dimanche 12 avril 2020

Et maintenant une histoire !


CXXXIII. Marie-Madeleine au tombeau.

Auteur : Ségur, Comtesse de | Ouvrage : Évangile d’une grand’mère. Temps de lecture : 5 minutes
Marie-Madeleine, la pauvre pécheresse convertie, la fidèle et courageuse chrétienne du Calvaire, poussée par son amour pour Jésus, sortit de Jérusalem le dimanche matin avant même le lever du soleil. Elle voulait aller pleurer près du tombeau de son bon maître, s’exposant ainsi aux insultes des soldats qui gardaient le corps.
Pendant qu’elle allait au tombeau, le Christ était ressuscité ; et lorsque Madeleine arriva au petit jardin qui entourait le sépulcre, les gardes s’étaient déjà enfuis et Madeleine vit avec stupéfaction la porte ouverte et la pierre enlevée.
Pierre roulée et tombeau vide Pâques. Elle jeta un regard rapide dans l’intérieur du caveau, et croyant qu’on avait enlevé le corps, elle courut précipitamment au Cénacle avertir Pierre, qui était déjà considéré comme le Chef des Apôtres. Pierre et Jean sortirent aussitôt et coururent vers le tombeau. Madeleine les suivit de loin.
La Sainte Vierge, près de laquelle Madeleine était venue chercher Pierre et Jean, resta seule dans sa demeure ; et ce fut alors que, d’après une pieuse tradition, son Fils adorable lui apparut comme à la première, la plus digne des créatures, et comme ayant droit à la première et à la plus grande part de son amour.
Pierre et Jean couraient au sépulcre, ne comprenant rien aux paroles de Madeleine. Saint Jean, qui était jeune, courait plus vite que saint Pierre. Il arriva le premier, se pencha à l’entrée du caveau, et vit en effet que l’intérieur était vide.
Jean n’osa pas entrer avant Pierre, que Jésus avait désigné d’avance comme Chef de l’Église. Pierre arriva, descendit les marches qui conduisaient au caveau funéraire, et s’assura de la vérité. Le linceul qui avait entouré le corps du Sauveur était encore là, et les linges qui avaient enveloppé la tête du Fils de Dieu étaient pliés et déposés à part.
Les deux Apôtres oubliaient, dans le trouble de leurs pensées, la promesse de la résurrection ; et croyant, eux aussi, qu’on avait emporté le corps de leur Maître, ils furent remplis de frayeur, et ils épouvantèrent les autres disciples en leur racontant ce qu’ils avaient vu.
Remarquez tous ces détails, mes enfants ; ils montrent, jusqu’à l’évidence, l’absurdité des Juifs lorsqu’ils prétendirent que les Apôtres avaient enlevé le corps du Seigneur. Les Apôtres n’y pensaient même pas, et ne voulaient pas croire à la possibilité de la résurrection.

CXXXIV. Jésus apparaît à Madeleine.

Marie-Madeleine avait suivi Pierre et Jean quand ils vinrent au sépulcre. Après leur départ, elle s’agenouilla près de ce tombeau qui lui rappelait de si douloureux et de si chers souvenirs, et elle se mit à fondre en larmes.
Puis elle s’avança de nouveau jusqu’à l’ouverture du sépulcre, et elle aperçut, de chaque côté de la pierre sur laquelle avait été déposé le corps divin, deux Anges sous l’apparence de deux jeunes hommes vêtus de blanc.
La vue de ces deux Anges fit peu d’impression sur Madeleine, absorbée dans sa douleur, et dont la vue était troublée par les Larmes.
« Femme, lui dirent les Anges, pourquoi pleures-tu ?
— Je pleure, répondit Madeleine, parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et que je ne sais où ils l’ont mis. »
Pendant qu’elle parlait encore, elle entrevit auprès d’elle, un peu en arrière, un homme qu’elle crut être le jardinier chargé du soin d’entretenir le Saint Sépulcre. Sans se retourner et sans le regarder, la pauvre Madeleine lui dit en pleurant :
« Si c’est vous qui l’avez emporté, dites-le moi, et indiquez-moi où vous l’avez mis. »
Une voix, bien connue l’appela par son nom : « Marie ! »
Elle tressaillit, et, levant les yeux, elle reconnut son adorable Sauveur. Dans le premier élan de sa joie, ardente dans son amour comme dans sa douleur, elle se précipita à ses pieds pour les baiser. Mais Jésus, pour modérer ces transports, lui dit :
« Ne me touche pas, je ne suis pas encore monté vers mon Père ; mais va trouver mes frères, et dis-leur que je vais à mon Père et à votre Père, à mon Dieu et à votre Dieu. »
Petit-Louis. Comment Notre-Seigneur, qui était Dieu, appelle-t-il Dieu le Père son Dieu ?
Grand’mère. Parce qu’il était vraiment homme en même temps qu’il était vraiment Dieu. Comme homme, Jésus-Christ adore Dieu, prie Dieu, obéit comme nous. C’est en ce sens que Dieu est le Dieu de Jésus-Christ.
Madeleine obéit à l’ordre de son Maître, et, le cœur plein de joie, elle courut au Cénacle annoncer aux Apôtres la résurrection de Jésus. Mais ils ne la crurent pas.
Élisabeth. C’est étonnant que les Apôtres ne veuillent pas croire à la résurrection qui leur avait été annoncée tant de fois par Notre-Seigneur lui-même, et que Marie-Madeleine venait leur confirmer. Vraiment, ces Apôtres ne méritaient pas tout l’amour et les bontés de Notre-Seigneur.
Grand’mère. Les Apôtres étaient encore des hommes ignorants et faibles ; ils n’avaient pas reçu le Saint-Esprit ; ils n’avaient pas reçu les grâces extraordinaires que Dieu accorde à ses Prêtres. Vous verrez ces mêmes hommes faibles, ignorants, timides, devenir des hommes éloquents, instruits, courageux ; ils convertiront des milliers d’incrédules.



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