Il était une fois, un monde où le destin est tissé à la toile par les nymphes célestes et dont les saisons sont marquées par de profondes significations. Un monde comme le nôtre où les légendes n’ont pas été oubliées, où le surnaturel survint à nos côtés… Mais est-ce vraiment un autre monde ou seulement le nôtre dans lequel on a oublié ces contes ? Peut-être cela n’a aucune importance après tout, car là n’est pas l’histoire qui vous sera contée.
Ici commence l’histoire de 4 frères, 4
frères particuliers. Voyez-vous, ceux-ci se sont vus attribuer les pouvoirs des
4 saisons ainsi que leurs charges. Chacun possédait les attributs des saisons.
Vivants à travers les hommes, ils les accompagnent tout au long des années.
L’histoire que je vais vous raconter est celle d’Automne.
Automne tenait son nom de la saison homonyme. Introverti, il était
doté d’une très grande écoute dont il avait bien besoin pour son travail.
Voyez-vous, le travail d’Automne porte bien le nom de sa saison. Alors que les
arbres rougeoient de leurs feuilles et que le vent souffle ses dernières brises
chaudes avant le froid de l’hiver, l’automne est le temps des remerciements pour ce que la
Terre nous procure.
Cette saison remplie de nostalgie est
aussi l’occasion de nous débarrasser de ce qui nous entrave, ce qui nous retient
à un passé qui n’est plus, dès nos fautes et faiblesses. C’est là où intervient le frère.
Dans sa boutique de thé, Automne
accueille ses visiteurs, écoute leurs tourments, leurs sanglots, leurs méfaits
avec toute l’attention et la bonté qu’il possède, leur permettant de laisser
aller les mots qui vont alors se noyer dans le thé.
En offrant leurs mots,
les visiteurs peuvent donc se libérer de leurs fardeaux et ainsi l’offrir en
offrande où ils seront pesés pour être jugés, pour ensuite rééquilibrer le
monde.
Chaque
jour, Automne se lève, met
son chapeau à large rebord, prépare ses théières et instruments, puis ouvre sa
boutique. C’est par le biais de ses thés qu’il accomplit sa tâche. Pour chaque
visiteur, il prend soin de choisir une tasse de thé à leur image ainsi que la
boisson convenant à leurs confidences. Automne écoute chacun de ses visiteurs
attentivement. Lorsque ceux-ci repassent par la porte, il apporte la tasse de
thé dans sa grande bibliothèque pour permettre à leurs maux d’être apaisés.
Automne prend bien soin de ses tasses et de son thé, méticuleux comme il est. Parfois, il
s’ennuie, un long soupir s’échappe alors de ses lèvres pour s’élever dans le
silence de sa boutique.
Il sort alors se promener sous les arbres.
Il prend de longues marches, bercé par la brise, les feuilles
craquant sous ses pas. C’était son rituel lorsqu’il se sentait trop confiné
dans sa boutique, à toujours écouter. Pas qu’il n’aimait pas écouter, ni son
travail, mais voir des milliers de visages chaque jour et se retrouver seul le
soir venu était devenu lassant. Après tout, même s’il aimait aider, écouter le
fardeau des gens n’était pas chose aisée. D’ainsi
était faite sa routine.
Et les jours passaient, et
Automne s’attelait à sa tâche. Il écoutait vaillamment ses visiteurs, leur
servait du bon thé chaud, les saluait quand ils repartaient, puis rangeaient
soigneusement leurs tasses.
Automne rêvait. Au fond de lui persistait un espoir d’être écouté
à son tour, d’avoir un visiteur qui
ne ferait pas que déverser ses maux, mais qui partagerait plutôt des mots avec
lui. Il se sentait lâche dans ces moments qui étaient pour lui
des faiblesses. Il s’en voulait d’avoir ces pensées, peur d’être égoïste ou de
nourrir un espoir en vain.
Mais
la routine reprenait, le
matin, Automne ouvrit sa boutique, profita des premiers rayons de soleil
perçant par les nuages, puis se mis à la tâche. Il servit un thé vert dans une
tasse peinte avec de petites étoiles pour la vieille dame qui vint le voir.
