mercredi 13 janvier 2016

FRANÇOIS

EVÊQUE  DE  ROME
SERVITEUR  DES  SERVITEURS  DE  DIEU
À  CEUX  QUI  LIRONT  CETTE  LETTRE
GRÂCE,  MISÉRICORDE  ET  PAIX

1. Jésus-Christ est le visage de la miséricorde du Père. Le mystère de la foi chrétienne est là tout entier. Devenue vivante et visible, elle atteint son sommet en Jésus de Nazareth. Le Père, « riche en miséricorde » (Ep 2, 4) après avoir révélé son nom à Moïse comme « Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité » (Ex 34, 6) n’a pas cessé de faire connaître sa nature divine de différentes manières et en de nombreux moments. Lorsqu’est venue la « plénitude des temps » (Ga 4, 4), quand tout fut disposé selon son dessein de salut, il envoya son Fils né de la Vierge Marie pour nous révéler de façon définitive son amour. Qui le voit a vu le Père (cf. Jn 14, 9). A travers sa parole, ses gestes, et toute sa personne,[1] Jésus de Nazareth révèle la miséricorde de Dieu.

2. Nous avons toujours besoin de contempler le mystère de la miséricorde. Elle est source de joie, de sérénité et de paix. Elle est la condition de notre salut. Miséricorde est le mot qui révèle le mystère de la Sainte Trinité. La miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre. La miséricorde, c’est la loi fondamentale qui habite le coeur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie. La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son coeur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché.

3. Il y a des moments où nous sommes appelés de façon encore plus pressante, à fixer notre regard sur la miséricorde, afin de devenir nous aussi signe efficace de l’agir du Père. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu ce Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde, comme un temps favorable pour l’Église, afin que le témoignage rendu par les croyants soit plus fort et plus efficace.

Qu’est-ce que la miséricorde ?

La miséricorde, c’est l’amour qui sympathise avec la fragilité, avec la faiblesse de l’autre. L’amour qui se penche sur celui ou celle qui n’en peut plus et qui tombe. Dans les évangiles, nous lisons souvent que Jésus eut pitié des pécheurs. La pitié que ressent Jésus est un autre mot pour dire « miséricorde ». Qui est miséricordieux? Dieu! Et Dieu seul l’est pleinement. Toute l’Écriture, Ancien et Nouveau Testament, nous raconte comment Dieu donne son cœur à notre misère.

« La miséricorde sera toujours plus grande que le péché, et nul ne peut imposer une limite à l’amour de Dieu qui pardonne. »

Et qui peut devenir miséricordieux? Toi! Chacun de nous! Quand nous goûtons la miséricorde de Dieu pour nous, notre cœur en est bouleversé, et nous ne pouvons plus passer à côté d’un frère ou d’une sœur éprouvé sans « faire miséricorde ».

La miséricorde, c’est cet amour insondable de Dieu, inimaginable dans la pensée humaine, qui est irrésistiblement attiré par la pauvreté, la faiblesse et le péché de l’homme, sa créature bien-aimée. De même que l’aimant est attiré par la ferraille, le cœur de Dieu est séduit par la beauté de l’être humain, même et surtout lorsque cette beauté est abîmée, cachée. Notre misère humaine suscite et éveille dans le cœur de notre Dieu une profonde compassion et une miséricorde infinie.

« Votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu.» Mt 18, 14.
Ainsi Dieu s’émeut avec tendresse comme un père ou une mère à l’égard de leurs enfants.

La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours

Extraits de la Bulle :

« La miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre. La miséricorde, c’est la loi fondamentale qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie. La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché. » Pape François, Bulle d’Indiction, N°2.

« La miséricorde de Dieu n’est pas une idée abstraite, mais une réalité concrète à travers laquelle Il révèle son amour comme celui d’un père et d’une mère qui se laissent émouvoir au plus profond d’eux mêmes par leur fils. Il est juste de parler d’un amour « viscéral ». Il vient du coeur comme un sentiment profond, naturel, fait de tendresse et de compassion, d’indulgence et de pardon. » Pape François, Bulle d’indiction, N°6

Voici quelques exemples d’œuvres de miséricorde que nous pouvons vivre durant l’année jubilaires et qui sont tirées de la bulle du pape Misericordiae Vultus (en français: Le visage de la Miséricorde) 

·        Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera. Si l’on ne veut pas être exposé au jugement de Dieu, personne ne doit devenir juge de son frère.
·        Savoir accueillir ce qu’il y a de bon en toute personne et ne pas permettre qu’elle ait à souffrir de notre jugement partiel et de notre prétention à tout savoir.
·        Pardonner, être instruments du pardon puisque nous l’avons déjà reçu de Dieu. Être généreux à l’égard de tous en sachant que Dieu étend aussi sa bonté pour nous avec grande magnanimité.
·        Aller à la rencontre de chacun en lui offrant la bonté et la tendresse de Dieu! Qu’à tous, croyants ou loin de la foi, puisse parvenir le baume de la miséricorde comme signe du Règne de Dieu déjà présent au milieu de nous.
·        Annoncer la miséricorde de Dieu, cœur battant de l’Évangile, la faire parvenir au cœur et à l’esprit de tous. De nos jours où l’Église est engagée dans la nouvelle évangélisation, le thème de la miséricorde doit être proposé avec un enthousiasme nouveau et à travers une pastorale renouvelée.
·        Faire de nos paroisses des oasis de miséricorde.
·        Devenir compatissants envers tous : faire l’expérience d’ouvrir le cœur à ceux qui vivent dans les périphéries existentielles les plus différentes, que le monde moderne a souvent créées de façon dramatique. Soigner ces blessures, à les soulager avec l’huile de la consolation, à les panser avec la miséricorde et à les soigner par la solidarité et l’attention.
·        Ouvrir nos yeux pour voir les misères du monde, les blessures de tant de frères et sœurs privés de dignité, et sentons-nous appelés à entendre leur cri qui appelle à l’aide. Que nos mains serrent leurs mains et les attirent vers nous afin qu’ils sentent la chaleur de notre présence, de l’amitié et de la fraternité. Que leur cri devienne le nôtre et qu’ensemble, nous puissions briser la barrière d’indifférence qui règne souvent en souveraine pour cacher l’hypocrisie et l’égoïsme.
·        N’oublions pas les paroles de Saint Jean de la Croix : « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour ».
·        Dire une parole et faire un geste de consolation envers les pauvres, annoncer la libération de ceux qui sont esclaves dans les nouvelles prisons de la société moderne, redonner la vue à qui n’est plus capable de voir car recroquevillé sur lui-même, redonner la dignité à ceux qui en sont privés. Que la prédication de Jésus soit de nouveau visible dans les réponses de foi que les chrétiens sont amenés à donner par leur témoignage. Que les paroles de l’Apôtre nous accompagnent : « celui qui pratique la miséricorde, qu’il ait le sourire » (Rm 12, 8).
·        Favoriser la rencontre avec les autres religions et les autres nobles traditions religieuses. Qu’elle nous rende plus ouverts au dialogue pour mieux nous connaître et nous comprendre. Qu’elle chasse toute forme de fermeture et de mépris. Qu’elle repousse toute forme de violence et de discrimination.

Pierre-Alain Giffard
Directeur des services pastoraux de l’archidiocèse de Saint-Boniface

Lettre au complet sur le site 


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