falaise. La petite fille semblait morte. Mais, en entendant la voix de son oncle et de sa tante, elle se leva et courut vers eux, ses petits bras levés, comme si elle s’était réveillée d’un doux et profond sommeil. Sa tante, l’étreignant avec force et pleurant d’émotion, lui demanda :

– Ma chérie, tu n’as pas eu froid cette nuit ?

La petite fille répondit en souriant qu’elle n’avait pas eu froid du tout parce qu’il y avait une dame avec elle, qui la couvrait avec son manteau. Les yeux écarquillés, la tante continua à lui poser des questions :

– Une dame a passé la nuit avec toi ?

– Oui, ma tante, une dame bonne et tendre, répondit l’enfant.

– Mais qu’est-ce que la dame te disait ? Tu n’as pas vu les lumières de nos torches, tu n’as pas entendu nos cris ?

– Si, répondit la fillette. Mais la dame m’a dit : « Ne bouge pas, ma petite fille, ils viendront te chercher ».

Les gens simples de ce village, enthousiasmés par ce qu’ils entendirent, crièrent : « Miracle ! Miracle ! ». Le lendemain, une messe solennelle d’actions de grâce fut célébrée. On amena la petite fille devant la statue de Notre Dame du Carmel, et c’est alors qu’elle s’écria :

– Maman! Maman ! C’est la dame qui m’a couverte avec le manteau hier !

La petite fille s’était arrêtée près de ce gros rocher à quelques pas d’un précipice, perdue dans la nuit noire où le péril guettait. Voilà pourquoi Notre Dame, en bonne mère, était restée avec elle près du rocher, afin que la petite, durant la nuit, ne s’égare pas et ne mène pas ses pas vers l’abîme. Quand la petite fille a entendu les cris et vu la lumière des torches, Notre Dame lui a demandé de ne pas bouger, lui assurant que bientôt on viendrait la chercher: en partant à l’aventure dans le noir, au bord de la falaise, la malheureuse courait à une mort certaine si elle avait tenté de s’éloigner un tant soit peu.

On dit de cette histoire, que les villageois racontent à qui veut bien l’entendre, qu’elle est inspirée de faits réels.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 6,51-58


Le Pain de Vie.
En ce temps-là, Jésus disait aux foules des Juifs : ``Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »

Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous.  Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.

 Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui.  De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi.

Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »


Petit commentaire

Le Seigneur Jésus nous fait vivre du pain qui est son Corps et du vin qui est son Sang. Au jour de la résurrection, nous découvrirons dans toute sa clarté le visage de Dieu et nous partagerons avec le Christ la vie sans fin.

"Je suis le Pain vivant descendu du ciel". Ce Pain est identifié à Jésus. La présence du Christ eucharistique en- nous exige que nous fassions le ménage en nos cœurs. Cette inhabitation réciproque est un mystère d'amour, de  communion et d’unité qui nous permet de vivre des relations semblables à celles de Jésus avec son Père.

La vie peut être déroutante et les exigences et les défis de tous les jours la vie peut facilement assombrir notre vision. Nous pouvons devenir fatigués. À cause de tous l'énergie nécessaire pour gérer nos routines quotidiennes, notre esprit spirituel les vies peuvent être négligées. Colère, apathie, amertume et compétition déformer facilement nos relations les uns avec les autres et avec Dieu. Nous sommes sont invités à imiter Dieu et à mettre l'amour, la compassion, la gentillesse, le pardon et la douceur sur toutes choses. Nous devons développer une forte vie de prière pour apporter un équilibre dans nos vies et pour réaliser qui nous sommes vraiment.

Se nourrir du Christ nous est offert à travers les sacrements, le sacrement qu’est l’Église de Jésus Christ, le sacrement du frère, les sacrements de l’Église avec bien sûr en son coeur, le sacrement de l’eucharistie.  La communion au corps du Christ. Quel mystère surprenant, quelle promesse enivrante, quel défi à l'intelligence ! C'est pourtant l'invitation que nous lance Jésus. "Je suis le pain vivant descendu du ciel". Cette "commune" "union" nous permet de partager la même qualité de vie. Elle nous fait partager l'amour que Dieu nous propose et, sous son inspiration, de le transmettre à toutes les personnes que nous rencontrons. Elle devient le gage de notre résurrection. Jésus est descendu du ciel pour venir parmi nous. Par le partage de son corps il nous fait "communier" à la vie divine et nous ouvre la porte qui nous mène au Père.

