mardi 6 novembre 2018

Cette histoire est sortie tout droit du coeur d’une enfant de Dieu*La Confiance*


Vous qui vous occupez d’enfants ou d’âmes…

Pensez aux lauriers de Dieu et non à ceux de César.

Il était un jardin composé d’une multitude de plante qui allait de l’herbe la plus tendre à la feuille la plus dure ; et dans ce jardin, c’était à qui trouverait un nouveau ton. Lorsque de loin un passant le contemplait, une harmonie presque parfaite rendait témoignage à son auteur : et là, quelques fleurs éparses avaient été plantées renforçant ainsi l’éclat de cette luxuriante verdure.
 Un habile jardinier était là ne comptant ni son temps si sa patience. Avec un art incontesté, il surveillait de près l’évolution de chaque chose.


     Un jour, il surprit une pousse inconnue de lui qui était, par mégarde, venu dans son jardin. Il la laissa pousser un certain temps, la surveillant discrètement.
     Une des fleurs, par lui plantée non loin de cette dernière, entrepris de s’intéresser à elle. Une amitié sincère entre les deux s’établit – qui eut pensé qu’entre deux plantes un tel lien pu se créer ! Des jours durant elles s’apprivoisèrent et une toile invisible se créa les enveloppant plus étroitement – toile tissée des fils de l’insouciance et de la jeunesse de l’une, et par les fils de l’expérience de l’autre. Le jardinier était là, pensaient-elles, pour leur apporter en plus la sécurité…
     Un jour, il plut trop et la jeune fleur oublia, dans le ravissement de l’eau qui ruisselait sur ses pétales de refermer son coeur… alors que son amie dès la première goutte s’était repliée.
     A la fin de l’orage, aux premiers rayons de soleil que les nuages laissaient filtrer et ainsi surprendre les dernières larmes des cieux, notre jeune fleur vit sa robe flétrie. Elle se tourna difficilement vers son amie et lui demanda conseil afin de reprendre ses couleurs. Cette dernière ne sut lui répondre, la rassurant toutefois,et lui démontrant que la beauté perdue ne changerait rien à leur relation.
 « Bientôt, lui dit-elle, je jardinier viendra et tout sera réparé !… » Ne leur avait-il pas, jour après jour, donné tant de preuve d’amour !
     Elles attendirent longtemps, la petite fleur, pour la première fois, sentit le froid ; l’espoir qu’elles avaient en ce jardinier, la faisait se maintenir droite sur sa frêle tige de quelques jours.
     Enfin il vint !
     Elles n’ont pas compris…. Elles le virent beaucoup remuer, se pencher sur elles deux et d’un coup ne plus s’occuper que de la jeune plante.
     Il se leva d’un bond, d’une violence inouïe laissa s’abattre son pied sur la jeune fleur, répétant plusieurs fois son horrible geste. Sans un mot il s’en alla laissant là l’autre fleur, qui saisie d’épouvante, ne put que se pencher sur son amie.
Son coeur se serra si fort que sa tige et ses pétales furent pris d’un mouvement nerveux. Elle qui ne s’était posé que de simples questions, se rappelant les paroles du jardinier, dans un dernier espoir tourna sa tête douloureuse vers le ciel. Le crépuscule était arrivé, n’ayant obtenu aucune aide se retourna vers son amie agonisante et la veilla.
     Dans le silence mortel de la nuit, de temps en temps, une faible voix s’élevait. Elle n’était pas plaintive mais si triste ! Dans l’horreur d’une telle mort elle trouvait encore la force de soulager sa grande amie.
     « La vie fut si courte, disait-elle, j’ai eu beaucoup de chance, je t’ai eue… je me sens si faible, je ne comprends pas son geste, mais je lui pardonne… »
     Un silence de nouveau et elle reprenait d’une voix de plus en plus faible :
 « J’avais confiance en lui, avec son aide et sa patience j’aurai pu être comme il le voulait ! C’est bientôt fini… Tu sais c’est mieux ainsi, car moi, je n’aurai pas à supporter une vie durant le poids de la perfidie ».
     Son amie lui répondit :
     « Je ne comprends pas plus que toi ! J’étais comme toi confiante. Tout ici respirait une telle quiétude. »
     Dans le froid silence elle se penchait encore plus sur ce petit corps disloqué.
