Conte sur la goutte d’eau, « Histoire pour les enfants, et pour le cœur d’enfant en chacun de nous »
Il était une fois une goutte d’eau, cette petite goutte
va vous raconter son histoire…..
Comme souvent un après- midi d’été, il y eut un gros
orage sur la montagne, et un grand coup de foudre entre le ciel et la
terre : de cette belle histoire d’amour naquit une multitude d’enfants,
des milliers de gouttes d’eau …
Parmi elles, tombant d’un nuage, je me suis retrouvée sur
un rocher luisant à la lumière des éclairs.
J’aurais pu devenir un flocon et tomber plus haut sur la
montagne sur un glacier : là, il m’aurait fallut attendre 8000 ans avant
de ruisseler dans un torrent. Mais non, me voici m’infiltrant entre les failles
du calcaire de cette petite montagne de Provence.
J’aurais pu aussi finir dans une flaque d’eau et
m’évaporer au bout de huit jours dans les airs pour redevenir nuage, ou tomber
dans un ruisseau et mon périple aurait été beaucoup plus court.
Mais moi j’avais choisi le grand voyage, la descente
entre les plaques d’argile et le sable.
Après une grande solitude,
je me suis retrouvée en compagnie de milliers d’autres gouttes d’eau,
rassemblées dans un «un lac souterrain »,
et il m’a fallu patienter 1400 ans dans l’ombre de la terre.
Et, suivant lentement le courant, j’attendais que le trop
plein m’emporte vers d’autres aventures.
Un beau jour, arrivant au
bout de ce lac, je me suis sentie emportée violemment dans un boyau entre
roches et racines, et là, tout d’un coup, ce fut le grand jour, « oui, le grand jour » !
A la source me voici jaillissant entre les pierres,
tourbillonnant dans les graviers. «Ah ! Le soleil, vu du ruisseau, que
c’est beau !».
Je suis passée entre les racines des jacinthes, des renoncules
d’eau, des cressons bleus, j’ai vu danser les truites sauvages dans le courant,
les libellules légères et aériennes, les grenouilles luisantes et vertes, j’ai
même failli finir dans le ventre d’un chamois lorsqu’il est venu boire à mon
passage.
Par chance j’ai sauté par-dessus le trop plein du barrage
au captage de la source aménagé pour les hommes, « vous savez une vie de
goutte d’eau, c’est l’aventure… »
Entre les racines des
peupliers et des saules, j’ai vu déambuler les écrevisses et les gammares.
D’autres ruisseaux sont venus se joindre à nous, d’autres amies gouttes d’eau,
après la pluie, et petit à petit nous sommes devenues rivière.
Il fallait faire attention aux troupeaux de vaches de
chevaux qui pouvaient nous avaler près des prairies, « c’est dur une
vie de goutte d’eau… »
Un jour je me suis même baladée dans la roue à aube d’un
moulin, et j’ai failli être avalée par la pompe d’un jardinier, pour finir
comme arrosage de ses tomates, ses salades ou ses radis.
Enfin une autre rivière est venue se joindre à nous au
détour d’une montagne et d’autres gouttes encore après les orages…..
Nous aimions traverser les villages lorsque j’étais
rivière, je me frottais à la pierre des maisons riveraines, ou à la pile des
ponts romains.
De temps en temps quelques gouttes d’eau repartaient,
accrochées aux plumes des canards et des oies sauvages. Et moi je continuais
mon périple.
Un beau jour, alors qu’une
troisième rivière encore plus grosse nous eut rejoint, nous sommes, mes amies
et moi, devenues « Fleuve ».
Profond et fort, sous les grands ponts, traversant des
plaines infinies, arrêté parfois par un barrage et franchissant les écluses
nous continuions inlassablement ce long voyage, en compagnie de gros
poissons ; des carpes, des brochets, des sandres….
Nous avons traversé des villes imposantes et belles,
d’autres tristes et industrielles, rejetant leurs immondices… « Je ne vous
cache pas que j’avais de plus en plus de mal à rester pure et scintillante,
comme aux premiers jours ».
Puis nous sommes enfin arrivées à l’embouchure immense du
fleuve. Je m’en doutais un peu car, depuis quelques jours, les mouettes
venaient se baigner et chasser les poissons à la surface boueuse du fleuve,
« Car les gouttes d’eau savent elles portent la
mémoire de tant de vie »
J’apercevais de mon univers aquatique les bateaux de
pêcheurs et les voiliers, et par moment je sentais le goût salé d’une autre eau
qui remontait le courant du fleuve.
« Quelle clarté, quelle force, quel bleu, pour
purifier toutes ces gouttes salies d’avoir lavé les villes et les hommes…Je
sentais une force immense qui s’imposait à moi, et envahissait mon petit corps
de goutte d’eau douce. Un message d’eau qui me disait que j’allais être de ce
nouveau monde….
Le royaume de
Neptune, L’Océan, ou j’allais séjourner
3000 ans avant que le soleil ne m’évapore et que mon âme de vapeur d’eau ne
regagne le ciel pour un voyage de nuages…….
Ces nuages transportés par le vent encore une fois vers
la terre et les montagnes
« Eh oui ! il en
est ainsi de la réincarnation d’une goutte d’eau. »
Vous savez, chaque fois qu’une goutte d’eau tombe sur
votre visage, c’est une goutte de vie qui vient à vous, chaque fois que vous
buvez un verre d’eau, vous participez à mon histoire d’eau…
Edition
2014 - Christian Vacquié
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