LA PARABOLE DU RICHE INSENSÉ.
Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : " Maître, dis
à mon frère de partager avec moi notre héritage. " Jésus lui répondit :
" Qui m'a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ?"
Puis, s'adressant à la foule : " Gardez-vous bien de toute âpreté au gain
; car la vie d'un homme, fût-il dans l'abondance, ne dépend pas de ses
richesses. " Et il leur dit cette parabole : " Il y avait un homme
riche dont les terres avaient beaucoup rapporté. Il se demandait : Que vais-je
faire? Je ne sais pas où mettre ma récolte. Puis il se dit : Voici ce que je
vais faire : je vais démolir mes greniers, j'en construirai de plus grands et
j'y entasserai tout mon blé et tout ce que je possède. Alors je me dirai à
moi-même : Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années.
Repose-toi, mange, bois, jouis de l'existence. Mais Dieu lui dit : Tu est fou :
cette nuit même, on te redemande ta vie. Et tout ce que tu auras mis de côté,
qui l'aura ?" Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au
lieu d'être riche en vue de Dieu.
Question
1- Qu'est-ce qui guide nos choix :
l'argent, la richesse, le "paraître" ou bien ce qui va nous rendre
meilleur, ce qui va nous rendre heureux, ce que les autres attendent de nous.
2- Que demande cet homme ?
3- Que refuse Jésus ?
4- A la lumière de la parabole qui suit,
que désigne le mot « avidité » ?
5- Qu’est-ce qui a « bien rapporté » ? En
quoi est-ce en opposition avec « ma récolte » ?
6- A qui parle cet homme ? Quel est son
projet ? Quelle est sa logique ?
7- Quelle est la logique de la réponse de
Dieu ?
8- Contre quel danger Jésus met-il en garde
dans la parabole du riche insensé?
Petit commentaire
`` La vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, ne dépend pas
de ses richesses.`` Lc 12, 15
Non pas s’enrichir pour soi…
Une petite parabole illustre le propos.
Voici un homme riche, il ne manque de rien. De plus, la terre de cet homme a
rapporté gros. La terre : d’elle-même, elle a produit du fruit ! Don d'en haut
! Mais cet homme ne se parle qu'à lui-même : je, je, je... Se faisant le
centre, il oublie que c'est Dieu qui donne la vie à chaque instant, il
s'approprie le don reçu, surtout préoccupé de ne rien en perdre pour lui : mes
fruits, mes greniers, mes biens... Il décide de procéder à des agrandissements
pour engranger cette récolte abondante et mettre ainsi en réserve, pour
lui-même, ce sur quoi il pourra se reposer en sûreté pour des années
nombreuses. Au passage, il détruira des greniers jugés trop petits, mais qui
seraient bien utiles à d'autres... Parce qu'il a des réserves, il se croit
tranquille pour longtemps. Entièrement tourné vers une réalisation égoïste qui
ne table que sur la vie présente, notre homme ne prend pas en compte la mort,
sa propre mort, dans la solution de son problème.
Insensé, lui dit Dieu, cette nuit, on te
redemande ta vie ! Dieu, le maître de la vie, reprendra sa vie ! Contingence de
l'existence dont nul n'est propriétaire ; cet homme a cru pouvoir s'assurer
lui-même et protéger sa vie par ses biens et voilà qu'il perd tout et se perd.
…
Mais s’enrichir en vue de Dieu
Cet homme a manqué d'intelligence en ne
s’assurant pas un bonheur solide.
En fait, ce qui importe c’est de s'enrichir
en vue de Dieu. Encore un peu énigmatique, cette leçon sera pleinement éclairée
par la conclusion de tout le développement, aux v. 33-34. Au lieu de
thésauriser pour lui-même, cet homme aurait pu donner ses biens superflus aux
pauvres. Il se serait ainsi enrichi pour Dieu et se serait constitué un trésor
inépuisable.
Le
don
Alors un homme riche dit : Parlez-nous du
Don.
Et il répondit :
Vous donnez, mais bien peu quand vous
donnez de vos possessions.
C'est lorsque vous donnez de vous-même que
vous donnez véritablement.
Car que sont vos possessions, sinon des
choses que vous conservez et gardez par peur d'en avoir besoin le lendemain?
Et demain, qu'apportera demain au chien
trop prévoyant qui enterre ses os dans le sable sans pistes, tandis qu'il suit
les pèlerins dans la ville sainte ?
Et qu'est-ce que la peur de la misère sinon
la misère elle-même ?
La crainte de la soif devant votre puits
qui déborde n'est-elle pas déjà une soif inextinguible ?
Il y a ceux qui donnent peu de l'abondance
qu'ils possèdent - et ils le donnent pour susciter la gratitude et leur désir
secret corrompt leurs dons.
Et il y a ceux qui possèdent peu et qui le
donnent en entier.
Ceux-là ont foi en la vie et en la
générosité de la vie, et leur coffre ne se vide jamais.
Il y a ceux qui donnent avec joie, et cette
joie est leur récompense.
Et il y a ceux qui donnent dans la douleur,
et cette douleur est leur baptême.
Et il y a ceux qui donnent et qui n'en
éprouvent point de douleur, ni ne recherchent la joie, ni ne donnent en ayant conscience
de leur vertu.
Ils donnent comme, là-bas, le myrte exhale
son parfum dans l'espace de la vallée.
Par les mains de ceux-là, Dieu parle, et du
fond de leurs yeux, II sourit à la terre.
Il est bon de donner lorsqu'on vous le
demande, mais il est mieux de donner quand on vous le demande point, par
compréhension ; et pour celui dont les mains sont ouvertes, la quête de celui
qui recevra est un bonheur plus grand que le don lui-même.
Et n'y a-t-il rien que vous voudriez
refuser ?
Tout ce que vous possédez, un jour sera
donné ;
Donnez donc maintenant, afin que la saison
du don soit la vôtre et non celle de vos héritiers.
Khalil Gibran,
Le Prophète, Casterman, 1979
Comment donnons-nous ? Que donnons-nous ?
Prière
Seigneur,
donne-moi
une
âme de pauvre,
un
cœur de chair,
une
main ouverte,
un
regard d'amour,
une
oreille attentive,
une
ouverture à tous
et
la foi en chacun.
Seigneur,
donne-moi tout,
que
je puisse le redistribuer
en
l'honneur de ton nom.
Marc Jalaber
Prier au quotidien, supplément au n°305
octobre 2008