Vint ensuite un jeune homme à l’air triste, Il lui servit une tisane à
l’hibiscus dans une tasse simple pour réconforter son âme en peine. Ainsi passa la journée. Comme à son habitude, Automne alla se promener et ramasser
des feuilles sous les arbres.
Mais, à son retour, au pas de sa porte, il trouva une théière en
fonte remplie de thé fumant accompagnée d’une petite tasse. Quelqu’un
l’aurait-il oublié là ? … ou
bien, se pourrait-il que quelqu’un l’ait déposée à son attention ?
Automne secoua la tête, incrédule, puis rentra la théière dans sa
boutique, se disant qu’il y avait probablement eu une erreur. Le
lendemain, il trouva un carnet rempli de feuilles glissé sur sa porte.
Surpris, il regarda la théière offerte, un sourire aux lèvres à la pensée que
quelqu’un aurait bien pu déposer ces présents à son attention. Le jour suivant, après une dure journée
de travail, il sortit marcher. Revenu à sa boutique, il y trouva des baies
enrobées dans un mouchoir, accompagnées d’un mot à son nom. Ce ne pouvait plus être une coïncidence. Il pouvait donc se
permettre d’espérer, si ? Et les jours passèrent, et
Automne attendait avec impatience ces moments qui lui étaient devenus si
précieux. Bien qu’il aimât recevoir, il se mit à se demander qui pouvait bien lui offrir autant
d’attention.
Le lendemain, avant
de sortir marcher, il déposa une tasse de thé fumant sous son porche. Automne
fut si excité de faire du thé avec en seule pensée de remercier et non pour soulager
une peine. Il partit avec l’espérance que son bienfaiteur accepte son présent. Et il le fit ! Rempli de joie,
Automne continua à laisser des présents à son tour. Ainsi commença une étrange
correspondance entre les deux. Ils s’envoyaient des mots, des petites phrases,
accompagnés de petits présents. Automne était si enchanté par ces échanges !
Le cœur lourd d’inquiétude, Automne attendit, puis attendit en
espérant ne pas avoir blessé son cher ami. Alors que les derniers rayons de soleil pointaient à
l’horizon, il ne trouva rien sous son porche. Le cœur gros, Automne laissa
s’échapper le plus long soupir de
son existence.
La journée pluvieuse du
lendemain exprima bien l’état d’Automne. Il
n’aurait jamais cru penser à utiliser ses thés sur lui-même pour apaiser sa
peine. Chassant cette pensée du revers de la main, il ouvrit sa boutique.
Le soleil couchant, au moment où il
allait refermer ses portes, un client à la mine bien basse apparu au pas de
celles-ci. Automne lui servit un thé pour la peine et l’angoisse, mais au
moment où il tendit la tasse, le jeune homme l’interrompit d’une main
tremblante et Automne comprit, bouche-bée.
Le cœur battant à la chamade, Automne le vu sortir
son dernier mot et un sachet de thé, comme une excuse. De ses lèvres
tremblantes, le jeune homme laissa sortir un mot : désolé.
Leurs regards se croisèrent, puis
tous deux se mirent à pleurer, un sourire aux lèvres. Les effluves terminés,
Automne prépara le thé qui lui avait été offert et son cœur se gonfla à la
pensée qu’il allait enfin partager un thé avec quelqu’un.
Et ils parlèrent, parlèrent
jusqu’au premier rayon perçant du soleil. Leurs sentiments exprimés, leurs
histoires dévoilées, les deux sourirent. Le cœur léger, ils rirent et Automne
compris ce qu’était de partager ses pensées avec quelqu’un. Il était empli de
joie à l’idée qu’il avait trouvé plus qu’une oreille pour l’écouter, plus qu’un
ami avec qui partager ces histoires, ses doutes, ses passions. Automne comprit alors le bonheur que l’on peut créer à
partager un peu de soi avec l’autre et que l’on peut partager en retour.
Ce sont ces petites choses qu’on fait pour l’autre, ces écoutes, ces petits
gestes qui peuvent faire tout un changement pour l’autre. C’est en faisant
attention aux autres qu’on peut illuminer la journée ceux-ci d’une manière dont
on n’aurait jamais pu s’attendre et peut-être même recevoir à son tour.
Alors, je vous le dis, soyez à l’écoute des autres et vous
verrez le bonheur que vous pouvez créer.
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