Contrairement à tous ses camarades de classe, Sam n’avait pas hâte à la semaine de relâche. En fait, c’était la période de l’année que l’enfant redoutait le plus. Chaque année, ses parents prévoyaient des tonnes d’activités extérieures et forçaient Sam et sa sœur à rester dehors pendant des heures. « Viens respirer l’air frais! », lui rappelait sans cesse sa mère. « C’est important de bouger. », le sermonnait inlassablement son père. Peut-être vous demandez-vous pourquoi Sam anticipait autant ce qui semble pourtant si amusant? Eh bien! La réponse est sincère: Sam détestait l’hiver.
Le froid qui lui mord les joues, la neige qui lui
gèle les genoux : tout de l’hiver rendait cet enfant fou!
À la deuxième journée du congé scolaire, la mère de
Sam l’appela à la cuisine : « De la farine et du lait, il en manque.
Pourrais-tu sortir en chercher, s’il te plaît ?» Au mois de juin, Sam aurait
trépidé d’excitation juste à l’idée d’obtenir cette liberté. Aujourd’hui, par
ce froid glacial, l’enfant aurait préféré habiter un endroit un peu plus
tropical.
Enfilant tuque, mitaines et foulard, Sam partit
donc, à contrecœur, chercher les denrées
demandées. L’enfant emprunta le chemin du boisé, celui qui lui permettrait de
retrouver promptement la chaleur de la maisonnée.
Tout à coup, à mi-chemin, entre deux grands arbres
dégarnis et aussi rapidement que l’on peut crier Salami, le boisée se retrouva
envahi d’un blizzard inusité. Sam, qui connaissait pourtant ce boisé aussi bien
que sa main, dut s’arrêter, car l’enfant était complètement désorienté.
Aveuglé par la neige qui lui fouettait le visage, il
ferma les yeux et attendit, bien sage, que la tempête se décourage. Après ce
qui lui sembla être une éternité, sans crier gare, ni train, le blizzard prit
fin.
Sam attendit 1, 2, 3 secondes avant d’ouvrir les
yeux. Si le blizzard avait semé un peu d’inquiétude chez l’enfant, c’est de la
surprise qu’il ressentit pourtant en se redressant, car là où, il y a quelques
instants, se trouvait un boisé effeuillé, une forêt de sapins avait émergé.
Dans cet endroit mystérieux, les conifères étaient si grands et majestueux
qu’il était évident pour Sam que le blizzard l’avait téléporté dans un autre
monde fabuleux. Bien que l’enfant fût quelque peu dérouté par cette soudaine
nouveauté, il décida que marcher serait mieux pour ses pieds gelés que de
rester cloué sur le tapis enneigé.
« Salut, Sam! Moi c’est Super-Cool, je suis contente
que tu arrives enfin. Regarde comme mes bottes sont géniales. Wow, j’adore ta
tuque! Tu as vu mes mitaines, je viens de les fabriquer, comment les
trouves-tu? », lui lança dans un souffle et en guise de bienvenue, l’étrange
individu.
« Euhh… », lui répondit Sam que la confusion, autant
que le froid, semblait paralyser. Dans sa tête se bousculaient tant de
questions! Comment ce personnage pouvait-il connaître son nom? Son arrivée
devait être prévue, pourquoi l'attendait-il, sinon? Super-Cool, quel drôle de
surnom, que faisait-il ici, au milieu de cette fascination?
Rassemblant ses idées, Sam prit la résolution de lui
poser toutes ses interrogations:
« Bonjour, comment savez-vous mon nom? Où suis-je?
Que faites-vous ici? Savez-vous comment je peux rentrer chez moi, j’ai froid.»
« Bienvenue dans la forêt enchantée, Sam!, dit
Super-Cool. L’endroit où tous ceux qui détestent l’hiver sont invités afin
d’apprendre à l’apprécier! Je suis ici pour t’indiquer le chemin vers la
liberté! N’est-ce pas génial? Tiens, prends cette trottinette des neiges et
suis les flèches, elles te mèneront vers ta destination finale. Mon seul
conseil est le suivant: profite de chaque instant! »
Sans plus attendre, Super-Cool fit apparaître une
trottinette des neiges que le personnage donna à Sam, sans tambour ni
trompette. L’enfant observa attentivement l’engin et s’apprêtait à remercier le
personnage lorsqu’il remarqua que ce dernier s’était volatilisé.
Perplexe, Sam regarda autour de lui et remarqua
juste alors les flèches. « Ce n’est pas si complexe », se dit-il. Il sauta donc
sur la trottinette et commença son périple.
Très rapidement, l’enfant réalisa 2 choses, la
première était que son nez était glacé et la deuxième était qu’il est aisé de
glisser sur les pentes enneigées. Prenant plaisir à cette promenade, Sam se
laissa guider par les indications illustrées.
Apercevant au loin un feu, il décida de s’approcher,
poussé par la curiosité. À peine l’enfant eut-il le temps d’arriver, qu’un
autre personnage fît son entrée.
