lundi 11 juin 2018

L'arbre de l'humanité Jacques Henri Prévost


Une légende malgache raconte qu'il existe un arbre qui résume à lui tout seul la complexité des caractères humains, sans cesse agités par des humeurs contraires.

 "L'arbre trônait dans la plaine aride, non loin du village, depuis des temps immémoriaux. Les grands-pères et les grands-pères des grands-pères l'avaient toujours vu. On disait qu'il était aussi vieux que la Terre. On le savait magique. Des femmes trompées venaient le supplier de les venger, des hommes jaloux, en secret, cherchaient auprès de lui un remède à leur mal. Mais personne ne goûtait jamais à ses fruits magnifiques.

 Pourquoi? Parce que la moitié d'entre eux était empoisonnée. Mais on ne savait laquelle : le tronc massif se séparait en deux grosses branches dont l'une portait la vie, l'autre la mort. On regardait mais on ne touchait pas.

 Une année, un été chaud assécha la terre, un automne sec la craquela, un hiver glacial gela les graines déjà rabougries. La famine envahit bientôt le village.

Miracle : seul sur la plaine, l'arbre demeura imperturbable. Aucun de ses fruits n'avait péri.

 Les villageois affamés se dirent qu'il leur fallait choisir entre le risque de tomber foudroyés, s'ils goûtaient aux merveilles dorées, et la certitude de mourir de faim s'ils n'y goûtaient pas.

 Un homme dont le fils ne vivait plus qu'à peine osa soudain s'avancer. Sous la branche de droite il fit halte, cueillit un fruit, ferma les yeux, le croqua et... survécut.

Alors tous les villageois l'imitèrent et se ruèrent sur les fruits sains de la branche droite.
 Repus, ils considérèrent la branche gauche. Avec dégoût d'abord, puis haine. Ils regrettèrent la peur qu'ils avaient eue et décidèrent de se venger en la coupant au ras du tronc.

 En 2 jours, l'arbre amputé de sa moitié empoisonnée noircit, se racornit et mourut sur pied, ainsi que ses fruits.

D’après un auteur inconnu

 Que représente cet arbre sinon le symbole de nous-mêmes ?
A la fois bons et méchants, généreux et avides, emportés et sages, en quête de vérité et en proie à l'erreur, nous traversons pourtant la vie sur nos deux jambes. Et tant que nous restons entiers, le positif se mêle en nous au négatif. C'est une preuve de bonne santé !

Y avez-vous déjà pensé : si nous étions naturellement bons, nous n'aurions aucun mérite à le devenir...

 La première étape vers le bonheur est de nous accepter tel que nous sommes -la seconde, de changer ce que nous souhaitons changer en nous.

Christian Godefroy

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