 Aujourd’hui dans ma communion à la vie de Jésus, je construits ma vie éternelle, c’est-à-dire, en partageant l’humanité de Jésus, je partage en même temps sa divinité, cette vie divine qui dit déjà ce que je suis vraiment et qui trouvera sa perfection dans le partage définitif de la vie de Dieu.

Petits  jeux : LE PAIN DE VIE


1- Ce pain est un rouleau en forme d'anneau, à la texture très ferme._____
2- Les ingrédients de base pour faire du pain sont l'eau, le sel et la ___.
3- Très populaire au Québec, ce pain contient un petit fruit sec. C'est le pain aux ___.
 4- J'ai acquis cette maison pour une somme dérisoire. Je l'ai eue pour une ___ de pain.
5- Souvent caricaturée, on voit les Français qui se promènent et qui en tiennent une sous le bras.___
6- L'artisan qui fait du pain est un ___.
7- C'est grâce à la ___ qu'on ajoute à la pâte du pain s'il y a un gonflement.
8- Récipient dans lequel la pâte à pain est pétrie.
9- C'est le corps du Christ._____
10- En France, le pain blanc normal est réglementé et doit être fait à partir de blé tendre. C'est le pain de ___.

 Solution : 1- Bagel, 2- Farine, 3- Raisins, 4- Bouchée, 5- Baguette, 6- Boulanger, 7- Levure, 8- Pétrin, 9- Hostie, 10- Froment





vendredi 17 août 2018

Un brin d'avoine et une marguerite s'aimaient d'amour tendre : Conte de Louis Laplante


Il était une fois un joli brin d'avoine vert tendre, qui s'était enfui du champ où étaient réunis tous ses frères en rangs serrés et ondulants comme un lac jaune doré, sous les caresses soupirantes du vent.  Il avait élu domicile, poussé par le hasard et la bonne fortune, sur le bord du potager du maître des lieux.  Il avait trouvé une terre grasse, onctueuse, et croissait bellement au bout d'une rangée de carottes vertes et soyeuses, entre une ligne de gros oignons blancs d'Espagne et un peloton de poirées, cette bette à carde chantante sous la brise, aux tiges comme des céleris et aux feuilles étalées en ombrelles vertes et sombres.  Le brin d'avoine s'était fait l'ami de tous.  On l'aimait bien.  Il occupait peu de place tout étroit qu'il était.  Il était mince, et ne couvrait personne de son ombre pour le priver du soleil.  Et sa petite voix de clochette, bien accordée comme un carillon d'église, toute petite, charmait tous les locataires du potager.

À ses pieds, tentait de percer une herbette qu'à première vue, il avait ignorée.  Une herbe importune, une mauvaise herbe comme il peut s'en trouver dans un potager de bonne famille.  Mais la petite se fit insistante, grandit et grandit tant, qu'elle fit une magnifique fleur à bouton doré et à la collerette de blanches pétales bien ordonnées.  Une marguerite, une magnifique fleur qui pliait gracieusement la taille et effleurait doucement le brin d'avoine au moindre souffle.  Parfois même, leurs tiges s'élançaient au point où, si on ne leur voyait pas les pieds, on pouvait penser qu'il s'agissait d'une petite marguerite à clochettes, ou d'un long brin d'avoine à marguerite.  Le brin d'avoine en devint très rapidement amoureux.  Il agitait généreusement ses petites cloches pour lui murmurer des mots doux pour elle seule, à l'oreille, sans que personne d'autre ne l'entende.  La petite fleur baissait tendrement les yeux et frémissait timidement de la collerette.  Elle n'était pas indifférente aux compliments, et il faut dire, qu'il avait fier allure notre brin d'avoine, avec sa longue feuille verte et son carillon d'opérette, son carillon d'amoureux transi.  Les jours filèrent, et nos amis aussi filèrent le parfait bonheur qui vient avec le parfait amour.  Amour de caresses chuintantes, de parfum discret, de doux touchers de tiges discrètes.

