Un jour un sultan convoqua ses ministres les uns après les autres. Il
montra à chacun un merveilleux bijou finement ouvragé. Il demanda au premier :
« A combien estimes-tu ce bijou ?
- Majesté, répondit le ministre, il vaut au moins la quantité d'or que
peuvent porter six mulets.
- Ton évaluation est correcte », dit le sultan.
Puis il tendit un marteau au ministre et, plaçant le bijou devant lui,
lui ordonna :
« Casse-le ! »
Le ministre recula, effrayé, et finit par bafouiller péniblement :
« Majesté, c'est impossible ! C'est un bijou inestimable. Je ne
peux pas faire ça ! »
Le sultan le combla de cadeaux et le fit asseoir à ses côtés. Puis il
fit venir un deuxième ministre qui réagit comme le premier. Le troisième, le
quatrième et tous les autres en firent autant. Tous, couverts de cadeaux,
siégeaient autour du sultan qui convoqua alors son esclave préféré. Lui
montrant le bijou il lui demanda à combien il l'évaluait :
« Je ne saurais le dire, répondit l'esclave. Sa valeur est trop
grande pour que je puisse l'estimer.
- Eh bien casse-le ! » ordonna le sultan, lui tendant le marteau.
Sans hésiter l'esclave prit le marteau et broya le bijou du premier
coup. Les ministres furent scandalisés. Le sultan lui pleura d'émotion.
« Je ne suis pas ici pour refuser de casser un bijou et recevoir
des cadeaux, se justifia l'esclave. Obéir à l'ordre de mon maître compte plus
pour moi que cet objet précieux. »
A un moment donné si nous voulons avancer et que notre voix
intérieure, notre maître intérieur, nous l'ordonne, nous devons accepter de
sacrifier certaines choses, aussi précieuses soient-elles.
Il faut parfois sacrifier la gloire, parfois une carrière artistique ou
un couple ou un travail important, etc... Obéir à l'appel peut coûter très
cher.
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