dimanche 18 avril 2021

St Joseph travailleur

 Le berceau de Jésus ou le dernier songe de joseph (conte)

« L’enfant qui grandit en Marie, est l’oeuvre de l’Esprit Saint ; tu l’appelleras Jésus sauveur » Tel fut le message du premier songe de Joseph. Et peut-on mettre en doute la parole d’un ange, même s’il apparait dans un rêve ? Alors Joseph prit Marie chez lui.

A Nazareth on le nommait Joseph le juste.

C’est qu’il s’y entendait pour AJUSTER les poutres, les solives, les planches, étant menuisier artisan charpentier… Mais il pratiquait surtout la justice du coeur, celle qui ne se mesure pas et que l’on nomme compassion, aumône, miséricorde.

Ce n’était pas un bavard Joseph, on n’a pas une seule parole de lui dans tout l’Évangile… Non il ne causait pas, il écoutait, regardait, réfléchissait, évaluait, décidait en s’ajustant au bon vouloir de Dieu, aux personnes rencontrées, aux évènements, à leurs circonstances.

Joseph prit donc Marie dans sa maison à Nazareth, mais alors quel remue-ménage ! En premier lieu il fallait préparer une chambre pour Marie et l’enfant qui allait naître, refaire le dallage, rénover les boiseries, les meubles, les tapisseries : tout devait être propre, digne, accueillant dans la simplicité.

Et puis il y avait le berceau ! Joseph prit une journée pour y penser, car les meubles, les planches, les portes, c’était son travail habituel, mais un berceau… et pour qui… cela demande réflexion.

Peu à peu, un plan s’élabora dans sa tête : il choisit des bois différents les uns des autres par leur dureté, leur souplesse, leur résistance, leur odeur, et, dans ses mains habiles, les outils se mirent à danser, à sautiller, à aller et venir, courir, crier, chanter…Scies, râpes, rabots, gouges, ciseaux, tarières, chacun laissait sa trace dans le bois, et laissait des copeaux sur le vieil établi.

Tenons, mortaises et chevilles s’ingénièrent à rassembler le tout harmonieusement.

Poncé, verni, spacieux, équilibré, stable et léger, ce berceau était une oeuvre d’art.

Quand Joseph le présenta à Marie elle s’extasia : « Comme il est beau son berceau ! Je vais l’habiller à l’intérieur d’ouate, de coussins, de couvertures légères. Notre enfant y reposera en faisant des rêves merveilleux. Merci Joseph »

Ni l’un ni l’autre ne savait ce qui les attendait.

A midi, coup de trompette, galop de cheval dans la rue. Un officier romain

proclame : « Avis à la population… » Et une affiche fut placardée contre la porte du gouverneur : « Tous les habitants de l’empire doivent se faire inscrire sur un registre de la ville où sont nés ses ancêtres » !!

Et Joseph se prépara à prendre la route. Marie lui dit : « Je pars avec toi. » On prépara quelques affaires : linge, couvertures, ravitaillement, on équipa l’âne d’un double bât, et, dès l’aube, ce fut le début d’un long voyage : plus de 100 km à travers la Galilée, la

Samarie, la Judée. L’âne les aidait beaucoup et parfois portait Marie très fatiguée.

Arrivés à Bethléem, pas de place pour eux à l’auberge !... par bonheur ce sont les pauvres bergers qui les accueillent… Dans la nuit, Marie met au monde Jésus, l’enveloppe de couvertures et le couche sur la paille dans une mangeoire à bestiaux. Et

Joseph pensait :

« A Nazareth, nous avions un si beau berceau ! »

Puis ce fut le joyeux défilé des bergers qui dansaient et chantaient avec les anges…

Et puis la caravane des Mages…

Mais dans la nuit, Joseph sentit qu’on le secouait, c’était l’ange. « Debout Joseph !

Hérode veut faire assassiner l’enfant…alors prends Jésus et sa mère et fuyez en

Égypte…départ immédiat, direction plein ouest. L’âne vous guidera. »

On attache avec ses langes l’enfant Jésus sur le dos de l’âne, on réunit quelques provisions, et c’est une longue marche, sous le soleil, en direction de la mer, du Sinaï, du Nil, des pyramides… Pendant des années ils vécurent en exilés, dans des abris de fortune, Joseph faisant des petits boulots, avec Marie regardant Jésus et rêvant :

« Tout de même, nous avions un si beau berceau pour lui ! »

Enfin une nuit, une petite tape sur l’épaule réveilla Joseph… c’était l’ange. « Les tyrans qui voulaient tuer Jésus sont morts. Vous pouvez rentrer à Nazareth. » Ce fut le  troisième songe de Joseph, plein d’espérance.

Et la caravane reprit la piste du bord de mer, l’âne trottinant à côté de Jésus, Marie et

Joseph à quelques pas en arrière, surveillant leur trésor. C’est ainsi qu’au bout de huit jours, on arriva en Galilée, à Nazareth. Là, rien n’avait changé ; l’atelier de Joseph, les outils, les copeaux, tout était en place. La chambre de Marie était intacte avec le berceau dans un coin.

On renoue avec les voisins, les amis, Joseph trouva du travail, et Jésus grandissait au milieu de nombreux copains.

Quand il eut 12 ans, toute la famille ainsi que la moitié du village se mirent en route pour un grand pèlerinage à Jérusalem…et c’est dans le temple que Jésus dit à ses parents des mots qu’ils n’oublièrent pas : « Je dois m’occuper du royaume de mon 
Père. »

Ils rentrèrent à Nazareth et Joseph, chaque jour jetait un oeil au berceau qu’il avait construit avec amour et où Jésus n’avait jamais dormi…et Jésus avec application, apprit le métier d’artisan charpentier, et il se faisait beaucoup d’amis. Parmi eux il y avait un émigré, Louka, qui se confiait à lui ; et Jésus parla à Joseph : « Ses parents arrivés depuis peu habitent la petite maison près de la fontaine, ils sont très pauvres et attendent la naissance d’un bébé. » Joseph écouta sans dire un mot, mais dans ses yeux brillait une lumière. Le lendemain le berceau avait changé de domicile.

Et dans la nuit, Joseph eut un songe, le dernier…, une voix qui n’était pas celle d’un ange, murmura à son oreille : « Heureux sois-tu Joseph, de donner aux pauvres ce que tu as de meilleur, de plus précieux, de plus beau. »

 

Père Joseph COURRIER

Maison diocésaine

Place C Garrone

Chambéry

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