Mais près de la maison, bien loin du potager et des amoureux, il y avait des rosiers.  De beaux, de magnifiques rosiers, mais aussi des rosiers pompeux, arrogants.  Les fleurs de velours se targuaient d'être les plus belles, les plus protégées, les plus en sureté dans leurs épines acérées.  La vue de l'humble marguerite, simple, blanche, sans couleur si ce n'est que pour son coeur d'or, les faisait rire à grands éclats, du pourpre de leur teint soyeux.  «Regardez-vous donc, criaient-elles, vous et votre simplicité, vous et votre amour impossible.  Vous faites pitié.»  Et la petite fleur, pleurait doucement, reniflait un sanglot au grand désespoir des légumes du potager, qui les aimaient bien ces deux gentils amoureux.

Puis vint un bel après-midi, où la fille aînée de la maison se tailla un gros bouquet de roses pour sa chambre.  Au passage, elle vit notre couple et remarqua: «comme ils sont gentils, comme ils sont doux ces toutes petites plantes.  Mettons-les dans notre bouquet.  Elles atténueront le rouge de ces roses qui vraiment, à la longue, peut être agressif.»  Sitôt dit, sitôt fait.  Et le couple se retrouva au milieu du bouquet de roses, à la place d'honneur.  Leurs pieds trempent dans l'eau fraîche, ils  sont ensemble pour toujours.  Comme ils sont heureux!  Et lorsque les amies de la jeune femme visitent sa chambre, elles font: «comme c'est charmant, ce brin d'avoine et cette blanche marguerite au coeur de ton bouquet: si simples, si tendres.  Tes roses sont rehaussées par leur présence.  Mais où donc as-tu eu l'idée?»  Et toute fière, elle répliquait: «les roses, c'est bien, c'est beau, et leur parfum nous charme,  mais la marguerite nous enseigne ce que l'on doit être: pousser droit, aimer les petits comme ce brin d'avoine et être simple.»

mercredi 15 août 2018

L'Assomption avec Don Bosco


Une petite anecdote

Don Bosco prêchait le triduum à la fête de l'Assomption dans la paroisse rurale de Montemagno près de Turin. Une sécheresse implacable sévissait et menaçait de ruiner totalement les récoltes de pommes de terre, principaux produits du pays. A moins d'une pluie prochaine et abondante, les récoltes seraient irrémédiablement perdues.

Or voici qu'au sermon d'ouverture du triduum, Don Bosco annonce : "Mes frères, si vous venez généreusement pendant ces trois jours entendre la parole de Dieu et si vous purifiez vos consciences par une bonne confession, je vous promets de la pluie pour la clôture." Quand l'orateur descendit de chaire, le curé affolé l'aborda et lui dit : - "Don Bosco qu'avez-vous promis là? De la pluie pour la clôture ?" - "J'ai dit cela ?" fait Don Bosco, étonné. L'église fut remplie à chacune des prédications. Les confessionnaux furent pris d'assaut. Toute la population en âge de le faire communia au matin de l'Assomption. L'après-midi pour la clôture, l'église était archicomble. Pendant ce temps, le soleil narguait tout le monde dans un ciel sans nuage.

Au moment de monter en chaire à la fin du magnificat, Don Bosco, un peu inquiet, envoie le sacristain inspecter le ciel pendant que lui-même murmure cette prière : "Bonne Mère, vous ne pouvez les décevoir ; voyez leur empressement !" Le sacristain revient en disant : "Il y a bien à l'horizon un nuage gros comme un chapeau de gendarme, mais rien de bien sérieux."

Don Bosco monte en chaire. Le ciel s'obscurcit visiblement. Il n'a pas prononcé dix phrases qu'un coup de tonnerre formidable retentit et une bienfaisante pluie se met à tomber. Un soupir de soulagement s'échappe de toutes les poitrines. Alors le prédicateur change le thème de son sermon pour inciter à la confiance envers Notre-Dame.

