Ce 4 octobre, fête de saint François, le Pape François
honore à Assise le patron de son pontificat, modèle d’humble radicalité
évangélique. Une puissance atomique pour irradier toute l’Église !
François d’Assise fait l’unanimité autour de lui. Le
cardinal Bergoglio l'a choisi comme patron pour son pontificat, devenant ainsi
le pape des pauvres. Comme le Poverello d'Assise, le pape François a le
sentiment d'être habité par le Christ et il fait bouger l'Église par sa
simplicité évangélique. Il fait écho au désir si cher de l'humble franciscain :
`` Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix. Là où est la haine, que je
mette l’amour. ``
Chevalier du Christ
La vie de François est un long poème où alternent joie et
souffrance, désir de Dieu et amour de Jésus. Né à Assise vers 1182, d’un riche
marchand drapier Pierre Bernardone et de Dame Pica, sa jeunesse est marquée par
les plaisirs de la vie. Chevalier, il participe à la guerre entre Assise et
Pérouse, où il est fait prisonnier pendant un an. Malade, il est libéré. Il
recherche de plus en plus la solitude.
En 1206, à 24 ans, un
événement marquera sa vie. Il s’arrête pour prier à la petite église en ruine
de Saint-Damien. En prière, face au crucifix, il entend le Christ en Croix : ``François,
va et répare ma maison qui, tu le vois, tombe en ruine. `` Cet appel sera sa
mission : relever l’Église. Il bâtit son identité en structurant son être sur
Jésus crucifié reconnu comme le Christ ressuscité.
Face à un père déçu, François se dépouille de ses vêtements
devant l’évêque et renonce à tous ses biens pour dame pauvreté. Ne s’inquiétant
pas pour demain, il s’abandonne au Père du ciel qui veille sur chacun de nos
cheveux, nous qui valons `` bien plus que tous les moineaux du monde `` (Mt 10,
31). Le Père le revêt de beauté, comme il le fait pour les champs : `` Voyez
les lis : ils ne filent pas, ils ne tissent pas. Or je vous dis que Salomon
lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas habillé comme l’un d’eux `` (Lc 12,
27).
Simplicité et joyeuse humilité
Cette simplicité évangélique, faite de fraîcheur et de
confiance, lui attire ses premiers compagnons qui mèneront avec lui la joie
parfaite au domaine de la Portioncule. Le pape Innocent III approuve en 1210
cette communauté naissante qui s’appellera les `` Frères mineurs ``,
c’est-à-dire les derniers de tous. Claire s’associe à François; c’est la
première Clarisse. François fonde aussi pour les laïcs le tiers ordre
franciscain. Homme œcuménique par excellence, il rencontre le Sultan en Égypte
pour faire cesser la guerre entre chrétiens et musulmans. À son retour, il
rédige la règle définitive des Frères mineurs. C’est de lui que nous vient la
première crèche vivante de la Nativité.
En 1224, au cours d’une retraite sur l’Alverne, il reçoit
les stigmates de la passion de Jésus. Fatigué et malade, il revient à Assise et
se retire à Saint-Damien. Il continue à mettre le monde en état de louange.
Fiévreux et seul dans une petite cabane, c’est presque aveugle qu’il fait
monter un vibrant chant d’amour vers l’Auteur de la nature, le Père de la
création. Il compose alors sa magnifique prière Cantique du frère soleil,
appelée aussi Cantique des créatures. Il meurt dans la nuit du 3 au 4 octobre 1226
dans une cabane de la Portioncule, accueillant `` notre sœur la mort corporelle
``.
Grégoire IX le canonise deux ans plus tard. Pie XII le
proclame patron de l’Italie en 1939. À noter que François n’était pas prêtre,
mais diacre. Son corps repose dans la belle basilique à Assise que frère Élie,
son successeur, lui fit construire. Dans cette petite ville médiévale,
superbement étalée sur les pentes du mont Subasio qui surplombe la plaine de
l’Ombrie, tout évoque la présence du troubadour du Christ.
Poète dans sa familiarité avec la nature, François propose
une écologie de la vie en éveillant le désir de chanter la création. `` Loué
sois-tu Seigneur, dans toutes tes créatures, spécialement messire frère Soleil,
par qui tu nous donnes le jour, la lumière; il est beau, rayonnant d’une grande
splendeur, et de toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole. ``
L’ami de la nature
François d’Assise rejoint l’être humain dans sa vérité la
plus simple. Il réalise ce que nous désirons au plus profond de nous : la joie,
la paix, la liberté et la fraternité. Humble et pauvre, il se passionne pour le
Christ, les humains et la nature. Comme pour tout chrétien, sa quête d’identité
apparaît comme un lent processus d’épuration du désir, de décentrement de soi
vers l’autre, grâce à ce Très-Haut qui devient le Très-Bas, comme l’écrit
Christian Bobin dans sa biographie initiatique sur François : `` Rien ne peut
être connu du Très-Haut sinon par le Très-Bas, par ce Dieu à hauteur d’enfance,
par ce Dieu à ras de terre des premières chutes, le nez dans l’herbe `` (Le
Très-Bas).
François est l’homme du retour à l’Évangile qui a contesté
la société et l’Église de son temps. Il structure la société non pas sur
l’accumulation des biens, mais sur la tendresse et l’harmonie avec la nature,
comme le montrent les scènes romancées des Fioretti où il apprivoise un loup et
où il prêche aux oiseaux. Frère de tous, il se solidarise avec les plus
pauvres, insistant sur l’être et non sur l’avoir, ouvrant une voie de communion
et de prière. Il est un maître de libération intérieure. Jean-Paul II l’a nommé
patron des écologistes en 1979.
Prière
Frère François au
seul désir,
épousant dame
pauvreté,
tu ne gardes rien de
toi-même
dans les champs et
sur les chemins,
à la suite du Christ.
L’Amour te reçoit
tout entier,
la Croix se plante
dans ton corps,
les clous pénètrent
dans ta chair,
tu deviens prière
faite homme,
à la suite du Christ.
Diacre de la liberté,
couché nu dans la
joie parfaite,
tu salues notre sœur
la mort,
en ton cœur la
création espère,
à la suite du Christ.
(Jacques Gauthier, Prières de toutes les saisons)
sources: Le blogue de Jacques Gauthier
WEB 2013
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