SAINTE MARIE de l'INCARNATION
Femme de Dieu pour aujourd'hui
Le 28 octobre 1599 naissait à Tours la quatrième enfant de Jeanne Michelet et
du boulanger Florent Guyart. On lui donna le nom de Marie. Dieu avait des
desseins très précis sur la jeune Marie Guyart. Il allait en faire une des plus
grandes mystiques de l'Église, une missionnaire exceptionnelle et la mère de
l'Église canadienne. Cheminement spirituel Dès l'âge de sept ans, elle voit,
dans un songe, Jésus qui vient vers elle et lui demande: « Voulez-vous être à
moi ? » Avec toute sa spontanéité d'enfant, elle lui répond: « Oui! » Un « oui
» libre et ardent qui ne s'est jamais démenti. À dix-sept ans, ses parents,
selon la coutume du temps, la donnent en mariage à Claude Martin, marchand en
soieries. Son mari meurt, deux ans plus tard, la laissant avec le soin d'un
enfant de six mois, le petit Claude, et tous les embarras d'un commerce en
faillite. Avec courage, elle fait face à cette nouvelle situation. Le 24 mars
1620, vieille de l'Annonciation, en marchant sur la rue, elle se voit
soudainement arrêtée par la puissance de l'action de Dieu en elle. Elle prend
conscience, dans une grande lumière, des péchés et des imperfections de sa vie
passée et, en même temps, elle se voit plongée dans le Sang du Christ et sauvée
personnellement par son Amour miséricordieux. Elle ressort de cette expérience
toute renouvelée, conscient d'être devenue une nouvelle créature. Le Verbe
incarné l'appelle à l'union avec lui en l'attirant d'abord à la contemplation
des mystères de sa vie terrestre, puis en l'unissant profondément à sa
Personne. Il lui donne de pénétrer dans l'intimité de la Trinité. En 1627, lors
d'une expérience profonde de la Trinité, il la prend pour son épouse et l'unit
à lui de façon inexprimable. Le plus extraordinaire est qu'elle a vécu ce
cheminement spirituel au milieu d'une vie très occupée. En 1621, elle avait accepté
de travailler au commerce de son beau-frère qui gérait une entreprise
importante de transport. Peu à peu, ce dernier, voyant le talent de la jeune
veuve pour l'administration, lui confiait parfois la direction de son
entreprise. On voit alors Marie, dans les rues de Tours, en train de négocier,
de s'occuper des employés ou de prendre soin de soixante chevaux. Parfois il
est minuit et elle est encore sur les quais à faire charger et décharger la
marchandise. Elle vit sa relation à Dieu au coeur du monde, dans une existence
débordante d'activités. On pourrait dire qu'elle vit la Trinité dans les
affaires.
Missionnaire
en Nouvelle-France
En 1631, à la suite des appels répétés du Seigneur,
elle entre chez les Ursulines de Tours où elle prend le nom de Marie de
l'Incarnation. Là, Dieu continue de la préparer à la vocation missionnaire
qu'il a préparée pour elle. En 1634, dans un nouveau songe, elle voit « un lieu
très difficile » qu'elle reconnaîtra à son arrivée à Québec, et perçoit que la
Vierge Marie et son fils Jésus semblent l'appeler à une mission qu'elle ne
connaît pas encore. L'année suivante, elle reçoit de Dieu le don de « l'esprit
apostolique » qui la fait voyager en esprit à travers le monde, « au Japon,
dans l'Amérique, dans l'Orient, dans l'Occident » et partout où il y a des
personnes qui attendent le salut par la Sang du Christ. Son désir d'aller
annoncer la Bonne Nouvelle s'intensifie. Elle entre en contact avec quelques
jésuites missionnaires de la Nouvelle-France. Finalement, le 25 janvier 1639,
elle quitte son monastère de Tours, en route pour Québec. Elle est accompagnée
de Madame de la Peltrie, une veuve qui est prête à la suivre et à l'aider
financièrement dans son projet de fonder une école pour les jeunes filles
amérindiennes et françaises. De 1639 à 1672, elle vit dans son monastère à
Québec, au coeur de la nouvelle Église canadienne. L'activité qu'elle déploie
au service de la Mission est tout simplement prodigieuse. En plus d'accueillir
les jeunes filles pour leur enseigner les fondements de la religion chrétienne,
elle reçoit au parloir un grand nombre de visiteurs amérindiens et français. En
outre, elle se met à l'étude des langues du pays et compose des dictionnaires,
des catéchismes et des histoires saintes dans au moins trois langues
amérindiennes. C'est à elle que revient tout le soin du matériel: la
construction du monastère et la reconstruction après l'incendie de 1650, le
souci d'assurer la nourriture et les vêtements pour les religieuses et les
jeunes pensionnaires. Le soir, à la chandelle, elle écrit des milliers de
lettres à son fils, à ses amis et aux bienfaiteurs de France. En 1654, elle
répond aux demandes insistantes de son fils Claude, devenu bénédictin, en lui
envoyant la Relation de sa vie. Cet écrit, qui est parvenu jusqu'à nous, est
l'un des grands chefs-d'oeuvre de la littérature mystique de langue française.
Au dire de Bossuet, Marie est la « Thérèse du Nouveau Monde et de notre temps
». Elle est appelée à juste titre « mère de l'Église canadienne » puisqu'elle a
aidé à mettre au monde cette jeune Église, dans des circonstances
particulièrement épineuses, par sa présence et son engagement dans la jeune
colonie, de 1639 à 1672. Elle meurt à Québec le 30 avril 1672. Le Pape
Jean-Paul II l'a proclamée bienheureuse en 1980. Sa célébration liturgique a
lieu le 30 avril.
Après quatre siècles, l'exemple de sa vie et sa
doctrine continuent de rayonner et d'attirer à Dieu ceux et celle qui
apprennent à la connaître. Son expérience mystique et missionnaire, enracinée
dans le terreau de la vie concrète quotidienne, exerce une fascination et lance
un appel à plusieurs de nos contemporains. (Robert Michel, o.m.i.)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire