Il était une fois un petit arbre dont c’était le premier automne.
Il n’était pas tout seul et il n’avait pas peur, bien entouré qu’il
était, par une ceinture d’arbres protecteurs.
De grands et beaux arbres bien vieux, qui avaient connu des
dizaines et des dizaines de printemps et d’étés,
d’automnes et d’hivers.
Il se trouvait vraiment ravissant et se disait:
"Quelle chance j’ai d’être aussi élégant. J’aime mon
costume d’or et même je l’adore "!
Mais aux premiers vents de l’automne, il avait commencé à
frissonner, et une de ses feuilles était tombée.
Il pensait que c’était comme quand on perd un bouton sur un costume
qu’il suffisait de le recoudre, qu’il n’y avait qu’à la ramasser et
la recoller.
Jeune et souple, il se pencha, posa l’une de ses branches à terre
en guise de genou, et la ramassa.
Mais il restait à la recoller….
Ingénieux, il demanda à son voisin, un jeune sapin, un
peu de résine.
"Heureusement que je n’ai jamais cherché à recoller
mes aiguilles.
Autant chercher une aiguille de pin dans une botte de foin!
Lui dit le sapin.
Enfin! Essaie si tu veux.
Mais moi, si j’étais toi, je demanderais conseil aux plus
vieux."
Timide, le petit arbre n’osa pas.
Il se contenta de recoller tant bien que mal sa feuille dorée, si
précieuse à ses yeux.
Mais le lendemain, il y eut une nouvelle feuille à ses
pieds.
Puis deux, puis trois. Il s’affola.
Il pensait que seuls les vieux arbres se déplumaient, pas
les jeunes comme lui.
Alors qu’avant, il aimait jouer avec le vent, maintenant à
la moindre risée, il s’immobilisait et se raidissait.
Il se mit à avoir peur du grand méchant vent.
Les vieux arbres lui expliquèrent gentiment: "Ce
n’est qu’un mauvais moment à passer.
Après tu seras récompensé, de nouvelles feuilles vont repousser.
Dorées? Non! Vertes au printemps"
Il se dit: "finalement, mon beau costume d’or
commençait à se faner.
Je vais moins le regretter que je ne le pensais.
Et puis, je perds un beau costume, c’est vrai, mais je gagne
un tapis"
Et petit à petit, il accepta son destin, car de toute
façon, personne n’y pouvait rien.
Toute la résine de tous les sapins de toutes les forêts de
toute la terre ne suffirait point à recoller toutes les
feuilles que les arbres perdaient.
Et le petit arbre
aux feuilles d’or connu un bel automne, en acceptant son sort.
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