samedi 15 juin 2019

Il était une fois, une jolie rose qui voulait être cueillie. Un joli conte de Patrick


Elle voulait partir à l’aventure, découvrir le monde. Mais elle restait là, à sa place, au même endroit, devant le même paysage. Toute sa famille était partie alors qu’elle n’était encore qu’un bourgeon.
Elle se sentait seule et mal aimée.
Un petit garçon venait la voir tous les jours. Il la regardait, chaque fois, avec émerveillement.
Alors elle ne désespérait pas.

 Elle restait belle, chaque jour, pour lui plaire. De plus en plus, dans l’espoir d’être cueillie.

Le petit garçon revint encore une fois, le lendemain matin, pour vérifier si elle était toujours aussi belle. Il n’en cru pas ses yeux… C’était devenue la plus belle de toutes les fleurs qu’il n’avait jamais vues auparavant. Et quel parfum ! Il la sentait avant même de l’apercevoir !
« Mais pourquoi ne veut-il pas me ramasser », se disait-elle. « Que puis-je faire de plus ? »

 L’enfant restait l’admirer pendant des heures. Il ne s’en lassait pas.

La jolie fleur décida alors de lui demander : « Pourquoi ne veux-tu pas me cueillir alors que toute ma famille est partie avec les tiens ? Qu’ai-je fait de mal ? Suis-je moins bien que les autres ? »
-Oh non ! Répondit-il. Tu es magnifique !
 -Alors, pourquoi ?
 -Parce que mon papa m’a dit un jour que si on aimait une fleur, on pouvait la ramasser, mais que, si on l’adorait, il fallait l’aimer tout en lui laissant sa liberté.
 -Alors tu m’adores ?!
 -Oui ! S’exclama-t-il.
 -Alors cueille-moi, emmène-moi avec toi, je veux découvrir le monde !
 -Je ne peux pas quitter ma maison ! Et puis si je te cueille, tu vas mourir… Je ne veux pas que tu meurs !
La petite fleur répondit au petit garçon que, de toutes façons, elle allait mourir.
Le garçon se mit à pleurer et pleurer, à chaudes larmes, sans pouvoir s’arrêter.
 -Je… je ne veux pas ! Dit-il, en reprenant sa respiration. Je ne veux pas te voir mourir !
Cette rose était particulière. Elle avait une couleur et une odeur unique.
Le petit garçon eut alors une idée. Il essuya ses larmes et partit en courant, d’un air décidé.

 La rose crut alors qu’il allait l’abandonner. Elle se mit à dépérir.

Le petit garçon était parti chercher des outils.
Il s’était souvenu du jour où son papa lui avait dit que s’il aimait vraiment une plante, il pouvait la bouturer, pour lui redonner vie. Et il lui avait montré comment faire.
Mais son papa n’étant plus là, il avait du mal à trouver les outils nécessaires.
Et il était déjà tard et sa maman lui demanda de rentrer. Il ne fallait pas lui désobéir, c’était déjà assez dur pour elle.

La jolie fleur, voyant qu’il ne revenait pas, se laissa mourir de désespoir.

Le petit garçon pensait la revoir le lendemain. Il avait tellement hâte de lui annoncer la bonne nouvelle. Son papa avait trouvé la solution pour la cueillir tout en lui offrant la liberté.
Il était fier de son papa et savait que ce serait réciproque.
Il dormit le cœur léger, ne sachant pas ce qui se produisait dehors…
Il se réveilla dès les premiers rayons du soleil et se remit à chercher le sécateur et la petite fourche dont il avait besoin.
Puis retourna voir Petite Fleur, qu’il avait appelée ainsi en souvenir du poème préféré de sa maman.

 Mais Petite Fleur était étalée par terre.

Le petit garçon se mit à pleurer et crier de toutes ses forces. A tel point que sa maman sortit aussitôt de la maison, en courant, et lui demanda ce qu’il se passait, d’un air paniqué. Il lui raconta alors l’histoire de Petite Fleur. Sa maman regardait le rosier que son mari avait planté pour elle et retenait difficilement ses larmes en écoutant parler son fils.
C’était une histoire, un conte pour enfants, un conte de fées, comme elle adorait et comme son mari prenait plaisir à écrire, avec et par amour pour elle, leur petite famille et tous ceux qui auraient l’occasion de les lire ou de les entendre.

 Le petit garçon, voyant sa mère au bord des larmes, lui dit alors :

 -Ne retient pas tes larmes devant moi maman. Je sais que tu le fais pour moi et que c’est dur mais, comme disait papa, parfois il vaut mieux pleurer plutôt que de trop retenir sa peine, encore et encore.
 -Oui, tu as raison mon fils. Il aurait même ajouté que les larmes sont une des plus belles preuves d’amour et que pleurer n’est pas une faiblesse.
Ils se mirent à pleurer tous les 2 en se serrant fort dans les bras l’un de l’autre.
Le petit garçon se rappela alors d’une autre des sages paroles de son papa.
Il lui avait dit, un jour, que toutes les fleurs finissaient par faner, qu’elles soient cueillies ou non, mais que, même fanées, il était encore possible de faire quelque chose, que c’était peut-être même le meilleur moment pour lui donner une seconde vie…
Il demanda à sa mère de couper la tige, pendant qu’il faisait un trou dans la terre.
Il planta Petite Fleur dans ce trou, le reboucha et l’arrosa.
Il venait la voir chaque jour et sa maman aussi.
Ils en prenaient soin tous les 2.

 Au bout de quelques semaines, la tige fit de jeunes pousses.

Plus elle grandissait et plus la paix, l’harmonie, l’amour et le bonheur revenaient à la maison. Cette aventure avait rapproché le petit garçon et sa maman, en guérissant leurs cœurs meurtris. Ils se disaient, tous les 2, que l’esprit de son papa était en elle.
L’année suivante, Petite Fleur fit ses premiers bourgeons, puis ses premières roses. Elles étaient aussi belles et parfumées. C’était une réussite.
Aussi décidèrent-ils de la faire voyager, en faisant d’autres boutures qui firent le tour du jardin… puis le tour du monde.
Fin

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