samedi 16 octobre 2021

Automne- Monotonie- Le mystérieux inconnu- Un nouvel ami

 

Il était une fois, un monde où le destin est tissé à la toile par les nymphes célestes et dont les saisons sont marquées par de profondes significations. Un monde comme le nôtre où les légendes n’ont pas été oubliées, où le surnaturel survint à nos côtés… Mais est-ce vraiment un autre monde ou seulement le nôtre dans lequel on a oublié ces contes ? Peut-être cela n’a aucune importance après tout, car là n’est pas l’histoire qui vous sera contée.

Ici commence l’histoire de 4 frères, 4 frères particuliers. Voyez-vous, ceux-ci se sont vus attribuer les pouvoirs des 4 saisons ainsi que leurs charges. Chacun possédait les attributs des saisons. Vivants à travers les hommes, ils les accompagnent tout au long des années. L’histoire que je vais vous raconter est celle d’Automne.

Automne tenait son nom de la saison homonyme. Introverti, il était doté d’une très grande écoute dont il avait bien besoin pour son travail. Voyez-vous, le travail d’Automne porte bien le nom de sa saison. Alors que les arbres rougeoient de leurs feuilles et que le vent souffle ses dernières brises chaudes avant le froid de l’hiver, l’automne est le temps des remerciements pour ce que la Terre nous procure.

Cette saison remplie de nostalgie est aussi l’occasion de nous débarrasser de ce qui nous entrave, ce qui nous retient à un passé qui n’est plus, dès nos fautes et faiblesses. C’est là où intervient le frère.

Dans sa boutique de thé, Automne accueille ses visiteurs, écoute leurs tourments, leurs sanglots, leurs méfaits avec toute l’attention et la bonté qu’il possède, leur permettant de laisser aller les mots qui vont alors se noyer dans le thé.

En offrant leurs mots, les visiteurs peuvent donc se libérer de leurs fardeaux et ainsi l’offrir en offrande où ils seront pesés pour être jugés, pour ensuite rééquilibrer le monde.

Chaque jour, Automne se lève, met son chapeau à large rebord, prépare ses théières et instruments, puis ouvre sa boutique. C’est par le biais de ses thés qu’il accomplit sa tâche. Pour chaque visiteur, il prend soin de choisir une tasse de thé à leur image ainsi que la boisson convenant à leurs confidences. Automne écoute chacun de ses visiteurs attentivement. Lorsque ceux-ci repassent par la porte, il apporte la tasse de thé dans sa grande bibliothèque pour permettre à leurs maux d’être apaisés.

Automne prend bien soin de ses tasses et de son thé, méticuleux comme il est. Parfois, il s’ennuie, un long soupir s’échappe alors de ses lèvres pour s’élever dans le silence de sa boutique.

Il sort alors se promener sous les arbres.

Il prend de longues marches, bercé par la brise, les feuilles craquant sous ses pas. C’était son rituel lorsqu’il se sentait trop confiné dans sa boutique, à toujours écouter. Pas qu’il n’aimait pas écouter, ni son travail, mais voir des milliers de visages chaque jour et se retrouver seul le soir venu était devenu lassant. Après tout, même s’il aimait aider, écouter le fardeau des gens n’était pas chose aisée. D’ainsi était faite sa routine.

Et les jours passaient, et Automne s’attelait à sa tâche. Il écoutait vaillamment ses visiteurs, leur servait du bon thé chaud, les saluait quand ils repartaient, puis rangeaient soigneusement leurs tasses.

Automne rêvait. Au fond de lui persistait un espoir d’être écouté à son tour, d’avoir un visiteur qui ne ferait pas que déverser ses maux, mais qui partagerait plutôt des mots avec lui. Il se sentait lâche dans ces moments qui étaient pour lui des faiblesses. Il s’en voulait d’avoir ces pensées, peur d’être égoïste ou de nourrir un espoir en vain.

Mais la routine reprenait, le matin, Automne ouvrit sa boutique, profita des premiers rayons de soleil perçant par les nuages, puis se mis à la tâche. Il servit un thé vert dans une tasse peinte avec de petites étoiles pour la vieille dame qui vint le voir. Vint ensuite un jeune homme à l’air triste, Il lui servit une tisane à l’hibiscus dans une tasse simple pour réconforter son âme en peine. Ainsi passa la journée. Comme à son habitude, Automne alla se promener et ramasser des feuilles sous les arbres.