« Je suis conteur!, affirma-t-il, écoute mon
histoire, je te le jure, je suis le meilleur! Tu t’en réjouiras, crois-moi! »
Absorbé dans ses pensées, Sam n’avait pas remarqué
qu’un autre personnage avait fait son entrée dans la forêt enchantée. C’est un
cri qu’il lança quand Super-ski lui dit : « Halte-là, Diet’a! » Surpris,
l’enfant faillit tomber sur le parterre gelé. S’approchant de lui, Super-Ski,
en riant lui dit : « Diet’a, ne sois pas si médusé, je ne suis là que pour
t’aider! »
« Comment m’avez-vous appelé? », demanda Sam,
étonné. « Diet’a? C’est le mot qu’on emploie pour nommer les enfants, dans mon
pays, la Slovaquie! Que dirais-tu de m’accompagner sur l’autoroute du blizzard?
Je te raconterai toute l’étendue de mon art! » C’est ainsi, donc, que Sam
suivit Super-ski et apprit l’existence de la Sibérie, du Yéti et d’une foule
d’épatants récits. Drôle et attachante, cette personnalité éclatante rendait
assurément cette aventure de plus en plus charmante!
Subitement, Super-Ski s’arrêta: « C’est ici, mais
sans moi, que se poursuit ta quête. Traverse ce tunnel et vois ce que le sort
te réserve! » Yeux écarquillés, un peu intimidé, mais bien déterminé, Sam
s’engagea, coûte que coûte, dans cette voûte. C’est sous un ciel constellé
d’étoiles que Sam fut accueilli.
Ébloui par tant de beauté, l’enfant n’avait pas
remarqué qu’un nouveau personnage chapeauté était en train de le regarder.
S’approchant tranquillement, il dut toutefois s’arrêter subitement : l’homme
qui se tenait devant était blanc, tout blanc. C’était un fantôme. Sam ne
pouvait y croire. Apeuré, il fut tenté de reculer, mais le fantôme s’empressa
de le rassurer : « Oh, Sam, aidez-moi, je vous le réclame! Je ne sais point qui
je suis, j’ai besoin d’un ami! Aidez-moi à retrouver mon nom, qui le fera,
sinon? » Ému par la sincérité de ces paroles, l’enfant l’accompagna et l’aida.
Éparpillés par-ci et par-là étaient les mots qui forment son nom. Au bout d’un
moment, à force d’attention et de détermination, le fantôme avait retrouvé sa
dénomination. Théodore Bochart du Plessis, qui avait retrouvé sa mémoire et son
identité, confia à Sam qu’il était très impressionné par ses qualités. «
Courage, patience et ténacité, crois-moi, tu en es doté! Tu es à mi-chemin,
continue d’avancer! » Flatté par ces paroles et encouragé par cette nouvelle,
l’enfant emprunta un nouveau sentier.
Au bout d’un moment, Sam se rendit compte que depuis
le début de cette aventure, il n’avait souffert d’aucune engelure. Pourtant, le
froid était bien réel, tout comme les traces de gel. Peut-être, se dit
l’enfant, qu’en s’occupant l’esprit, on ne ressent rien de tel?
C’est la tête déjà remplie d’anecdotes, que Sam
arriva devant le Capitaine Carpette et une gigantesque glissade: « Sam, vois-tu
cette étoile plus bas? C’est par là que tu pourras rentrer chez toi. Mais
attention, pour y arriver, tu devras franchir le mur du son. Supersonique devra
être ta vitesse, sinon, grande sera ta tristesse. »
Pour être honnête, Sam sentait l’inquiétude le
gagner, et s’il ne pouvait jamais rentrer? Voyant son désarroi, le Capitaine
Carpette rajouta : « Chante avec moi, cela t’aidera! »
Ensemble ils chantèrent donc:
Sur les fesses, pas sur la face,
Sur la neige, pas sur la glace,
Faut freiner en bas de la côte,
Pour ne pas s’briser une côte !
Se répétant ce mantra, Sam s’installa. Sa confiance,
bien que ténue, était maintenant revenue. Au compte de trois, l’enfant se
lança. La sensation qu’il éprouva l’exalta! La vitesse le força à fermer les
yeux, mais augmenté, alors, était le plaisir du jeu. Pris d’un fou rire
incontrôlable, il ne se rendit pas tout de suite compte que terminée était la
glissade.
Au bout d’un moment, essoufflé d’avoir tant ri, Sam
comprit: il était revenu chez lui, dans ce boisée si familier. Dans la neige, à
ses pieds, une œuvre, fut-il surpris de trouver. Ses amis de la forêt enchantée
lui avaient offert une illustration afin qu’il se souvienne de son évolution.
Décidément, il en ressentit énormément de plaisir.
En effet, comme les désagréments de l’hiver avaient su s’amoindrir!
Il s’apprêtait à retourner raconter son aventure à
la maison, quand il se rappela la raison de la commission. De la farine et du
lait, un peu plus et il les oubliait!
Ainsi enveloppé par le regard attendri de ses
parents, réchauffé par la boisson chaude et les pâtisseries qu’on lui avait
remises, c’est son nouvel amour pour le froid que Sam leur partagea!
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