Le Dieu que je connais se tient à l’ombre de chez moi.
Il mendie chaque jour un peu de riz et, davantage, un regard
d’amour, un visage d’accueil.
Le Dieu que je connais est né sur la paille, est mort sur le
bois.
Et depuis un certain matin de Pâques, il erre ici et là de
par le monde, se mêle à la foule des anonymes, des pas-importants, des
indésirables.
Je le vois partout se profiler dans les rues de mon
quartier. Il fait tout pour s’effacer, se laisse à peine apercevoir et neuf
fois sur dix on ne le reconnaît pas…
Le Dieu que je connais est impuissant, silencieux et
terriblement gênant.
Il m’empêche de dormir tranquille. Il hante mes nuits
paisibles.
Il dit qu’il a faim, qu’il a soif, qu’il est nu, qu’il est étranger, qu’il est prisonnier.
Il dit qu’il a faim, qu’il a soif, qu’il est nu, qu’il est étranger, qu’il est prisonnier.
Il crie sur le bord de la route. Il gémit abandonné, rejeté.
Il étale sans pudeur ses os décharnés, son corps meurtri.
J’ai cru entendre sa voix l’autre jour :
`` Je suis toujours là, je ne vous ai pas quittés.
Ah, ne me laissez pas mourir de faim,
Ne me laissez pas encore une nuit sans toit, sans chaleur.
Ne me laissez pas dans cette oppression subir l’injustice,
recevoir des coups, être torturé.
Ah, j’ai besoin de vous aujourd’hui, ce soir même!
Je frappe à la porte et on ne me répond pas.
Il fait froid, je suis seul, personne pour m’aider à me
relever, à panser mes plaies… ``
Le Dieu que je connais s’appelle Jésus Christ.
Il se tient à l’ombre de chez moi…
Jacques
couture S.J. 1929-1995
Missionnaires
ensemble Printemps 2016
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