Mais, à son retour, au pas de sa porte, il trouva une théière en fonte remplie de thé fumant accompagnée d’une petite tasse. Quelqu’un l’aurait-il oublié là ? … ou bien, se pourrait-il que quelqu’un l’ait déposée à son attention ?

Automne secoua la tête, incrédule, puis rentra la théière dans sa boutique, se disant qu’il y avait probablement eu une erreur.  Le lendemain, il trouva un carnet rempli de feuilles glissé sur sa porte. Surpris, il regarda la théière offerte, un sourire aux lèvres à la pensée que quelqu’un aurait bien pu déposer ces présents à son attention. Le jour suivant, après une dure journée de travail, il sortit marcher. Revenu à sa boutique, il y trouva des baies enrobées dans un mouchoir, accompagnées d’un mot à son nom. Ce ne pouvait plus être une coïncidence. Il pouvait donc se permettre d’espérer, si ? Et les jours passèrent, et Automne attendait avec impatience ces moments qui lui étaient devenus si précieux. Bien qu’il aimât recevoir, il se mit à se demander qui pouvait bien lui offrir autant d’attention.

Le lendemain, avant de sortir marcher, il déposa une tasse de thé fumant sous son porche. Automne fut si excité de faire du thé avec en seule pensée de remercier et non pour soulager une peine. Il partit avec l’espérance que son bienfaiteur accepte son présent. Et il le fit ! Rempli de joie, Automne continua à laisser des présents à son tour. Ainsi commença une étrange correspondance entre les deux. Ils s’envoyaient des mots, des petites phrases, accompagnés de petits présents. Automne était si enchanté par ces échanges !

 
Mais le jeune homme n’avait de cesse de se demander avec qui il pouvait bien correspondre. Il était toutefois terrorisé que s’il demandait son nom, son interlocuteur s’évaporerait dans la brise. Après tout, celui-ci avait bien fait attention à rester anonyme. Prenant son courage à deux mains, automne se risqua à glisser à son prochain paquet un mot qu’il avait écrit d’une main tremblante : qui es-tu ?

Le cœur lourd d’inquiétude, Automne attendit, puis attendit en espérant ne pas avoir blessé son cher ami. Alors que les derniers rayons de soleil pointaient à l’horizon, il ne trouva rien sous son porche. Le cœur gros, Automne laissa s’échapper le plus long soupir de son existence.

La journée pluvieuse du lendemain exprima bien l’état d’Automne. Il n’aurait jamais cru penser à utiliser ses thés sur lui-même pour apaiser sa peine. Chassant cette pensée du revers de la main, il ouvrit sa boutique.
Le soleil couchant, au moment où il allait refermer ses portes, un client à la mine bien basse apparu au pas de celles-ci. Automne lui servit un thé pour la peine et l’angoisse, mais au moment où il tendit la tasse, le jeune homme l’interrompit d’une main tremblante et Automne comprit, bouche-bée. Le cœur battant à la chamade, Automne le vu sortir son dernier mot et un sachet de thé, comme une excuse. De ses lèvres tremblantes, le jeune homme laissa sortir un mot : désolé.
Leurs regards se croisèrent,
 puis tous deux se mirent à pleurer, un sourire aux lèvres. Les effluves terminés, Automne prépara le thé qui lui avait été offert et son cœur se gonfla à la pensée qu’il allait enfin partager un thé avec quelqu’un.

Et ils parlèrent, parlèrent jusqu’au premier rayon perçant du soleil. Leurs sentiments exprimés, leurs histoires dévoilées, les deux sourirent. Le cœur léger, ils rirent et Automne compris ce qu’était de partager ses pensées avec quelqu’un. Il était empli de joie à l’idée qu’il avait trouvé plus qu’une oreille pour l’écouter, plus qu’un ami avec qui partager ces histoires, ses doutes, ses passions. Automne comprit alors le bonheur que l’on peut créer à partager un peu de soi avec l’autre et que l’on peut partager en retour.  Ce sont ces petites choses qu’on fait pour l’autre, ces écoutes, ces petits gestes qui peuvent faire tout un changement pour l’autre. C’est en faisant attention aux autres qu’on peut illuminer la journée ceux-ci d’une manière dont on n’aurait jamais pu s’attendre et peut-être même recevoir à son tour.

Alors, je vous le dis, soyez à l’écoute des autres et vous verrez le bonheur que vous pouvez créer.

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