Le feu, élément naturel, acquiert rapidement, tant dans la religion juive que par la suite chrétienne, une place importante. Symbole ambivalent du bien comme du mal, cette force naturelle incandescente sera rapidement intégrée dans les premiers rites des Hébreux au titre de la toute-puissance divine.
Le feu représente dès les premiers temps du judaïsme pour les
Hébreux la force divine. Aussi n’est-il pas étonnant que ce signe soit
rapidement intégré en des rites de plus en plus nombreux et précis, une manière
d’honorer Celui par qui cet élément a été rendu possible. Ainsi, à l’image du Buisson ardent ou
de l’Horeb enflammé, user du feu lors des fêtes religieuses permet de louer ce
que Dieu fit pour son peuple. Les psaumes n’hésitent pas à rappeler ces
premiers rituels, signes de leur importance dans la religion juive tel l’encens consumé
par le feu : « Que ma prière devant toi s’élève comme un encens, et
mes mains, comme l’offrande du soir ». (Ps 140) En effet, dès le Livre de l’Exode, une succession
de rites sacrificiels se met en place accordant au feu une place première,
élément intermédiaire entre les hommes et Dieu :
« Tu feras
approcher le taureau devant la tente de la Rencontre ; Aaron et ses fils
imposeront la main sur sa tête, et tu l’immoleras devant le Seigneur, à
l’entrée de la tente de la Rencontre. Tu prendras le sang du taureau et tu en
mettras avec ton doigt sur les cornes de l’autel. Puis tu répandras le sang à
la base de l’autel. Tu prendras toute la graisse qui enveloppe les entrailles
ainsi que le lobe du foie, les deux rognons et la graisse qui les entoure, et
tu les feras fumer sur l’autel. Mais tu brûleras hors du camp la chair du
taureau, la peau et les excréments. C’est un sacrifice pour la faute. (Ex 29, 10-14) Ce passage biblique montre combien le feu
peut être ambivalent, moyen d’élever des prières à Dieu tout comme élément
purificateur de ce qui est impur.
Le feu de Dieu
Le symbole du feu est si puissant
chez les Hébreux que le sanctuaire lui-même possédait l’un des éléments le plus
importants aux yeux des juifs : le feu sacré. Un feu qui dès lors ne
devait jamais s’éteindre ainsi que le prescrit le Lévitique dans l’Ancien
Testament :
« Le feu, sur l’autel, restera
allumé, il ne s’éteindra pas. Chaque matin le prêtre l’alimentera en bois. Il y
disposera l’holocauste et y fera fumer les graisses des sacrifices de paix. Un
feu perpétuel brûlera sur l’autel, il ne s’éteindra pas ». (Lv 6, 5-6)
Ce feu perpétuel
rappelle aux hommes la présence divine dans la pureté de cette incandescence
sans pour autant être lui-même divinisé ainsi que le firent de nombreuses
religions païennes antiques tel le culte de Moloch livrant au feu de jeunes
enfants… Signe de la présence divine, le feu sacré peut dès lors dans certaines
circonstances être l’objet de manifestations extraordinaires :
« Un feu sortit de devant le
Seigneur et dévora l’holocauste et les graisses sur l’autel. Le peuple vit
cela, tous crièrent de joie et tombèrent face contre terre ». (Lv 9, 24)
L’Esprit saint
Le Nouveau Testament reprendra cet
héritage du feu sacré. Jésus lui-même usera de ce puissant symbole :
« Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il
soit déjà allumé ! » (Lc 12, 49). Si le feu
sacré du Nouveau Testament est de nouveau un feu purificateur, celui-ci ne se
réalise plus, cependant, sous la forme d’holocaustes et de sacrifices de bêtes,
mais par la Parole et grâce au sacrifice ultime du Christ. Ce glissement des rites
sacrificiels — du sang des bêtes au sang du Christ — dans le Nouveau Testament
sera souligné et largement développé au XXe siècle
par le philosophe René Girard. Jean le Baptiste reconnaissait
baptiser par l’eau mais souligna très tôt : « Mais celui qui vient
derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses
sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit saint et le feu » (Mt 3, 11).
Ce même Esprit saint se
manifestera d’ailleurs par le feu, et plus précisément selon les Écritures sous
la forme de langues de feu :
« Alors leur apparurent des
langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur
chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit saint : ils se mirent à parler
en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit » (Ac 2, 3-4)
Le feu confère ainsi aux disciples
du Christ une force incomparable, celle de partager la Parole divine au plus
grand nombre, une force incandescente dépassant tous les antiques sacrifices.
https://fr.aleteia.org/2021/09/28/la-bible-et-ses-symboles-le-feu-la-force-incandescente/
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