     Les lueurs de l’aube arrivèrent, les premières gouttes de rosée tombèrent. A la vue de ce carnage, par respect pour l’union de ces deux âmes, elles s’assemblèrent autour des deux en un collier de diamant et lui firent un lit de mort comme jamais plus la nature ne verra. Un timide rayon de soleil de mille feux les firent briller. Une multitude de couleurs les enveloppa : l’innocence dans les cieux s’envola !…
     Quand le soleil fut au zénith, le jardinier revint un arrosoir à la main, voyant sa belle fleur penchée, commença par enlever tous les restes de l’offense de la veille – reprit ses habitudes et soigna sa fleur.
     Celle-ci se rappelant les paroles de son amie, souleva douloureusement sa tête et dit :
     « Elle te pardonne… moi non. »
     Le jardinier ne comprenant que son jargon, fut surpris uniquement par la vision qu’il avait. En effet, il voyait le calice de sa fleur se remplir d’un liquide, qui, en se déversant, faisait dangereuse plier ses pétales. Il s’en alla haussant les épaules.
 « Beau jardinier, lui cria-t-elle, j’ai cru en toi quand tu as décidé de me mettre dans ton jardin, j’ai cru que tu m’aimais ! Aujourd’hui, autour de moi, je ne vois que froideur, orgueil, tu n’as conçu ce jardin que pour te plaire. Combien as-tu piétiné de mes semblables qui n’ont pas su répondre à tes espoirs ?
     Lorsque cette graine était venue, je lui avais montré toutes tes beautés, elle ne voulait plus repartir ; elle m’avait cru, avait confiance, pensant que tu arriverais à rectifier ses imperfections et augmenter ces qualités…
     Maintenant l’innocence est partie. Ton jardin est faux !
     Tout à l’heure, pour te rassurer, tu as voulu voir uniquement en mon calice un réceptacle de la rosée matinale !… C’était différent ; je suis la coupe de l’Amitié mutilée qui recevait le goutte à goutte du venin de la trahison !
     Tu n’as même pas pu me regarder plus attentivement, et pourtant, si tu avais fait attention, depuis quelques heures, une meurtrissure est apparue, laissant s’échapper ma sève… ma vie.
     Je suis sûre d’une chose, celle de ne plus vouloir vivre dans ton jardin, je veux m’en aller retrouver mon amie.
     Adieu, beau jardinier, tu avais réussi quelque chose de beau, mais ton orgueil a fermé tes yeux intérieurs qui t’avaient montré la beauté de la création et de sa diversité. Ton jardin est devenu plus froid que les pierres que tu y avais enlevées.
     O jardinier, pourquoi ne te vois-je qu’au travers d’un voile gris ?
 Tu as voulu ton jardin bien ordonné, chaque herbe devait répondre à un critère spécifique, ainsi que chaque catégorie d’arbre, afin que tout, pour ton oeil et ton âme ne soit que plaisir. N’avais-tu point remarqué ces différences entre chaque plante de la même espèce ? J’ai froid, je sens ma vie s’écouler sur le sol, je ne sais plus s’il fait beau, s’il souffle une légère brise, ma vue se trouble, un brouillard peu à peu m’oppresse …
     Triste jardinier, ne sais-tu pas que ton jardin aurait pu être un « paradis » si seulement tu avais su nous arroser de ton Amour. Tu ne nous as pas respectées. Ton jardin est le reflet d’un homme et non de la création.
   Mon amie, triste jardinier, n’était pas tout à fait à votre norme, mais si seulement vous vous étiez pensé sur elle, vous auriez senti un parfum qu’aucune de vos fleurs n’a – parfum subtil d’un autre monde. Vous n’avez d’ambition que pour ce qui est matériel. »
     Elle se sentait si lasse… mais reprit :
      » Une brise fraiche nous avait raconté… qu’un jour paraît-il… un homme ou un berger, peut-être même un jardinier fut crucifié… sa tête était sertie d’une couronne d’épines qui s’appelait « orgueil-vanité« … mais de son coeur à jamais un torrent d’Amour  se déverse sur la terre … et … et … »
   Elle sentit un immense froid monter en elle ; sa sève sur le sol continuait à se répandre…
     La fleur lentement posa sa tête à l’endroit où son amie avait vécu, tourna son regard dans le bleu infini du ciel, en un dernier soupir s’en alla rejoindre son amie.

Une enfant de Dieu


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