26 mai 2021 Marina A
Il
pleuvait, cet après-midi de mai… Il pleuvait, mais qu’importe ? Elles
avaient envie de prendre l’air. Les filles enfilèrent les pantalons de pluie,
les bottes de pluie et les vestes de pluie. Maman aussi. Ainsi équipées, elles
sortirent de l’immeuble, prirent le petit chemin derrière chez elles et se
dirigèrent vers le Bois Cornard. La route qui y menait était certainement peu
fréquentée en ce moment. Par beau temps, c’était un chemin privilégié pour les promeneurs
et les cyclistes, mais là, elles l’auraient pour elles toutes seules, maman en
était presque certaine.
Plus
que quelques pas et au détour d’une haie, le chemin de campagne apparut enfin.
Oui ! Il était bien à moitié inondé, comme espéré. Une gouille de trente
mètres de long s’étendait devant elles ! Waouh ! Trop beau !
Oui, oui, les filles, vous avez le droit de sauter dedans ! Et
splatch ! Qui éclaboussera le plus loin ? Le plus haut ? Maman
les regardait d’un œil attendri et amusé à l’abri de son parapluie.
Au-dessus
de leurs têtes, le ciel charriait de gros nuages. Maman les observa un instant
et bientôt se perdit dans un souvenir lointain. C’était du temps où elle
travaillait encore dans un bureau d’une entreprise de maçonnerie. Par la
fenêtre, elle voyait la forêt toute proche et devant, le dépôt avec sa grue
démontée, les contre-poids, les immenses tuyaux de béton et tant et tant de
matériaux de construction. Il ne pleuvait pas ce jour-là, mais le ciel était
chargé de lourds nuages. Tout était terne, gris, plat et sans vie, jusqu’au
moment où le soleil était passé sous les nuages. En un instant, tout avait
changé. Les rayons du soleil avaient habillé d’or le paysage tout entier et
semblait lui donner une quatrième dimension. Les troncs des arbres, auparavant
mornes et morts étaient devenus vibrants de vie. Même les gros tuyaux de béton,
la grue et les contre-poids semblaient devenus beaux et vivants.
Maman
émergea du passé et regarda autour d’elle. Elle repensa à ce passage de
l’Apocalypse qui dit que sur la nouvelle terre, Dieu éclairerait lui-même sa
création. Si le soleil passant sous les nuages était capable de telles
merveilles, la lumière de Dieu ne serait-t-elle pas encore plus
magnifique ? Et puisque Dieu est omniprésent, aucun nuage ne pourrait
jamais le cacher. Et lorsque le temps serait nuageux, il éclairerait par
en-dessous ce plafond cotonneux et tout serait si féériquement beau ! Et
il ne pourrait jamais pleuvoir sans qu’il y ait de la lumière pour éclairer les
gouttes de pluie ! Vous vous rendez-compte ? s’exclama maman. Sur la
nouvelle terre, quand il pleuvra, il y aura peut-être des arcs-en-ciel
partout ? Et quand vous sauterez dans les gouilles, elles ne seront pas
grises, mais pleines de reflets multicolores !
Les
filles rentrèrent trempées de leur promenade. Les affaires de pluie n’avaient
pas résisté à un tel traitement. Maman prépara du thé chaud et les filles se
changèrent. Quand elles se couchèrent, ce soir-là, elles s’imaginèrent sauter
dans des gouilles multicolores entourées d’une danse d’arcs-en-ciel. Et depuis
ce jour-là, maman avait l’occasion de penser aux promesses de Dieu chaque fois
qu’elle voyait le soleil, des nuages ou de la pluie. Alors, elle aimait rêver à
cette lumière chaude, vibrante et infiniment glorieuse émanant de Dieu
lui-même. A quoi ressemblerait-elle ? Elle n’en savait rien, mais elle
serait plus magnifique que tout ce qu’elle pouvait imaginer, c’était certain.
Les tracasseries de la vie s’estompaient et les contrariétés pâlissaient devant
les promesses de la vie éternelle. Ah ! si seulement maman n’oubliait
jamais de voir la météo comme un petit bonheur envoyé par Dieu lui-même !
Ce texte est une réponse au défi 8 : écris un petit bonheur.
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