Je suis venu jeter un
feu sur la terre
Jésus disait à ses disciples : `` Je suis venu apporter un
feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois
recevoir un baptême, et comme il m’en coûte d’attendre qu’il soit accompli !
Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le
dis, mais plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille
seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront :
le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la
fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille
contre la belle-mère. ``
Commentaire
En lisant cet extrait de l'évangile, nous avons envie
de baisser les bras. En effet, que le Christ apporte la division sur la terre,
voilà qui est vraiment décourageant. Il y a déjà bien assez des conflits dans
le monde qui sont notre sujet quotidien dans les informations et même en ce
moment tout ce que nous voyons en plusieurs points de notre planète
se rallume des menaces de guerre. En plus, tout ce qui passe à l'intérieur de
notre pays, de notre vie sociale, économique, tout ce qu'il y a à
l'intérieur de nos familles, dans notre naturel environnement dans lesquels
nous vivons; tout le fait est que nous sommes tentés parfois de prendre pour
une fatalité.
Et nous dirons que,
d'une certaine manière, nous n'avons pas attendu Jésus pour dresser le fils
contre son père ou la belle-fille contre sa belle-mère.
D’ailleurs,
le Jeudi Saint Il a dit à ses disciples: " Je vous donne la
paix, je vous donne ma paix. "
Et là, paradoxalement, Il semble affirmer le
contraire: ``Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le
monde? Non, je vous le dis, mais plutôt la division``.
Non
seulement au niveau du monde mais même à celle de la famille:`` car désormais cinq personnes de la même famille
seront divisées``.
En réalité, nous vivons déjà dans une situation
de division. Mais le Christ n'est pas venu nous apporter une illusion de
paix. En fait, c'est bien la paix que Jésus apporte, mais pas la paix du
monde, pas la paix facile. "C’est ma paix
que je vous donne, mais je ne vous la donne pas
comme le monde la donne" (Jn 14,27). Il
existe la paix trompeuse, la sécurité dangereuse, qui endort, qui est
construite sur des compromis, qui ne font que masquer les vrais problèmes.
Beaucoup de nos
contemporains oublient qu’il ne faut jamais séparer l’amour de la vérité et
qu’il ne faut pas confondre l’amour authentique avec l’affectif dominant, qui
justement conduit à ne pas dire la vérité.
Souvent on ne dit pas la
vérité pour ne pas peiner, on néglige l'éducation religieuse des enfants
pour ne pas les contraindre, on ne rappelle pas les exigences morales pour ne
pas blesser ceux qui ne les respectent pas.
Renoncer à la
vérité, adopter l’esprit du monde pour ne pas se faire d’ennemis,
c’est tout simplement le contraire de l’amour authentique.
Et c’est justement dans la
famille, le lieu privilégié par Dieu pour l’exercice de l’amour authentique,
qu’il faut avec le plus de courage aborder les questions sur lesquelles
l’Église s’est prononcée sans ambiguïté, qu’elles touchent l’enseignement
doctrinal, la défense de la vie, l’étique sexuelle, etc…
Les images choisies par Jésus
dans cet évangile sont très éclairantes.
La
première c'est l'image du feu : "Je suis venu apporter un feu sur la terre".
Le feu
dont parle Jésus désigne l’Esprit Saint: ``l’Esprit
confondra le monde en matière de péché,
de justice, de jugement`` (Jn 16,8). Jésus trahit son impatience: ``comme
je voudrais que ce feu soit déjà allumé``!
Jésus parle encore de sa passion comme d’un
baptême particulier (littéralement, être plongé). ``Je suis
venu recevoir un baptême...``. Le Christ vient pour être plongé dans sa passion,
dans sa mort. Et comme Il en coûte d’attendre que ce baptême soit accompli!
L’heure de
son baptême approche; elle est déjà là: celle de sa passion. ``La coupe que je dois boire, vous la boirez, et le
baptême dont je dois être baptisé, vous en serez baptisés``, dira Jésus à Jacques et à Jean, plus désireux
de belles places que d’avoir part à la passion du Christ (Mc 10,39).
Votre prêtre, Stanislas Sokol
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