Joseph a-t-il douté de Marie?
Voici
comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en
mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par
l’action de l’Esprit Saint.
Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer
publiquement, décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet,
voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils
de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant
qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et
tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est
lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Tout cela est arrivé pour que soit
accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge
concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se
traduit : « Dieu-avec-nous ». Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du
Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.
4e dimanche de l’Avent A
Et si la nuit portait conseil?
Sur le conseil d’un ange, Joseph assume son rôle dans
l’économie du salut. Il permet ainsi au plan de Dieu de suivre son cours.
Nous rapprochant de Noël, en ce dernier dimanche de l’Avent, nous faisons connaissance avec Joseph. Son rôle ressemble à celui de Jean Baptiste et de Marie : préparer la venue de Jésus le Messie. Mais Joseph n’a pas leur panache et leur verbe. C’est un drôle de saint, du genre discret et effacé, et souvent ridiculisé ou regardé de haut : il prend comme épouse une femme enceinte, il écoute une voix qui lui parle dans ses rêves, et puis il ne parle pas, nulle part dans les Évangiles. Face au message d’un ange, en Luc, au moins Marie réagit : elle pose des questions, est bouleversée, médite, répond. En Matthieu, Joseph a droit lui aussi à son annonciation mais Matthieu ne lui laisse pas la chance de placer un mot, alors que Jean Baptiste, lui, va prêcher, dénoncer, douter. En regard de ces personnages prestigieux, Joseph a plutôt l’air d’un faire-valoir.
Par ailleurs, ce qui est
dit de lui est loin d’être négligeable : Joseph, fils de David, époux de
Marie, homme juste. Comme Jean Baptiste, Joseph sert de pont entre l’ancienne
et la nouvelle alliance. Et surtout, c’est lui qui assure à Jésus sa
descendance de David, trait essentiel pour un Messie; c’est lui qui donne à
Jésus le chapeau de David. Ce Joseph est un homme juste, expression forte dans
les Écritures, qui indique une personne qui vit pleinement l’alliance avec le
Dieu vivant, comme Abraham le juste. Et si Joseph ne parle pas, son rapport à
la Parole est pourtant très signifiant : il agit! Il fait ce que le
messager de Dieu lui demande (v.24). Dans ce passage et dans la suite du
chapitre 2, il met en pratique la parole qui vient de Dieu. Il ne se dit pas:
bon, je vais y penser, c’est une possibilité, ou je vais mettre sur pied un
comité d’étude des propositions célestes. Non, il réagit autrement : il
décide, il prend des risques, il s’engage.
Un autre aspect important
de Joseph, c'est son rôle par rapport à Jésus, son fils. D’abord, il lui donne
son nom, Jésus. Puis, dans la Galilée du premier siècle, après la petite
enfance, un garçon reste avec son père. C’est auprès de son père qu’il est
initié à la vie sociale, qu’il apprend un métier. C’est son père qui a le rôle
premier pour lui transmettre l’héritage moral et religieux. Ce qui veut dire
que Jésus a été marqué par Joseph beaucoup plus qu’on ne le pense, dans ses
valeurs, son rôle social, son approche religieuse, soit à travers
l’apprentissage, l’opposition et l’intégration, pour forger son identité. La
fidélité de Jésus à ses options, jusqu’au bout, ce mélange de sagesse et de
courage dans sa mission, son attention aux exclus et aux faibles, sont-elles le
seul fruit de sa personnalité propre ou de sa filiation divine? Il serait
surprenant que Joseph n’ait pas eu un rôle dans tout cela. De plus, les
Évangiles nous présentent l’expérience religieuse de Jésus comme une relation
intime et unique avec Dieu, que Jésus appelle Père avec affection et grande
confiance. Il y a une intensité et une profondeur dans cette relation de Jésus,
fils de Dieu, à son Père des cieux. Est-ce que cela lui est venu directement du
ciel? Peut-être que Jésus a d’abord développé cette confiance, en a fait
l’expérience, dans sa relation première avec cet homme discret, Joseph, dont on
sait seulement qu’il était juste, qu’il était attentif à la révélation de Dieu
dans les Écritures et dans les songes, et qu’il mettait en pratique la Parole.
Questions
pour la réflexion :
Dans quels visages, qui
m'ont transmis un héritage, je reconnais celui de Joseph?
Quelle attention
j'accorde, nous accordons, à l'écoute de songes, à des intuitions qui ouvrent
un avenir?
Comment pourrais-je
davantage mettre en pratique la Parole?
Daniel Cadrin, o.p.
https://officedecatechese.qc.ca/sens/evangile/echos_DCadrin/echos_a/a_avent_04.html
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