Le Blog de Jackie

lundi 13 août 2018

LA VIE EST MERVEILLEUSE


Il était une fois une vieille, très vieille femme qui, toute sa vie, avait vu des merveilles s'accomplir. Elle avait connu, certes, des difficultés mais, à chaque fois qu’elle en avait eu besoin, la Grâce Divine se manifestait sous n’importe quelle forme pour lui venir en aide ; de cela elle était immensément reconnaissante. Le bonheur n'était pas un vain mot pour elle et, sur la fin de sa vie, elle rayonnait d'une joie vivante et profonde.

Un dimanche, à l'église, alors que le prêtre prêchait comme à l'accoutumée son sermon et parlait de toutes les misères du monde, du péché, de la nécessité de faire pénitence, de la souffrance et des maladies, elle n'y tint plus, se leva, lui coupa la parole et cria devant l'assemblée médusée :
- Ce n’est pas vrai ! La vie est merveilleuse !

Interloqué, le prêtre bredouilla :
- Ce n'est pas vrai, on ne peut pas dire cela !
- Si, si, si... Je le répète, et je le répèterai partout : la vie est merveilleuse !
- Oseriez-vous redire cela devant notre évêque ? demanda le prêtre qui ne savait quelle contenance prendre.
- Oui, oui, oui, je le redirai partout : la vie est merveilleuse ! Je le redirai devant l'évêque, devant le Pape, devant le Président de la République lui-même, s'il le faut ! La vie est merveilleuse !

Le prêtre déconfit rendit compte à son évêque. Celui-ci convoqua la vieille le dimanche suivant dans la cathédrale de son diocèse. La petite vieille fut amenée devant lui, accompagnée par le prêtre et les gens de son village qui voulaient en témoigner, curieux de savoir ce qui allait se passer.
- Oseriez-vous redire ici, tonna l'évêque, ce que vous avez affirmé au prêtre de votre village dimanche dernier en l'interrompant au milieu de son sermon ?
- Oui, oui, oui, je le redirai partout, ici ou ailleurs : la vie est merveilleuse ! Je le redirai devant le pape, devant le Président de la République s'il le faut ! La vie est merveilleuse ! La vie est merveilleuse ! répondit la petite vieille toute ragaillardie par cette aventure excitante, et j'en prendrai la terre entière en témoin !
- Comment pourriez-vous en prendre la terre entière à témoin ? demanda l'évêque.
- Eh bien ! Si vous êtes prêt à me suivre jusque dans la montagne, je vous emmènerai sur un sommet escarpé d'où l'on peut voir d'autres montagnes et des plaines à perte de vue et vous entendrez la terre entière rendre témoignage à la vérité !

Toute l'assemblée avait suivi avec intérêt la discussion, se demandant comment cette étrange aventure se terminerait. L'évêque, lui, ne pouvait se dérober à la demande, sous peine d'être déconsidéré auprès des paroissiens. Il suivit donc la petite vieille, accompagné d'une troupe de curieux…
Après plusieurs heures d'une rude montée, quand tout le monde fut immobilisé devant le plus grandiose paysage que l'on puisse imaginer, dans un silence étrange et surprenant, émue par tant de beauté, d'une voix forte et enthousiaste, la vieille femme s’écria :
- La vie est merveilleuse, la vie est merveilleuse !
Et l'écho au loin répéta :
- La vie est merveilleuse... la vie est mère veilleuse... la vie est merveille... émerveille... merveille... La vie est Mère... mère... la vie est... la vie... vie... vie...

L’écho se perdit mais tous furent saisis par l'évidence de ces mots qui pénétrèrent dans leur cœur comme par magie. Et ils
s'en retournèrent tout retournés.

Oui, la Mère Universelle est Mère Veilleuse, qui veille sur tout et tous ! 
Nul besoin de se faire souffrir et d’endurer les malheurs que l’on se crée pour convoiter un hypothétique paradis pour demain ou pour l’au-delà ! Mieux vaut vivre joie et bonheur aujourd’hui, ici et maintenant. A ceux qui ne cessent de chercher, il a été dit dans un logion de l’évangile de Thomas : « Que celui qui cherche ne cesse pas de chercher et, quand il trouvera, il sera troublé », il prendra alors ses racines dans le Ciel...
Pour cela, ne faut-il pas sortir de la contre-nature que nous allons voir s’exprimer dans les contes suivants…