jeudi 15 juillet 2010

À quoi bon?



À quoi bon la lumière du soleil, si je garde les yeux fermés?
À quoi bon avoir deux jambes, si elles ne me portent pas vers les autres?
À quoi bon avoir deux mains, si je les garde bien fermées dans mes poches?
À quoi bon avoir une jolie tête, si elle ne sert qu’à y mettre un chapeau?
À quoi bon le – je, - moi… quand le mot à la mode est le – nous?
À quoi bon la porte de ma maison, si elle ne sert qu’à me protéger et ne s’ouvre pas pour accueillir?
À quoi bon deux paires de souliers, si mon frère va nu-pieds?
À quoi bon une table bien mise, si je n’ai pas faim?
À quoi bon les deux discours, si mes gestes sont courts?
À quoi bon une nouvelle couche de peinture, quand c’est le bois qui est pourri?
À quoi bon aller sur la lune, quand sur la terre je n’arrive pas à décoller?
À quoi bon trois repas par jour, si j’ai besoin de trois mois pour dégrossir ma bedaine?
À quoi bon maudire la pluie, quand il serait si simple de m’acheter un parapluie?
À quoi bon me concentrer sur mon nombril, quand c’est ailleurs qu’il y a la vie?
À quoi bon se conter des histoires, quand on est le premier à ne pas y croire?
À quoi bon avoir le meilleur des vélos, si je ne suis pas prêt à pédaler?
À quoi bon espérer un bel été, si j’ai saccagé le printemps?
À quoi bon acheter le livre à la mode, si je ne sais pas lire?
À quoi bon vouloir changer de violons, si je ne sais pas la musique?
À quoi bon vouloir la vie en couleur? Elle est en noir et blanc. En vrai ou faux.
À quoi bon les – À quoi bon-

Enfin, à quoi bon continuer à me poser tant de questions? Nous n’avons qu’un seul voyage à faire, pourquoi ne pas le faire en 1Ier classe? Et laisser tous les autres – à quoi bon – à ceux qui préfèrent rester sur le quai à regarder le train filer.

Source : Frère Clifford Cogger, capucin Le Messager de Saint-Antoine Juillet – Août 2010

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