Un temps nouveau s’ouvre… Nous sommes invités à prendre le chemin qui nous conduit à Pâques. Sur ce chemin Dieu nous invite à ouvrir nos coeurs à plus de bonté, de partage, d’écoute, de paix, d’amour… à nous laisser pénétrer par la lumière de l’Amour du Christ dans notre vie.
Son
tronc était large, son écorce rugueuse, ses branches s’étendaient loin du tronc
comme de très longs bras, et ses feuilles étaient magnifiques, dentelées,
fines, et en forme de trèfle. Tous les jours il saluait ses amis, les arbres
voisins : ses branches s’agitaient et ses feuilles venaient caresser les branches
du bouleau, du châtaignier, du chêne, du sapin… tous disaient de lui : « quel
bel arbre tu es, que tes feuilles sont jolies et douces », et les branches de
tous ses voisins remuaient pour dire combien cet arbre était bon.
D’abord,
voilà que deux hommes se disputent sous ses branches ! Ouh la la en plus, ils
montrent le poing ! Ils sont très menaçants… et ils crient de plus en plus
fort. Le pauvre Cime-Eon en a les feuilles toutes secouées… Ouh la la Il ne
supporte pas ces cris et cette violence !
Et
voilà que maintenant arrivent deux dames portant chacune un panier rempli de champignons
;
-
« c’est moi qui ai les plus beaux champignons !
-
« non c’est moi, les tiens sont tout petits, regarde les miens comme ils sont beaux
et gros ! »
-
« les miens ils seront bons à manger au moins et pas vénéneux comme les tiens…
»
Ca n’arrêtait pas…des cris, des mots méchants qui claquaient comme des coups de fouet. Aïe aïe aïe, ça faisait mal à Cime-Eon, comme si son tronc tremblait sous la violence de ces mots.
Et
voilà maintenant que des enfants eux-mêmes s’y mettaient : un petit garçon avec
une casquette sur la tête était tout rouge de colère. Il criait des injures
très grossières contre un autre garçon qui avait relevé les manches de son
T-shirt, refait les lacets de ses baskets et qui s’apprêtait à envoyer un coup
de pied magistral à son copain !!
Oh
la la ! Ça y est, le coup était parti ! D’une violence inouïe ! Le petit garçon
à la casquette encaissa mais riposta aussitôt, et voilà maintenant qu’ils se
bagarraient énergiquement.
Le
pauvre Cime-Eon, en avait les branches qui s’abaissaient vers le sol, tellement
il était désolé de toutes ces disputes. Il sentait sa résine à l’intérieur de
lui, battre à grands coups.
Mais
les hommes n’allaient-ils donc jamais arrêter de se battre ? Alors, Cime-Eon décida
de réagir. Oh, bien sûr, il ne pouvait pas parler ; il ne pouvait pas protester
et organiser une marche pour la paix. Non, il était seulement un arbre, et un
arbre ne marche pas.
Mais,
il décida quand même de mener une action. Quoi ? Ses feuilles… Il allait les transformer.
Aujourd’hui, elles étaient dentelées, en forme de trèfle. Qu’à cela ne tienne,
il allait modifier leur dessin.
Il
travailla sa résine pour qu’elle tisse un nouveau modèle. Là… c’était pas mal.
Encore
un peu ce coin à reprendre, et ce serait parfait. Et voilà, impeccable !
Exactement
ce qu’il voulait. Des feuilles en forme de coeur. De vrais coeurs aux belles
courbes arrondies, bien joufflus, tendres à souhait.
Là
…qu’à cela ne tienne… la prochaine fois, il saurait quoi faire !
Or,
3 jours plus tard, deux vieillards passent sous son arbre et semblent ne pas
être d’accord sur un souvenir de date :
-«
C’était le 26 novembre 1950, je m’en souviens très bien, j’avais mis mon beau costume
bleu tout neuf ! »
-«
Tu radotes mon pauvre vieux ! C’était le 28 mai 1943, tu étais habillé en vert,
et moi, je portais mon bel habit parisien… »
-«
Parisien ? Et puis quoi encore, tu n’as jamais quitté Marseille ! Tu mens comme
un serpent ! Et ton cerveau est ramolli comme de la soupe au chou! »
Le
ton commençait vraiment à monter : Oh oh, il était temps de passer à l’action !
Cime-Eon
lâcha son premier coeur. Il décrocha une feuille du haut, juste placée au-dessus
de la tête d’un des grand-père.
Pfft,
pfft, pfft… la feuille de Cime-Eon voleta doucement et descendit lentement, en planant.
Elle se déposa doucement sur le crâne du vieux monsieur en colère.
Aussitôt,
sa colère tomba. Mais l’autre semblait encore très mécontent, alors Cime-
Eon
décrocha un nouveau coeur. Bien visé ! En plein dans le mille, cette feuille
vint se planter au niveau du coeur du papi.
Cette
fois, la guerre était bien finie. Les vieillards étaient redevenus les amis de longue
date qui avaient partagé tant de moments agréables ensemble.
Efficaces,
vraiment, ces feuilles ! Cime-Eon était très satisfait du résultat, et félicita
ses deux feuilles-coeurs tombées, à ses pieds.
-«
Chouette, les filles ! Vous avez été merveilleuses, je suis fier de vous ! »
Et
Cime-Eon, qu’on appelait désormais « l’arbre à coeur » distribua ainsi de nombreuses
feuilles à tous les hommes, toutes les femmes et tous les enfants qui en avaient
bien besoin. Comme une caresse, elles calmaient les disputes et ouvraient le coeur
des hommes. Chacun d’eux se disait « mais la vie est tellement plus belle quand
on arrive à bien s’entendre entre nous »
Tous
ces arbres, avec leurs jolies feuilles… Que de tendresse ! Que d’amitié partagée.
Mais,
les hommes n’étant pas parfaits, il en faut encore et encore des feuilles de
Cime-Eon…pour
que les hommes vivent dans la paix.
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