jeudi 22 avril 2010

L'enfant qui voulait aller remercier Dieu

C'est l'histoire d'un vieillard, Babamzé, et d'un enfant, IOMA. Ils vivaient au fond d'une forêt avec toute leur famille. Ioma aimait les longues veillées où Babamzé racontait des histoires passionnantes autour du feu. C'est à lui que IOMA posait toujours les questions les plus sérieuses qui lui venaient à l'esprit.

Un soir, Ioma admire une belle étoile. Alors il demanda à son grand-père : Babamzé ! Qui nous a donné une si belle étoile ? C'est Dieu, répond le grand-père.

Le lendemain, il admire ses mains qui lui permettent de jouer, de travailler. Même question à Babamzé : Qui m'a donné des mains ? Et la réponse du vieillard est toujours la même : Dieu.

Un jour, Ioma est tellement heureux de pouvoir trotter dans la forêt, qu'il se demande qui lui a donné des pieds pour trotter ainsi….

Il est bien bon, Dieu, se disait Ioma, de nous avoir donné tout ça : les étoiles, les mains, les pieds…Et il ajouta : Babamzé ! Où habite Dieu ? Je veux aller le remercier !

Le grand-père soupira et lui dit en pensant à sa mort : Dieu ! Je le verrai bientôt, j'irai le remercier ! Mais Ioma voulait partir tout de suite pour aller remercier Dieu. Et comme il pensait qu'il fallait attendre trop longtemps pour que Babamzé l'accompagne, il décida d'y aller tout seul.

Tout le monde dormait encore quand Ioma se glissa hors de la hutte et prit un tison dans le feu. Il prit aussi une cruche de terre pour l'eau et un panier pour les fruits. Il s'enfonça dans la forêt inconnue, après avoir fait un crochet à droite pour remplir sa cruche, et un crochet à gauche pour remplir son panier de fruits.

Dieu aura bien chaud, pensa-t-il. En arrivant chez lui, je lui donnerai mon tison en remerciement. Il pourra aussi se désaltérer avec mon eau et se réconforter avec mes fruits. Ioma marchait depuis très longtemps, quand il entendit un bébé pleurer. Il avait froid le pauvre petit, et sa maman aussi. Elle n'arrivait pas de faire du feu. loma regarda le bébé et sa maman et puis il regarda son tison et se dit: Comment Dieu, qui est si bon, pourrait-il être heureux de recevoir mon tison, s'il apprend que j'ai laissé ce petit enfant pleurer de froid ? II donna alors le tison à la maman et continua son chemin.

Un peu plus loin, il rencontra un homme assis au pied d'un arbre. Il était si fatigué qu'il eut à peine assez de force pour lever la tête quand Ioma passa. Oh ! Donne-moi à boire, murmura-t-il dans un souffle. Il y avait trois jours que ce pauvre homme n'avait rien bu. loma le regarda, et puis il regarda sa cruche. Il hésita un rien de temps et puis se dit : Comment Dieu, qui est si bon, pourrait-il être heureux de mon eau s'il vient à apprendre que j'ai laissé mourir de soif, un pauvre homme ? et il donna toute son eau.

Il marcha encore longtemps et puis il rencontra une petite fille. Quand elle l'aperçut, elle lui demanda en suppliant : Oh ! S'il te plaît, donne-moi de tes fruits, il y a trois jours que je n'ai rien mangé. loma la regarda, et puis il regarda ses fruits... et les donna à la petite fille.
Comment Dieu, qui est si bon, se disait-il, serait-il heureux de recevoir mes fruits s'il vient à savoir que j'ai laissé une petite fille mourir de faim ?

C'est les mains vides qu'il continua son chemin en direction de chez Dieu. Il marcha... marcha... toujours par le chemin le plus inconnu, sans trouver Dieu. Exténué de fatigue et de faim et de soif, il se laissa tomber dans les broussailles et pleura. Il était perdu. Il ne savait même pas par où passer pour retourner chez lui. Il s'endormit.

Quand il se réveilla, il faisait déjà nuit. Il se réveilla dans les bras de Babamzé qui le regardait avec tendresse devant le feu. Il ne lui demanda pas pourquoi il était parti, car il avait tout compris. L'enfant en pleurs dit tout bas à son grand-père : Je ne l'ai pas trouvé... et pourtant j'ai marché... marché... si longtemps sur le chemin inconnu...

Si, loma, tu l'as trouvé ! Il a reçu le tison, l'eau, les fruits, car vois-tu, Dieu aime tellement les hommes que tout ce qu'on leur fait, c'est à lui qu'on le fait. Et chez lui... nous irons... plus tard... C'est lui-même qui viendra nous chercher,

*** tison : reste encore brûlant d'un morceau de bois à moitié consumé

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