C'est
l'histoire d'un petit coquelicot poussant tout seul, perdu sur un parking qui
ressemble à n'importe quel autre parking de n'importe quelle grande surface de
France... Qui l'a fait pousser là tout seul ? Quel vent malin a transporté sa
petite semence jusqu'à l'asphalte chaude et nue de ce parking ? Et pourtant...
en dépit du manque de soins, de la menace constante d'être piétiné, de
l'indifférence quasi dédaigneuse des passants et de ce sol dur et aride qui
l'étouffe et l'égratigne, il a poussé, bon gré, mal gré et il est devenu ce
timide coquelicot tremblotant.
Il a tout
supporté, tout enduré... Peut-être pensait-il que c'était là sa destinée de
coquelicot ?
Savait-il
seulement qu'il était un coquelicot ? Savait-il seulement qu'il était une fleur
?
Un jour,
un passant bienveillant a porté un regard ému et plein de compassion sur lui.
S'il acceptait de quitter son parking, sa terre natale, s'il acceptait de
quitter sans regret cet horizon inhospitalier... s'il acceptait tout simplement
de le suivre sans regarder en arrière, il pourrait être transplanté dans un
endroit nouveau où paraît-il, il retrouverait son image reproduite à foison.
Dans sa petite tête, il pensait être le seul de son espèce. Se pouvait-il qu'il
existe, quelque part, une famille de coquelicots ?
Alors son
cœur a dit "oui", car les coquelicots, paraît-il, ont un cœur. Tout
d'abord, sa petite tête a donné son assentiment, puis son cœur a consenti... et
alors le miracle s'est produit : comme dans un rêve, il s'est retrouvé dans un
endroit verdoyant. Le soleil ne dardait plus sur lui ses rayons brûlants, il ne
sentait plus l'asphalte sous ses pieds, mais une fraîcheur inhabituelle montait
du sol, lui donnant envie d'éternuer et de se redresser, alors qu'avant il se
penchait, se penchait le plus possible, pour passer inaperçu aux yeux des
passants pressés. Finie la crainte d'être piétiné ! Il avait envie de se
redresser et se faisant, ô miracle : il vit une multitude de fleurs qui
l'entouraient de toutes parts. Une multitude de coquelicots inclinant vers lui
leurs corolles écarlates en guise de bienvenue. Il n'était plus seul ! Il a su,
et senti que c'était là sa famille. Des gouttes de rosée ont alors perlé sur
ses pétales veloutés... le petit coquelicot pleurait... tout simplement de joie
et de reconnaissance.
Et s'il
arrive encore au petit coquelicot de pleurer, surtout le matin, car c'est à ce
moment- là qu'il a été transplanté dans ce nouvel univers, c'est qu'il découvre
maintenant à quel point le passant qui l'a délivré l'aimait et à quel point
toutes les fleurs de sa famille l'aiment et donnent leur vie pour prendre soin
les unes des autres.
https://www.douzetribus.fr/histoire-dun-petit-coquelicot.html
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