J’ai lu, je ne sais plus dans quelle revue,
l’histoire suivante. Dans un temps de disette, par une rude et froide journée
d’hiver, une pauvre femme inconnue avait parcouru le village, mendiant de porte
en porte.
Ses vêtements étaient propres, mais bien usés et
rapiécés. Comme la neige tombait en abondance et que le vent soufflait avec
force, la pauvre femme avait serré autour de sa tête un fichu qui cachait en
partie ses traits. Elle tenait à la main droite un bâton et au bras gauche un
panier. Dans la plupart des maisons, on ne lui donnait qu’une misérable aumône
; quelques fermiers - à leur aise cependant - la renvoyèrent même avec dureté.
Un seul villageois - et non un des plus riches - la fit entrer dans la cuisine
où régnait une douce chaleur, et la fermière, qui sortait du four un beau
gâteau doré à point, en donna un gros morceau à la mendiante, qui, réchauffée,
réconfortée, reprit sa route.
Quelques
jours plus tard, les villageois furent tout surpris de recevoir une invitation de
Mme la Comtesse, qui les priait à souper à son château. C’était bien la
première fois que la châtelaine faisait une telle invitation ! Les braves
paysans mirent leurs plus beaux atours et, un peu intimidés, arrivèrent au
château à l’heure indiquée.
Des
domestiques, bien stylés, les aidèrent à ôter manteaux, chapeaux et galoches et
les introduisirent dans la salle du festin. Une grande table avait été dressée,
elle était couverte de pièces d’argenterie, de cristaux, de fleurs. Chacun
trouva sa place indiquée par une jolie carte fleurie.
Mais quelles
ne furent pas la surprise et l’indignation des convives, de voir les valets
leur apporter des assiettes contenant quelques croûtes de pain, un bout de
fromage moisi, ou un os …
Seule une
famille, assise près de la châtelaine, était servie de mets succulents : poulet
rôti, salade, légumes rares.
Des murmures
s’élevèrent dans la salle :
- On se
moque de nous ! C’est honteux ! …
La
châtelaine s’était levée, tous les yeux se fixèrent sur elle : l’énigme allait
être expliquée.
- Mes amis,
dit-elle, la mendiante qui s’est présentée chez vous, il y a quelques jours,
c’était moi ! J’ai voulu mettre à l’épreuve votre bienfaisance. Hélas ! J’ai
été déçue, car seule, dans tout le village, une famille m’a reçue avec bonté et
a partagé avec moi ce qu’elle possédait. Les autres … voyez ce que vous avez donné, tout est là.
On imagine
facilement les sentiments que ces invités ont pu éprouver en écoutant ces
paroles : Oh ! S’ils avaient su qui ils recevaient ce jour-là !
Il y a près
de vingt siècles que le Roi des rois est venu dans ce monde en prenant une
forme de serviteur. Au moment où nous nous préparons à célébrer ce grand
événement de l’histoire, fixons nos regards sur Jésus qui, de riche qu’il
était, s’est fait pauvre pour nous, et offrons-lui notre adoration. Mais que
nos regards se tournent aussi vers l’avenir, vers ce second Noël qui sera
l’avènement du Fils de Dieu, dans la puissance et dans la gloire. Et puisque
Dieu nous a aimés jusqu’à envoyer son Fils unique pour nous sauver, que Jésus
n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais s’est
dépouillé lui-même, en devenant semblable aux hommes, soyons les messagers de
cet amour autour de nous, et que nos yeux soient ouverts sur les autres. Car
Jésus a dit : « Toutes les fois que vous avez fait du bien à l’un de ces plus
petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »
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